L entreprise russe et le commerce extérieur - article ; n°3 ; vol.24, pg 199-235
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Description

Revue d’études comparatives Est-Ouest - Année 1993 - Volume 24 - Numéro 3 - Pages 199-235
Depuis la disparition du monopole d'État du commerce extérieur, l'entreprise russe est confrontée à un monde totalement étranger à celui auquel elle était accoutumée. Pour avoir été longtemps coupée du marché international, l'accès à ce marché provoqua en elle une véritable euphorie. S'initiant au calcul économique, dont elles ne dominaient pas tous les aspects, nombre d'entreprises se lancèrent dans des exportations et des importations de nature souvent spéculative, dangereuses pour elles et pour l'économie dans son ensemble (détérioration de la balance commerciale, effondrement du rouble, etc.).
L'intervention de l'Etat ne se fit pas attendre, englobant les deux aspects de l'échange extérieur. Si la transition à l'économie de marché implique la liberté des échanges de marchandises, donc de l'accès au marché mondial, la situation existante et la brève mais éloquente expérience d'ouverture brutale ont imposé le maintien d'un contrôle sur certaines transactions et donc une limitation des droits des entreprises. Les habituelles mesures de contrôle et d'orientation des flux de marchandises (licences, prohibitions, droits de douane et fiscalité indirecte - TVA) firent leur apparition comme instruments d'une politique économique. Celle-ci se prolonge par des mesures institutionnelles passant par les encouragements aux petites entreprises et la constitution de zones franches.
La transition concerne également les flux monétaires en devises, liés à l'accès au marché international. Face à la fuite devant la monnaie nationale, le gouvernement a adopté des mesures concernant tout à la fois l'octroi des devises nécessaires aux importations et le rapatriement des celles obtenues en paiement des exportations.
Ces mesures limitant les droits d'entreprises, virtuoses dans l'art de fuir les réglementations et les contrôles dans une économie en restructuration, se sont heurtées à une économie parallèle en plein essor, fondée sur la fraude, voire la corruption, et contribuant à fragiliser la situation économique du pays tout entier.
Russian enterprise and foreign trade.
Since the disappearance of the State monopoly of foreign trade, Russian enterprises are having to face a world which is totally different from that to which they were accustomed. Having been so long cut off from the international market, access to it induced in them a state of euphoria. At their initiation into economic calculation, not all of whose aspects they had mastered, many firms embarked upon export and import ventures which were often of a speculative nature, and hazardous for them and for the economy as a whole (worsening of the trade balance, collapse of the rouble, etc.). The State was not long in intervening, encompassing the two aspects of foreign trade. While the transition to market economy implies freedom of exchange of goods, and therefore access to the world market, the existing situation and the short, sharp shock of the opening of this market called for a measure of supervision over certain transactions, and consequently a curtailment of the rights of enterprises. The conventional measures for control and direction of the flow of goods (licences, bans, customs duties and indirect taxation - VAT) duly appeared as instruments of economic policy. The latter continues its course by way of institutional measures through incentives to small firms and the establishment of free zones.
Another aspect of the transition relates to currency flows, which are linked to access to the international market. Faced with the flight of the national currency, the government took steps to ensure the simultaneous granting of currency needed for imports, and the repatriation of currency obtained in payment for exports.
These measures limiting the rights of enterprises, who are virtuosi in the art of evading regulations and controls, in an economy which is being restructured, have clashed with a fast-expanding parallel economy, founded on fraud, indeed corruption, and one which is helping to destabilize the economic situation of the entire country.
37 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Sujets

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1993
Nombre de lectures 25
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Extrait

Madame Monique Meyer
L'entreprise russe et le commerce extérieur
In: Revue d’études comparatives Est-Ouest. Volume 24, 1993, N°3-4. pp. 199-235.
Citer ce document / Cite this document :
Meyer Monique. L'entreprise russe et le commerce extérieur. In: Revue d’études comparatives Est-Ouest. Volume 24, 1993,
N°3-4. pp. 199-235.
doi : 10.3406/receo.1993.2638
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/receo_0338-0599_1993_num_24_3_2638Résumé
Depuis la disparition du monopole d'État du commerce extérieur, l'entreprise russe est confrontée à un
monde totalement étranger à celui auquel elle était accoutumée. Pour avoir été longtemps coupée du
marché international, l'accès à ce marché provoqua en elle une véritable euphorie. S'initiant au calcul
économique, dont elles ne dominaient pas tous les aspects, nombre d'entreprises se lancèrent dans
des exportations et des importations de nature souvent spéculative, dangereuses pour elles et pour
l'économie dans son ensemble (détérioration de la balance commerciale, effondrement du rouble, etc.).
L'intervention de l'Etat ne se fit pas attendre, englobant les deux aspects de l'échange extérieur. Si la
transition à l'économie de marché implique la liberté des échanges de marchandises, donc de l'accès
au marché mondial, la situation existante et la brève mais éloquente expérience d'ouverture brutale ont
imposé le maintien d'un contrôle sur certaines transactions et donc une limitation des droits des
entreprises. Les habituelles mesures de contrôle et d'orientation des flux de " marchandises " (licences,
prohibitions, droits de douane et fiscalité indirecte - TVA) firent leur apparition comme instruments d'une
politique économique. Celle-ci se prolonge par des mesures institutionnelles passant par les
encouragements aux petites entreprises et la constitution de zones franches.
La transition concerne également les flux monétaires en devises, liés à l'accès au marché international.
Face à la fuite devant la monnaie nationale, le gouvernement a adopté des mesures concernant tout à
la fois l'octroi des devises nécessaires aux importations et le rapatriement des celles obtenues en
paiement des exportations.
Ces mesures limitant les droits d'entreprises, virtuoses dans l'art de fuir les réglementations et les
contrôles dans une économie en restructuration, se sont heurtées à une économie parallèle en plein
essor, fondée sur la fraude, voire la corruption, et contribuant à fragiliser la situation économique du
pays tout entier.
Abstract
Russian enterprise and foreign trade.
Since the disappearance of the State monopoly of foreign trade, Russian enterprises are having to face
a world which is totally different from that to which they were accustomed. Having been so long cut off
from the international market, access to it induced in them a state of euphoria. At their initiation into
economic calculation, not all of whose aspects they had mastered, many firms embarked upon export
and import ventures which were often of a speculative nature, and hazardous for them and for the
economy as a whole (worsening of the trade balance, collapse of the rouble, etc.). The State was not
long in intervening, encompassing the two aspects of foreign trade. While the transition to market
economy implies freedom of exchange of goods, and therefore access to the world market, the existing
situation and the short, sharp shock of the opening of this market called for a measure of supervision
over certain transactions, and consequently a curtailment of the rights of enterprises. The conventional
measures for control and direction of the flow of goods (licences, bans, customs duties and indirect
taxation - VAT) duly appeared as instruments of economic policy. The latter continues its course by way
of institutional measures through incentives to small firms and the establishment of free zones.
Another aspect of the transition relates to currency flows, which are linked to access to the international
market. Faced with the flight of the national currency, the government took steps to ensure the
simultaneous granting of currency needed for imports, and the repatriation of currency obtained in
payment for exports.
These measures limiting the rights of enterprises, who are virtuosi in the art of evading regulations and
controls, in an economy which is being restructured, have clashed with a fast-expanding parallel
economy, founded on fraud, indeed corruption, and one which is helping to destabilize the economic
situation of the entire country.Revue d'études comparatives Est-Ouest, 1993, 3-4 (septembre-décembre)
pp. 199-235 - Monique MEYER
L'entreprise russe et le commerce extérieur
Monique MEYER*
Le monopole d'État du commerce extérieur ' consistait à remettre entre les
mains de l'Etat toutes les opérations sur biens et services avec l'étranger. Il était
tout à la fois le corollaire de la centralisation de l'économie et de la volonté
d'implanter des structures de production d'un type correspondant au schéma de
reproduction élargie de Marx, donnant la priorité à l'industrie lourde. Les rela
tions avec l'extérieur, étaient de ce fait un domaine où les droits de l'entreprise
étaient quasiment inexistants.
Il y avait coordination planifiée des échanges et de la production. En pra
tique, tous les échanges étaient administrés par les organes de direction de
l'économie. Ceux-ci déterminaient, comme pour les autres échanges, les
volumes des productions et les unités devant les produire. Sur la base de com
mandes-ordres de livraison, ces dernières devaient fournir les quantités et les
qualités requises aux unités spécialisées dans les échanges extérieurs. Elles
étaient coupées du marché international et n'avaient affaire qu'aux unités comm
erçantes, elles-mêmes ignorantes des problèmes de production2.
La nécessité de liens entre exportateurs et producteurs de biens destinés à
l'exportation devenant évidente, on créa les premières unions producto-expor-
tatrices. De timides mesures furent alors adoptées 3. Plus audacieuses furent
* Expert-comptable, Professeur à l'Université de Grenoble II.
1. Sur toute cette question du monopole du commerce extérieur, voir K. Semenov,
« Du problème du monopole d'État », Ekonomist, 1992, n° 10, p. 80 sq.
2. La centralisation des échanges a été organisée par un décret du Conseil des comm
issaires du peuple du 22 avril 1918 : « De la nationalisation du commerce extérieur »
qui prévoyait que toutes les transactions avec l'extérieur seraient effectuées par des
organes spécialisés de la république de Russie. Même durant la période de la NEP, en
dépit de la pression des entreprises, l'État conserva son monopole sur les opérations de
commerce extérieur. Afin de l'exercer, il mit en place, dans les années 1920, des socié
tés à responsabilité limitée ou par actions, des associations spécialisées par grand pro
duit d'exportation. Dans les années 1930, avec le développement de l'industrie, ces
sociétés devinrent les services spécialisés d'un nouvel organe, le Narkom (Commissar
iat du peuple) au commerce extérieur qui assurait la centralisation de toutes les tran
sactions. Ce système demeura pratiquement inchangé jusqu'à la fin des années 1950.
3. En 1957, un Comité d'État aux relations extérieures fut créé et chargé d'aider la
coopération avec l'étranger dans le domaine industriel. Au début des années 1960, le
Ministère du commerce extérieur plaça sous la juridiction de ministères spécialisés cer
tains comités : Intourist (tourisme), Vnechtorgizdat (éditions étrangères), Sovexporfilm
(cinéma), Sovfrakht (fret) et Skotimport (importations de bétail). En 1965, fut créé le
Comité pour la science et la technique qui fut appelé à jouer un grand rôle.
199 Monique Meyer
celles du milieu des années 19704 ; cependant les organes du Ministère du
commerce extérieur continuèrent à assurer 90 % des échanges. Au milieu des
années 1980, la même dualité entre l'activité productive des entreprises et l'ac
tivité commerciale monopolistique du Ministère du commerce extérieur persist
ait. Ce ne fut qu'avec la nouvelle tentative de faire respecter le principe de
l'autonomie financière dans tous les domaines d'activité que l'entreprise

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