Islam et appropriation mimétique comme ressource historique de la religion bobo - article ; n°2 ; vol.67, pg 7-24
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Description

Journal des africanistes - Année 1997 - Volume 67 - Numéro 2 - Pages 7-24
Les ethnologues africanistes ont longtemps négligé l'islam, soucieux qu'ils étaient de rechercher des « mythes » ou des « cosmogonies » et d'atteindre à une africanité non-contaminée. Mais l'islam est présent, même dans les sociétés qui ne sont pas formellement islamisées et qui, au contraire, ont incorporé certains traits islamiques pour s'opposer à l'islam. C'est le cas des Bobo du Burkina-Faso, dont le cas est examiné ici.
Anxious to uncover « myths » and « cosmogonies » attesting to an uncontaminated Africaness, Africanist anthropologists have long neglected Islam. However Islam is present even in those societies which have not been islamized in a formal fashion and which, on the contrary, have incorporated certain Islamic features in order to oppose Islam. Such is the case of the Bobo of Burkina-Faso considered in this article.
18 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1997
Nombre de lectures 31
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Mahir Saul
Islam et appropriation mimétique comme ressource historique
de la religion bobo
In: Journal des africanistes. 1997, tome 67 fascicule 2. pp. 7-24.
Résumé
Les ethnologues africanistes ont longtemps négligé l'islam, soucieux qu'ils étaient de rechercher des « mythes » ou des «
cosmogonies » et d'atteindre à une africanité non-contaminée. Mais l'islam est présent, même dans les sociétés qui ne sont pas
formellement islamisées et qui, au contraire, ont incorporé certains traits islamiques pour s'opposer à l'islam. C'est le cas des
Bobo du Burkina-Faso, dont le cas est examiné ici.
Abstract
Anxious to uncover « myths » and « cosmogonies » attesting to an uncontaminated Africaness, Africanist anthropologists have
long neglected Islam. However Islam is present even in those societies which have not been islamized in a formal fashion and
which, on the contrary, have incorporated certain Islamic features in order to oppose Islam. Such is the case of the Bobo of
Burkina-Faso considered in this article.
Citer ce document / Cite this document :
Saul Mahir. Islam et appropriation mimétique comme ressource historique de la religion bobo. In: Journal des africanistes. 1997,
tome 67 fascicule 2. pp. 7-24.
doi : 10.3406/jafr.1997.1137
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/jafr_0399-0346_1997_num_67_2_1137SAUL* Mahir
Islam et appropriation mimétique comme
ressource historique de la religion bobo1
Résumé
Les ethnologues africanistes ont longtemps négligé l'islam, soucieux qu'ils étaient de
rechercher des « mythes » ou des « cosmogonies » et d'atteindre à une africanité non-
contaminée. Mais l'islam est présent, même dans les sociétés qui ne sont pas formellement
islamisées et qui, au contraire, ont incorporé certains traits islamiques pour s'opposer à
l'islam. C'est le cas des Bobo du Burkina-Faso, dont le cas est examiné ici.
Mots-clés
Burkina-Faso, Bobo, islamisation, conversion.
Abstract
Anxious to uncover « myths » and « cosmogonies » attesting to an uncontaminated
Africaness, Africanist anthropologists have long neglected Islam. However Islam is present
even in those societies which have not been islamized in a formal fashion and which, on the
contrary, have incorporated certain Islamic features in order to oppose Islam. Such is the
case of the Bobo of Burkina-Faso considered in this article.
Key-words
Burkina-Faso, Bobo, islamisation, conversion
* Laboratoire ERMES, Orléans et Université d'Illinois, Urbana.
1 Remerciements. Cet article a été présenté pour la première fois lors d'une journée de
travail organisée par le laboratoire « Dynamique religieuse et pratiques sociales anciennes
et actuelles» à Clermont-Ferrand. Je remercie le Directeur, Mme. Jeanne-Françoise
Vincent, ainsi que les autres membres du laboratoire pour avoir créé cette occasion et рощ-
la discussion stimulante qui a fait suite à la présentation. Michel Izard, Georges Dupré,
Jean-Paul Deléage et Sandrine Petit ont pris du temps pour une lecture attentive et m'ont
fourni des suggestions et des critiques, comme l'ont fait à une occasion antérieure Robert
Launey et Jean-Louis Triaud.
Journal des africanistes 67 (2) 1997 : 7-24 8 Mahir Saul
Jusqu'à une date récente, l'islam était très peu visible dans
l'anthropologie africaniste. Le goût pour l'exotisme et un certain mépris des
sociétés islamiques, qui ne sont ni de nous ni assez loin de nous, ont porté les
ethnologues à exclure l'islam de leurs travaux, même quand il était
incontournable sur le terrain. Pour le Soudan occidental surtout, la littérature
ethnologique de l'âge classique nous présente un monde différent de celui qui
apparaît à travers les écrits des administrateurs et des missionnaires
coloniaux. Tandis que ces derniers étaient obsédés par les progrès que l'islam
faisait sur le continent, pour les ethnologues il n'était question que de mythe
et de cosmogonie. Dans le domaine d'étude des religions africaines, cette
lacune de l'ethnologie est troublante. Mais elle est intelligible lorsqu'on prend
en compte le désir romantique d'accéder à ce qui est authentiquement
africain, primaire, non-contaminé par ce qui venait de l'Europe ou d'ailleurs.
Ce souci de pureté suppose que les unités culturelles ont des frontières fixes
et immuables, ce qui va de pair avec une indifférence à l'égard de l'histoire,
ainsi qu'à l'égard des échanges d'idées et du commerce, qui ont établi des
liens entre l'Afrique occidentale et la Méditerranée pendant des siècles.
HORTON ET SA POSTÉRITÉ
Les idées qu'on se faisait de l'islam et du changement religieux en
général ont été un autre obstacle à la reconnaissance de ces liens. Pour
beaucoup de gens, le seul résultat d'un contact entre religions différentes ne
pouvait être que la conversion, la demi conversion, ou l'échec de la
conversion. Cela est implicite, par exemple, dans le fameux débat qu'il y eut,
dans la littérature anglophone, au sujet de la conversion. Ce débat a
commencé avec l'article bien connu de Robin Horton, pour qui l'avance du
monothéisme était l'effet de la conscience d'un monde élargi, dépassant les
frontières étroites du village ou du terroir - le « microcosme » comme il l'a
appelé -, représenté dans l'imaginaire religieux par des esprits et divinités
locales (Horton 1971). Cette conscience nouvelle apparaît selon Horton avec
le commerce et les voyages à longue distance. Un noyau de monothéisme,
auparavant secondaire et imperceptible dans les croyances, prend alors le
dessus sur le culte des ancêtres et les autels locaux. La vision de Horton est
celle d'une progression lente vers un monothéisme purifié, prenant comme
point de départ les anciennes conceptions, mais provoquée par les
changements sociaux et politiques de l'époque coloniale. L'islam et le
christianisme n'ont joué qu'un rôle de catalyseur dans ce développement.
Cette vision était inspirée par une réflexion sur la christianisation du
Nigeria. Parmi ceux qui l'ont critiquée se trouve l'historien H. J. Fisher, qui
s'inspirait plutôt des grandes poussées politiques de l'islam dans l'Afrique
occidentale des XVIIIe et XIXe siècles (Fisher 1973). Fisher signale que la
conversion ne s'effectue pas suivant une prise de conscience lente et
graduelle, mais implique souvent une grande ferveur, un souci de pureté et
une orthodoxie. Il met l'accent sur le rôle des propagandistes religieux que
Journal des africanistes 67 (2) 1997 : 7-24 Islam et appropriation mimétique 9
furent les grands réformateurs de l'islam. Fisher constate que les facteurs qui,
selon Horton, amènent une conscience élargie de « macrocosme » n'ont pas
manqué en Afrique occidentale avant l'ère coloniale. Le commerce et d'autres
activités, impliquant des déplacements à longue distance (migrations, guerres,
esclavage) ont existé depuis longtemps. Par ailleurs, les grands
bouleversements n'ont pas nécessairement abouti à un abandon permanent
des cultes locaux, et par conséquent, là où il y a eu conversion, l'islam et le
christianisme ont dû jouer davantage qu'un rôle de catalyseur.
La critique de Fisher est une mise en garde contre des explications
sociologiques totalisantes et une invite à reconnaître, avec plus de clarté, les
conséquences imprévisibles mais déterminantes des rencontres fortuites entre
différents modes de vie et de pensée. Cependant, l'apport de Fisher est limité
parce qu'il ne considère que le cas de la conversion à l'islam, sans envisager
que le contact avec l'islam ait pu donner lieu à autre chose que la conversion.
Fisher envisage l'islamisation en trois étapes, qu'il dénomme quarantaine,
mélange, et réforme. Dans la quarantaine, l'islam est représenté par un petit
nombre d'individus, des marchands ou des réfugiés, qui vivent dans une
population de non-musulmans en y formant comme une enclave, mais en
bonne intelligence avec elle. Offrant des services religieux à cette population
- prières, amulettes, divination - ils préservent cependant la pureté de leur foi
et de leurs pratiques grâce à létanchéité de leur c

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