Formalisation des objectifs à moyen terme. Application au VIe Plan - article ; n°3 ; vol.23, pg 442-492

Pierre Malgrange, Roger Guesnerie

Description

Revue économique - Année 1972 - Volume 23 - Numéro 3 - Pages 442-492
L'étude a pour but de construire une Fonction de Préférence qui reflète les choix du VIe Plan français. Cette fonction comprend deux types d'arguments : les objectifs intertemporels du planificateur et les stocks finaux. La détermination de ces derniers, ainsi que leur valorisation (valeurs de récupération) tiennent compte d'une description du fonctionnement de l'économie après l'horizon ; les objectifs intertemporels sont déterminés par « interviews » des experts en contact avec les décideurs politiques, et valorisés selon la méthode de 1' « optimum inverse », à partir de variantes de politique économique chiffrées grâce au modèle F I F I , et discutées au sein des Commissions du Plan.
It is built an utility function reflecting the choices of the French 6 th Plan. Two types of objectives arc distinguished'; the first correspond to flows variables, and the second to stock variables. The determination and the valuation of the latter, are based upon an analysis of the after-horizon tvorking of the economy, and related to normative considerations. Whereas, the first type of objectives are determined by interviews of experts, and using the quantitative « variantes », given by the 6 th Plan model FIFI, and discussed by the « Commissions », are valuated by considering the inverse optimal problem.
51 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Sujets

• Sociologie, société et politique

Informations

• Publié par: REVUE_ECONOMIQUE
• Publié le: 01 janvier 1972
• Nombre de lectures: 32
• Langue: Français
• Poids de l'ouvrage: 3 Mo

Extrait

Monsieur Roger Guesnerie
Monsieur Pierre Malgrange
Formalisation des objectifs à moyen terme. Application au VIe
Plan
In: Revue économique. Volume 23, n°3, 1972. pp. 442-492.
Résumé
L'étude a pour but de construire une Fonction de Préférence qui reflète les choix du VIe Plan français. Cette fonction comprend
deux types d'arguments : les objectifs intertemporels du planificateur et les stocks finaux. La détermination de ces derniers, ainsi
que leur valorisation (valeurs de récupération) tiennent compte d'une description du fonctionnement de l'économie après l'horizon
; les objectifs intertemporels sont déterminés par « interviews » des experts en contact avec les décideurs politiques, et valorisés
selon la méthode de 1' « optimum inverse », à partir de variantes de politique économique chiffrées grâce au modèle F I F I , et
discutées au sein des Commissions du Plan.
Abstract
It is built an utility function reflecting the choices of the French 6 th Plan. Two types of objectives arc distinguished'; the first
correspond to flows variables, and the second to stock variables. The determination and the valuation of the latter, are based
upon an analysis of the after-horizon tvorking of the economy, and related to normative considerations. Whereas, the first type of
objectives are determined by interviews of experts, and using the quantitative « variantes », given by the 6 th Plan model FIFI,
and discussed by the « Commissions », are valuated by considering the inverse optimal problem.
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Guesnerie Roger, Malgrange Pierre. Formalisation des objectifs à moyen terme. Application au VIe Plan. In: Revue
économique. Volume 23, n°3, 1972. pp. 442-492.
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/reco_0035-2764_1972_num_23_3_408031FORMALISATION DES OBJECTIFS
A MOYEN TERME
Application au VIe Plan *
î
INTRODUCTION
L'étude présentée ici s'insère dans un thème de travail plus général
consacré à la liaison court terme moyen terme. Cette opération, enga
gée par la section de Recherche opérationnelle de la Direction de la
Prévision et par le CÊRMAP en 1968, et poursuivie depuis par le
CEPREMAP, est aussi connue sous le nom code d'Optimix.
Il est apparu, assez rapidement, qu'une des voies possibles pour
dépasser l'antagonisme Budget-Plan, et rendre cohérentes les décisions
ponctuelles de politique économique et les options de planification, était
d'expliciter totalement, en les quantifiant, les objectifs de moyen terme.
Cette idée de formalisation des objectifs de l'Etat n'est pas nouvelle.
Ragnar Frisch [5] a fait un travail de pionnier en ce domaine, ainsi
que les Hollandais à la suite de Tinbergen. En France, les travaux du
CEPREL avec MM. Bénard [3], Laff argue, Morineau, Trévoux [13],
Terny [3 et 16] ont fait une large place à la notion de fonction de
préférence étatique. Ce champ de recherche reste cependant très neuf
et est loin d'avoir été complètement exploré ; et dans la préparation
des décisions de politique économique, alors que des efforts importants
ont été accomplis en matière de modélisation, la réflexion sur les ob-
° Les auteurs rirésentent îci une synthèse des travaux faits au CEPREMAP sur la fo
rmalisation des objectifs de planification (cf. notes [6] à [10]. Cette réflexion est un des él
éments de l'étude Optimix conduite par MM. R. Guesxerie, B. Leentiardt, P. Malgrange.
auxquels s'est joint un moment M. Deleau.
Nous tenons à remercier en premier lieu M. Y. Ullmo, chef du service économique au
Commissariat général du Plan, auquel nous sommes reconnaissant du constant soutien qu'il
nous a manifesté.
L'aide et la compréhension de MM. Bussery, Dubois, Seibel, B. Ullmo, de la Division
des Programmes de l'INSEE, de M. Olive, de la Direction de la Prévision ; les discussions
que nous avons eues avec nos collègues du CEPREMAP — et spécialement MM. Bessière.
directeur, et Deleau ■ — • nous ont été particulièrement précieuses. Nous remercions enfin
M. Hagege, programmeur et Mme Jean", secrétaire, de leur collaboration. OBJECTIFS A MOYEN TERME 443
jectifs est réduite à la portion congrue, quand elle n'est pas totalement
absente. C'est pourquoi l'opinion de Ragnar Frisch selon laquelle « une
organisation efficace de la nécessaire coopération entre les autorités
politiques et les économistes techniciens pour la bonne détermination
de la fonction de préférence (de l'Etat) est l'un des aspects les plus
importants — sinon le plus important — de la programmation macro
économique » reste toujours d'actualité.
Il faut, avant d'indiquer les grandes lignes de l'étude faite ici et
de souligner ses caractères spécifiques, bien définir l'arrière-plan de
ce type de recherche ; on suppose ici que l'Etat est une entité autonome,
ayant des objectifs propres, et la conciliation des préférences indivi
duelles qui fait l'objet de la théorie de la fonction d'utilité collective
n'est qu'accessoirement envisagée. L'Etat, et dans le cas particulier
considéré dans cette note, l'Etat planificateur, prend le visage d'un
« décideur public rationnel », semblable au consommateur rationnel de
la théorie microéconomique.
Certes il n'y a pas, et en particulier dans le cas d'un Plan dont la
préparation fait intervenir les administrations, les groupes sociaux et
un gouvernement lui-même hétérogène, homogénéité du centre de
décision et la caractéristique la plus claire du processus décisionnel est
qu'il est conflictuel. L'hypothèse du « décideur public rationnel » ne
prétend donc pas être descriptive. Elle suppose seulement que les choix
correspondent à un rapport de forces stable entre les divers protagon
istes, et que les arbitrages peuvent être décrits quantitativement en
termes de taux marginaux de substitution, donc que du processus
émergent des « préférences ».
Les ambiguïtés possibles sur la notion de fonction de préférence
de l'Etat — ou si l'on préfère de fonction d'évaluation ou de fonction-
objectif — étant dissipées maintenant, définissons la nature et le sens
du travail effectué ici.
D'abord cette recherche, qui concerne la formalisation des objectifs
macroéconomiques de moyen terme, s'applique au VIe Plan français.
La fonction-objectif, qu'on essaiera de construire, cherche à retracer les
motivations sous-jacentes à l'élaboration de ce VIe Plan (Cf. partie III-l).
On exige entre autre qu'elle soit cohérente avec les choix alors effectués.
Cependant, la recherche n'est pas seulement descriptive, et là
théorie économique en est souvent un fil conducteur, soit pour la
définition d'une méthodologie, soit pour la valorisation de certains
objectifs (Cf. parties II-l et III-2, 3). Sans être normative (recherche
d'une « bonne » fonction-objectif) la démarche s'appuie autant que
possible sur des concepts et des enseignements théoriques. REVUE ECONOMIQUE 444
Enfin, la fonction-objectif construite a pour ambition d'être opérat
ionnelle, c'est-à-dire apte à être utilisée dans une opération gran
deur nature dans le cadre d'Optimix. Ce souci opératoire est larg
ement présent dans l'étude, et il nous a semblé plutôt être un aiguillon,
dans la mesure où la capacité opérationnelle de l'outil teste notre
réussite.
On peut critiquer ces options : le praticien risque de juger la
démarche trop sophistiquée, alors que le théoricien la considérera trop
hâtive. Il est vrai que le désir de produire un outil, même imparfait,
nous a conduit à résoudre rapidement certains problèmes et à leur
donner des réponses qui ne peuvent être considérées que provisoires,
et nous sommes conscients que les éléments de la fonction-objectif
sont d'une robustesse inégale. Cependant, le mouvement ne peut se
prouver qu'en marchant et, même s'il doit être poursuivi maintenant
d'études plus détaillées, ce tour d'horizon valait, nous semble-t-il, la
peine d'être fait.
n
METHODOLOGIE
L'acception courante du terme d'« objectif » est des plus am
biguës. Quand il n'est pas confondu avec un moye