L offre de cultures commerciales en économie de pénurie - article ; n°3 ; vol.42, pg 553-574
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L'offre de cultures commerciales en économie de pénurie - article ; n°3 ; vol.42, pg 553-574

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Description

Revue économique - Année 1991 - Volume 42 - Numéro 3 - Pages 553-574
L'offre de cultures commerciales en économie de pénurie
Le rôle stimulant de l'offre d'intrants et de biens de consommation sur la production agricole est désormais reconnu. Cet article présente un modèle qui considère les trois situations possibles : celle de rationnement, celle de marché parallèle et celle où les biens sont disponibles sur le marché officiel. Selon ces trois cas, une hausse de prix agricole a un effet négatif, incertain ou positif sur la production agricole commercialisée. Ce modèle a été appliqué à quatre pays africains caractérisés par des situations de pénuries, le Ghana, Madagascar, le Mozambique et la Tanzanie. Les résultats sont en accord avec le modèle en ce qui concerne l'effet des prix agricoles et l'offre de biens manufacturés a toujours un effet stimulant sur la production agricole.
Cash crops supply in rationed economies
The positive effect of inputs and consumer goods supply on cash crops production is now well known. This paper presents in a model the three cases for manufactured goods supply : rationed market, parallel market and market where these goods are available without restraint. According to the situation, an increase of cash crops real priee has a negative, a dubious or a positive effect on cash crops supply. The existence of these effects has been tested in four African countries (Ghana, Madagascar, Mozambique and Tanzania) where manufactured goods are rationed. The model is confirmed by this econometric analysis : according to the situation, cash crops real priee has a negative, dubious or a positive effect on cash crops supply whereas the supply of manufactured goods has always a positive effect.
22 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1991
Nombre de lectures 26
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Monsieur Jean-Claude
Berthélemy
Monsieur Jean-Paul Azam
Monsieur Christian Morrisson
L'offre de cultures commerciales en économie de pénurie
In: Revue économique. Volume 42, n°3, 1991. pp. 553-574.
Résumé
Le rôle stimulant de l'offre d'intrants et de biens de consommation sur la production agricole est désormais reconnu. Cet article
présente un modèle qui considère les trois situations possibles : celle de rationnement, celle de marché parallèle et celle où les
biens sont disponibles sur le marché officiel. Selon ces trois cas, une hausse de prix agricole a un effet négatif, incertain ou
positif sur la production agricole commercialisée. Ce modèle a été appliqué à quatre pays africains caractérisés par des
situations de pénuries, le Ghana, Madagascar, le Mozambique et la Tanzanie. Les résultats sont en accord avec le modèle en ce
qui concerne l'effet des prix agricoles et l'offre de biens manufacturés a toujours un effet stimulant sur la production agricole.
Abstract
Cash crops supply in rationed economies
The positive effect of inputs and consumer goods supply on cash crops production is now well known. This paper presents in a
model the three cases for manufactured goods : rationed market, parallel market and market where these goods are
available without restraint. According to the situation, an increase of cash crops real priee has a negative, a dubious or a positive
effect on cash crops supply. The existence of these effects has been tested in four African countries (Ghana, Madagascar,
Mozambique and Tanzania) where manufactured goods are rationed. The model is confirmed by this econometric analysis :
according to the situation, cash crops real priee has a negative, dubious or a positive effect on cash crops supply whereas the
supply of manufactured goods has always a positive effect.
Citer ce document / Cite this document :
Berthélemy Jean-Claude, Azam Jean-Paul, Morrisson Christian. L'offre de cultures commerciales en économie de pénurie. In:
Revue économique. Volume 42, n°3, 1991. pp. 553-574.
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/reco_0035-2764_1991_num_42_3_409293L'offre de cultures commerciales
en économie de pénurie
Jean-Paul Azam,
Jean-Claude Berthélemy,
Christian Morris son
Le rôle stimulant de l'offre d'intrants et de biens de consommation sur la
production agricole est désormais reconnu. Cet article présente un modèle qui
considère les trois situations possibles : celle de rationnement, celle de marché
parallèle et celle où les biens sont disponibles sur le marché officiel. Selon ces trois
cas, une hausse de prix agricole a un effet négatif, incertain ou positif sur la
production agricole commercialisée. Ce modèle a été appliqué à quatre pays
africains caractérisés par des situations de pénuries, le Ghana, Madagascar, le
Mozambique et la Tanzanie. Les résultats sont en accord avec le modèle en ce qui
concerne l'effet des prix agricoles et l'offre de biens manufacturés a toujours un
effet stimulant sur la production agricole.
Depuis une décennie, sinon davantage, un des principaux objectifs de la
politique de développement dans les pays du Tiers-Monde a été de stimuler la
production de cultures commerciales en augmentant les prix réels au
producteur, étant donné que les effets néfastes d'une politique de bas prix étaient
de plus en plus manifestes. Dans beaucoup de pays, notamment en Afrique,
ces cultures représentent un secteur stratégique dans la mesure où il fournit
l'essentiel des ressources en devises, ce qui justifie la priorité accordée à leur
expansion.
Le recours à la politique des prix pour augmenter la production est fondé
sur les analyses de l'offre agricole qui mettent en évidence le rôle incitatif des
prix. La relation entre offre et prix ne joue pas toutefois d'une manière simple,
les mêmes analyses ont depuis longtemps montré comment cette relation est
plus ou moins perturbée par divers facteurs : climat, délais pour les cultures
pérennes, par exemple1. Si la relation joue moins bien, le principe d'un effet
positif du prix sur la production demeure cependant acquis, ce qui n'est pas le
cas dans une économie de pénurie comme nous allons le montrer.
En effet, dans plusieurs pays, les erreurs de politique économique y ont créé
des situations de pénurie telles que les prix n'ont plus l'effet positif sur l'offre
que prédit la théorie traditionnelle. C'est précisément à ces cas qu'est consacrée
1. Sur l'abondante littérature relative à ce sujet, voir, par exemple, S. Ghatak et
K. Ingersent [1984] ou H. Askari et J. Cummings [1976].
553
Revue économique — N° 3, mai 1991, p. 553-573. Revue économique
la présente analyse. D'ores et déjà, des travaux récents1 ont montré que le prix
au producteur ne joue plus un rôle déterminant quand les paysans ne peuvent
plus s'approvisionner en intrants agricoles et en biens de consommation et
qu'il faut accroître l'offre de ces biens manufacturés pour relancer les cultures
commerciales. C'est d'ailleurs ce qu'ont déjà entrepris certains décideurs. Ainsi
la Caisse centrale de coopération économique a accordé trois prêts de
100 millions de francs en 1984, en 1985 et en 1986 au Mozambique pour
relancer les cultures d'exportation grâce à l'importation de biens manufacturés
destinés aux paysans.
Mais comme ces travaux théoriques concernent seulement les cas de
pénurie, il nous est paru utile de les reformuler dans un cadre à la fois
plus large et plus réaliste, en tenant compte du marché noir qui s'est développé
dans ces pays. Ainsi proposons-nous un modèle qui considère les trois
situations : celle de rationnement, celle où le paysan ne peut trouver ces biens
qu'au marché parallèle à des prix beaucoup plus élevés et celle où le marché
officiel est approvisionné. Ensuite, nous présenterons les résultats d'études sur
quatre pays africains caractérisés par les pénuries, le Ghana, Madagascar, le
Mozambique et la Tanzanie. Ces résultats confirment le bien-fondé d'un tel
modèle.
ANALYSE MICRO-ECONOMIQUE DU COMPORTEMENT DU PAYSAN
EN SITUATION DE PÉNURIE TOTALE OU PARTIELLE
Cette analyse élargit les travaux théoriques de Berthélemy et Gagey,
d'Azam, de Bevan et al.2 qui montraient que, en cas de pénurie de biens
manufacturés, les paysans pouvaient réagir d'une manière apparemment
paradoxale : leur production pour le marché décroît si le prix réel des cultures
commerciales augmente. Si l'on tient compte aussi de la possibilité d'acheter
au marché noir, nous montrons que l'effet du prix sur l'offre agricole est encore
négatif, mais qu'il peut être aussi positif, si l'offre de biens manufacturés sur le
marché noir est très élastique. De fait, excepté les cas de pénurie absolue
comme dans certaines régions au Mozambique éloignées des frontières et
soumises à une répression très sévère (toute activité sur le marché noir étant
sanctionnée par la peine de mort), il y a toujours un marché noir, mais celui-ci
est habituellement mal approvisionné, excepté dans les régions frontières. On y
trouve des biens manufacturés d'une manière intermittente et à des prix très
élevés.
1. Pour le cadre théorique, cf. J.-C. Berthélemy et F. Gagey [1984], T. van der Willingen
[1986], D. Bevan, A. Bigsten, P. Collier et J. Gunning [1987]. J.-P. Azam [1986]. Pour les
travaux empiriques, cf. J.-C. Berthélemy et C. Morrisson [1987], [1989] ; J.-C. Berthélemy,
J.-P. Azam et J.-J. Faucher [1988].
2. J.-C. Berthélemy et F. Gagey [1984] ; D. Bevan, A. Bigsten, P. Collier et J. Gunning
[1987], J.-P. Azam [1986].
554 Jean-Paul Azam, Jean-Claude Berthélemy, Christian Morrisson
Les prix sont plus élevés que sur le marché officiel pour plusieurs raisons :
d'abord, cette activité est plus ou moins illégale selon les cas et les com
merçants font payer une prime de risque pour les amendes, saisies de
marchandises... qu'ils subissent périodiquement. Les coûts d'approvisionne
ments sont importants (transports par petites quantités, multiples inter
médiaires. . .). D'ailleurs, tous les témoignages sur le marché noir concordent en
parlant de prix « forts », voire « inabordables »l.
Le seul cas d'approv

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