Idées sur l origine de l homme en France de 1800 à 1871 entre Lamarck et Darwin - article ; n°3 ; vol.1, pg 105-129
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Idées sur l'origine de l'homme en France de 1800 à 1871 entre Lamarck et Darwin - article ; n°3 ; vol.1, pg 105-129

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Bulletins et Mémoires de la Société d'anthropologie de Paris - Année 1989 - Volume 1 - Numéro 3 - Pages 105-129
IDEAS ON THE ORIGIN OF MAN IN FRANCE FROM 1800 TO 1871 FROM LAMARCK TO DARWIN Summary. — The date of 1871 is rightly maintained by science historians as an important date in the history of ideas. Indeed it was in this year that Darwin brought out The Descent of Man. For a long time it was thought, and still is, that Darwinian ideas on the transformation of species had appeared like a thunder-clap in a calm sky (Montalenti, in Groeben). Until then scholars blindly followed the vision imposed by orthodox theology. Lamarck had already maintained since the beginning of the XIX th century a theory of generalized transformation, that is including the animal origin of man. Cuvier of course denied this descent, and, in order to block this theory more effectively, refused to recognize the existence of fossil man.
Résumé. — La date de 1871 est retenue à juste titre par les historiens des sciences comme une date importante dans l'histoire des idées. C'est en effet cette année que Darwin fit paraître The Descent of Man. On a pensé pendant longtemps, et on continue à le faire, que les idées darwiniennes sur la transformation des espèces étaient apparues comme un coup de tonnerre dans un ciel serein (Montalenti, in Groeben). Jusque-là, les savants suivaient les yeux fermés la vision imposée par la théologie orthodoxe. Lamarck avait déjà soutenu dès le début du XIXe siècle un transformisme généralisé, c'est-à-dire incluant l'origine animale de l'Homme. Cuvier, bien entendu, niait cette descendance, et, pour mieux y mettre obstacle, refusait de reconnaître l'existence de l'homme fossile. Malgré sa résistance et celle de ses disciples, la présence des restes humains contemporains d'animaux disparus va être progressivement acceptée par les géologues et les paléontologistes durant la première moitié du XIXe siècle. Tournai, de Christol, Marcel de Serres, Ami Boue, dans les années 1840, n'éprouvaient plus de doute sur l'existence de l'homme fossile, et Alexandre Brongniart lui-même avouait que « les restes humains approchaient d'être un fait patent ». Parallèlement à cette avancée dans la reconnaissance de l'ancienneté de l'homme, l'idée de son origine animale continuait à se répandre. Les idées lamarckiennes sur ce point avaient trouvé un écho favorable auprès d'autres savants, tels que Delamétherie, Virey, Etienne Geoffroy Saint-Hilaire. Elles se répandent avec une telle force dans la société qu'elles envahissent les milieux chrétiens, et même ecclésiastiques. Les accents passionnés des défenseurs de l'orthodoxie ne laissent aucune illusion sur cette pénétration : bien loin que ce fut la théologie qui occultât la science, il apparaît, si l'on en croit la dénonciation passionnée de l'abbé Maupied, le collaborateur du grand paléontologiste de Blainville, que ce sont les idées transformistes qui pénétraient même la « théologie scolastique ».
25 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Sujets

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1989
Nombre de lectures 24
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Extrait

Goulven Laurent
Idées sur l'origine de l'homme en France de 1800 à 1871 entre
Lamarck et Darwin
In: Bulletins et Mémoires de la Société d'anthropologie de Paris, Nouvelle Série, tome 1 fascicule 3-4, 1989. pp.
105-129.
Citer ce document / Cite this document :
Laurent Goulven. Idées sur l'origine de l'homme en France de 1800 à 1871 entre Lamarck et Darwin. In: Bulletins et Mémoires
de la Société d'anthropologie de Paris, Nouvelle Série, tome 1 fascicule 3-4, 1989. pp. 105-129.
doi : 10.3406/bmsap.1989.2577
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/bmsap_0037-8984_1989_num_1_3_2577Abstract
IDEAS ON THE ORIGIN OF MAN IN FRANCE FROM 1800 TO 1871 FROM LAMARCK TO DARWIN
Summary. — The date of 1871 is rightly maintained by science historians as an important date in the
history of ideas. Indeed it was in this year that Darwin brought out The Descent of Man. For a long time
it was thought, and still is, that Darwinian ideas on the transformation of species had appeared like a
thunder-clap in a calm sky (Montalenti, in Groeben). Until then scholars blindly followed the vision
imposed by orthodox theology. Lamarck had already maintained since the beginning of the XIX th
century a theory of generalized transformation, that is including the animal origin of man. Cuvier of
course denied this descent, and, in order to block this theory more effectively, refused to recognize the
existence of fossil man.
Résumé
Résumé. — La date de 1871 est retenue à juste titre par les historiens des sciences comme une date
importante dans l'histoire des idées. C'est en effet cette année que Darwin fit paraître The Descent of
Man. On a pensé pendant longtemps, et on continue à le faire, que les idées darwiniennes sur la
transformation des espèces étaient apparues comme un coup de tonnerre dans un ciel serein
(Montalenti, in Groeben). Jusque-là, les savants suivaient les yeux fermés la vision imposée par la
théologie orthodoxe. Lamarck avait déjà soutenu dès le début du XIXe siècle un transformisme
généralisé, c'est-à-dire incluant l'origine animale de l'Homme. Cuvier, bien entendu, niait cette
descendance, et, pour mieux y mettre obstacle, refusait de reconnaître l'existence de l'homme fossile.
Malgré sa résistance et celle de ses disciples, la présence des restes humains contemporains
d'animaux disparus va être progressivement acceptée par les géologues et les paléontologistes durant
la première moitié du XIXe siècle. Tournai, de Christol, Marcel de Serres, Ami Boue, dans les années
1840, n'éprouvaient plus de doute sur l'existence de l'homme fossile, et Alexandre Brongniart lui-même
avouait que « les restes humains approchaient d'être un fait patent ». Parallèlement à cette avancée
dans la reconnaissance de l'ancienneté de l'homme, l'idée de son origine animale continuait à se
répandre. Les idées lamarckiennes sur ce point avaient trouvé un écho favorable auprès d'autres
savants, tels que Delamétherie, Virey, Etienne Geoffroy Saint-Hilaire. Elles se répandent avec une telle
force dans la société qu'elles envahissent les milieux chrétiens, et même ecclésiastiques. Les accents
passionnés des défenseurs de l'orthodoxie ne laissent aucune illusion sur cette pénétration : bien loin
que ce fut la théologie qui occultât la science, il apparaît, si l'on en croit la dénonciation passionnée de
l'abbé Maupied, le collaborateur du grand paléontologiste de Blainville, que ce sont les idées
transformistes qui pénétraient même la « théologie scolastique ».Bull, et Mém. de la Soc. d'Anthrop. de Paris, n.s., t. 1, nos 3-4, 1989, pp. 105-130
IDÉES SUR L'ORIGINE DE L'HOMME EN FRANCE DE 1800
À 1871 ENTRE LAMARCK ET DARWIN
Goulven Laurent (*)
Résumé. — La date de 1871 est retenue à juste titre par les historiens des sciences comme
une date importante dans l'histoire des idées. C'est en effet cette année que Darwin fit
paraître The Descent of Man. On a pensé pendant longtemps, et on continue à le faire,
que les idées darwiniennes sur la transformation des espèces étaient apparues comme un
coup de tonnerre dans un ciel serein (Montalenti, in Groeben). Jusque-là, les savants sui
vaient les yeux fermés la vision imposée par la théologie orthodoxe.
Lamarck avait déjà soutenu dès le début du xix* siècle un transformisme généralisé,
c'est-à-dire incluant l'origine animale de l'Homme. Cuvier, bien entendu, niait cette des
cendance, et, pour mieux y mettre obstacle, refusait de reconnaître l'existence de l'homme
fossile.
Malgré sa résistance et celle de ses disciples, la présence des restes humains contempor
ains d'animaux disparus va être progressivement acceptée par les géologues et les paléont
ologistes durant la première moitié du XIXe siècle. Tournai, de Christol, Marcel de Ser
res, Ami Boue, dans les années 1840, n'éprouvaient plus de doute sur l'existence de l'homme
fossile, et Alexandre Brongniart lui-même avouait que « les restes humains approchaient
d'être un fait patent ».
Parallèlement à cette avancée dans la reconnaissance de l'ancienneté de l'homme, l'idée
de son origine animale continuait à se répandre. Les idées lamarckiennes sur ce point avaient
trouvé un écho favorable auprès d'autres savants, tels que Delamétherie, Virey, Etienne
Geoffroy Saint-Hilaire. Elles se répandent avec une telle force dans la société qu'elles enva
hissent les milieux chrétiens, et même ecclésiastiques. Les accents passionnés des défenseurs
de l'orthodoxie ne laissent aucune illusion sur cette pénétration : bien loin que ce fut la
théologie qui occultât la science, il apparaît, si l'on en croit la dénonciation passionnée
de l'abbé Maupied, le collaborateur du grand paléontologiste de Blainville, que ce sont les
idées transformistes qui pénétraient même la « théologie scolastique ».
IDEAS ON THE ORIGIN OF MAN IN FRANCE FROM 1800 TO 1871
FROM LAMARCK TO DARWIN
Summary. — The date of 1871 is rightly maintained by science historians as an import
ant date in the history of ideas. Indeed it was in this year that Darwin brought out The
Descent of Man. For a long time it was thought, and still is, that Darwinian ideas on the
transformation of species had appeared like a thunder-clap in a calm sky (Montalenti, in
Groeben). Until then scholars blindly followed the vision imposed by orthodox theology.
Lamarck had already maintained since the beginning of the XIX th century a theory
of generalized transformation, that is including the animal origin of man. Cuvier of course
denied this descent, and, in order to block this theory more effectively, refused to reco
gnize the existence of fossil man.
(*) Université Catholique de l'Ouest, 3, rue Rabelais, 49000 ANGERS. 106 SOCIÉTÉ D'ANTHROPOLOGIE DE PARIS
In spite of his resistance and that of his disciples, the presence of human remains con
temporary with extinct animals will be progressively accepted by geologists and paleontol
ogists during the first half of the XlXth century. Tournai, de Christol, Marcel de Serres,
Ami Boue in the 1840s no longer had any doubts about the existence of fossil man, and
Alexandre Brongniart himself admitted that « fossilized human remains were becoming a
patent fact ».
In parallel with this advance in the recognition of the antiquity of man, the idea of
his animal origin continued to spread. Lamarckian ideas on this point evoked a favorable
response from other scholars such as Delamétherie, Virey, Etienne Geoffroy Saint-Hilaire.
They spread with such force through society that they invaded Christian, even ecclesiastical
milieux. The passionate tone of the defenders of orthodoxy left no illusion about this inva
sion : far from theology blocking out science, it appears, if one believes the passionate
denunciation of Abbé Maupied, the collaborator of the great paleontologist de Blainville,
that it was transformationist ideas that were penetrating even « scholastic theology ».
I. — INTRODUCTION
Les choses ne sont jamais simples en histoire comme on le sait... Si elles le
deviennent parfois, c'est par la volonté de l'historien. Il semble que l'on soit devant
un cas de ce genre en ce qui concerne les idées sur l'origine de l'Homme. Parce
qu'on en a effectivement beaucoup discuté ces dernières années, on a pu penser
que c'était un problème récent. En consultant des textes parfois oubliés, ou méconn
u

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