L alimentation des populations urbaines des pays sous-développés - article ; n°31 ; vol.8, pg 605-629
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Tiers-Monde - Année 1967 - Volume 8 - Numéro 31 - Pages 605-629
25 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1967
Nombre de lectures 13
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Milton Santos
L'alimentation des populations urbaines des pays sous-
développés
In: Tiers-Monde. 1967, tome 8 n°31. pp. 605-629.
Citer ce document / Cite this document :
Santos Milton. L'alimentation des populations urbaines des pays sous-développés. In: Tiers-Monde. 1967, tome 8 n°31. pp.
605-629.
doi : 10.3406/tiers.1967.2371
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/tiers_0040-7356_1967_num_8_31_2371L'ALIMENTATION
DES POPULATIONS URBAINES
DES PAYS SOUS-DÉVELOPPÉS
par Milton Santos*
I. — Population urbaine et problèmes alimentaires
v5" La population urbaine a une sorte de comportement autonome par rap
port à la production alimentaire. En réalité, cette force d'entraînement s'étend
à toute la population non agricole ou plus exactement non employée dans une
activité vivrière — villes, activité minière, cultures industrielles. Ces trois
types de ne sont pas seulement des grands consommateurs de
denrées qu'ils produisent peu ou ne produisent pas du tout. Ils jouent un
rôle moteur dans l'expansion des cultures alimentaires. Néanmoins, c'est la
ville qui détient le rôle le plus important, j}
i° Son espace économique n'est pas limité à l'aire de son implantation et
l'organisation de cet espace ne dépend pas exclusivement de l'écoulement de
sa production. Couramment, jusqu'à ce que la ville devienne elle-même indust
rielle, elle répartit dans sa zone d'influence une production qui lui est en
grande partie étrangère et qu'elle importe, ou, ce qui est plus fréquent, elle
ramasse une grande partie de la production de sa région, et, dans ces deux cas,
voies ferrées, routes et chemins ne sont pas conçus dans ce dessein exclusif.
2° La ville est, par définition, multiplicatrice. Comparées à elle et, nonobst
ant le rapport emploi/masse salariale plus élevé, les zones minières sont
responsables d'un certain malthusianisme économique au niveau régional et
national. L'activité propre à la ville entraîne une série d'actions réciproque
ment positives qui déclenchent des changements dans la structure démogra
phique et économique. Il est vrai que d'autant plus grande est la population
d'une ville en pays sous-développé, plus aigus sont les problèmes
* Professeur à l'Université de Bahia; ancien président de la Commission de Planifi
cation économique de l'Etat de Bahia (Brésil); professeur associé à la Faculté des Lettres
et Sciences humaines de l'Université de Toulouse.
605 MILTON SANTOS
d'organisation et de gestion, mais les transformations économiques sont plus
rapides.
Plus nombreuse sera la population urbaine — de même que la population
intéressée à une activité minière ou aux cultures d'exportation — plus les
cultures vivrières auront tendance à se plier aux nouvelles exigences de la
demande et du marché, surtout si la consommation s'accroît plus vite que la
population.
A) Volume de la population urbaine et schémas théoriques
Des schémas ont été établis pour essayer de mettre en rapport ces données.
Sarkar (i), par exemple, a calculé le rythme d'expansion de la demande
urbaine et rurale. Il nous donne le tableau reproduit ci-après.
Taux d'augmentation Taux d'augmentation
delà demande par an de la population par an
Rural< Urbaine Rurale Urbaine
Venezuela . 11,2 3,8 9,9
Brésil 13,8 i 6,7 7,7
Inde 7,6 2,6 7,9 2,3
Egypte . . . 2,2 7,7 5,7 2,3 Illustration non autorisée à la diffusion Ghana 3,8 8,5 o,9 7
Syrie 5,2 t,8 3,i 3,7
Ceylan [,8 7,2 3 5,9
Taïwan 7,8 [,2 2,7 5,3
Corée S. . . IO,2 1,2 8,6 2,5
Bolivie . . . 5,8 t»1 2,7 7,7
Iran 2,1 5,7 x,7 7
Colombie . 2,1 7,i 7,9 1,7
7,1 Pakistan . . *>7 1.7 7
Maroc i,i 1,5 7,5 7
Philippines 1,2 ( 5,1 9,5 6,7
II est aisé de vérifier que les exigences urbaines s'accroissent beaucoup
plus vite que les exigences rurales. Bien que l'auteur n'ait pas tenu compte
ou n'ait pas pu tenir compte de l'amélioration qualitative possible du niveau
alimentaire ou qu'on puisse considérer comme exagérés les taux d'augment
ation de la population, cette étude ne perd pas de sa valeur. Si dans les villes,
le pourcentage du budget consacré aux dépenses alimentaires est moindre que
dans les campagnes, par contre l'élasticité des dépenses alimentaires est plus
grande chez les populations urbaines que chez les populations rurales. Cela
a été démontré dans des enquêtes réalisées à Madras et Faridabad, en Inde,
à Abidjan, Nairobi, Salisbury, Ubale, Lusaka et dans d'autres villes. Colin
(i) N. K. Sarkar, The influence of Population Trend in the Plans of developing countries, Congrès
mondial de la Population, Belgrade, 1965.
606 L'ALIMENTATION DES POPULATIONS URBAINES
Clark et Margaret Hashwell (i) nous montrent les inégalités de la demande
aux Philippines pour plusieurs produits, à Manille et dans sa campagne. En
voici quelques exemples choisis :
Élasticité de la demande
Riz 120 149 Maïs 103 13
РОГС 413 212 Viande 388 124
Poulet 393 258 Lait et produits laitiers 899 022
C'est encore Sarkar qui nous montre, dans une série de pays sous-
développés, des différences de la demande alimentaire (mesurée en céréales)
dans les villes et dans la campagne (2) :
Demande alimentaire Demande alimentaire
mesurée en céréales mesurée en céréales Pays Pays
Rurale Urbaine Rurale Urbaine
Venezuela 11,2 Brésil 13,8 9,9 6,7 Illustration non autorisée à la diffusion India 4,6 Egypte 4,9 4,4 5,7
Syrie Ghana 4,o 8,2 5,2 3,4
Ceylan 3,o Taïwan 7,8 5,9 2,7
South Koua . . . 10,2 Bolivie 5,8 2,5 2,4
Colombie Iran 2,1 2,1 5,7 4,9
Pakistan 4,i Marocco i,7 i,5 4,5
Philipines .... 1,2 9,5
La présence des classes moyennes plus nombreuses en ville y est pour
beaucoup. Pour quelques pays de l'Amérique latine, Horacio Giberti, sans
toutefois préciser ses méthodes de calcul, avance des chiffres (3) :
Classes moyennes en % de la population
Villes Villes
Pays de plus de Campagnes Pays de plus de Campagnes
20 000 hab. 20 000 hab.
Illustration non autorisée à la diffusion
38 30 Cuba Зб 2 Argentine
Chili 30 Colombie 28 18 3
Venezuela Mexico 6 27 5 37
Bolivie 26 16 Brésil 35 3
Guatemala .... 16 3
(1) The economics of subsistence agriculture, Mac Millan, 1964.
(2) N. K. Sarkar, The influence of Population Trend in the Plans of developing countries,
Congrès mondial de la Population, Belgrade, 1965.
(3) Horacio Giberti, Uso racional de los factor es directes de la production agraria, Communi
cation au Colloque sur les problèmes agraires de l'Amérique latine, C.N.R.S., Paris,
octobre 1965 (inédit).
607 MILTON SANTOS
Une autre étude montre les répercussions de ce phénomène dans le monde
rural. De Vries et Zaglitz ont dressé un tableau dans lequel ils ont montré
qu'à chaque réduction de la population agricole correspond, schématique-
ment, une de la quantité d'aliments qu'elle produit en fonction de
ses besoins propres. Ce tableau a l'avantage de montrer que l'augmentation
de la production commercialisable accompagne corrélativement la réduction
de la population agricole. Mais on constate que le rythme d'accroissement de
la production alimentaire disponible pour la commercialisation est finalement
moins rapide que celui de la baisse de la population agricole. Ainsi voit-on
la complexité des rapports qui régissent l'évolution corrélative de l'urbani
sation et de l'approvisionnement alimentaire d'un pays (i).
Pourcentage Aliments Aliments Quantité d'aliments produits
de consommés à la disposition Total pour un agriculteur
la population par la population des B + C en pourcentage
active agricole rurale autres groupes de ses besoins
A В С D E
Illustration non autorisée à la diffusion 7° 100 56,5 43,5 177
60 5i 100 49 204
50 100 42,5 57,5 235
40 100 286 35 65
3° 28 72 100 357
20 8i 100 19 527
100 85 667 15 15
Un autre essai pour fixer cette évolution nous est fourni par Louis
Malassis (2). Cet auteur suggère l'existence d'étapes de la croissance écono
mique, en rapport avec la question que nous discutons ici. Son modèle est le
suivant :
Nombre de personnes nourries Répartition de la population en % par 1 agriculteur Etapes
Agricole Non agricole Totale Non

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