Histoire légendaire de la Nouvelle-Espagne - article ; n°1 ; vol.8, pg 207-269
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Description

Journal de la Société des Américanistes - Année 1911 - Volume 8 - Numéro 1 - Pages 207-269
63 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1911
Nombre de lectures 32
Langue Français
Poids de l'ouvrage 4 Mo

Extrait

Comte Charencey
Histoire légendaire de la Nouvelle-Espagne
In: Journal de la Société des Américanistes. Tome 8, 1911. pp. 207-269.
Citer ce document / Cite this document :
Charencey . Histoire légendaire de la Nouvelle-Espagne. In: Journal de la Société des Américanistes. Tome 8, 1911. pp. 207-
269.
doi : 10.3406/jsa.1911.3732
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/jsa_0037-9174_1911_num_8_1_3732.
HISTOIRE LEGENDAIRE
DE LA NOUVELLE - ESPAGNE
Par le Comte DE CHARENCEY
INTRODUCTION
- L'on ne prétend pas aborder ici le problème si ardu du peuplement de
l'Amérique, ni rechercher d'où vinrent ses premiers habitants. Notre
tâche sera beaucoup plus modeste. Nous nous bornerons à quelques obser
vations sur les origines de la civilisation dans l'Hémisphère Occidental,
ce qui reporte visiblement à une époque beaucoup moins reculée. Tenons-
nous-en pour aujourd'hui à la comparaison des légendes el à quelques
considérations de l'ordre purement ethnologique.
La plupart des auteurs, à commencer par l'illustre Humboldt, ont
signalé les affinités qui, sous ces rapports, se manifestent entre les
habitants des rives opposées du Pacifique. Une école s'est, il* est vrai,
formée aux États-Unis, laquelle manifeste des tendances toutes diffé
rentes. Son représentant le plus en vue, et l'on peut même dire son fon
dateur fut le Docteur Brinton. Sans doute, il ne fait pas profession de
polygénisme et regarde même comme fort probable que l'Amérique fut
occupée dès l'époque glaciaire, sinon avant, par des emigrants venus
d'Europe *. En tout cas, ce dont il ne veut pas entendre parler, c'est d'in
fluences postérieurement exercées par un continent sur l'autre. A ses yeux,
la civilisation du Nouveau monde, sinon la race cuivrée, devrait passer
pour autochtone. Elle aurait pris naissance et atteint tout son déve
loppement sur le sol même. Pour lui, au point de vue strictement et
exclusivement historique, l'Indien du nouveau continent, n'offrirait avec
les habitants du reste du globe, d'autres affinités que celles résultant de
leur commune qualité d'hommes.
D'après notre auteur, en un mot, les communications entre les deux
Mondes, se seraient effectuées au moment juste où elles étaient le plus
1. D. G. Brinton, Races and peoples, lectures on the science of Ethnography (lecture
IX, p. 247). New-York, 1890. ^ -, . ; .
208 SOCIÉTÉ DES AMÉRICANISTES DE PARIS
difficiles, vu l'état de profonde barbarie où nos ancêtres se trouvaient
alors plongés. Aucune n'aurait eu lieu postérieurement ou, du moins, n'aur
ait laissé de traces, depuis que l'art de la navigation s'est perfectionné.
Cette manière de comprendre les choses nous a toujours paru peu accep
table, et le présent travail aura justement pour but de la combattre.
L. Angrand fut amené par une longue et minutieuse étude ' à placer
dans la vallée de l'Orégon ou contrées avoisinantes, le point de départ
des civilisations du Nouveau-Monde. De là serait parti ce double courant
des Californiens à tête droite ou Toltèques occidentaux, tels que Indiens
Pueblos, Mexicains proprement dits, Guatémaliens, Muyscas de la
Cundinamarca, fondateurs du temple de Tiaguaro en Bolivie et Floridiens
à tête plate ou Toltèques Orientaux (Tchinouks, indigènes de la Louisiane
et des Antilles, Yucatèques, Péruviens de l'époque Incacique) dont
l'influence se fît sentir au loin, dans les deux Amériques. Effectivement,
la région Orégonaise et pays environnants nous offriraient vivant côte à
côte, des représentants de l'un comme de l'autre type.
Cette constatation paraît d'importance capitale. Nous y voyons une
preuve incontestable que les éléments de la vie policée, au sein de la race
rouge, ont été pris de pays situés plus à l'Ouest.
En définitive, pour qu'une civilisation puisse, nous ne disons pas, se
développer, mais du moins prendre naissance, le concours de certaines
circonstances semble indispensable. Là, où elles font défaut, force sera de
la considérer comme article d'importation.
Rien de plus naturel sans doute, et, somme toute, déplus humain, que la
tendance au progrès, mais celui-ci, à son tour, sera réglé, limité même,
par l'état de la société, les exigences de la vie quotidienne. Le sauvage,
soumis à un régime carnivore, songera évidemment à perfectionner ses
instruments de chasse ou de pêche. C'est ce qui s'est passé dans l'Europe,
lors de la transition du Chelléen auMoustérien, au Solutréen. Toutefois là,
se borneront les efforts d'imagination de l'homme primitif. Il s'occupe
d'améliorer ses conditions d'existence, non de les changer pour d'autres,
dont il ne se fait pas la moindre idée. Sa paresse, non moins que l'orgueil à
lui inspiré, par ses habitudes de complète indépendance se révolteraient
à la seule pensée qu'il puisse en être un jour réduit à tirer ses moyens de
subsistance d'un labeur régulier.
Ce sentiment de dédain à l'égard du travail manuel et de ceux qui s'y
livrent, n'est pas d'ailleurs spécial aux peuplades chasseresses. On le
rencontre également chez des tribus parvenues à un stage plus élevé, celui
1. L. Angrand, Notes manuscrites. — Ch. Wiener, Essai sur les institutions, etc.,
de l'empire des Incas, chap, n, § III et IV, pp. 32 et suiv. Paris, 1874. . '
.
.
'
.

HISTOIRE LÉGENDAIRE DE LA NOUVELLE-ESPAGNE 209
de la vie pastorale. Est-ce que l'Arabe nomade ne se regarde pas comme
très supérieur au fellah péniblement incliné vers le sol qu'il féconde de
ses sueurs ? Ainsi que le fait observer un savant allemand, la crainte de
mourir de faim put seule décider- les Baschkirs de la Russie d'Europe,
dont toute la richesse consistait en bestiaux, à mettre enfin la main à la
charrue *.
Gh. Ploix rappelle que les plus anciennes civilisations du monde
sont celles de l'Egypte et de la Ghaldée -2, d'où procèdent visiblement,
celles du reste du globe. Les dites contrées se trouvaient soumises à un
régime économique véritablement spécial . Tout y favorisait le passage de
l'état pastorála l'état agricole, lequel a pour corollaire naturel, ce
que nous pourrions appeler l'éclosion de la vie policée. L'abondance de
grandes espèces animales, aisément domesticables, et qui font défaut en
tant d'autres endroits, avait pu décider les hommes de l'âge de la pierre à
se transformer en éleveurs. Mais précisément, voilà qu'ils commencent à
s'établir dans les vallées du Nil et de l'Euphrate.
L'existence du berger y est rendue difficile en raison du débordement
des fleuves. Mais précisément, cette même cause pousse, pour ainsi
dire, les habitants au travail de la terre. Effectivement, le limon déposé
chaque année, fertilise le sol et dispense de chercher d'autres engrais.
De plus, on n'a pas grand mal à se donner pour les semailles. Il suffit de
gratter légèrement un terrain meuble et détrempé par les eaux. Aussi,
Hérodote déclare-t-il que de tous les mortels, les habitants de la Basse-
Egypte sont ceux auxquels le labourage impose le moins de peine et de
fatigue. Dans cette heureuse région, l'homme se trouvait transformé en
agriculteur sans même s'en apercevoir et poussé, pour ainsi dire, par la
force des choses. ,
Partant de ces données, on devrait, si la civilisation américaine était
réellement autochtone, s'attendre à en rencontrer les plus anciens ves
tiges dans les plaines arrosées parle Mississipi, le Maragnôn ouïe Rio de
la Plata. Mais précisément, nous ne constatons rien de pareil. C'est que
l'industrie pastorale, étape nécessaire pour s'élever de la sauvagerie à
la civilisation, restait à peu près inconnue des races du Nouveau-Monde3.
Tout s'explique, au contraire, par l'hypothèse fort acceptable, somme
1. Schrader, Sprachvergleichung und Urgeschichtè,\. IV, chap, v, § 414 et 415. léna,
1889. .
2. Gh. Ploix, Des origines de la civilisation, exlrait du Bulletin de la Société d'an
thropologie, séance du 9 juillet 1871.
3. La seule exception que l'on pourrait cit

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