L intérêt pratique et opératoire de la réfléxion théorique en démogeographie - article ; n°2 ; vol.2, pg 91-97
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Espace, populations, sociétés - Année 1984 - Volume 2 - Numéro 2 - Pages 91-97
P. J. Thumerelle regrette que le géographe français hésite encore à situer ses recherches par rapport aux autres travaux et disciplines, à abandonner même partiellement l'accumulation idiographique et à associer à la pratique du terrain une certaine réflexion théorique. Quels avantages peut-on tirer d'un effort de théorisation ? L'auteur propose un ensemble de remarques et de suggestions : l'explicitation des démarches, l'évaluation de la pertinence des méthodes quant à leur objet, le dépassement de l'empirisme, la généralisation, l'introduction de « l'influence différentielle du milieu selon l'échelle et l'épaisseur temporelle », le développement de l'analyse systémique et de la modélisation, en rappelant que le gros problème est de ne pas substituer une spéculation intellectuelle à la description de la réalité et à sa compréhension...
The practical interest of the theorization and modelization effort in demogeography.
P.J. Thumerelle regrets that the French geographer still hesitates to set his research in relation to other works and disciplines, to abandon even partially idiographic accumulation, and to associate field practice to a certain theoretical reflection. What advantages can one expect from a theorization effort? The author makes several suggestions: explanation of the processes, evaluation of the relevance of the methods as regards to their object, going beyond empiricism, generalization, introduction of the differential influence of the milieu according to scale and time, development of systemic analysis and modelization. He recalls that the major problem is not to substitute an intellectual speculation to the description and understanding of reality.
7 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1984
Nombre de lectures 14
Langue Français

Extrait

Pierre-Jean Thumerelle
L'intérêt pratique et opératoire de la réfléxion théorique en
démogeographie
In: Espace, populations, sociétés, 1984-2. La démogéographie en question. pp. 91-97.
Résumé
P. J. Thumerelle regrette que le géographe français hésite encore à situer ses recherches par rapport aux autres travaux et
disciplines, à abandonner même partiellement l'accumulation idiographique et à associer à la pratique du terrain une certaine
réflexion théorique. Quels avantages peut-on tirer d'un effort de théorisation ? L'auteur propose un ensemble de remarques et de
suggestions : l'explicitation des démarches, l'évaluation de la pertinence des méthodes quant à leur objet, le dépassement de
l'empirisme, la généralisation, l'introduction de « l'influence différentielle du milieu selon l'échelle et l'épaisseur temporelle », le
développement de l'analyse systémique et de la modélisation, en rappelant que le gros problème est de ne pas substituer une
spéculation intellectuelle à la description de la réalité et à sa compréhension...
Abstract
The practical interest of the theorization and modelization effort in demogeography.
P.J. Thumerelle regrets that the French geographer still hesitates to set his research in relation to other works and disciplines, to
abandon even partially idiographic accumulation, and to associate field practice to a certain theoretical reflection. What
advantages can one expect from a theorization effort? The author makes several suggestions: explanation of the processes,
evaluation of the relevance of the methods as regards to their object, going beyond empiricism, generalization, introduction of the
"differential influence of the milieu according to scale and time", development of systemic analysis and modelization. He recalls
that the major problem is not to substitute an intellectual speculation to the description and understanding of reality.
Citer ce document / Cite this document :
Thumerelle Pierre-Jean. L'intérêt pratique et opératoire de la réfléxion théorique en démogeographie. In: Espace, populations,
sociétés, 1984-2. La démogéographie en question. pp. 91-97.
doi : 10.3406/espos.1984.966
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/espos_0755-7809_1984_num_2_2_966POPULATIONS SOCIÉTÉS 1984-11 pp. 91-97 ESPACE
L'INTERET PRATIQUE thumerelle
^" Université de Lille I
ET OPERATOIRE
DE LA REFLEXION THEORIQUE
EN DEMOGEOGRAPHIE
départ la géographie Les figure propos un et de du certain cet débat article nombre particulier se situent de constats. sur en la marge géographie du débat de la général population. sur l'épistémologie A leur point de de
D'un côté un nombre croissant, mais toujours très minoritaire de géographes, s'inquiète
pour diverses raisons de la faiblesse des fondements scientifiques de la géographie, et,
s 'appuyant sur de nouveaux paradigmes ou inversant les présupposés de la géographie tra
ditionnelle, proposent de nouveaux cadres et de nouvelles démarches d'élaboration de la
connaissance fortement inspirés, soit des modes de pensée des sciences économiques ou
sociales, soit des sciences expérimentales. D'un autre côté, une majorité de géographes,
pour la plupart non insensibles aux préoccupations épistémologiques, mais peu réceptifs
à des propositions le plus souvent formulées en référence à un arrière-plan philosophique
qui leur est peu familier et dans un langage abstrait qui les déroute, demeurent attachés
aux pratiques descriptives et empiriques auxquelles leur formation les a préparés. Or le
développement des sciences sociales d'une part, des sciences de l'environnement d'autre
part, et la multiplication des intersections entre disciplines invitent plus que jamais à clari
fier et à afficher les cadres conceptuels dans lesquels s'effectuent les recherches, à formul
er explicitement les présupposés et les hypothèses et à justifier les méthodes en regard de?
objets d'étude, ce que rend difficile l'absence de toute référence à un support théorique
Le géographe qui a choisi la population comme objet d'étude se trouve souvent plu;
que tout autre dans une situation paradoxale, qui provient de sa capacité à se référer san?
difficulté apparente aux théories de la démographie et à en manipuler les modèles (qui n'«
jamais, ne serait-ce que pour les besoins de l'enseignement, eu recours aux de popu
lations stables ou à la théorie de la transition démographique?), et sa faible aptitude, soi
hésitation, voire sa répugnance à appliquer la même démarche dès qu 'on introduit la dimen
sion spatiale. Ce paradoxe ne procède ni d'une insuffisante maîtrise des méthodes et con
cepts de la démographie ou de la géographie, mais du hiatus qui sépare dans l'esprit di
chercheur les démarches d'une discipline à fondement scientifique et à expression mathé
matique, qui interrelie empirie et axiomatisation, et les démarches d'une discipline qui dan
son acception classique relève plus de l'exercice d'un art que science.
Dans la pratique le divorce n'est pas aussi abrupt. Géographes comme démographe
sont contraints par la disponibilité de l'information. Les uns et les autres ne peuvent appn
hender leurs objets de recherche qu'à travers un ensemble d'approches complémentaire; ESPACE POPULATIONS SOCIÉTÉS 1984-11 92
La démographie n'est que le corpus central d'un ensemble de sciences de la population.
Elle est à la fois pluridisciplinaire par essence et centripète. La géographie n'est pluridisci
plinaire que dans sa pratique du fait de son encyclopédisme et de ses tendances à l'éparpil-
lement. L'unité de la discipline est le tabou qui évite l'affrontement entre les courants
centrifuges qui la divisent. L'accord n'existe sur l'objet de la discipline qu'à condition de
n'en pas parler, sur ses limites qu'à condition de ne pas les établir. Parce qu'hommes de
terrain et pragmatiques, les géographes pendant lontemps n'ont pas trouvé utile de préci
ser les fondements de leur discipline, ni de formaliser leurs méthodes. Parce qu'il existait
un large consensus, ils n'ont pas cherché à saisir sur quoi il reposait. que la disci
pline jouait, en France surtout, un rôle presque exclusivement didactique, ils se sont tenus
à l'écart du développement de la pensée scientifique. Confrontée à la rivalité des sciences
sociales et de l'écologie, la géographie se révèle incapable de prouver qu'elle est une forme
de connaissance du monde théoriquement fondée. Derrière le faux alibi de l'unicité des
lieux ou de la complexité irréductible de l'espace, s'est caché le refus du débat de fond,
non pas tant sur les finalités ou l'objet de la géographie, beaucoup moins remis en ques
tion qu'on ne le dit lorsque les passions veulent bien se calmer, que sur les problématiques
et leur formalisation.
Ce que la géographie y a gagné en souplesse et en liberté, elle l'a perdu en unité, en
efficacité et en capacité d'action, en se dispersant, en devenant confuse, désordonnée, con
tradictoire et faiblement opératoire.
Comment peut-on admettre que pour les besoins de leur recherche, les géographes
soient amenés à se spécialiser en refusant par ailleurs de se donner les points de repère
que fournirait le cadre théorique de référence que la tradition ignorait (et sur lequel se
fonde le consensus des disciplines scientifiques)? Que des branches prennent leur autono
mie, cela est tout à fait justifié par le développement du savoir, qu'une discipline se dilue
parce que ses cadres conceptuels sont flous et incertains, c'est pour le moins regrettable.
Les géographes ont besoin de cadres pour se situer les uns par rapport aux autres et
situer leurs travaux, ce qui ne veut pas dire qu'ils doivent en tant que chercheurs s'enfe
rmer dans ces cadres, mais qu'ils doivent clairement exprimer où ils se situent, leurs hypot
hèses de travail, leurs méthodes. Faute de l'existence de cette règle scientifique élémentaire,
l'éclosion de courants nouveaux, si profitables à d'autres disciplines, à engendré un malaise.
Si l'on veut sortir de la Tour de Babel, il faut se donner les clés qui permettent de com
prendre l

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