Guerre et paix en Afrique Centrale - article ; n°1 ; vol.55, pg 73-83
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Description

Autres Temps. Cahiers d'éthique sociale et politique - Année 1997 - Volume 55 - Numéro 1 - Pages 73-83
11 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1997
Nombre de lectures 16
Langue Français

Extrait

Ange-Séverin Malanda
Guerre et paix en Afrique Centrale
In: Autres Temps. Cahiers d'éthique sociale et politique. N°55, 1997. pp. 73-83.
Citer ce document / Cite this document :
Malanda Ange-Séverin. Guerre et paix en Afrique Centrale. In: Autres Temps. Cahiers d'éthique sociale et politique. N°55,
1997. pp. 73-83.
doi : 10.3406/chris.1997.1988
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/chris_0753-2776_1997_num_55_1_1988INTERNATIONAL
Guerre et Paix
en Afrique Centrale
Ange-Séverin Malanda
En Afrique centrale, les guerres sont devenues l'occasion idéale, pour
tous les trafiquants d'armes, de faire des affaires. Cependant, ce n'est
pas uniquement à cause de telles pratiques que la géopolitique africaine
se transforme. La situation de cette région du monde est marquée, de
puis quelques décennies, par un certain nombre de ruptures. Depuis la
fin des années 80, l'Afrique subsaharienne en général, et l'Afrique cen
trale en particulier, s'est lancée sur la voie de la démocratisation. Au
prix, paradoxalement, d'une aggravation des tensions et des conflits.
Depuis le génocide rwandais de 1994, la plupart des événements se
produisant dans la région des Grands Lacs sont perçus comme les
signes avant-coureurs de nouvelles tragédies. Les pays frontaliers du
Rwanda et du Burundi ont été affectés, au cours des dernières années,
par les effets des turbulences qui continuent à traumatiser ces pays1. Si
la guerre qui a fait rage dans l'ex-Zaïre a été ponctuée de massacres2,
les réfugiés rwandais fuyant les camps implantés dans ce pays ou en
Tanzanie se sont efforcés, au cours des derniers mois, de gagner le
Malawi, le Kenya ou le Congo et le Centrafrique. Demain, ils attein
dront sûrement le Gabon, le Cameroun, le Tchad ou le Nigeria. On
peut prévoir que l'on assistera, au fil des mois, à une propagation des
troubles ayant affecté la région des Grands Lacs.
I. FRONTIÈRES
Des mutineries répétées de l'armée centrafricaine à la guerre civile
congolaise, l'Afrique centrale semble rétive aux exhortations du prési-
Ange-Séverin Malanda est Docteur en philosophie, écrivain, directeur de la rédaction de la
revue Nouvelles congolaises.
73 dent français Jacques Chirac, qui considérait à Brazzaville, le 17 juillet
1996, qu'il fallait « en finir avec les coups de force », et souhaitait que
l'« élection » devienne « un mode normal de dévolution du pouvoir en
Afrique ». Le fait qu'Ange-Félix Patassé, l'actuel chef de l'Etat centrafï-
cain, soit un président démocratiquement élu ne l'a pas empêché de
cautionner l'assassinat de certains de ses opposants. Comment, dans ces
conditions, faire admettre aux populations africaines que l'« élection »
sanctifie nécessairement tout pouvoir africain ? Le conflit bosniaque a,
entre autres, aboutit à l'acceptation, par les parties belligérantes, d'un
nouveau tracé des frontières (voir les accords de Dayton du 21 no
vembre 1995). Qui peut dire ce que seront les frontières des pays de la
région des Grands Lacs et celles des pays d'Afrique centrale, demain ?
Mohamed Sahnoun, représentant spécial de l'ONU et de l'OUA
pour la région des Grands Lacs a lancé à Genève, fin février 97, un
appel à l'arrêt des combats dans l'Est du Zaïre, et a estimé qu'il était
indispensable que la communauté internationale envoie « un message
ferme » aux protagonistes afin que prenne fin la tragédie qui s'y dé
roulait3. Cet appel est resté un pur vœu pieux... Pendant que l'armée
zaïroise poursuivait ses opérations aériennes contre les positions t
enues par les rebelles dirigés par Laurent-Désiré Kabila, des milliers de
Zaïrois allaient emplir des camps de réfugiés en Tanzanie4. Plus
prompts à perpétrer des pillages qu'à combattre les rebelles, les él
éments des Forces armées zaïroises (FAZ) n'ont pu empêcher les re
belles de marquer des points, et d'atteindre Kinshasa.
« II ne suffit pas aux troupes de Laurent-Désiré Kabila d'avancer
inexorablement vers Kisangani et les autres villes du Zaïre. Il leur faut
encore assurer leurs arrières, vaincre d'éventuelles poches de résis
tance, gagner la confiance des populations » notait Colette Braeck-
man, envoyée spéciale du Soir, dans l'édition du 26 février 1997 du
quotidien belge. Selon Braeckman, « cette partie-là » était « loin d'être
gagnée. Car, à l'arrière, sous le calme apparent des villes "libérées",
loin derrière les routes défoncées, la guerre continue. Une guerre sale,
sans témoins, sinon sans traces, une qui se confond aussi avec
une chasse à l'homme »5. « Je dispose de témoignages directs comme
quoi un nouveau génocide est en cours à l'est du Zaïre. J'ai des
preuves concrètes de témoins, notamment de missionnaires et de r
eprésentants des organisations humanitaires, sur la découverte de fosses
communes à l'intérieur du Zaïre », affirmait Reginald Moreels, secré
taire d'État belge à la Coopération et au développement6. Proche, au
trefois, du maréchal Mobutu, devenu conseiller militaire de l'Alliance
des forces démocratiques pour la libération du Congo-Zaïre (AFDL),
74 le colonel belge à la retraite Mallants avait aussitôt rétorqué que ces
accusations étaient révélatrices d'« une volonté de salir un mouvement
qui gêne des intérêts commerciaux gigantesques »7.
Alors que le gouvernement belge n'hésitait pas à accuser les rebelles
dirigés par Laurent-Désiré Kabila, aucun progrès n'avait encore été
enregistré en ce qui concerne le jugement des responsables des crimes
commis lors du génocide rwandais. Du coup, le retour massif des ré
fugiés du Zaïre et de Tanzanie s'est poursuivi, au cours des derniers
mois, dans un climat de méfiance.
IL LE DECLIN DU MOBUTISME
Complexe, ancienne et confuse, la crise zaïroise mérite d'être envisa
gée en tenant compte de ses répercussions sur deux ensembles géopoli
tiques : d'une part l'Afrique orientale, et d'autre part l'Afrique centrale.
Les gouvernants zaïrois ont eu beau dénoncer « l'agression dont le
Zaïre est l'objet »8, il n'en est pas moins vrai que la rébellion dirigée par
Laurent-Désiré Kabila n'a pu progresser sur le terrain qu'en raison de la
crise de la dictature mobutiste et de la faillite du modèle de l' État-
nation. Cette rébellion n'est en effet pas apparue par hasard. Lorsqu'un
mouvement progresse aussi rapidement et parvient, en quelques mois, à
mettre en déroute une « armée » régulière muée en une folle horde de
« fuyards-pillards »9, c'est toujours la preuve que le champ politique ap
paru au fil des combats anti-colonialistes avait été détruit depuis long
temps (dans la quasi-totalité des pays africains, la destruction de ce
champ a favorisé la réémergence du pré-politique). La Belgique et la
France ont dénoncé l'ingérence du Rwanda, de l'Ouganda et du Burundi
dans le conflit zaïrois ? Cette dénonciation s'est avérée, en vérité, aussi
douteuse que les accusations lancées par les proches et les conseillers
du chef de l'État zaïrois contre les susdits pays.
La société zaïroise a été traumatisée par la violence d'État et par la
violence para-étatique. Née sous la colonisation, l'armée zaïroise était
depuis longtemps perçue par la population comme une force de ré
pression antérieure. Démantelée par Mobutu au fil d'une histoire t
umultueuse, elle ne pouvait plus défendre le territoire zaïrois, et ne
pouvait pas ne pas subir une cinglante défaite face à tout mouvement
plus ou moins organisé. En somme, seuls ceux qui ont l'habitude de se
voiler la face ont été pris au dépourvu par l'évolution de la situation
zaïroise. Le 20 février, le général Likulia, vice-premier ministre
chargé de la défense, a affirmé que les Forces armées zaïroises (FAZ)
« sont plus que jamais déterminées à pour

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