La Chine face aux défis stratégiques de l après 11 septembre - article ; n°1 ; vol.67, pg 4-16
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La Chine face aux défis stratégiques de l'après 11 septembre - article ; n°1 ; vol.67, pg 4-16

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Description

Perspectives chinoises - Année 2001 - Volume 67 - Numéro 1 - Pages 4-16
13 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 2001
Nombre de lectures 87
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Valérie Niquet
La Chine face aux défis stratégiques de l'après 11 septembre
In: Perspectives chinoises. N°67, 2001. pp. 4-16.
Citer ce document / Cite this document :
Niquet Valérie. La Chine face aux défis stratégiques de l'après 11 septembre. In: Perspectives chinoises. N°67, 2001. pp. 4-16.
doi : 10.3406/perch.2001.2664
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/perch_1021-9013_2001_num_67_1_2664Politique
La Chine face aux défis
stratégiques de l'après
1 1 septembre
positions plus favorables qu'elle pensait avoir acquises Valérie Niquet
depuis la fin de la guerre froide.
En effet, l'Asie se situe aujourd'hui au cœur des pré
\ ONTRASTANT avec l'apparente indifférence des occupations stratégiques des Etats-Unis et les attentats
H premières réactions médiatiques et le caractère du 11 septembre, contrairement à ce que pouvaient
V_y dans un premier temps très discret des manifest espérer les stratèges chinois, sont loin d'avoir modifié
ations de soutien du président Jiang Zemin (I), la multi cette analyse. C'est ce réinvestissement des Etats-Unis
plication des consultations et analyses à la suite des dans la zone, premier centre de l'Islam dans le monde en
attaques lancées le 11 septembre 2001 contre les Etats- termes démographiques, qui modifie profondément les
Unis souligne l'importance accordée par Pékin à cet équilibres stratégiques régionaux, et c'est pour la RPC
que les conséquences pourraient s'avérer les plus senévénement ou plus exactement à ses conséquences
sibles. Pékin constitue en effet aujourd'hui le pivot des géostratégiques régionales (2). Derrière la condamnation
officielle, un soutien mitigé aux actions militaires des enjeux de sécurité en Asie de part sa position géogra
Etats-Unis et un optimisme apparent concernant les phique centrale et la globalité de ses aspirations. La stra
conséquences stratégiques pour la Chine et les relations tégie chinoise de « non-ingérence », corollaire de cette
sino-américaines, l'impression qui se dégage en réalité ambition, s'en trouve aujourd'hui bouleversée. Par
est celle d'une très grande inquiétude de la direction et ailleurs, si les attentats du 11 septembre ont pu avoir de
des stratèges chinois devant les recompositions qui telles conséquences sur les équilibres stratégiques en
pourraient se manifester sur le théâtre asiatique à la Asie, c'est aussi parce qu'ils sont venus cristalliser des
suite des attentats du 11 septembre 2001. Ainsi, pour Ye tendances et des évolutions déjà auparavant percept
ibles. Plus que de déclencheurs, les attentats du 11 sepZicheng, directeur du département des études interna
tembre ont servi en Asie de « révélateurs » de rapports tionales de l'Université de Pékin, si les Etats-Unis
de force en pleine évolution. devaient stationner des troupes en Afghanistan et au
Pakistan, cela ne pourrait que « nuire au développement
Un soutien mitigé aux thèses américaines favorable des relations entre Pékin et Washington et
compliquer la situation en Asie centrale » (3). Si on les compare avec celles des pays occidentaux,
En effet, pour la Chine, les conséquences des attentats mais également avec celles du président Poutin qui
du 11 septembre sont doubles : une recomposition bru aurait pu partager avec Pékin certaines réticences, les
tale du paysage stratégique en Asie, particulièrement sur réactions officielles chinoises aux attentats, en dépit de
le flanc continental de la République populaire de Chine leurs réajustements successifs, apparaissent comme
(RPC) et, consécutivement, un risque de très forte réduc très en retrait. Pendant plusieurs jours, la presse offi
tion de sa marge de manœuvre et d'affaiblissement des cielle chinoise a en effet traité l'information avec une
erspectives chinoises N' 67 • SEPTEMBRE - OCTOBRE SOO1 discrétion remarquable, comme si elle souhaitait effacer
la singularité d'un événement dont les conséquences
stratégiques globales sont très vite apparues aux yeux
des dirigeants et de leur entourage d'experts.
De plus, pendant près d'une dizaine de jours, sans res
trictions de la part des autorités, les nombreux sites de
discussion internet, contrôlés par les organes du Parti
communiste, ont exprimé une satisfaction embarrassant
e devant « l'humiliation » infligée à la superpuissance
américaine, retour de bâton d'une propagande national
Illustration non autorisée à la diffusion iste exploitée par le gouvernement comme outil de poli
tique étrangère (4).
Après une phase d'hésitation, un discours a été mis en
place insistant sur la condamnation « tous azimuts » du
terrorisme. Mais en réalité, l'ambiguïté et la réticence
des réactions chinoises sont venues mettre en évidence
les contradictions d'une Chine officielle qui, si elle pré
tend au statut de puissance globale, reste essentiell
ement indifférente à tout ce qui ne constitue pas un
empiétement dans sa zone d'intérêt direct. Or, les atten
tats du 11 septembre ont posé à Pékin un défi à ces deux
niveaux : celui de l'expression d'un véritable engage Le dragon et l'aigle, enfin réconciliés ? ©AFP
ment international au côté de la superpuissance améri
caine et celui d'une intervention massive dans une zone a ensuite déclaré, au cours de ses entretiens avec Colin
que Pékin considère comme faisant partie de sa sphère Powell, « qu'il n'y avait eu aucune suggestion d'un mar
sinon encore d'influence au moins d'intérêt. ché sur Taiwan » (6).
La RPC a toutefois progressivement infléchi ses La confusion qui a entouré les réactions officielles chi
réponses et semblé considérer que les événements du 11 noises constitue le signe non pas d'une simple difficulté
septembre pouvaient être le moyen d'améliorer son à prendre des décisions rapides et à définir une réponse
image internationale et surtout d'engranger un certain consensuelle au sein d'une direction chinoise aujour
nombre d'avantages en ce qui concerne la lutte « anti d'hui plus multicéphale qu'à l'époque de Mao Zedong ou
terroriste » interne. Le 18 septembre 2001, Zhu Bangzao, même de Deng Xiaoping, mais plus certainement celui
porte-parole du gouvernement, déclarait : « Les Etats- des inquiétudes de cette direction face à la réduction de
Unis nous ont demandé de les aider à lutter contre le la marge de manœuvre de Pékin, dans ses relations avec
terrorisme. De la même manière, nous avons des raisons ses voisins et avec Washington.
de demander aux Etats-Unis de nous accorder leur sou Tout en exprimant ses condoléances aux Etats-Unis et
tien et leur compréhension dans la lutte contre le terro en condamnant le terrorisme, Jiang Zemin a en effet posé
risme et le séparatisme. Il ne peut y avoir de double trois conditions à son soutien à l'action américaine et
standard. Nous ne proposons aucun marchandage mais ceci avant le début des frappes en Afghanistan. Il exi
la Chine et les Etats-Unis ont un intérêt commun à comb geait une preuve concrète de la culpabilité d'Oussama
attre les activistes indépendantistes taiwanais qui Ben Laden, la consultation du Conseil de sécurité de
constituent la menace principale contre la stabilité dans l'ONU et le « respect des vies innocentes ». Ces trois
le détroit ». (5) Dans le vocabulaire très codifié utilisé par principes ont été ensuite formalisés par le ministère chi
Pékin, le « séparatisme » s'applique en effet au Xinjiang nois des Affaires étrangères sous deux versions. Dans la
- où, du fait du caractère plus violent et islamique de seconde version, qui renforce les termes de la première,
certains groupes, le rapprochement peut-être effectué - la Chine déclare s'opposer « fermement » au terrorisme
et précise que « la coopération internationale est impermais également au Tibet, à la Mongolie intérieure, et
ative et urgente ». Les frappes doivent être « en accord bien entendu à Taiwan considéré comme faisant partie
du territoire chinois. Conscient du caractère étroit avec les principes de la Charte des Nations Unies et les
ement intéressé des dema

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