L éthique de la communication : une politique des droits démocratiques ? - article ; n°1 ; vol.26, pg 43-57
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Description

Quaderni - Année 1995 - Volume 26 - Numéro 1 - Pages 43-57
15 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié le 01 janvier 1995
Nombre de lectures 15
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Philippe Chanial
L'éthique de la communication : une politique des droits
démocratiques ?
In: Quaderni. N. 26, Été 1995. pp. 43-57.
Citer ce document / Cite this document :
Chanial Philippe. L'éthique de la communication : une politique des droits démocratiques ?. In: Quaderni. N. 26, Été 1995. pp.
43-57.
doi : 10.3406/quad.1995.1247
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/quad_0987-1381_1995_num_26_1_1247Théorie
L'ETHIQUE DE LA COMMUNICATION :
UNE POLITIQUE DES DROITS DÉMOCRATIQUES ?
PHILIPPE CHANIAL
a instruire théorie d'une de la quelconque communication façon peut-elle la théo
rie démocratique ? Dans les plus récents
L
développements de son uvre, J.Haber-
mas tente de relever un tel pari. Il s'agit
néanmoins d'un pari risqué tant il peut au
toriser de multiples formes de dissolution
naïve, voire idéologique, de la politique
démocratique dans la communication et
ses vertus consensuelles.
C'est pour tenter de conjurer une telle apo-
rie qui menace parfois les analyses de
Habermas et plus souvent celles de ses
commentateurs, que nous voudrions, dans
cet article, proposer une lecture politique
de l'éthique de la communication du so
ciologue allemand.
Ce projet rencontre immédiatement des
résistances de l'intérieur même du texte
d'Habermas. En effet, dans la généalogie
de l'agir communicationnel * (1987a,
1987b), le dévoilement de ses implications
morales et l'exposé des principes de
l'éthique de la discussion (1986, 1992), la
question de la démocratie n'apparaît
qu'en creux. L'horizon de la démocratie
est certes présupposé dans le concept
même de "communauté de communicat
ion idéale", ou plus généralement dans
Maître de Conférence celui même d'intersubjectivité. L'exigen-
LASAR - Université de Caen ce démocratique semble ainsi participer
QUADERNI N°26 - ÉTÉ 1995 L'ÉTHIQUE DE LA COMMUNICATION 43 néo-contractualistes" (1992 : 350). mouvement historique et constituer d'un
un acquis de la rationalisation moderne
grâce auquel se dévoile et prend forme un Cette ambiguité oblige, si l'on souhaite
potentiel de rationalité inscrit dans les s'en dégager tout en préservant les acquis
structures mêmes de l'intersubjectivité de la démarche habermassienne, de
pratique. L'éthique de la discussion (2) se construire une lecture politique de
présente alors comme la simple formalisa l'éthique de la discussion, sensible à ce
tion des implications éthiques inscrites au qu'élude une perspective éthique, à savoir
cur même des structures formelles de les médiations institutionnelles constitu
l'agir communicationnel et in fine la dé tives du fait politique dans les démocraties
mocratie comme la mise en forme poli modernes. Ainsi, cette interprétation exige
tique de cette éthique discursive. moins de pointer en quoi la visée d'un
consensus rationnellement motivé consti
Il est ainsi tentant de déduire de cette tuerait l'idéal en acte d'un ordre politique
éthique communicationnelle les condi démocratique que de montrer en quoi
tions d'une politique démocratique, c'est- l'éthique de la communication est indisso
à-dire à la fois les modalités d'une format ciable d'une politique des droits démocrat
ion libre de l'opinion et de la volonté iques.
démocratique et les critères de justification
et de critique des normes, institutions et Si cette éthique politique est inscrite dans
décisions dans l'espace démocratique. le projet même de la modernité démocrat
Cette déduction mécanique, rapportant ul- ique, c'est avant tout, nous tenterons de le
timement le politique à l'éthique, montrer, parce qu'elle présuppose un sys
Habermas y succombe parfois. Telle est tème de droits fondamentaux, et cela dans
toute l'ambiguité du projet habermassien. un double sens. D'une part, en amont,
Comme le notent J.Cohen et A.Arato : pourrait-on dire, cette éthique discursive
"J.Habermas considère d'une part exige la reconnaissance de tels droits dé
l'éthique de la discussion comme une mocratiques comme condition de sa visée
théorie morale universaliste, dans la tradi pratique. D'autre part, en aval, parce que
tion kantienne. D'autre part, il la présente son projet est celui d'une démocratisation
également comme le cur d'une théorie de toujours plus radicale de la société,
la légitimité démocratique, offrant une a l'éthique de la discussion implique, com
lternative aux théories traditionnelles et me horizon critique, l'approfondissement
44 L'ÉTHIQUE DE LA COMMUNICATION QUADERNI N°26 - ÉTÉ 1995 liste. Ce premier type de droit, le droit-méet l'élargissement de ces droits. L'argu
ment politique de Habermas serait peut- dium, renvoie donc à la face instrumentale,
être alors celui-ci : si la réalisation de la dé* systémique du processus de rationalisat
mocratie exige une extension toujours ion. Y prime l'efficacité fonctionnelle. Sa
inachevée et toujours menacée de la dis validité n'est soumise qu'au principe de lé
cussion publique à un réseau sans cesse galité. Habermas note ainsi que "le droit
plus large de relations sociales, ce projet, appliqué comme médium se débarasse de
parce qu'il doit faire face à la réalité des la problématique de la légitimation", car il
rapports de pouvoir, à la dynamique de ré est relié au corpus juridique "uniquement
par des procédures formellement corpression systématique des intérêts univer
salisâmes, doit bénéficier de garanties ins rectes". Cependant si le droit comme mé
titutionnelles - un système de droits dium peut être déchargé de toute exigence
fondamentaux * tout en en visant la génér de justification, la référence au principe de
légalité - central dans la sociologie du droit alisation continue comme la réinterpréta
de Max Weber - ne suffit pas à assurer la tion critique.
validité de toutes les normes juridiques. -
LES DEUX FACES DU DROIT RATION
NEL MODERNE La seconde forme du droit moderne, le
droit-institution, rassemble justement ces
normes qui ne sauraient trouver de fondeLa théorie des droits du sociologue all
emand repose sur une double conceptualis ment dans le simple renvoi positiviste à
ation, révélatrice des ambivalences du des procédures formelles. Ce concept de
droit-institution permet ainsi à l'auteur de droit moderne (1987a, 1987b). Cette ambi
valence, Habermas la rapporte au double sortir du cercle vicieux dans lequel la
processus au cur de la rationalisation oc croyance en la légalité ne peut engendrer
cidentale : sa dimension instrumentale et la légitimité que si la légitimité de l'ordre
juridique est déjà présupposée (2). Pour sa dimension morale-pratique.
que la légalité d'une décision soit l'indice
Sous ce premier aspect, le droit ne consti de la légitimité, il faut que cet ordre jur
tue qu'un médium, au sens de TParsons, idique lui-même repose sur des fondements
propre à remplir les impératifs fonction rationnels, c'est-à-dire sur des principes
nels d'un système politique bureaucra qui, à la différence des simples décisions,
tique et d'un économique exigent une justification substantielle.
QUADERM N"26-ÊTÉ 1995 L'ÉTHIQUE DE LA COMMUNICATION 45 elle n'est donc pas purement formelle. Et Cette justification ressort, selon Haber
ces "valeurs" peuvent être analysées commas, d'une morale fondée sur des prin
cipes : "Le catalogue des droits fondament me l'expression même des principes dé
mocratiques, en tant qu'ils constituent les aux que contiennent les constitutions
conditions d'une "intersubjectivité authentbourgeoises (...) exprime la nécessité
structurelle de la justification à côté du ique". Bref, l'éthique de la discussion im
principe fondamental de la souveraineté plique la reconnaissance de droits fonda
populaire, liant la compétence législative à mentaux.
l'accord d'une volonté démocratiquement
formée" (1987a : 272). Ces principes, L'alternative que propose Habermas se
qu'ils soient d'ailleurs consignés ou non distingue ainsi radicalement de

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