La compétitivité européenne face au durcissement de la concurrence internationale.  - article ; n°3 ; vol.46, pg 679-689
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Revue économique - Année 1995 - Volume 46 - Numéro 3 - Pages 679-689
European competitiveness facing harder international competition
In the last quarter of century, a general decline of the European Union trade balances has been observed in the manufacturing sector. The share of intra-EU imports has decreased since 1973 in the six original members, and economic integration has progressed only for the new members While the food and agricultural sector was taking advantage of Community preference due to the costly CAP the manufacturing sector has been injured by Community repulsion stenring from the over-valuation of european cur rencies
Au cours du dernier quart de siècle, on a observé un recul général des soldes industriels de l'Union européenne. Au sein de l'industrie manufacturière, la part des importations intra-communautaires a baissé depuis 1973 dans les six pays fondateurs, l'intégration n'ayant progressé que parmi les nouveaux adhérents. Contrairement à la filière agro-alimentaire, qui a bénéficié de la « préférence communautaire » offerte par la Politique agricole commune, l'industrie a en effet été victime d'une « répulsion communautaire » due à la surévaluation des mon­naies européennes.
11 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié le 01 janvier 1995
Nombre de lectures 16
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Monsieur Gérard Lafay
La compétitivité européenne face au durcissement de la
concurrence internationale.
In: Revue économique. Volume 46, n°3, 1995. pp. 679-689.
Abstract
European competitiveness facing harder international competition
In the last quarter of century, a general decline of the European Union trade balances has been observed in the manufacturing
sector. The share of intra-EU imports has decreased since 1973 in the six original members, and economic integration has
progressed only for the new members While the food and agricultural sector was taking advantage of Community preference due
to the costly CAP the manufacturing sector has been injured by Community repulsion stenring from the over-valuation of
european cur rencies
Résumé
Au cours du dernier quart de siècle, on a observé un recul général des soldes industriels de l'Union européenne. Au sein de
l'industrie manufacturière, la part des importations intra-communautaires a baissé depuis 1973 dans les six pays fondateurs,
l'intégration n'ayant progressé que parmi les nouveaux adhérents. Contrairement à la filière agro-alimentaire, qui a bénéficié de
la « préférence communautaire » offerte par la Politique agricole commune, l'industrie a en effet été victime d'une « répulsion
communautaire » due à la surévaluation des mon-naies européennes.
Citer ce document / Cite this document :
Lafay Gérard. La compétitivité européenne face au durcissement de la concurrence internationale. In: Revue économique.
Volume 46, n°3, 1995. pp. 679-689.
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/reco_0035-2764_1995_num_46_3_409677La compétitivité européenne
face au durcissement
de la concurrence internationale
Gérard Lafay
Au cours du dernier quart de siècle, on a observé un recul général des soldes
industriels de l'Union européenne. Au sein de l'industrie manufacturière, la part
des importations intra-communautaires a baissé depuis 1973 dans les six pays
fondateurs, l'intégration n'ayant progressé que parmi les nouveaux adhérents.
Contrairement à la filière agro-alimentaire, qui a bénéficié de la « préférence
communautaire » offerte par la Politique agricole commune, l'industrie a en effet
été victime d'une « répulsion communautaire » due à la surévaluation des monn
aies européennes.
Classification JEL : F14, F15, F31
INTRODUCTION
Au cours des dernières décennies, la concurrence internationale a changé de
nature. Plusieurs changements majeurs sont en effet intervenus sur la scène
mondiale :
- diffusion internationale du savoir, manifestée par l'émergence des pays
asiatiques dans le sillage du Japon ;
- développement de l' entreprise-réseau, localisée dans de multiples pays,
dont la logique s'est dissociée de plus en plus de celle de son pays d'origine ;
- mondialisation financière, qui a entraîné la distorsion et la volatilité des
taux de change.
Ces changements se sont traduits par un durcissement de la concurrence sur
les différents marchés. Les anciens pays industriels sont désormais soumis à de
graves tensions, et ils semblent condamnés à choisir entre la montée du chô
mage et l'accroissement des inégalités sociales (Lassudrie-Duchêne et Lafay
[1994]). L'Europe occidentale a d'abord cru pouvoir surmonter ces difficultés
par un processus de « montée en gamme », en s'efforçant de suivre le modèle
allemand et de fabriquer des produits de qualité. Aujourd'hui, elle est prise en
tenailles entre, d'une part, les pays asiatiques les plus développés qui gagnent
du terrain dans les activités de haute technologie, d'autre part, les pays asiati
ques en développement dont la concurrence tend à détruire les emplois de faible
qualification.
* Commissariat général du Plan, 18, rue de Martignac, 75007 Paris, et Université
Paris I, 12, place du Panthéon, 75005 Paris.
679
Revue économique — vol. 46, n° 3, mai 1995, p. 679-689. Revue économique
Au sein de l'industrie manufacturière, les pays de la Communauté ont le plus
souvent décliné dans les différentes branches. Leurs pertes de parts de marché
en Amérique et en Asie-Océanie n'ont pas été compensées par les gains dans les
pays voisins d'Europe, d'Afrique et du Moyen-Orient. Or, jusqu'à présent, le
recul des soldes industriels de l'Union européenne a été partiellement masqué
par le progrès des exportations agro-alimentaires. Il faut donc s'interroger sur
l'origine des différences de performance entre ces deux secteurs.
LE RÔLE DES EXPORTATIONS AGRO-ALIMENTAIRES
À première vue, la place de l'Europe des Douze dans l'ensemble des export
ations mondiales de marchandises paraît satisfaisante (tableau 1). Leur part
globale est en effet la plus élevée et elle oscille autour de 40 % depuis 1986, ce
qui représente un gain de quatre points par rapport au niveau atteint à la fin des
années soixante. Le recul qui avait été observé de 1973 à 1980 était imputable
aux chocs pétroliers, qui avaient temporairement accru la part de la zone
« Reste de l'Eurafrique », regroupant l'ensemble de l'Afrique et du Moyen-
Orient avec les autres pays d'Europe (de l'Est comme de l'Ouest) : après s'être
élevée jusqu'à plus de 27 % en 1980, la part de cette zone a ensuite subi une
chute de près de douze points.
Tableau 1 . Parts des grandes zones dans l'ensemble des exportations mondiales
(en % de l'ensemble du commerce mondial)
1980 1992 1967 1973 1986
Union européenne* 35,9 39,1 35,6 39,2 40,2
Reste de l'Euraftique** 25,2 23,2 27,3 19,7 15,6
Amérique 26,1 22,3 20,2 19,4 19,9
Asie-Océanie 12,2 14,8 16,0 21,3 23,8
Total mondial*** 100,0 100,0 100,0 100,0 100,0
* Dans tous les tableaux, cette zone correspond à la composition de l'Union européenne au
31 décembre 1994 (douze membres) afin de rendre les données comparables sur l'ensemble de la
période.
** Autres pays d'Europe, Afrique, Moyen-Orient.
*** Y compris flux non ventilés géographiquement.
Source : CHELEM-CEPE.
Dans le reste du monde, les deux autres grandes zones connaissent des évo
lutions de sens opposés. D'une part, on observe une baisse sensible de l'Améri
que, région qui regroupe autour des États-Unis tous les pays du continent, et
dont le recul (six points) a été subi dès les années soixante-dix. D'autre part, le
phénomène le plus marquant est la montée continue de l' Asie-Océanie qui
gagne au total près de douze points et atteint désormais le deuxième rang der
rière l'Union européenne. Dans cette région, les pays dynamiques prennent suc
cessivement le relais les uns des autres : le Japon a d'abord été suivi par les
« quatre dragons », puis au cours des dernières années ont émergé la « Grande
Chine » ainsi que les pays de l' ANSEA (Malaisie, Philippines, Thaïlande, Indo
nésie, Brunei, s' ajoutant à Singapour).
680 Gérard Lafay
La position globalement satisfaisante de l'Union européenne doit cependant
être jugée en fonction du détail sectoriel (tableau 2). L'essentiel de sa progres
sion est due, en effet, au secteur agro-alimentaire. Pour celui-ci, la part commun
autaire dans les exportations mondiales a progressé de plus de dix-huit points,
passant de 24 % en 1967 à 42,6 % en 1992. La progression de ce secteur est
d'autant plus significative qu'elle est imputable non seulement aux produits
agricoles stricto sensu, situés en amont de la filière, mais aussi à ceux des pro
duits des industries agricoles et alimentaires où l'Europe des Douze dépasse
désormais la moitié des exportations mondiales. En revanche, la position com
munautaire reste faible pour les autres produits liés aux ressources naturelles,
car sa part stagne dans le secteur de l'énergie cependant que son gain reste
modéré dans celui des minerais.
Tableau 2. Détail par secteur de la part de l'Union européenne
dans les exportations mondiales
(en % du commerce mondial de chaque secteur)
1992 1967 1973 1980 1986
Industrie manufacturière 45,8 48,7 46,9 44,3 43,7
Minerais 15,2 14,4 17,7 18,5 22,7
Énergie 14,4 14,8 12,1 17,4 13,9
Agro-alimentaire 24,0 26,9 30,2 35,3 42,6
Tous produits* 35,9 39,1 35,6 39,2

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