L industrie du vin mousseux espagnol - article ; n°1 ; vol.1, pg 33-45
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Méditerranée - Année 1960 - Volume 1 - Numéro 1 - Pages 33-45
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Publié le 01 janvier 1960
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Langue Français

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Salvador Llobet
L'industrie du vin mousseux espagnol
In: Méditerranée, 1e année, N°1, 1960. pp. 33-45.
Citer ce document / Cite this document :
Llobet Salvador. L'industrie du vin mousseux espagnol. In: Méditerranée, 1e année, N°1, 1960. pp. 33-45.
doi : 10.3406/medit.1960.980
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/medit_0025-8296_1960_num_1_1_980L'INDUSTRIE
DU VIN MOUSSEUX ESPAGNOL
Généralités.
La fabrication du vin mousseux espagnol (dénomination offi
cielle) vulgairement appelé « Champagne » par analogie au Cham
pagne français, est presque entièrement circonscrite dans la localité
de Sant Sadurni de Noya (ou d'Anoia) , commune de 5 000 habitants
d'après le recensement de 1959. Il existe bien sûr dans les environs
d'autres agglomérations qui fabriquent du champagne, comme S.
Esteban Sesrovires, Martorell, Vilafranca del Penedés, et d'autres
encore plus éloignées : Mollet del Vallès, dans la province de
Barcelone; et dans la province de Gérone, Blanes et Perelada; plus
distantes encore : Haro (Logrono) , et une autre à production réduite
ou insignifiante en comparaison avec les résultats globaux de Sant
Sadurni.
Cette concentration locale de la fabrication d'une boisson a
lcoolique étonne de prime abord, si l'on pense aux multiples possi
bilités espagnoles. La rareté de la du vin mousseux
dans les autres localités espagnoles amène à se préoccuper des
motifs qui ont pu conduire à cet état de fait.
La production vinicole dans la région du Penedés — où se
trouve Sant Sadurni — est très ancienne et se perd dans la nuit des
temps. Elle était assez développée au XVIIIe siècle, mais elle atteint
un sommet au XIXe, d'abord avec la fabrication d'eaux de vie
qu'on envoyait dans les colonies américaines, puis la vente de vins
à la France quand son vignoble fut la proie du phylloxéra. 34
Conditions physiques.
Sant Sadurni est au cœur de la région du Penedés, dans ce
qu'on appelle la « Depression Prelittorale Catalane,», au fond d'un
synclinal crétacé recouvert par le miocène et entourée par les deux
cordillères côtières parallèles à la côte.
Le climat de Sant Sadurni et du Penedés, séparés de la mer
par la Cordillère Littorale et éloignés de la trouée du Vendrell, pré
sente des températures hivernales plus basses que sur la bordure
méditerranéenne. Nous ne possédons pas de chiffres pour Sant
Sadurni, mais nous avons ceux de Vilafranca dont les températures
moyennes en grades centigrades sont les suivantes :
F M A 1 M J S D Total An. J A 0 N
81 10'6 127ll5'6 19'6 22'5 22'6 19'9 161 11 7'8 14'46
Bien que la température y soit plus basse que sur le littoral,
aucune précaution spéciale d'orientation ni d'exposition solaire
n'est prise pour les vignobles.
Au sujet des précipitations nous avons les chiffres sur dix
années pour Sant Sadurni, et sur 70 pour Vilafranca. Pour les
mêmes années la pluviosité est plus importante à Sant Sadurni.
De toutes façons, les précipitations sont bien distribuées le long
des douze mois de l'année sans été trop sec, ce qui est très impor
tant pour la vigne qui résiste bien aux sécheresses, mais pas quand
elles sont excessives. La moyenne mensuelle est la suivante
(d'octobre 49 à septembre 59 pour Sant Sadurni; de 1890 à 1959
pour Vilafranca) :
S D Total An. F M A M J J A O N
49'3 611 S. Sad 257 29'6 60'2 52'5 62'2 48'9 287 45 89'4 69'4 50'5
514'6 Vilaf 30'8 29'5 42 437 56 41 22'6 31'9 61'5 64'2 47'4 44
Les mois de mars, mai, septembre et octobre sont les plus
pluvieux, ce qui est courant pour des climats méditerranéens. Mais
ce qui est intéressant, c'est que le mois de juin a encore une
moyenne de 49 mm à Sant Sadurni, et 45 mm en août. Le mois sec
— juillet — a une moyenne de 28,7 mm, et, de plus, bien que l'éva-
poration soit très intense, les plantes arbustives ont une humidité
suffisante. La vocation viticole.
Le territoire de Sant Sadurni est adapté de préférence à la
culture de la vigne. Les ressources en vue des cultures céréalières
n'y manquent pas, et celles-ci ont dû être prépondérantes en d'au
tres temps. En 1771, sur le Cadastre (1) correspondant, on cite des
terres à blé, à oliviers, des vignes, des vergers et des bois. Le
progrès de la vigne est très important au XIXe siècle. Au milieu du
siècle, 1 325 hectares de terrain étaient consacrés au vignoble à
San Sadurni, avec une production de 40 000 hectolitres. L'accroi
ssement fut considérable par la suite, grâce à la demande du mar
ché français dont les vignobles étaient dévastés, par le phylloxéra-
qui, en 1888, fait son apparition à Sant Sadurni même, et s'étend
dans le Penedés tout entier. La reconstitution immédiate du vigno
ble sur plus de 1 525 hectares amena une production moyenne de
60 000 hectolitres dès 1908.
Cette tradition vinicole ne suffit pas à expliquer la concentrat
ion de a fabrication du vin mousseux à Sant Sadurni, puiqu'aussi
bien semblables conditions se retrouvaient dans presque toute la
région du Penedés et du Vallès, et surtout, du moins, à première
vue, il semble que la fabrication du mousseux aurait pu trouver
sa place dans la capitale régionale du Penedés, Vilafranca.. Les
conditions physiques n'expliquent pas non plus la présence de
cette industrie : mises à part les conditions générales de la région
dans la contrée voisine du Vallès, on pouvait trouver des condi
tions de sol et de climat semblables et favorables. Dans la petite
ville de Reus, il existait, en 1872 deux maisons commerciales, qui
fabriquaient du vin mousseux et il y en avait encore en 1900, sans
continuation par la suite.
Cependant, il ne fait aucun doute, il exista à Sant* Sadurni
plusieurs personnages de valeur qui surent venir à bout de toutes
les difficultés extraordinaires de la viticulture à l'époque. C'est en
1872 — dans le pesant climat que faisait régner la dernière guerre
carliste sur la principauté de Catalogne — que Josep Raventôs Fatjô
entreprit dans sa ferme « Can Codornju », la fabrication du vin
mousseux ou « champagne » à titre d'essai. Dans un milieu de haute
(1) Torellô Borrâs, Pelgri. Monografia histôrica-pintoresca de Sant Sadurni
d'Anoya. P. 79, Barcelone, 1910, 127 p. 36
qualité technique, les Raventôs cherchent un nouveau système d'ex
ploitation de la vigne, imitant ce que font les français, d'une man
ière plus naturelle grâce à leur moût spécial, en Champagne. Le
contact franco-catalan, accru par le commerce de vins si import
ant à ce moment-là, aida Raventôs dans ses efforts. En 1890 encore,
les Français achetèrent des vins du Penedés pour la fabrication du
Vermouth et, semble-t-il, du Champagne.
C'est ainsi que Josep Raventôs, par simple impulsion, essaie de
venir à bout des obstacles pesant sur la fabrication du vin mous
seux dans une région sans tradition, et si différente de la Champ
agne. Les tentatives se poursuivent, et, en 1879 commence la vente
du vin mousseux de la ferme Codorniu : 864 bouteilles. Ce vin à
Sant Sadurni ne progresse pas jusqu'en 1893 où les ventes de la
maison Raventôs Codorniu atteignent 10 128 Alors que
le phylloxéra faisait les pires ravages, l'apparition industrielle d'un
nouveau produit vinicole devait être le fruit de l'enthousiasme et
du dynamisme du fils de Josep Raventôs, alors étudiant, Manuel
Raventôs y Doménech. En 1900, ils réalisèrent déjà une vente de
117 396 bouteilles, et, en 1909, de 201 552.
Ce fut certainement chose difficile que de dominer la technique
d'élaboration, non seulement quant à la préparation matérielle,
mais aussi pour les variétés de raisin à utiliser. L'importation de
raisin de Champagne ne donna pas de bons résultats. Raventôs
adapta ceux que produisait déjà le Penedés et qui pouvaient
résoudre le mieux le problème par leurs qualités : il n'était
pas nécessaire d'avoir un fort degré alcoolique, jusqu'alors
très aprécié des propriétaires. Les variétés suivantes furent
adoptées : Macabeu (Vitis

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