La notion de parole dans le dialecte peul du Mâssina (Mali) - article ; n°1 ; vol.57, pg 45-66
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Description

Journal des africanistes - Année 1987 - Volume 57 - Numéro 1 - Pages 45-66
This ethnolinguistic study of the conception of speech among the Fulbe of Massina resorts to a semantic analysis of basic terms. The root, haal- (verb, haalde ; noun, haala), the most productive and most used term, designates speech as the verbal expression of thought and as the communication of a message. The less frequently used root, wol- (verb, wowlude ; noun, woliide), tends to refer to speech as a phonic, acoustic phenomenon, as the oral pronunciation of thought with articulated, organized sounds. The noun form, konngol (with no corresponding verb), designates words, phrases and sentences as the material constituents of speech. Finally, bi'aangol (the passive participle of the verb wiide, « to say ») denotes the speech act itself and refers to the divine or prophetic Word which mixes ordinary utterances and admonitions together.
Pour l'étude ethnolinguistique de la notion de « parole », chez les Peuls du Mâssina (Mali), l'auteur s'en est tenue aux seuls termes de base ; l'analyse sémantique a permis de dégager les lignes de force et de dessiner les contours du concept : la racine haal- (verbe haalde, nom haala), la plus productive et la plus employée, désigne la parole comme expression verbale de la pensée et communication d'un message ; la racine wol- (verbe wowlude, nom woliide), d'un usage moins fréquent, fait davantage référence à la parole comme phénomène phonique et acoustique, réalisation orale de la pensée par le biais de sons articulés et organisés ; le nominal konngol (sans verbe correspondant) désigne la parole (mot, phrase, sentence) comme élément matériel du langage ; enfin bi'aangol, participe passif du verbe wiide (dire) qui connote l'acte pur et simple d'énonciation, désigne la parole divine (ou prophétique) en laquelle énonciation et injonction se trouvent confondues.
22 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1987
Nombre de lectures 31
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Christiane Seydou
La notion de parole dans le dialecte peul du Mâssina (Mali)
In: Journal des africanistes. 1987, tome 57 fascicule 1-2. pp. 45-66.
Résumé
Pour l'étude ethnolinguistique de la notion de « parole », chez les Peuls du Mâssina (Mali), l'auteur s'en est tenue aux seuls
termes de base ; l'analyse sémantique a permis de dégager les lignes de force et de dessiner les contours du concept : la racine
haal- (verbe haalde, nom haala), la plus productive et la plus employée, désigne la parole comme expression verbale de la
pensée et communication d'un message ; la racine wol- (verbe wowlude, nom woliide), d'un usage moins fréquent, fait davantage
référence à la parole comme phénomène phonique et acoustique, réalisation orale de la pensée par le biais de sons articulés et
organisés ; le nominal konngol (sans verbe correspondant) désigne la parole (mot, phrase, sentence) comme élément matériel
du langage ; enfin bi'aangol, participe passif du verbe wiide (dire) qui connote l'acte pur et simple d'énonciation, désigne la parole
divine (ou prophétique) en laquelle énonciation et injonction se trouvent confondues.
Abstract
This ethnolinguistic study of the conception of speech among the Fulbe of Massina resorts to a semantic analysis of basic terms.
The root, haal- (verb, haalde ; noun, haala), the most productive and most used term, designates speech as the verbal
expression of thought and as the communication of a message. The less frequently used root, wol- (verb, wowlude ; noun,
woliide), tends to refer to speech as a phonic, acoustic phenomenon, as the oral pronunciation of thought with articulated,
organized sounds. The noun form, konngol (with no corresponding verb), designates words, phrases and sentences as the
material constituents of speech. Finally, bi'aangol (the passive participle of the verb wiide, « to say ») denotes the speech act
itself and refers to the divine or prophetic Word which mixes ordinary utterances and admonitions together.
Citer ce document / Cite this document :
Seydou Christiane. La notion de parole dans le dialecte peul du Mâssina (Mali). In: Journal des africanistes. 1987, tome 57
fascicule 1-2. pp. 45-66.
doi : 10.3406/jafr.1987.2161
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/jafr_0399-0346_1987_num_57_1_2161CHRISTIANE SEYDOU
La notion de parole
dans le dialecte peul du Mâssina
(Mali)
de elles, produits unités riche sur à tique. en des certains, des revanche force la locuteurs et comme associations combinaison Comment, lexicales Rien Dans complexe. révélatrices, fonctionnant par de la nombre ces un de distribution tel se lexies indice ces en dans multiples crée Si de de effet, langues sont la apparemment lexemes la composées par du langues composition langue une des ne mode qui, l'agrégation ? pas nominaux invite autonomes de dessinant peule de tenter l'Afrique et pensée, prometteuse comme y le où est réseau en ou de la aux mais un un constitution la déceler, de des un procédé yeux grand de combinaison l'Ouest, reflet sur pôles à relations la du un à nombre recherche d'attraction, de travers assez sémanticien système une des la qui vision grande lexies de rarement de les les lexemes dérivationnel ethnolinguis- classes paradigmes repose du lient partie se des prêtent monde utilisé, (nomlignes entre dont non des
bre légèrement variable d'un dialecte à un autre) révèle des principes d'ordon
nance conceptuels dont, toutefois, la rigueur se trouve fréquemment contrar
iée par des interférences et des influences diverses : aussi l'interprétation ethno-
linguistique de ces classifications s'avère-t-elle, en général, d'une portée limitée.
Ce qui caractérise cette langue, c'est que, à l'économie que représente,
sur le plan de la logique structurale, un tel système de formation et d'organi
sation des lexies, s'oppose la profusion extrême des sémantèmes, chaque réal
ité spécifique trouvant son expression propre dans une racine particulière (ex. :
yeey1, « regarder en arrière », sooyn-, « regarder au loin », tiim-> « regarder
de haut », etc.). Il est évident que, cela étant, le recensement des termes séman-
tiquement apparentés ne fournira jamais qu'une suite de lexies qui, issues de
radicaux autonomes au plan du signifiant, se dérobent à toute tentative de
décodage symbolique à travers le jeu de leurs relations. Si bien que, en l'absence
de regroupements lexicaux pertinents autour de monèmes nucléaires ou foca-
lisateurs, productifs, sur lesquels se fonder pour s'orienter dans l'exploration
ethnolinguistique de tel ou tel champ sémantique précis, une tactique d'analyse
s'impose, que l'on pourrait, par contraste, qualifier d'éclatée. 46 LA NOTION DE PAROLE DANS LE DIALECTE PEUL DU MÂSSINA (MALI)
Dans une langue de ce type, en effet, ce qui, pour le lexique, peut rele
ver de l'analyse ethnolinguistique, se situe, d'une part, en amont des mots,
dans les distinctions conceptuelles qui délimitent et organisent les constituants
de chaque champ sémantique en leur donnant une expression propre, d'autre
part, en aval des mots, dans les énoncés auxquels ceux-ci donnent forme et sens.
Pour approcher cet amont des mots, aucune autre voie ne s'ouvre à
nous que l'étude approfondie de chaque terme individuel, tant à travers ses
comportements grammaticaux qu'à la lumière de ses divers emplois context
uels ; ce n'est qu'une fois les contours sémantiques de chaque mot ainsi ébau
chés que la confrontation des termes entre eux permet d'affiner les nuances
qui les distinguent au plan du sens, justifiant du même coup leur différencia
tion formelle, dans le lexique.
Telle sera donc la méthode adoptée pour une analyse sémantique, menée
dans une perspective ethnolinguistique, des termes de base exprimant la notion
de parole, dans le dialecte peul du Mâssina (Mali).
Notion fondamentale et activité humaine s'il en est, la parole est, bien
entendue, représentée en peul par un très riche éventail de racines qui tradui
sent ses divers types de contenu ou de qualité (salutation, bavardage, insulte,
plaisanterie...), ses différentes modalités d'émission (murmure, vocifération,
chant, psalmodie...), ses anomalies (bégaiement, zozotement...), ses mises en
forme dans le discours (narratif, poétique...), etc.
L'inventaire de toutes les racines afférentes au domaine de la parole
et l'analyse des lexemes qu'elles génèrent dépassent évidemment les limites de
cette étude et nous devrons nous contenter de chercher à cerner au plus près,
dans son abstraction même, la notion de parole telle qu'elle apparaît dans les
quelques termes de base qui l'expriment en tant que telle ; peut-être cette seule
approche nous aidera-t-elle à mieux dessiner les traits distinctifs des divers
aspects de cette notion et, par là-même, à éclairer la conception qu'en ont les
Peuls tout comme la philosophie qui s'y greffe.
Pour éviter — autant que faire se peut — toute projection ethnocen-
triste, on s'en tiendra à une analyse des exemples d'emploi de ces lexies, rele
vés au hasard des textes ou des conversations, donc à leurs emplois sponta
nés, aucune enquête directive n'ayant été menée sur ce sujet.
I — HAAL-
Dans le fulfulde du Mâssina — ou maasinankoore — la racine la plus
courante pour traduire l'acte de parole est haal- (k-)1.
L'étude des emplois du verbe haalde et du nominal haala permettra de
saisir l'étendue sémantique de cette racine.
1. Entre parenthèses est signalée la consonne initiale entraînée par la règle de permutation. CHRISTIANE SEYDOU 47
A. Verbe haalde (racine haal- + suffixe de l'infinitif -de)
A.l. Employé absolument, le verbe haalde traduit l'acte de parole en soi,
comme simple moyen d'expression :
Ex. :
accee / о / haala
laissez / il / parle
laissez-le parler (Le. permettez-lui de s'exprimer)
kunndude / keôii / ko / kaala
bouches / ont eu / ce que / parlent
les bouches ont de quoi parler
(la même expression, avec ko njanta — « de quoi raconter » — au lieu de
ko kaala, se dit d'un événement susceptible de défrayer la chronique).
kaananke / nee / so / haalii / yeddataake
roi / certes / si / a parlé / ne sera pas contredit
un roi, certes, lorsqu'il a parlé, n'est pas
N.B. Il est remarquable que, ainsi employé absolument, ce verbe prend, aux
autres voix (moyenne et passive) des connotations marquées, opposées entre elles ;

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