L Espagne, pays d immigration - article ; n°2 ; vol.44, pg 257-289
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Description

Population - Année 1989 - Volume 44 - Numéro 2 - Pages 257-289
Munoz-Pêrez Francisco et Izquierdo Escribano Antonio. — L'Espagne, pays d'immigration. En dehors des départs saisonniers encore nombreux, l'émigration espagnole est devenue négligeable par rapport à celle des années 1950 et 1960. En revanche, la population étrangère résidant dans le pays a beaucoup augmenté : au début de 1988, le nombre d'étrangers enregistrés atteignait 350 000, chiffre qui sans doute sous-estime de beaucoup la réalité. Cette population est formée en bonne partie d'Européens, dont les revenus leur permettent de venir passer leur retraite dans le pays. Mais les étrangers actifs sont nombreux : plus de 50 000 permis de travail sont délivrés annuellement. Ces actifs sont originaires d'Europe, d'Amérique latine, d'Asie et d'Afrique (notamment du Maroc). Si les deux premiers courants occupent souvent des postes de qualification élevée, les deux derniers forment, avec les Portugais, une main-d'œuvre peu qualifiée. Ils travaillent surtout dans les services, même si certaines filières les ont amenés à s'employer dans l'industrie, les mines ou l'agriculture. La connaissance de ces populations s'avère indispensable, entre autres, pour assurer leur intégration. Ceci demande une amélioration des sources statistiques, aujourd'hui très insuffisantes dans ce domaine.
Munoz-Pêrez Francisco and Izquierdo Escribano Antonio. — Spain, a country of immigrants. Apart from seasonal displacements of population which remain important, emigration from Spain has become negligible by comparison with the 1950s and 1960s. However, the number of foreign residents officially registered as living in Spain has increased sharply, and amounted to 350,000 at the beginning of 1988, and this figure is probably a considerable underestimate. This foreign population consists primarily of Europeans whose incomes were sufficiently high to permit them to retire to Spain. However, there are also many foreigners who are active : more than 50,000 work permits are issued each year to Europeans, South Americans, Asians and Africans (the last group consisting mainly of Moroccans). Whilst members of the first two groups are often in highly skilled occupations, members of the two last groups, together with the Portuguese generally provide unskilled labour. They work mainly in the services sector, although some of them have found work in industry, mining and agriculture. There is need for more information about these populations, if only to ensure their successful integration. Improvement of statistical data about migrants which are still far from adequate is, therefore, essential.
Munoz-Pêrez Francisco e Izquierdo Escribano Antonio. — Espaňa, pais de inmigración. Sin tener en cuenta las migraciones estacionales aún numerosas, la emigración espaňola se ha vuelto casi inexistente si se la compara con la de los aňos 1950 y 1960. Рог el contrario, la población extranjera residente en el pais ha aumentado considerablemente : a principio de 1988, el numero de extranjeros registrados alcanzaba 350 000, cantidad que sin duda subestima de manera importante la realidad. Esta población se halla formada en buena parte por europeos, cuyos ingresos económicos les permiten disfrutar de su jubilación en el pais. Pero los extranjeros que ejercen una actividad también son numerosos : se otorgan anualmente más de 50 000 permisos de trabajo. Estos activos son originarios de Europa y de America centromeridional, de Asia y de Africa (sobre todo de Marruecos). Si los individuos de las dos primeras corrientes ocupan frecuentemente puestos de elevada calificación, los de las dos ultimas constituyen, con los Portugueses, una mano de obra poco calificada. Trabajan sobre todo en los servicios, pero también en la industrie, las minas о la agricultura. El estudio de estos grupos de población aparece indispensable, entre otras razones, para favorecer su integración. Esto exige un mejoramiento de las fuentes estadisticas que, hoy en dia, en este terreno se relevan insuficientes.
33 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1989
Nombre de lectures 27
Langue Français
Poids de l'ouvrage 3 Mo

Extrait

Francisco Munoz Perez
Antonio Izquierdo Escribano
L'Espagne, pays d'immigration
In: Population, 44e année, n°2, 1989 pp. 257-289.
Citer ce document / Cite this document :
Munoz Perez Francisco, Izquierdo Escribano Antonio. L'Espagne, pays d'immigration. In: Population, 44e année, n°2, 1989 pp.
257-289.
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/pop_0032-4663_1989_num_44_2_3456Résumé
Munoz-Pêrez Francisco et Izquierdo Escribano Antonio. — L'Espagne, pays d'immigration. En dehors
des départs saisonniers encore nombreux, l'émigration espagnole est devenue négligeable par rapport
à celle des années 1950 et 1960. En revanche, la population étrangère résidant dans le pays a
beaucoup augmenté : au début de 1988, le nombre d'étrangers enregistrés atteignait 350 000, chiffre
qui sans doute sous-estime de beaucoup la réalité. Cette population est formée en bonne partie
d'Européens, dont les revenus leur permettent de venir passer leur retraite dans le pays. Mais les
étrangers actifs sont nombreux : plus de 50 000 permis de travail sont délivrés annuellement. Ces actifs
sont originaires d'Europe, d'Amérique latine, d'Asie et d'Afrique (notamment du Maroc). Si les deux
premiers courants occupent souvent des postes de qualification élevée, les deux derniers forment, avec
les Portugais, une main-d'œuvre peu qualifiée. Ils travaillent surtout dans les services, même si
certaines filières les ont amenés à s'employer dans l'industrie, les mines ou l'agriculture. La
connaissance de ces populations s'avère indispensable, entre autres, pour assurer leur intégration.
Ceci demande une amélioration des sources statistiques, aujourd'hui très insuffisantes dans ce
domaine.
Abstract
Munoz-Pêrez Francisco and Izquierdo Escribano Antonio. — Spain, a country of immigrants. Apart from
seasonal displacements of population which remain important, emigration from Spain has become
negligible by comparison with the 1950s and 1960s. However, the number of foreign residents officially
registered as living in Spain has increased sharply, and amounted to 350,000 at the beginning of 1988,
and this figure is probably a considerable underestimate. This foreign population consists primarily of
Europeans whose incomes were sufficiently high to permit them to retire to Spain. However, there are
also many foreigners who are active : more than 50,000 work permits are issued each year to
Europeans, South Americans, Asians and Africans (the last group consisting mainly of Moroccans).
Whilst members of the first two groups are often in highly skilled occupations, members of the two last
groups, together with the Portuguese generally provide unskilled labour. They work mainly in the
services sector, although some of them have found work in industry, mining and agriculture. There is
need for more information about these populations, if only to ensure their successful integration.
Improvement of statistical data about migrants which are still far from adequate is, therefore, essential.
Resumen
Munoz-Pêrez Francisco e Izquierdo Escribano Antonio. — Espaňa, pais de inmigración. Sin tener en
cuenta las migraciones estacionales aún numerosas, la emigración espaňola se ha vuelto casi
inexistente si se la compara con la de los aňos 1950 y 1960. Рог el contrario, la población extranjera
residente en el pais ha aumentado considerablemente : a principio de 1988, el numero de extranjeros
registrados alcanzaba 350 000, cantidad que sin duda subestima de manera importante la realidad.
Esta población se halla formada en buena parte por europeos, cuyos ingresos económicos les permiten
disfrutar de su jubilación en el pais. Pero los extranjeros que ejercen una actividad también son
numerosos : se otorgan anualmente más de 50 000 permisos de trabajo. Estos activos son originarios
de Europa y de America centromeridional, de Asia y de Africa (sobre todo de Marruecos). Si los
individuos de las dos primeras corrientes ocupan frecuentemente puestos de elevada calificación, los
de las dos ultimas constituyen, con los Portugueses, una mano de obra poco calificada. Trabajan sobre
todo en los servicios, pero también en la industrie, las minas о la agricultura. El estudio de estos grupos
de población aparece indispensable, entre otras razones, para favorecer su integración. Esto exige un
mejoramiento de las fuentes estadisticas que, hoy en dia, en este terreno se relevan insuficientes.L'ESPAGNE,
PAYS D'IMMIGRATION
l'Italie, maintenant lieu ont Sud Le cessé depuis en renversement et Europe de l'Espagne, quelques fournir rapidement du des Nord années pourvoyeuses emigrants des migrations après est immigrants. encore la depuis d'hommes guerre. internationales plus les La rapide La années soudaineté durant Grèce, que 1970 en des celui le Europe du décennies, et Portugal, attirent qui phénoeut du
mène, et le vide juridique qui prévalait souvent, ont rendu sa mesure
délicate. On sait qu'une polémique s'est déclenchée en Italie au
sujet du nombre des clandestins. En Espagne, grâce aux recherches
de Francisco Muňoz-Pérez* et de Antonio Izquierdo escri-
bano**, il est possible de mesurer et analyser le phénomène,
presque à son origine, comme le montrera l'article ci-dessous.
Au-delà des jugements de valeur qu'une telle évolution peut susciter,
constatons que la situation migratoire des divers pays européens
converge rapidement, ce qui pourrait faciliter l'échéance de 1993***
en ce qui concerne le statut des immigrés en Europe.
Le grand courant d'émigration espagnol vers l'Europe industrielle
des années 1950 et 1960 est maintenant épuisé. Les sorties de travailleurs
permanents espagnols à l'étranger n'atteignent plus aujourd'hui que
quelques milliers par an. Cependant l'émigration saisonnière reste encore
importante.
Pendant ce temps, un courant d'immigration s'est développé vers
l'Espagne. Partie de quelques dizaines de milliers dans les années 1950,
la population étrangère a grossi progressivement pour atteindre aujour
d'hui (fin de 1987) presque 350 000 personnes, sans doute bien plus si l'on
pouvait mener une comptabilité exhaustive (1). Ceci constitue un tournant
dans l'histoire du pays. L'Espagne n'a connu au cours des derniers siècles
que des mouvements d'émigration, et la présence d'étrangers est toujours
** * Université INED. Complutense de Madrid, Département de population et d'écologie
humaine.
*** On pourra consulter à ce sujet les travaux réunis dans « L'Europe multiraciale »,
Documents n° 4, du Nouvel Observateur, Paris, 1989.
Voir note (]) page suivante.
Population, 2, 1989, 257-289. 258 L'ESPAGNE, PAYS D'IMMIGRATION
restée très limitée. La législation reflète bien les changements intervenus :
destinée pendant très longtemps à réglementer les conditions de départ des
Espagnols — d'abord outre-Atlantique, ensuite vers l'Europe —, elle fixe
désormais celles d'accueil des étrangers.
Mais les effets du passé sont encore présents : les retours d'émigrants
n'ont pas été aussi nombreux qu'on aurait pu le penser. Beaucoup
d'Espagnols résident encore dans les pays qui les ont accueillis et y
resteront peut-être définitivement. Nous ferons une mise au point sur cette
question, avant d'étudier la population étrangère en Espagne.
I. — L'émigration vers l'Europe (2)
1) Un courant pratiquement L'émigration espagnole vers Europe,
tari depuis 1975 dont l'apogée se situe vers 1962-1964,
est déjà sur la voie du déclin lorsque
la crise frappe les économies occidentales en 1973. Le développement
économique qui commença à se faire sentir en Espagne au cours des
années 1960, a contribué sans doute à ce déclin. Il n'en reste pas moins
que la fermeture de frontières européennes en 1974 ramène à un niveau
infime les entrées de travailleurs espagnols dans les principaux pays
d'accueil. Ce faible niveau se maintient encore aujourd'hui en ce qui
concerne le travail non saisonnier. Depuis 1975, les entrées ne représentent
que quelques centaines en France (y compris les familles) et atteignent
seulement quelques milliers en Suisse ou en RFA. Chiffres négligeables,
on le voit, au regard de 200 000 entrées environ enregistrées dans ces trois
pays au milieu des années 1960 (figure 1).
Dans ces conditions, comment les retours ont-ils évolué ? Le cas de
la RFA nous donne, dans un domaine si mal connu, des renseignements
précieux (figure 2). Jusque 1974, les sorties d'Espagnols suivent les entrées

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