L essor des États-Unis et l économie d après guerre - article ; n°2 ; vol.1, pg 97-115
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L'essor des États-Unis et l'économie d'après guerre - article ; n°2 ; vol.1, pg 97-115

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Description

Annales. Économies, Sociétés, Civilisations - Année 1946 - Volume 1 - Numéro 2 - Pages 97-115
19 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1946
Nombre de lectures 56
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Jean Gottmann
L'essor des États-Unis et l'économie d'après guerre
In: Annales. Économies, Sociétés, Civilisations. 1e année, N. 2, 1946. pp. 97-115.
Citer ce document / Cite this document :
Gottmann Jean. L'essor des États-Unis et l'économie d'après guerre. In: Annales. Économies, Sociétés, Civilisations. 1e année,
N. 2, 1946. pp. 97-115.
doi : 10.3406/ahess.1946.3195
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/ahess_0395-2649_1946_num_1_2_3195if"
ANNALES
ÉCONOMIES ■ SOCIÉTÉS - CIVILISATIONS
ETUDES
LESSOR DES ÉTATS-UNIS
ET L'ÉCONOMIE D'APRÈS GUERRE
guerre l'humanité. Chacun, dans Et ce aujourd'hui, voici lendemain qu'on s'en n'a du jamais plus va se dévastateur demandant si tranquillement des à quoi massacres parlé tient de le dirigés prochaine destin par âe
l'homme. Et voici que partout on appelle la révolution sociale (et pour
plusieurs son attrait n'est que IHnconnu) ; et voici déjà quelques cher
cheurs reprenant les fascinants calculs qui permettent l'évasion hors d'une
terre qui n'est plus à l'échelle humaine. Et cependant, conférences succè
dent aux conférences, retardant cette Conférence de la Paix, dont, pourt
ant, tout problème économique est prudemment exclu ..
Comment ne pas être confondu de tant d'incertitudes ? L'humanité
unifiée' se prépare-t-elle à de sensationnelles conquêtes, ou va-t-elle périr
de ses divisions internes ?
L'article qu'on m lire, par les précisions qu'il apporte, nous aide à
mieux comprendre cette crise contemporaine de si grande portée. Une voix
nous parle d'Amérique, une des plus autorisées peut-être à parler ici, étant
celle d'un Français professeur dans une grande Université des Etats-Unis,
et qui fut, par occasion, attaché à notre diplomatie.
Elle nous dit que, déjà, cette Amérique immense n'est plus à l'échelle
des Américains, que ceux-ci ont maintenant assez de puissance pour mettre
le monde à l'éahelle de l'Amérique. Elle nous dit, aussi et surtout, tout
ce qui s'opjwse à cette installation de la civilisation américaine' et qui peut
mettre en péril le monde.
annales (ire ann , ам-il-juin ig46, n° 2). 7 98 ANNALES
A-í-on assez répété que les crises capitalistes de surproduction condui
saient aux guerres impérialistes ? A-t-on assez répété, depuis Wilson, que la
paix du monde ne serait durable que par le sacrifice des nationalismes
économiques et de leurs barrières douanières ?
De 1919 à 1933, à peu près chaque année, une conférence s'ouvrit qui
décida les principes de larges accords économiques ; chaque fois, la confé
rence finit sans aboutir. A Londres, en 1933, M. Maisky, délégué d'U R.
S. S., pouvait conclure : « Pendant ces six dernières semaines, tout le tra
vail de ces nombreuses commissions et sous-commissions a été profondé
ment pénétré d'une seule préoccupation fondamentale, d'une seule aspira
tion : l'ajournement. . La seule leçon à en tirer est, semble-t-il, que les
contradictions qui déchirent le système capitaliste mondial sont aujour
d'hui arrivées au point où elles ne permettent même plus une conciliation
temporaire et toute superficielle... ». Cependant que le docteur ScJmcht,
aujourd'hui accusé à Nuremberg, tirait pour lui cette conclusion : « C'est
dans le système même qu'est l'erreur, et, donc, on ne saurait refuser à
un Etal souverain le droit de prendre toutes les mesures qu'il juge néces
saires pour la sauvegarde de ses intérêts vitaux. » ^
Aupurd'hui, une fois de plus, diplomates et hommes d'affaires sont au
pied du mur : Sisyphe va-t-il, cette fois, accrocher solidement son rocher
sur le haut du versant, ou bien révolution et guerre dévaleront-elles encore
la pente fatale pour écraser l'humanité ? C'est cette angoisse que l'article de
M. Gpttmann commence d'éclairer.
Ch. M.
La prépondérance des Etats-Unis dans l'économie internationale et>t
l'un des résultats essentiels de la dernière guerre. Il est peu de moments
dans l'Histoire, où une seule nation ait dominé d'aussi haut l'arène mond
iale. La recherche instinctive d'un précédent évoque l'image de Rome \
mais l'empire de Rome ne fut jamais vraiment universel ; comme tous les
grands empires de jadis, il s'érigea par une poussée politique qui dura
plusieurs siècles. La rapidité de l'essor américain et l'intégration de l'éc
onomie moderne de notre globe confèrent au rôle piésent des Etats-Unis le
caractère d'un phénomène original.
La grande conilagration de 1989-1945 remodela vite et puissamment
l'édifice économique du monde : avec une intensité et une durée \ariables,
elle ravagea la plus grande partie du Vieux Monde. Seul le Nouveau Monde,
isolé entre les deux grands océans, demeura à l'écart de l'immense effort
de destruction : par un effet d'équilibre nécessaire, il accomplit, au cours
de ces six années, une œuvre de création énorme. Les chiffres officiels,
désormais dévoilés, expriment a\ec éloquence le déplacement survenu du
centre de gravité économiqie du globe. De telles révolutions, observera-
t-on, ne se font jamais du jour au lendemain ; elles expriment seulement
l'aboutissement de longues évolutions, l'exposition à la lumière de
positions acquises par de patients efforts. Sans doute avions-nous trop
négligé la part réelle que les Etats-Unis occupaient dès avant 19З9 dans
l'économie internationale. L'Europe occidentale mesurait la puissance
économique au volume du commerce extérieur et aux exportations de
capitaux qui avaient été ses méthodes préférées d'expansion. D'autres
cependant avaient crû dont les voies étaient différentes. Il nous faut DES ETATS-UMS - 99 L'ESSOR
aujourd'hui reviser bien des valeurs et douter même de nos notions d'his
toire économique. La poussée américaine fut soudaine et d'une ampleur
inattendue pour les Américains eux-mràes : c'est en trois ans, en 19^?,
194З et 19V1, que, tout en appelant sous les drapeaux près du dixième de
leur population totale, les Etats-Unis ont développé un potentiel de product
ion, de transport et, partant, de consommation, qui dépasse dans bien
des domaines le potentiel du monde entier d'avant-guerre. « L'arsenal des
démocraties » ne fut pas une vaine formule. Mais, le déséquilibre avec le
reste du monde ayant été accusé par les destructions qui ravagèrent toutes
les autres grandes puissances, l'arsenal se trouva conduit par la force des
choses à assumer, au moment de la paix, le rôle de banquier du monde
avec une autorité que ne posséda jamais même la Grande-Bretagne.
La soudaineté de cet essor fut telle que les Etats-Unis acquirent ainsi
un rôle pour lequel ils ne s'étaient pas préparés et que, même, ils n'avaient
pas vraiment désiré. Mais il n'est pas donné de se dérober devant de
telles responsabilités. Après avoir été le grand outil de la victoire, l'arsenal
américain est devenu l'arbitre suprême de la reconstitution de l'économie
mondiale. De l'usage auquel il mettra se« ressources présentes dépend
largement la structure du monde de demain. Il importe donc de voir ce
que sont ces ressources, comment les envisage la nation américaine, et ce
qu'il peut s'ensuivre pour le monde extérieur.
La machine économique américaine était, certes, fort impressionnante
bien avant la guerre. Dans les années 1 920-1 g4o, les Etats-Unis furent le
plus gros consommateur de presque toutes les matières premières et
grandes déniées alimentaires parmi les Etats du monde ; ils étaient aussi,
pour un bon nombre de ces denrées, le plus gros producteur. Dans cer
tains cas les chiffres témoignaient d'une capacité d'absorption supérieure
à la moyenne d'une façon frappante Ainsi, les 1З0 millions d'Américains
consommaient les deux tiers de la production mondiale de pétrole, de
caoutchouc et de soie grège, 4o p. 100 de l'étain, 20 p. 100 de l'al
uminium, de la xayonne et du

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