L Homo bellicus et la coordination économique - article ; n°3 ; vol.44, pg 529-550
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L'Homo bellicus et la coordination économique - article ; n°3 ; vol.44, pg 529-550

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Description

Revue économique - Année 1993 - Volume 44 - Numéro 3 - Pages 529-550
L'Homo bellicus et la coordination économique
L'hypothèse de départ de cet article est que les problèmes posés par la coordination économique sont variés et que leur analyse doit être soumise à l'étude préalable des intérêts, des préférences et de leur perception par les agents. Il explore plus particulièrement, à partir d'exemples de jeux non coopératifs à deux joueurs, la question de la coordination, lorsque les joueurs obéissent à une logique conflictuelle et excluent toute forme de médiation. Cette étude conduit à élargir le domaine d'interprétation de la rationalité en introduisant une interdépen­dance des préférences et à examiner certaines figures particulières du raisonne­ment, comme la dissuasion. Le travail se termine par une confrontation entre la façon dont se présente la coordination dans la perspective de l'Homo bellicus et les modes plus traditionnels de la coordination économique à travers le marché et l'organisation.
Homo bellicusand economic co-ordination
The main hypothesis of mis article is the diversity of coordination problems aecording to interests, preferences and their perception by the agents. It investigates more specifically, through several two-person non-cooperative games, the question of the co-ordination for players when they are submitted to conflictual logic and when no intermediate negotiated solution can be found. Such a study leads to enlarging the domain of interpretation of rationality by the introduction of interdependent preferences and to investigating specifie way s of reasoning, for example in deterrence. Finally, a comparison is made between fra-ming co-ordination by reference to Homo bellicus and to the more traditional types of economie co-ordination through the market and the organization.
22 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1993
Nombre de lectures 14
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Monsieur Christian Schmidt
L'Homo bellicus et la coordination économique
In: Revue économique. Volume 44, n°3, 1993. pp. 529-550.
Résumé
L'hypothèse de départ de cet article est que les problèmes posés par la coordination économique sont variés et que leur analyse
doit être soumise à l'étude préalable des intérêts, des préférences et de leur perception par les agents. Il explore plus
particulièrement, à partir d'exemples de jeux non coopératifs à deux joueurs, la question de la coordination, lorsque les joueurs
obéissent à une logique conflictuelle et excluent toute forme de médiation. Cette étude conduit à élargir le domaine
d'interprétation de la rationalité en introduisant une interdépen-dance des préférences et à examiner certaines figures
particulières du raisonne-ment, comme la dissuasion. Le travail se termine par une confrontation entre la façon dont se présente
la coordination dans la perspective de l'Homo bellicus et les modes plus traditionnels de la coordination économique à travers le
marché et l'organisation.
Abstract
Homo bellicusand economic co-ordination
The main hypothesis of mis article is the diversity of coordination problems aecording to interests, preferences and their
perception by the agents. It investigates more specifically, through several two-person non-cooperative games, the question of
the co-ordination for players when they are submitted to conflictual logic and when no intermediate negotiated solution can be
found. Such a study leads to enlarging the domain of interpretation of rationality by the introduction of interdependent preferences
and to investigating specifie way s of reasoning, for example in deterrence. Finally, a comparison is made between fra-ming co-
ordination by reference to Homo bellicus and to the more traditional types of economie co-ordination through the market and the
organization.
Citer ce document / Cite this document :
Schmidt Christian. L'Homo bellicus et la coordination économique. In: Revue économique. Volume 44, n°3, 1993. pp. 529-550.
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/reco_0035-2764_1993_num_44_3_409462UHomo bellicus
et la coordination économique
Christian Schmidt
L'hypothèse de départ de cet article est que les problèmes posés par la coor
dination économique sont variés et que leur analyse doit être soumise à l'étude
préalable des intérêts, des préférences et de leur perception par les agents. Il
explore plus particulièrement, à partir d'exemples de jeux non coopératifs à deux
joueurs, la question de la coordination, lorsque les joueurs obéissent à une logi
que conflictuelle et excluent toute forme de médiation. Cette étude conduit à
élargir le domaine d'interprétation de la rationalité en introduisant une interdépen
dance des préférences et à examiner certaines figures particulières du raisonne
ment, comme la dissuasion. Le travail se termine par une confrontation entre la
façon dont se présente la coordination dans la perspective de Y Homo bellicus et
les modes plus traditionnels de la coordination économique à travers le marché et
l'organisation.
INTRODUCTION
L'analyse de la coordination figure aujourd'hui en bonne place dans un grand
nombre de programmes de recherche en économie théorique. Un réexamen de
la théorie des jeux à la lumière des contributions récentes relatives aux notions
d'information et de connaissance semble fournir, au moins pour le moment, un
cadre approprié pour en poursuivre l'étude. En procédant ainsi, on s'attache, en
priorité, à approfondir les relations complexes qui existent entre les logiques
individuelles et les logiques collectives. Cet angle d'attaque n'épargne évidem
ment pas le concept de rationalité, tel qu'il est étroitement entendu dans son
acception économique traditionnelle (Dupuy [1989]). Mais cette critique de la
rationalité nous semble moins importante que l'élargissement de
son domaine d'interprétation pour mieux comprendre les phénomènes de coor
dination. L'hypothèse centrale de cet article est celle d'une pluralité de modèles
logiques différents, liés au caractère consensuel ou conflictuel des intérêts et de
leur perception par les agents. Il en résulte que, pour nous, les problèmes posés
par la coordination sont polymorphes et que leur analyse se trouve soumise à
l'identification préalable de ces modèles.
* Je remercie Michel Rudnianski ainsi qu'un rapporteur anonyme dont les commenta
ires sur une version antérieure de cet article m'ont été précieux. Il va sans dire que j'a
ssume seul les erreurs que pourrait contenir ce texte.
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Revue économique — N° 3, mai 1993, p. 529-550. Revue économique
On a choisi d'esquisser ici les contours d'une logique de l'antagonisme et
d'étudier en quels termes se pose la question de la coordination pour des agents
rationnels au sens de Y Homo bellicus. Ce choix n'est pas innocent. Tandis que
la littérature de la théorie des jeux a, dès l'origine, exploré les situations de conf
lits rationnels, l'économie a toujours montré quelque répugnance à associer
rationalité et comportement conflictuel (Varoufakis et Young [1990] ; Varoufa-
kis, [1991]). Il n'est pas étonnant, dans ces conditions, que l'analyse économi
que de la coordination ait, jusqu'à présent, privilégié les cas où les intérêts des
agents, sans être nécessairement tout à fait identiques, sont cependant considé
rés comme globalement convergents. Or la coordination en situation conflic
tuelle ne renvoie pas à une situation hypothétique, même en économie, et son
explication n'est nullement triviale.
Après une évocation de la formulation initiale de cette question par Schel-
ling, on montrera, sur la base de plusieurs exemples très simplifiés, quels types
de problèmes posent la coordination conflictuelle dans le cadre de la théorie des
jeux non coopératifs. Ce premier repérage conduira à abandonner l'hypothèse
traditionnelle de l'indépendance des préférences des joueurs. Cette transforma
tion a pour conséquence d'enrichir l'interprétation de la rationalité, en en éten
dant le domaine. Une attention particulière sera apportée au cas de la dissuasion
en relation avec l'idée de « connaissance commune », en raison de son rôle emi
nent dans la coordination entre adversaires. Enfin, une comparaison sera propo
sée entre cette logique de Y Homo bellicus et les approches de la coordination
qui ont été développées à partir des figures les plus connues de Y Homo econo-
micus (marché et organisation).
AUX ORIGINES DU PROBLEME : LA CONTRIBUTION
FONDATRICE DE T.C. SCHELLING
Un rappel historique des origines de la question traitée n'est pas sans intérêt.
Une des premières intuitions de l'idée d'une connaissance commune peut être
trouvée dans The Strategy of Conflict [1960], où Schelling discute différents
problèmes inhérents aux jeux de coordination. Or on ne s'est guère attaché à
relier les voies ouvertes par Schelling concernant la théorie des jeux à l'objet
même de son ouvrage, qui proposait une grille d'interprétation originale des
conflits internationaux dans leurs dimensions de stratégie militaire.
Cette première rencontre entre les jeux de coordination et l'analyse des situa
tions stratégico-diplomatiques n'est pourtant pas fortuite. L'idée maîtresse
développée par Schelling dans ce livre est, en effet, que, contrairement à ce que
suggère le sens commun, la conduite des guerres peut se heurter à des limites
susceptibles d'être traitées comme des négociations tacites entre les adversaires
([I960], p. 74-80). Il en résulte pour Schelling que la guerre, souvent considérée
comme l'exemple d'un jeu non coopératif, n'est pas exempte d'une forme d'en
tente implicite entre les joueurs. Cette situation se manifeste notamment lorsque
les intérêts des adversaires ne sont pas complètement divergents et que leur
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mouvement exige un mode de coordination. Pour présenter les choses autre
ment, les solutions d'équilibre non coopératif, lorsqu'elles existent, ne sont pas
toujours accessibles aux joueurs au moyen de leur seule rationalité individuelle
(Schmidt [1991b]). <

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