Identités en mouvement. La redéfinition du nationalisme monténégrin dans les crises yougoslaves - article ; n°1 ; vol.35, pg 351-373
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Revue d’études comparatives Est-Ouest - Année 2004 - Volume 35 - Numéro 1 - Pages 351-373
The restructuration of forms of nationalism in Montenegro and competition between them as of 1989 are related to the redefinition and reappro- priation of a Montenegrin sense of identity, as perceived through the November 2003 census conducted in this country. Both successive and simultaneous, these processes of redefinition and reappropriation are unfolding in the setting of the fluctuating institutional relations between Montenegro and Serbia. There have been two phases in these relations: rapprochement from 1989 to 1997 before a rupture and deterioration. For a long time, the Montenegrin sense of identity was based on an ambiguity between a territorial and a national identity; but it is now becoming more distinct, and distinctly national. This brings to light deep territorial divisions inside the country. In the framework of the State community of Serbia and Montenegro, the themes of the Montenegrin nation and its independence are separating to the detriment of movements for independence.
Cet article met en relation la restructuration et la concurrence des nationalismes monténégrins amorcées à partir de 1989 avec la redéfinition et la réappropriation de l'identité monténégrine, perceptibles dans le recensement monténégrin de novembre 2003. Ces deux processus, à la fois successifs et simultanés, s'inscrivent dans le cadre de relations institutionnelles fluctuantes entre le Monténégro et la Serbie, relations qui se caractérisent par deux phases : une phase de rapprochement (entre 1989 et 1997) et une phase de rupture et de détérioration (à partir de 1997). Le sentiment identitaire monténégrin, qui a longtemps reposé sur l'ambiguïté entre identité territoriale et identité nationale, se précise aujourd'hui en s'orientant vers un contenu national, faisant apparaître de profondes divisions territoriales au Monténégro. Parallèlement, dans le cadre de la Communauté d'États de Serbie-et-Monténégro, le thème de la nation monténégrine et celui de l'indépendance du Monténégro semblent se dissocier au détriment des mouvements indépendantistes.
23 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 2004
Nombre de lectures 15
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Amaël Cattaruzza
Identités en mouvement. La redéfinition du nationalisme
monténégrin dans les crises yougoslaves
In: Revue d’études comparatives Est-Ouest. Volume 35, 2004, N°1-2. Sortir de la transition bloquée : Serbie-
Monténégro. pp. 351-373.
Abstract
The restructuration of forms of nationalism in Montenegro and competition between them as of 1989 are related to the redefinition
and reappro- priation of a Montenegrin sense of identity, as perceived through the November 2003 census conducted in this
country. Both successive and simultaneous, these processes of redefinition and reappropriation are unfolding in the setting of the
fluctuating institutional relations between Montenegro and Serbia. There have been two phases in these relations: rapprochement
from 1989 to 1997 before a rupture and deterioration. For a long time, the Montenegrin sense of identity was based on an
ambiguity between a territorial and a national identity; but it is now becoming more distinct, and distinctly national. This brings to
light deep territorial divisions inside the country. In the framework of the State community of Serbia and Montenegro, the themes
of the Montenegrin nation and its independence are separating to the detriment of movements for independence.
Résumé
Cet article met en relation la restructuration et la concurrence des nationalismes monténégrins amorcées à partir de 1989 avec la
redéfinition et la réappropriation de l'identité monténégrine, perceptibles dans le recensement monténégrin de novembre 2003.
Ces deux processus, à la fois successifs et simultanés, s'inscrivent dans le cadre de relations institutionnelles fluctuantes entre le
Monténégro et la Serbie, relations qui se caractérisent par deux phases : une phase de rapprochement (entre 1989 et 1997) et
une phase de rupture et de détérioration (à partir de 1997). Le sentiment identitaire monténégrin, qui a longtemps reposé sur
l'ambiguïté entre identité territoriale et identité nationale, se précise aujourd'hui en s'orientant vers un contenu national, faisant
apparaître de profondes divisions territoriales au Monténégro. Parallèlement, dans le cadre de la Communauté d'États de Serbie-
et-Monténégro, le thème de la nation monténégrine et celui de l'indépendance du Monténégro semblent se dissocier au
détriment des mouvements indépendantistes.
Citer ce document / Cite this document :
Cattaruzza Amaël. Identités en mouvement. La redéfinition du nationalisme monténégrin dans les crises yougoslaves. In: Revue
d’études comparatives Est-Ouest. Volume 35, 2004, N°1-2. Sortir de la transition bloquée : Serbie-Monténégro. pp. 351-373.
doi : 10.3406/receo.2004.1655
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/receo_0338-0599_2004_num_35_1_1655d'études comparatives Est-Ouest, 2004, vol. 35, n° 1-2, pp. 351-373 Revue
Identités en mouvement.
La redéfinition du nationalisme monténégrin
dans les crises yougoslaves
Amaël CATTARUZZA *
Résumé : Cet article met en relation la restructuration et la concurrence des
nationalismes monténégrins amorcées à partir de 1989 avec la redéfinition et la
réappropriation de l'identité monténégrine, perceptibles dans le recensement
monténégrin de novembre 2003. Ces deux processus, à la fois successifs et simul
tanés, s'inscrivent dans le cadre de relations institutionnelles fluctuantes entre le
Monténégro et la Serbie, relations qui se caractérisent par deux phases : une phase
de rapprochement (entre 1989 et 1997) et une phase de rupture et de détériora
tion (à partir de 1997). Le sentiment identitaire monténégrin, qui a longtemps
reposé sur l'ambiguïté entre identité territoriale et identité nationale, se précise
aujourd'hui en s'orientant vers un contenu national, faisant apparaître de
profondes divisions territoriales au Monténégro. Parallèlement, dans le cadre de
la Communauté d'États de Serbie-et-Monténégro, le thème de la nation monténég
rine et celui de l'indépendance du Monténégro semblent se dissocier au détr
iment des mouvements indépendantistes.
Abstract: The restructuration of forms of nationalism in Montenegro and
competition between them as of 1989 are related to the redefinition and reappro-
priation of a Montenegrin sense of identity, as perceived through the November
2003 census conducted in this country. Both successive and simultaneous, these
processes of redefinition and reappropriation are unfolding in the setting of the
fluctuating institutional relations between Montenegro and Serbia. There have
been two phases in these relations: rapprochement from 1989 to 1997 before a
rupture and deterioration. For a long time, the Montenegrin sense of identity was
based on an ambiguity between a territorial and a national identity; but it is now
becoming more distinct, and distinctly national. This brings to light deep territor
ial divisions inside the country. In the framework of the State community of
Serbia and Montenegro, the themes of the Montenegrin nation and its independ
ence are separating to the detriment of movements for independence.
Au regard de l'histoire contemporaine des nouveaux États issus de
l'ex- Yougoslavie, la trajectoire du Monténégro apparaît paradoxale. En
effet, à l'heure où la Slovénie, la Croatie puis la Bosnie-Herzégovine se
déclarent indépendantes et où les conflits éclatent entre 1991 et 1992 à
l'issue d'un référendum, le Monténégro décide de constituer avec la
Serbie un nouvel État fédéral yougoslave en mars 1992. Ce n'est que dans
* Doctorant à l'Université Paris-Sorbonne (Paris IV) et Laboratoire Espace et Culture
(UMR 8064 - CNRS) (amaelc@orange.fr). 352 Amaël Cattaruzza
la deuxième moitié des années 1990 que le mouvement national indépend
antiste monténégrin devient un courant disposant d'une majorité rela
tive au sein de la société pluriethnique monténégrine 1. Le développement
de ce mouvement au Monténégro est donc en décalage chronologique par
rapport aux autres Républiques.
Pourquoi ce délai ? Il est dû en premier lieu à l'ambiguïté de la ques
tion nationale monténégrine partagée entre deux nationalismes, l'un privi
légiant une conception ethnique et l'autre une conception civique de la
nation. Cette division justifie l'utilisation que nous faisons par la suite de
l'expression « nationalismes monténégrins » au pluriel puisque, de fait,
plusieurs idéologies nationales impliquant l'identité monténégrine se
combinent et se confrontent au sein de la population monténégrine. Par
nationalisme, nous entendons l'idéologie d'une collectivité revendiquant
l'acquisition ou le renforcement de sa souveraineté politique et écono
mique et visant au raffermissement ou à la création de son propre État
(Roger, 2001, p. 2). En ce sens, nous définissons la nation comme la collec
tivité ayant intégré, assimilé cette idéologie nationaliste qu'elle reven
dique comme sienne. Nous reprenons ainsi à notre compte l'affirmation
d'É. Gellner : « C'est le nationalisme qui crée les nations et non pas le
contraire » (Gellner, 1990, p. 86). Toutefois, nous distinguons un nationa
lisme ethnique ou - ethno-nationalisme - pour lequel l'identité ethnique,
le sentiment d'une communauté d'appartenance à un même groupe
ethnique sont nécessaires pour fonder une identité nationale, et un natio
nalisme civique, qui considère au contraire que l'identité nationale trans
cende ou fait disparaître les identités ethniques 2.
Or tout au long du XXe siècle, la société monténégrine est travaillée
par plusieurs clivages nationalistes qui s'opposent à différents niveaux :
1) Au niveau de la reconnaissance et/ou de la définition du groupe
ethnique monténégrin. Sur cette question, deux traditions d'ethnogénèse
s'opposent. Tandis que l'une reconnaît la spécificité du groupe ethnique
monténégrin, héritier de l'État médiéval de Dioclée (VIIe siècle) puis du
royaume de Zêta (XIe siècle), descendant d'un groupe tribal slave parti
culier - les Dukljani -, l'autre tradition rattache les Monténégrins au
groupe ethnique serbe, héritier de la Serbie médiévale (XIIe -XVe siècle).
Une troisième théorie est avancée pendant la péri

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