La cohabitation hors mariage s installe dans la durée - article ; n°3 ; vol.51, pg 675-715
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Description

Population - Année 1996 - Volume 51 - Numéro 3 - Pages 675-715
41 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1996
Nombre de lectures 24
Langue Français
Poids de l'ouvrage 3 Mo

Extrait

Laurent Toulemon
La cohabitation hors mariage s'installe dans la durée
In: Population, 51e année, n°3, 1996 pp. 675-715.
Citer ce document / Cite this document :
Toulemon Laurent. La cohabitation hors mariage s'installe dans la durée. In: Population, 51e année, n°3, 1996 pp. 675-715.
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/pop_0032-4663_1996_num_51_3_6078LA COHABITATION HORS MARIAGE
S'INSTALLE DANS LA DURÉE
Laurent TOULEMON
Depuis le début des années soixante-dix, le nombre des mariages a d
iminué de plus du tiers. Cette baisse ne se retrouve dans le comportement
final des générations qu'avec beaucoup de retard : les femmes nées en 1950,
qui ont eu 20 ans en 1970, atteindront en l'an 2000 l'âge de 50 ans, auquel
on a coutume de considérer le célibat comme définitif. Les projections de
comportement montrent que le mariage va perdre son caractère universel pour
les générations suivantes.
Après avoir été longtemps un comportement caractéristique de la jeu
nesse, la cohabitation hors mariage se transforme progressivement en un
mode de vie durable, concurrent de la vie en couple marié. La cohabitation
se généralise et se banalise. Est-il plus facile aujourd'hui qu'il y a dix ou
vingt ans de recueillir une information fiable sur les couples non mariés ?
Les enquêtes rétrospectives permettent de décrire la manière dont la
cohabitation s'est substituée au mariage depuis la fin des années soixante.
La substitution de la cohabitation au mariage comme mode d'entrée en
union diminue le nombre des mariages, mais les cohabitants n'ont pas r
enoncé définitivement au mariage. Peut-on comparer la nuptialité des fem
mes seules et de celles qui vivent en couple non marié? Quel est l'impact
d'une grossesse ou d'une naissance sur le comportement de nuptialité des
unes et des autres ?
I. - Le déclin du mariage
La baisse du nombre En France, 254 000 mariages ont été célébrés
des mariages en 1995 (Couet, 1996). Ce nombre est stable
depuis 1993, après une baisse très importante
au cours des vingt dernières années. En 1972, le nombre des mariages
avait atteint le maximum de 417 000. Depuis, la baisse représente 40% (en
21 ans). Pourtant, la population de la France est passée de 51,7 à 57,7 millions
(+ 11,5%).
Population, 3, 1996, 675-716 LA CONJONCTURE DÉMOGRAPHIQUE EN FRANCE 676
Le taux brut de nuptialité est stable aujourd'hui, et vaut 4,4 mariages
par an pour 1 000 habitants, ce qui situe la France en dessous de la plupart
des pays d'Europe, où le taux varie entre 5 et 6 p. mille, à l'exception de
la Suède (3,9 p. mille) (Launay, 1996). Cette baisse concerne uniquement
les mariages de célibataires : le nombre des remariages est resté pratique
ment constant et leur part, dans l'ensemble des mariages, a plus que doublé
(16,1% des mariages de 1993 concernaient une femme divorcée ou veuve,
contre 7,8% en 1971).
Premiers mariages par femme 12 Premiers mariages par an : pour 1 000 1 habitants 1,6 I I 113 INED 96
— 1,4
10 —
- — 1,2
Manages réduits 8 —
— — 1,0
^Xj^vQuot ents 6 — 0,8 *\Г\а/ Taux brut
- 0,6 4^ 4 —
— 0,4
— 2 —
— 0,2
I I
1950 1960 1970 1980 1990 2000 1930 1940
Année Sources : voir tableau A 1
Figure У.-Taux bruts de primo-nuptialité féminine en France
depuis 1931 (échelle de gauche) et valeur des deux indicateurs
d'intensité du mariage (échelle de droite)
Mesurée par le rapport des premiers mariages féminins à l'ensemble
de la population, la nuptialité a baissé de moitié (figure 1). Exprimée
pour 100 femmes, la des célibataires (déduite des quotients de
primo-nuptialité par âge) ne dépasse pas 65, ce qui signifie que, dans les
conditions de l'année 1994, 35 % des femmes resteraient célibataires, contre
8% pour les années 1950 à 1970. Cette baisse est surtout prononcée aux
âges jeunes, et se traduit donc également par une augmentation de l'âge
moyen des femmes au premier mariage, qui atteint 28 ans, après avoir
oscillé entre 23 et 24 ans. L'âge moyen au premier mariage augmente au
jourd'hui au rythme d'un an tous les trois ans (tableau annexe 1). Le calcul
des « événements réduits », le plus commun pour l'analyse de la nuptialité
en France, fournit une estimation très basse de la primo-nuptialité, de l'or- LA CONJONCTURE DÉMOGRAPHIQUE EN FRANCE 677
dre de 0,50 premier mariage par femme. En raison du retard actuel des
mariages, l'estimation du célibat définitif que l'on pourrait en déduire
(50% de célibataires à 50 ans) serait fortement surestimée (annexe La).
Il n'en reste pas moins que la baisse de la nuptialité conduira à une aug
mentation du célibat dans les générations.
La montée du célibat dans les Pour mesurer la nuptialité des géné-
générations : un renversement rations, le plus simple est d'observer
de tendance pour les femmes la proportion de personnes déjà
riées à un certain âge. On utilise le
plus souvent l'âge de 50 ans, car les mariages de célibataires après cin
quante ans sont (pour le moment) négligeables et la mortalité devient trop
importante ensuite, la mortalité plus forte des célibataires introduisant des
biais dans l'estimation (annexe l.b).
La figure 2 présente la proportion de à cinquante ans,
selon les estimations de l'Insee fondées sur les recensements. Sur cent gé
nérations, les variations du célibat masculin sont faibles (entre 8% et 11 %
de célibataires à 50 ans), tandis que la proportion de femmes célibataires
En pourcentage
INED
Femmes
1850 1860 1870 1880 1890 1900 1910 1920 1930 1940 1950 1960
Sources : Henry 1966, Lery 1975, Insee Situations démographiques Année de naissance
Figure 2- Proportion de célibataires à 50 ans,
selon le sexe et l'année de naissance 67 8 LA CONJONCTURE DÉMOGRAPHIQUE EN FRANCE
à 50 ans varie de 12%, pour les générations nées vers 1895, à 7%, pour
les femmes nées vers 1935. Les mariages étant concentrés à certains âges,
la nuptialité des générations porte la trace des événements qui ont marqué
le siècle. La première guerre mondiale a causé la mort de plus de 20 %
des hommes nés entre 1889 et 1895 ; il en est résulté une hausse du célibat
féminin et une baisse du célibat masculin atténuées par un important ajus
tement des comportements de nuptialité, les femmes se mariant avec des
hommes plus jeunes qu'à l'accoutumée (Henry, 1966). La deuxième guerre
mondiale a été beaucoup moins meurtrière et, en raison de la forte pro
portion de décès de civils, les décès sont moins exclusivement mascul
ins. Les mariages nombreux de l'immédiat après-guerre ont compensé
la faible nuptialité des années de guerre. La hausse de la proportion de
célibataires observés à 50 ans, entre les générations 1920 et 1925, s'ex
plique par les perturbations dues à Г immigration0 }. Dans les générations
récentes, les proportions d'hommes et de femmes célibataires suivent des
évolutions parallèles, mais le célibat est plus fréquent pour les hommes.
La raison principale de ce décalage est l'immigration, qui a été surtout mas
culine en France : d'après le recensement de 1990, 20% des hommes de
45-49 ans et 16% des femmes du même âge, vivant en France métropolit
aine, n'y étaient pas nés. Cet excédent d'hommes n'est pas compensé par
l'émigration (3 % des femmes et 4 % des hommes de ces générations ont
émigré), ni par la mortalité, faible avant les âges de forte nuptialité (Daguet,
1995). De plus, les remariages d'hommes sont un peu plus nombreux que
les remariages de femmes, ce qui contribue à déséquilibrer encore le marché
matrimonial, en faveur des femmes.
Au total, les évolutions de long terme sont assez différentes pour les
hommes et pour les femmes. Entre les générations 1850 et 1940, le célibat
féminin est devenu plus rare, tandis que la proportion d'hommes célibataires
à 50 ans est restée stable. Parmi les personnes nées en 1945, qui ont au
jourd'hui 50 ans, 8% des femmes et 10% des hommes sont célibataires'21.
Pour estimer la nuptialité des générations nées après 1945,

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