La mortalité dans les pays en développement - article ; n°3 ; vol.3, pg 515-540
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Description

Espace, populations, sociétés - Année 1985 - Volume 3 - Numéro 3 - Pages 515-540
Si la différence d'espérance de vie à la naissance qui sépare les pays en développement dans leur ensemble, des pays développés, est importante (56 ans contre 73), la diversité des situations sanitaires du Tiers monde est encore plus flagrante. Alors que, dans quelques pays, la vie moyenne est encore inférieure à 40 ans, elle atteint dans d'autres un niveau comparable à celui des pays développés. Cette grande diversité est assez récente, elle résulte d'une divergence d'évolution observée au cours des 30 dernières années. Cette divergence est, certes, en partie liée aux différences de niveau de développement économique, mais la liaison n'est pas très étroite. La lutte contre la mortalité infantile a joué un rôle capital et, dans ce domaine plus que dans tous autres, les aspects sociaux, culturels et politiques revêtent une grande importance. Les pays qui ont le mieux réussi tels Cuba, le Costa Rica, et surtout la Chine, sont ceux qui ont su adapter leur politique sanitaire aux besoins essentiels de la population et l'intégrer dans une vigoureuse politique de développement social et culturel, optant ainsi, avant même que l'OMS ne la fasse sienne, pour la stratégie dite des « soins de santé primaires ».
Mortality in developing countries
In life expectancy at birth, a strong difference is observed between developing countries as a whole and developed countries (56 as against 73 years), but the diversity within developing countries is even more pronounced. In some countries, the mean life-span is still under 40 years, whereas in others it has reached roughly the same level as in the developed countries. This diversity of health situations in the Third World countries is relatively recent: it is the result of the diverging trends observed over the last 30 years. It is true that this divergence is related to some extent to the level of economic development, but not closely so. The reduction of infant mortality has played a preponderant role, and in this field, more than all others, social, cultural and political factors are extremely important. The countries which have made most headway - Cuba, Costa Rica and above all, China - are those where health policy has been adapted to meet the basic needs of the population and integrated into an active policy of social and cultural development: those which opted, even before WHO, for the «primary health care» strategy.
26 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1985
Nombre de lectures 16
Langue Français
Poids de l'ouvrage 3 Mo

Extrait

Jacques Vallin
La mortalité dans les pays en développement
In: Espace, populations, sociétés, 1985-3. Les mutations démographiques du Tiers monde. pp. 515-540.
Citer ce document / Cite this document :
Vallin Jacques. La mortalité dans les pays en développement. In: Espace, populations, sociétés, 1985-3. Les mutations
démographiques du Tiers monde. pp. 515-540.
doi : 10.3406/espos.1985.1063
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/espos_0755-7809_1985_num_3_3_1063Résumé
Si la différence d'espérance de vie à la naissance qui sépare les pays en développement dans leur
ensemble, des pays développés, est importante (56 ans contre 73), la diversité des situations sanitaires
du Tiers monde est encore plus flagrante. Alors que, dans quelques pays, la vie moyenne est encore
inférieure à 40 ans, elle atteint dans d'autres un niveau comparable à celui des pays développés. Cette
grande diversité est assez récente, elle résulte d'une divergence d'évolution observée au cours des 30
dernières années. Cette divergence est, certes, en partie liée aux différences de niveau de
développement économique, mais la liaison n'est pas très étroite. La lutte contre la mortalité infantile a
joué un rôle capital et, dans ce domaine plus que dans tous autres, les aspects sociaux, culturels et
politiques revêtent une grande importance. Les pays qui ont le mieux réussi tels Cuba, le Costa Rica, et
surtout la Chine, sont ceux qui ont su adapter leur politique sanitaire aux besoins essentiels de la
population et l'intégrer dans une vigoureuse politique de développement social et culturel, optant ainsi,
avant même que l'OMS ne la fasse sienne, pour la stratégie dite des « soins de santé primaires ».
Abstract
Mortality in developing countries
In life expectancy at birth, a strong difference is observed between developing countries as a whole and
developed countries (56 as against 73 years), but the diversity within is even more
pronounced. In some countries, the mean life-span is still under 40 years, whereas in others it has
reached roughly the same level as in the developed countries. This diversity of health situations in the
Third World countries is relatively recent: it is the result of the diverging trends observed over the last 30
years. It is true that this divergence is related to some extent to the level of economic development, but
not closely so. The reduction of infant mortality has played a preponderant role, and in this field, more
than all others, social, cultural and political factors are extremely important. The countries which have
made most headway - Cuba, Costa Rica and above all, China - are those where health policy has been
adapted to meet the basic needs of the population and integrated into an active policy of social and
cultural development: those which opted, even before WHO, for the «primary health care» strategy.POPULATIONS SOCIÉTÉS 1985-III pp. 515-540 ESPACE
LA MORTALITE VALLIN Jacques
» DAJNS a »TCI T LLS Tin FAYSn a mro Institut National d'Etudes Démographiques, Paris
EN DEVELOPPEMENT
C'est à juste titre que l'on oppose généralement les pays développés (Amérique du
Nord, Europe, URSS, Japon, Australie et Nouvelle Zélande) aux pays en développement
(reste de l'Asie, Afrique, Amérique latine). Les premiers rassemblant tout juste le quart
de la population mondiale (1,2 milliard d'habitants sur 4,8 en 1985 1) disposent en effet
de plus des quatre cinquièmes des revenus mondiaux (9.000 milliards de dollars en 1983)2.
Au contraire, les pays en voie de développement (reste de l'Asie, Afrique et Amérique latine)
qui rassemblent les trois quarts de la population mondiale (3,6 milliards d'habitants) ne
disposent que du cinquième des revenus (2.200 milliards de dollars, y compris les revenus
des pays pétroliers).
La santé étant directement liée aux conditions de vie, cette inégalité économique ne
peut qu'entraîner une forte différence de mortalité entre ces deux sous-ensembles de
l'humanité. De fait, si en 1980-85 le taux brut de n'est que légèrement plus faible
dans les pays développés (9,6%o) à ce qu'il est dans les pays en développement (ll,O%o)
c'est uniquement parce que cet indicateur est largement dépendant de la structure par âge
de la population et que celle-ci est beaucoup plus jeune dans les pays en développement
(seulement 4 °/o de personnes âgées de 65 ans et plus, contre 1 1 % dans les pays développés).
Au contraire, l'espérance de vie à la naissance, indépendante de la structure par âge, rend
bien compte de la différence, puisque durant la même période, elle atteint 73 ans en moyenne
dans les pays développés alors qu'elle n'est que de 56 ans dans les pays en développement.
De même, la mortalité infantile n'est que de 17%o dans les pays développés alors qu'elle
s'élève à 91 %o dans les pays en développement.
Cependant, cette comparaison globale entre pays développés et pays en développement
rend assez mal compte de la situation réelle de ces derniers. Si les premiers constituent
en effet, du point de vue de la mortalité, un ensemble relativement homogène (de l'URSS
à la Suède, situés aux deux extrémités de l'échelle des vies moyennes observées, il n'y a
pas 10 ans d'écart), les seconds connaissent au contraire des mortalités très différentes,
la vie moyenne allant d'à peine 35 ans en Gambie ou en Sierra Leone, à plus de 73 ans
à Cuba, Porto Rico, Hong Kong ou Costa Rica.
Si l'image d'Epinal d'un Tiers monde en guenilles vaut encore pour un certain nombre
de pays en proie à des difficultés exceptionnelles, elle n'a plus de sens pour l'ensemble
(si toutefois elle en a jamais eu). La mortalité est d'ailleurs un domaine où le concept
réducteur de Tiers monde est particulièrement inopérant, tant les situations concrètes sont
variées. Qui plus est, depuis la Seconde Guerre mondiale, des progrès immenses ont été
accomplis dans le domaine de la santé. De 1945-50 à 1980-85, l'espérance de vie à la naissance
de l'ensemble de la population mondiale est passée de 43 à 59 ans. Ce gain de 16 années
n° 1 Nations 86, New Unies, York, World Nations population Unies, 1985, prospects, 522 p. estimates and projections as assessed in 1982, Population studies,
2 Banque mondiale, Rapport sur le développement dans le monde 1985, Washington, BIRD, 1985, 263 p. ESPACE POPULATIONS SOCIÉTÉS 1985-III 516
M 1
I ESPACE POPULATIONS SOCIÉTÉS 1985-III 517
d'espérance de vie moyenne est de même dimension que l'écart de 16 années qui sépare
actuellement la des pays développés de celle des pays en développement. Dans
le même temps, l'écart lui-même s'est sensiblement réduit, les progrès étant plus rapides
dans les pays en développement dont la vie moyenne a gagné près de 18 ans, tandis que
les pays développés ne gagnaient que 1 1 ans. C'est que les pays du Tiers monde ont au
cours des dernières décennies bénéficié d'importants facteurs de progrès sanitaire.
Après avoir précisé l'hétérogénéité du Tiers monde, et l'ampleur des progrès accomplis
depuis les années 50, nous évoquerons plus en détail ces facteurs et leurs conséquences.
LA DIVERSITE DES SITUATIONS
Dans les pays en développement, l'étude de la mortalité ne peut guère s'appuyer sur
les statistiques d'état civil qui, dans les pays développés, permettent d'établir avec beaucoup
de détail et une grande exactitude, de longues séries statistiques. L'enregistrement des décès
par les services d'état civil est en effet gravement défectueux dans presque tous les pays
d'Afrique et d'Asie et dans une bonne partie des pays latino-américains. D'après l'Annuaire
démographique des Nations Unies de 1983, les pays où l'enregistrement des décès est
considéré comme complet3 ne rassemblent que 39% de la population latino-américaine,
9% de la population africaine et 1 % de la population asiatique (Japon exclu). Les seuls
pays de plus de 10 millions d'habitants bénéficiant d'une telle situation sont le Mexique,
Cuba, l'Argentine et le Chili en Amérique latine ainsi que l'Egypte en Afrique. Encore
doit-on préciser que les Nations Unies répertorient les pays à statistiques complètes en
fonction des déclarations off

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