La conscience historique des jeunes Burundais - article ; n°149 ; vol.38, pg 135-171
39 pages
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Description

Cahiers d'études africaines - Année 1998 - Volume 38 - Numéro 149 - Pages 135-171
Abstract ~~The consciousness that young Burundians have of history. ~~— Since 1965, Burundi has undergone seven crises involving genocidal massacres committed among two ethnie groups, Hutu and Tutsi. The memory of casualties, the deniai of justice and the forbiddance of any allusion to the ethnie question keeps the psychosis alive during peacetime. On the basis of talks with more than a hundred 18-24 years-old, the effort is made to see how violence has shaped the consciousness of future adults in this country. These young people yearn for a mythical, peaceful past, which the ethnie codification introduced by the colonial power shattered. Like their elders, they refuse to talk about the 1965 and 1972 crises, a refusal motivated by the argument that they had not yet been born. The popularity of the 1988 crisis and the bloody interruption of the democratic process (since October 1993) have marked Burundi youth for a lifetime. These young people have doubts about fundemental principles, such as democracy or the unity of the Burundian people. They condemn politicians who use ethnie issues to advance or sustain their careers, and voice their skepticism about solving the ethnic crisis.
Résumé Depuis 1965, le Burundi a vécu sept crises caractérisées par des tueries qualifiées de génocide entre ses deux composantes ethniques, les Hutu et les Tutsi. En période de paix, la psychose est entretenue par la mémoire des victimes, le déni de justice et la « tabouïsation » de toute allusion à la question ethnique. En interrogeant plus d'une centaine de jeune Burundais (18-24 ans), nous avons voulu connaître la manière dont la violence façonne la conscience des futurs adultes. Les jeunes regrettent un passé mythique paisible, détruit par la codification ethnique introduite par le colonisateur. Le refus de commenter les crises de 1965 et 1972, sous prétexte qu'ils n'étaient pas encore nés, coïncide avec le refoulement de leurs aînés sur ce qui s'est passé à ces deux dates. Le caractère populaire de la crise de 1988 et l'interruption sanglante du processus démocratique (depuis octobre 1993), ont marqué pour la vie la jeunesse burundaise. Elle remet en cause des principes fondamentaux comme la démocratie ou l'unité du peuple burundais, condamne les acteurs politiques qui usent de l'ethnisme pour se hisser ou se maintenir sur la scène et exprime son scepticisme quant à la résolution de la crise ethnique.
37 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Sujets

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1998
Nombre de lectures 41
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Extrait

Monsieur Barnabé
Ndarishikanye
La conscience historique des jeunes Burundais
In: Cahiers d'études africaines. Vol. 38 N°149. 1998. pp. 135-171.
Citer ce document / Cite this document :
Ndarishikanye Barnabé. La conscience historique des jeunes Burundais. In: Cahiers d'études africaines. Vol. 38 N°149. 1998.
pp. 135-171.
doi : 10.3406/cea.1998.1979
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/cea_0008-0055_1998_num_38_149_1979Abstract
Abstract
The consciousness that young Burundians have of history. — Since 1965, Burundi has undergone
seven crises involving genocidal massacres committed among two ethnie groups, Hutu and Tutsi. The
memory of casualties, the deniai of justice and the forbiddance of any allusion to the ethnie question
keeps the psychosis alive during peacetime. On the basis of talks with more than a hundred 18-24
years-old, the effort is made to see how violence has shaped the consciousness of future adults in this
country. These young people yearn for a mythical, peaceful past, which the ethnie codification
introduced by the colonial power shattered. Like their elders, they refuse to talk about the 1965 and
1972 crises, a refusal motivated by the argument that they had not yet been born. The popularity of the
1988 crisis and the bloody interruption of the democratic process (since October 1993) have marked
Burundi youth for a lifetime. These young people have doubts about fundemental principles, such as
democracy or the unity of the Burundian people. They condemn politicians who use ethnie issues to
advance or sustain their careers, and voice their skepticism about solving the ethnic crisis.
Résumé
Depuis 1965, le Burundi a vécu sept crises caractérisées par des tueries qualifiées de génocide entre
ses deux composantes ethniques, les Hutu et les Tutsi. En période de paix, la psychose est entretenue
par la mémoire des victimes, le déni de justice et la « tabouïsation » de toute allusion à la question
ethnique. En interrogeant plus d'une centaine de jeune Burundais (18-24 ans), nous avons voulu
connaître la manière dont la violence façonne la conscience des futurs adultes. Les jeunes regrettent un
passé mythique paisible, détruit par la codification ethnique introduite par le colonisateur. Le refus de
commenter les crises de 1965 et 1972, sous prétexte qu'ils n'étaient pas encore nés, coïncide avec le
refoulement de leurs aînés sur ce qui s'est passé à ces deux dates. Le caractère populaire de la crise
de 1988 et l'interruption sanglante du processus démocratique (depuis octobre 1993), ont marqué pour
la vie la jeunesse burundaise. Elle remet en cause des principes fondamentaux comme la démocratie
ou l'unité du peuple burundais, condamne les acteurs politiques qui usent de l'ethnisme pour se hisser
ou se maintenir sur la scène et exprime son scepticisme quant à la résolution de la crise ethnique.Barnabe Ndarishikanye
La conscience historique
des jeunes Burundais*
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Cette étude été réalisée dans le cadre un projet violence au quotidien au
Burundi des universités du Burundi Lavai et Paris soutenu financièrement
par le FIC AUPELF-UREF Les textes de jeunes Burundais ont été récoltés grâce
une subvention du CRSH-Canada accordée au projet dirigé par Jewsiewicki
et Létourneau Celât Université Lavai
Le Lycée de Vugizo fréquenté traditionnellement par des filles et le Lycée de
Ngagara qui une forte population masculine La mixité des écoles est une
pratique récente longtemps réprimée par glise catholique qui est origine
du système éducatif burundais
Cahiers tudes africaines 149 XXXVIII-l 1998 pp 135-171 136 BARNABE NDARISHIKANYE
avons pas retenu appartenance ethnique comme variable analyse Du
reste il aurait été délicat voire impossible de connaître ethnie des jeunes
qui ont eu la gentillesse de collaborer cette enquête Toutefois sur la
base des statistiques du système éducatif burundais on peut déduire même
avec une certaine marge erreur existence une disproportion ethnique
en faveur des Tutsi En effet selon Pascal-Firmin Ndimira 1994) les
élèves en provenance de Bururi Muramvya et Bujumbura provinces où
les Tutsi sont le plus concentrés représentaient 56 de la population
scolarisable du pays entre 1974 et 1984 et 52 des effectifs université
durant année académique 1992-1993 voir tableau ci-après 11 existe des
disparités entre les facultés quant origine géographique ethnique
des étudiants qui fréquentent certaines entre elles Ainsi le droit et
économie sont plus choisis par les jeunes originaires des provinces de
Muramvya Bururi et Bujumbura dans des proportions variant de 30
ibid 1994 Ces mêmes facultés sont connues pour être fréquentées en
majorité par des Tutsi La forte proportion 58 des élèves originaires
de ces trois provinces dans notre échantillon peut être un indicateur de
effet entraînement exercé par les promotions et les générations pré
cédentes dans la composition régionale voire ethnique des réponses don
nées par les jeunes Burundais Nous avertissons toutefois le lecteur de ne
pas prendre cette extrapolation pour la réalité Elle est un indicateur
que la densité de la population la vision de la région chez les paysans
et les frontières entre localités peuvent en réduire la portée voir infra)
TAUX BRUT DE SCOLARISATION TBS SUR LE PLAN GIONAL
primaire secondaire supérieur
province 1990-1991 1974-1984 1992-1993
Bururi 98 24 26 17
Muramvya 91 17 20 17
15 18 78 18 Bujumbura
Cibitoke 53 19
Muyinga 49
Kirundo 46
TOTAL 100 100
TBS pourcentage des effectifs par rapport effectif total scolarisable colonne par
province colonnes et par rapport au pays
Source Ndimira 1995)
De quoi je me souviens De quoi faut-il se souvenir de son pays
ou de sa région
Bien que la question comporte deux parties la totalité des élèves après
avoir livré leurs souvenirs sur la région et/ou le pays ont pas jugé bon
de se pencher sur la seconde moitié de la question Derrière ce refoulement LA CONSCIENCE HISTORIQUE DES JEUNES BURUNDAIS 137
se cache peut-être la réponse La mort encore récente des êtres chers
image encore présente des horreurs des massacres les tueries dans divers
endroits du pays ainsi que les manipulations politiciennes invitent les
jeunes la prudence voire au pessimisme quant au devenir de leur pays
ou de leur région Dieu nous vienne en aide allons-nous devenir
Nous sommes devenus des sauvages Où sont les sages sont autant
de lamentations qui traduisent le désarroi dans lequel est plongé le pays
et/ou la région
Les notions de région et de pays exprimées en langue nationale le
kirundi possèdent chacune une signification spécifique et ceci certai
nement influencé les souvenirs des enquêtes Ne parlent-ils pas tous kirundi
entre amis et la maison Le pays igihugu trait ensemble du
territoire du Burundi sous cet angle le Burundi est un pays comme la
France ou le Zaïre Il désigne également le côté hostile et d

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