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Publié par | POPULATION0 |
Publié le | 01 janvier 1994 |
Nombre de lectures | 17 |
Langue | Français |
Poids de l'ouvrage | 2 Mo |
Extrait
Alain Monnier
Catherine De Guibert-Lantoine
La conjoncture démographique : l'Europe et les pays
développés d'Outre-Mer
In: Population, 49e année, n°4-5, 1994 pp. 1107-1128.
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Monnier Alain, De Guibert-Lantoine Catherine. La conjoncture démographique : l'Europe et les pays développés d'Outre-Mer.
In: Population, 49e année, n°4-5, 1994 pp. 1107-1128.
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/pop_0032-4663_1994_num_49_4_4256La conjoncture démographique :
L'Europe et les pays développés
d'Outre-Mer
par Alain Monnier et Catherine de Guibert-Lantoine
Population, 4-5, 1994, 1107-1128 LA CONJONCTURE DÉMOGRAPHIQUE 1 1 09
DONNÉES STATISTIQUES*
Le mouvement Le tableau 1 présente les données brutes relatives au
de la population mouvement de la population. L'absence de données
relatives à 1993, voire 1992, dans un nombre non
négligeable de pays, est souvent à mettre en relation avec la situation comp
lexe, et parfois dramatique, que connaissent certains d'entre eux. Ces l
acunes reflètent aussi, dans d'autres cas, les difficultés à mettre en place
des institutions statistiques indépendantes, dotées de réels moyens de publi
cation et de diffusion des données.
La reprise de la croissance démographique observée dans certains
pays d'Europe depuis 1990 marque un léger fléchissement, comme en Al
lemagne et en France, où les taux annuels de croissance deviennent, en
1993, inférieurs à 5 pour 1 000. Pour l'ensemble de l'Europe de l'ouest
et du nord, cinq pays seulement enregistrent une supérieure à
ce seuil : la Suisse (8,7), les Pays-Bas (6,7), la Suède (6,1), la Norvège
(5,9) et l'Autriche (5,6). L'Europe du sud ne connaît qu'une faible crois
sance positive, notamment dans la péninsule ibérique (Espagne : 1 ,4 et Por
tugal : 0,9).
De nombreux pays d'Europe centrale et orientale et de la partie eu
ropéenne de Г ex-URSS enregistrent encore en 1992 et 1993 une diminution
de leur population. En Hongrie (-3,4 pour 1 000 en 1993), c'est un phé
nomène ancien : depuis 1981 la population hongroise a diminué d'environ
500 000 personnes. Dans les autres pays (Lettonie - 19,3 pour 1 000, Li
tuanie -2,7, Bulgarie -2,1, Slovénie -2,4, Roumanie - 1,4) cette régres
sion est plus récente, puisque tous enregistraient, jusqu'en 1989, une
croissance positive. Dans ce contexte, on relèvera les taux de croissance
légèrement positifs enregistrés en Pologne (2,2 pour 1 000), en République
tchèque (1,3), en Slovaquie (3,5), en Ukraine (3,6) et surtout en Biélorussie
(6,3).
De façon très générale, l'évolution de la population des différents
pays d'Europe dépend plus, depuis 1989, des mouvements migratoires in-
tra-européens que de l'accroissement naturel, qui ne dépasse qu'exception
nellement 3 pour 1 000 en 1993.
Dans la plupart des pays, en effet, l'accroissement naturel diminue
en 1993. En 1992, l'excédent des naissances sur les décès avait légèrement
* Les tableaux statistiques sont regroupés pp. 1116-1128.
Les données présentées dans cette chronique proviennent de publications éditées par
les instituts nationaux de statistique ainsi que par les organisations internationales (Nations
Unies, Communauté économique européenne, Conseil de l'Europe, en particulier, Evolution
démographique récente en Europe, 1993 (rapport annuel du Conseil de l'Europe). Nous tenons
à remercier particulièrement François Bégeot et Anna Franco d'Eurostat, l'Office statistique
de la CEE, pour l'aide qu'ils nous ont encore apportée cette année dans la collecte de certaines
des données les plus récentes. LA CONJONCTURE DÉMOGRAPHIQUE 1110
augmenté dans huit pays, alors qu'en 1993, deux pays seulement (l'Autri
che et l'Espagne) enregistrent un progrès (tableau A).
L'accroissement naturel demeure par ailleurs négatif en Allemagne
(en raison de la situation tout à fait exceptionnelle dans les Nouveaux Làn-
der (ex-RDA) où les décès sont deux fois plus nombreux que les naissan
ces) et en Hongrie, ainsi qu'en Bulgarie et en Roumanie. Il devient négatif
pour l'ensemble de l'Italie, pour la première fois dans l'histoire contem
poraine de ce pays.
Tableau A. - Taux d'acroissement naturel
(POUR 1 000 PERSONNES)
1985 1989 1990 1991 1992 1993
- 1,5 Allemagne -0,3 -0,2 -1,0 -1,0 -1,2
- 1,9 0,2 0,1 Ouest 0,2 0,4
- 1,8 Est 0,1 -0,4 -5,9 -6,6 -6,7
Autriche -0,3 0,7 1.0 1,4 1,5 1,6
Belgique 2,0 1,4 1,9 2,1 2,0 1,3
0,4 0,5 0,9 Danemark -0,9 0,9 1,3
Finlande 3,0 2,9 3,1 3,2 3,4 2,7
France 3,9 4,2 4,2 4,1 3,8 3,1
8,2 5,9 6,2 6,0 5,9 5,0 Irlande
3,5 3,7 Norvège 1,6 3,3 3,7 3,0
Pays-Bas 3,8 4,0 4,6 4,6 4,4 1,8
Roy.-Uni 1,4 2,1 2,7 2,4 2,6 2,4
Suède 0,5 2,8 3,4 3,2 3,1 3,3
3,0 3,1 Suisse 2,3 3,1 3,5 3,6
Albanie 20,4 19,0 19,6 18,0
Espagne 3,7 2,1 1,7 1,3 1,0 1,2
2,4 0,9 0,8 0,7 0,6 0,4 Grèce
-0,1 Italie 0,7 0,6 0,6 0,2 0,3
Portugal 3,3 2,3 1,4 1,3 1,4 0,8
- 1,5 Bulgarie 1,3 0,6 -0,4 -2,2
- 1,5 - 1,9 Hongrie -2,1 - U -2,6 -3,1
Pologne 8,0 4,8 4,1 3,7 3,1 2,6
Roumanie 4,9 5,3 2,9 1,0 -0,2
Rép. tchèque 0,4 0,1 0,1 0,1 0,2 0,2
Slovaquie 7,3 5,0 4,8 4,5 4,0
- 1,5 - 5,0 Russie 5,2 3,9 2,3 0,7
Le fait marquant demeure la situation en Russie. En 1992, il y avait
1,588 million de naissances pour 1,807 million de décès; en 1993, ces
mêmes chiffres sont respectivement de 1,379 et 2,129. Le déficit naturel
est ainsi passé de -220 000 à -750 000, soit plus qu'un triplement. Les
taux d'accroissement naturel s'établissent ainsi à - 1,5 pour 1 000 en 1992
et -5,0 en 1993. Il faut souligner le caractère inédit de cette situation, LA CONJONCTURE DÉMOGRAPHIQUE 1111
qui résulte de la conjonction de mouvements de grande ampleur et de sens
contraire affectant la mortalité (en hausse) et la natalité (en baisse).
Faute de moyens d'observation adéquats, la mesure des migrations
demeure moins précise que celle du mouvement naturel de la population.
Aussi, nous bornerons-nous à présenter les résultats relatifs à l'Europe
des Douze, où l'on peut penser que le contrôle de plus en plus strict des
migrations extra-communautaires s'accompagne d'une meilleure connais
sance statistique.
Pour l'ensemble de l'Union européenne, le solde migratoire est ainsi
estimé à près d'un million de personnes (974 400 000), ce qui représente
environ les trois quarts de l'accroissement total enregistré en 1993. Deux
pays sont principalement concernés : l'Allemagne, qui accueille la moitié
du solde migratoire total de l'Union européenne (474 000 personnes) et
l'Italie, qui en accueille 20 % (194 000 personnes).
Natalité et fécondité En 1993, la natalité et la fécondité baissent dans
la plupart des pays d'Europe, y compris dans les
pays nordiques où une hausse avait été observée dans les années récentes.
Les observations ci-dessous sur l'indice de fécondité suggèrent que ce mou
vement semble toucher à sa fin.
Minimum 1990 1991 1992 1993
Danemark 1,38 en 1983 1,67 1,68 1,77 1,75
Finlande 1,59 en 1987 1,80 1,80 1,86 1,82
Norvège 1,65 en 1983 1,93 1,92 1,88 1,82
Suède 1,61 en 2,14 2,12 2,09 2,00
Par rapport aux minimums enregistrés au cours des années 1980 dans
ces quatre pays, l'augmentation a atteint 0,39 enfant par femme au Dane
mark, 0,27 en Finlande, 0,28 en Norvège et 0,53 en Suède. Rappelons que
cette augmentation de l'indice conjoncturel de fécondité n'est pas déter
minée par un rajeunissement du calendrier de la fécondité, comme c'est
souvent le cas, mais par l'arrêt du recul de l'âge à la maternité. La fécondité
aux âges jeunes cesse de baisser, tandis qu'aux âges plus élevés, elle con
tinue à augmenter, dans la mesure où les femmes ont leurs enfants plus
tardivement. On peut ainsi considérer qu'un nouveau calendrier de la fé
condité sensiblement plus tardif s'est très largement diffusé dans les pays
nordiques et qu'il y a, au moins provisoirement, une pause dans le mouvement.
Parmi les autres faits notables, il faut relever l'évolution en France,
où le taux brut de natalité perd un point en deux ans, et où l'indicateur
conjoncturel de fécondité devient inférieur à 1,7, après une longue période
de quas