La justice en question en France à la fin de l ancien régime - article ; n°1 ; vol.7, pg 23-34
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Déviance et société - Année 1983 - Volume 7 - Numéro 1 - Pages 23-34
Dat de strafrechtsbeling in vraag werd gesteld gedurende de tweede helft van de XVIIIe eeuw, daaraan zal niemand twijfelen. Verlichte geesten, filosofen, publicisten en anderen wedijveren om ieder op hun beurt en alien tesamen de afwezigheid van codificatie aan te klagen, met daarin vervat de willekeur der rechters, het geheim van en de verwarring rond het vooronderzoek, waarbij de beklaagde een advokaat wordt ontzegd, maar wordt blootgesteld aan marteling. De contestatie houdt daarbij niet op : zij beschuldigt met des te meer heftigheid de onsamen- hangende en barbaarse voorbeelden van de repressie. Dat ailes kan men evalueren. Maar zou het belangrijkste probleem voor de historicus niet zijn een dergelijke praktijk te plaatsen in het politiek, administratief en mentaal kader van die tijd, daarbij analyserend de dwangmatigheden en de remmen die eveneens werden aangebracht op het nieuw regime dat voortsproot uit de Revolutie ?
Que la justice soit en question dans la deuxième partie du XVIIIe siècle, nul ne peut en douter. Les esprits éclairés, philosophes, publicis- tes et autres, rivalisent pour dénoncer tour à tour et tout à la fois, l'absence de codification avec son corollaire, l'arbitraire des juges, le secret et la confusion de l'instruction où l'inculpé se voit privé d'avocat, mais exposé à l'atrocité de la torture. La contestation ne s'en tient pas là : elle accuse avec autant de vigueur l'exemplarité incohérente et barbare de la répression. Toutes choses qui peuvent s'évaluer. Mais la question la plus intéressante pour l'historien ne serait-elle pas de replacer une telle pratique dans le contexte politique, administratif et mental de ce temps, tout en analysant, ce faisant, les contraintes et les blocages qui ont aussi pesé sur le nouveau régime issu de la Révolution ?
Nobody doubts the fact that justice was questioned in the latter half ot the eighteenth-century. Enlightened minds, philosophers, essayists and writers on law and others vie to denounce at once and in turn the absence of codification together with its corollary, the judge's arbitrary power, the secrecy and the confusion of the investigation where the indicted party may not have counsel but is left liable to the atrocity of torture. The point in dispute does not rest there : the incoherent and barbarous exemplarity of repression is also vigorously denounced. All these things may be estimated. But would not the most interesting question for the historian be to study such process against the political, administrative and mental background of the times, and so doing, analysing in the same time the restraints that obstructed and pressed hard on the new régime born of the Revolution ?
Die Justiz wird in der zweiten Hälfte des 18. Jahrhunderts in Frage gestellt, dariiber kann kein Zweifel bestehen. Aufklärer, Philosophen, Publizisten und andere wetteifern bei der Anklage sowohl der mangelnden Kodifikation mit ihrem Gegenstück, der richterlichen Willkur, als auch des geheimen und verworrenen Untersuchungsverfahrens, in dem der Angeklagte keinen Rechtsanwalt hat, aber der Folter ausgesetzt ist. Dariiber hinaus wird mit gleicher Kraft die Inkoharenz und die Barbarei der exemplarischen Bestrafung angefochten. Dies ailes ist ermessbar. Aber besteht nicht die fur den Historiker interessant Frage darin, diese Praktiken in den politischen, administrativen und weltanschaulischen Kontext dieser Zeit einzufiigen, in der auch auf dem aus der Revolution hervorgegangenen Regime Zwänge und enge Grenzen lasten ?
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Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1983
Nombre de lectures 29
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Nicole Castan
La justice en question en France à la fin de l'ancien régime
In: Déviance et société. 1983 - Vol. 7 - N°1. pp. 23-34.
Citer ce document / Cite this document :
Castan Nicole. La justice en question en France à la fin de l'ancien régime. In: Déviance et société. 1983 - Vol. 7 - N°1. pp. 23-
34.
doi : 10.3406/ds.1983.1771
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/ds_0378-7931_1983_num_7_1_1771Dat de strafrechtsbeling in vraag werd gesteld gedurende de tweede helft van de XVIIIe eeuw, daaraan
zal niemand twijfelen. Verlichte geesten, filosofen, publicisten en anderen wedijveren om ieder op hun
beurt en alien tesamen de afwezigheid van codificatie aan te klagen, met daarin vervat de willekeur der
rechters, het geheim van en de verwarring rond het vooronderzoek, waarbij de beklaagde een advokaat
wordt ontzegd, maar wordt blootgesteld aan marteling. De contestatie houdt daarbij niet op : zij
beschuldigt met des te meer heftigheid de onsamen- hangende en barbaarse voorbeelden van de
repressie. Dat ailes kan men evalueren. Maar zou het belangrijkste probleem voor de historicus niet zijn
een dergelijke praktijk te plaatsen in het politiek, administratief en mentaal kader van die tijd, daarbij
analyserend de dwangmatigheden en de remmen die eveneens werden aangebracht op het nieuw
regime dat voortsproot uit de Revolutie ?
Résumé
Que la justice soit en question dans la deuxième partie du XVIIIe siècle, nul ne peut en douter. Les
esprits éclairés, philosophes, publicis- tes et autres, rivalisent pour dénoncer tour à tour et tout à la fois,
l'absence de codification avec son corollaire, l'arbitraire des juges, le secret et la confusion de
l'instruction où l'inculpé se voit privé d'avocat, mais exposé à l'atrocité de la torture. La contestation ne
s'en tient pas là : elle accuse avec autant de vigueur l'exemplarité incohérente et barbare de la
répression. Toutes choses qui peuvent s'évaluer. Mais la question la plus intéressante pour l'historien
ne serait-elle pas de replacer une telle pratique dans le contexte politique, administratif et mental de ce
temps, tout en analysant, ce faisant, les contraintes et les blocages qui ont aussi pesé sur le nouveau
régime issu de la Révolution ?
Abstract
Nobody doubts the fact that justice was questioned in the latter half ot the eighteenth-century.
Enlightened minds, philosophers, essayists and writers on law and others vie to denounce at once and
in turn the absence of codification together with its corollary, the judge's arbitrary power, the secrecy
and the confusion of the investigation where the indicted party may not have counsel but is left liable to
the atrocity of torture. The point in dispute does not rest there : the incoherent and barbarous
exemplarity of repression is also vigorously denounced. All these things may be estimated. But would
not the most interesting question for the historian be to study such process against the political,
administrative and mental background of the times, and so doing, analysing in the same time the
restraints that obstructed and pressed hard on the new régime born of the Revolution ?
Zusammenfassung
Die Justiz wird in der zweiten Hälfte des 18. Jahrhunderts in Frage gestellt, dariiber kann kein Zweifel
bestehen. Aufklärer, Philosophen, Publizisten und andere wetteifern bei der Anklage sowohl der
mangelnden Kodifikation mit ihrem Gegenstück, der richterlichen Willkur, als auch des geheimen und
verworrenen Untersuchungsverfahrens, in dem der Angeklagte keinen Rechtsanwalt hat, aber der
Folter ausgesetzt ist. Dariiber hinaus wird mit gleicher Kraft die Inkoharenz und die Barbarei der
exemplarischen Bestrafung angefochten. Dies ailes ist ermessbar. Aber besteht nicht die fur den
Historiker interessant Frage darin, diese Praktiken in den politischen, administrativen und
weltanschaulischen Kontext dieser Zeit einzufiigen, in der auch auf dem aus der Revolution
hervorgegangenen Regime Zwänge und enge Grenzen lasten ?Déviance 0t Société, Genève, 1 983, vol. 7, No 1 , pp. 23-34
LA JUSTICE EN QUESTION EN FRANCE A LA FIN
DE L'ANCIEN REGIME
N.CASTAN* l ..
A la fin du XVTIIe siècle, c'est d'ailleurs devenu un lieu commun,
la justice criminelle constituait la cible préférée des philosophes et des
publicistes ; au moins autant que l'absolutisme, qualifié pour jamais de
despotisme. En toute logique, du reste, puisque le pouvoir judiciaire est
de la prérogative du souverain qui ne tient son autorité que de Dieu. En
témoigne avec un éclat symbolique la remise de la main de justice au
nouveau roi consacré à Reims. Droit régalien par excellence, la justice
fut lentement reconquise par le souverain affirmant son pouvoir absolu.
Aussi le Prince se veut-il impérieusement seul et unique vengeur du
crime, responsable de l'ordre public et garant au premier chef de la vie,
de l'honneur et des biens de ses sujets. Placée comme elle l'était au
carrefour du public et du privé, la justice crimenelle fatalement devait
être mise sur la sellette par un siècle qui remettait tout en cause. Non
qu'elle fût très interventionniste, nous le verrons, et sans doute l'était-
elle beaucoup moins qu'aujourd'hui. Mais elle est là, menaçante, vérita
ble épée de Damoclès qui peut s'abattre à tout moment selon des
critères incertains. Et puis elle s'en prend à l'essentiel, à la vie, au corps,
à la liberté et à l'honneur de l'homme. Exercer le droit de punir, c'est
alors en fait et bien souvent avoir le droit de vie et de mort. Le procès
du jus puniendi a donc passionné une opinion s 'élargissant sans cesse,
grâce au relais des Académies, des cercles, des journaux . . . "c'est la
nouvelle préoccupation des esprits", dit-on. Les philosophes, Voltaire
en tête, ("il ne s'occupe plus que de procès") ont pris la cause en main
et ameuté la curiosité du public. L'heure est à la justice, d'où le
succès des Causes célèbres (1735-1743) de l'avocat Pivitel et l'émoi
ressenti devant les exécutions du Chevalier de la Barre ou du protestant
Calas. Or, déjà depuis Montesquieu, la justice criminelle, comme tous
les grands principes ébranlés par la Crise de la conscience européenne,
doit se soumettre, elle aussi, au feu d'une critique qui veut penser
librement et aspire à déblayer le terrain pour un avenir de progrès.
Une date décisive : 1766 qui voit le foudroyant succès du Traité
des Délits et des Peines, traduit par Morellet mais écrit par un jeune
inconnu de 27 ans, Beccaria, marquis de son état, lombard de nation,
* Université de Toulouse IL
23 point juriste, encore moins magistrat mais "converti à la philosophie
depuis cinq ans". Période qui a vu naître le "Contrat Social" et éclater
les grandes affaires criminelles. Le pamphlet, car c'en est un, tombe à
merveille. Il secoue surtout la France mais aussi l'Europe où s'est
élaboré un droit pénal commun (romano-canonique) ; l'Angleterre fai
sant exception, comme de juste. L'acrimonie contestatrice s'en trouve
renforcée. Un mot la résume : arbitraire. Il est partout, régnant sans
partage comme fanatisme ou despotisme. De toutes façons, il est
péjoratif. Encore qu'étymologiquement la chose se discute ; venu du
latin arbitrium, volonté, il qualifie "ce qui est laissé à l'arbitrage
parce que non défini ni limité par aucune loi ou constitution expresse".
Au XVIIe siècle et plus tard quelques isolés, comme Muyart de Vou-
glans, l'ont entendu ainsi. Au XVIIIe siècle, il se fait arme de guerre ; on
l'engage dans la même voie fâcheuse que celle suivie simultanément par
le concept d'absolutisme de droit divin. Cela ne va sans ambiguïté car
sous ce vocable omniprésent se mêlent en vérité des revendications fort
diverses. On l'applique, selon le cas, aux vices de fonctionnement d'un
appareil inadapté aux mutations de la société civile, aux modalités de la
procédure, à l'incertitude des sources du droit ou au pouvoir discrétion
naire des juges. Il serait trop schématique d'en mener l'analyse en
fonction de clivages socio-culturels ; attribuant aux usagers de la justice,
les doléances pragmatiques contre une machine capricieuse, lente, coû
teuse, incompréhensible ; et les sus dits de supplier le Roi de la
réformer sans attendre. En revanche, au niveau théorique de la réflexion
philosophique et politique, la critique se fait plus abstraite, plus radical
e ; à travers et au-delà du judiciaire, c'est en f

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