La persistance de la pauvreté urbaine en Inde  - article ; n°142 ; vol.36, pg 325-339
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Description

Tiers-Monde - Année 1995 - Volume 36 - Numéro 142 - Pages 325-339
15 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1995
Nombre de lectures 28
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Isabelle Milbert
La persistance de la pauvreté urbaine en Inde
In: Tiers-Monde. 1995, tome 36 n°142. pp. 325-339.
Citer ce document / Cite this document :
Milbert Isabelle. La persistance de la pauvreté urbaine en Inde . In: Tiers-Monde. 1995, tome 36 n°142. pp. 325-339.
doi : 10.3406/tiers.1995.5765
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/tiers_0040-7356_1995_num_36_142_5765LA PERSISTANCE
DE LA PAUVRETÉ URBAINE EN INDE
par Isabelle Milbert*
« Eliminons la pauvreté » fut le slogan qui conduisit Indira Gandhi
à une brillante victoire électorale en 1971. Aujourd'hui, en termes de
revenu par habitant (360 $ par an et par personne en 1990), l'Inde figure
parmi les pays les plus pauvres, après le Pakistan, le Sri Lanka ou la
Chine. Vu son poids démographique (deuxième pays du monde par le
nombre et un septième de la population mondiale), environ 40 % des
personnes vivant dans une pauvreté absolue sont de nationalité
indienne. En 1991, la population vivant sous le seuil de pauvreté était
estimée à 423 millions de personnes (321 millions en zone rurale,
102 millions dans les agglomérations urbaines) (pnud, 1993). Ces chif
fres ont fait de l'Inde un symbole de la pauvreté absolue, alors que par
ailleurs sa stabilité politique est reconnue et sa croissance économique
est régulière (3 à 5 % par an depuis l'Indépendance). Elle dispose égale
ment de moyens industriels en modernisation rapide, et ses villes abri
tent une classe moyenne de plus de 100 millions de personnes.
Les indicateurs sociaux restent nettement inférieurs à la moyenne des
pays en développement, même si de nets progrès ont été réalisés : la
mortalité infantile est tombée de 165 %o en 1960 à 90 %o en 1991. Dans
la même période, l'espérance de vie à la naissance est passée de 44 à
59 ans. Mais 281 millions d'adultes sont analphabètes, 754 millions de
personnes n'ont pas accès à l'assainissement et 220 millions n'ont pas
accès à l'eau potable (pnud, 1993).
Cette constante de la pauvreté de la majorité de la population
indienne fait l'objet d'approches variées et complémentaires : la dimens
ion caritative a toujours été une réalité très présente, tandis que l'act
ivisme politique et révolutionnaire est beaucoup plus rare et sporadique
dans le temps et dans l'espace. La pauvreté est aussi un thème de cam
pagne électorale, et un objet de politique publique que les responsables
* Juriste, sociologue, IUED, Genève, et INALCO, Paris.
Revue Tiers Monde, t. XXXVI, n° 142, avril-juin 1995 326 Isabelle Milbert
administratifs ont bien du mal à appréhender. Ainsi, les chercheurs et la
Commission du Plan continuent de débattre, depuis vingt-cinq ans, sur
les chiffres, les méthodes de mesure et la façon de les interpréter, avec
une égale absence de conclusions pratiques et de vision stratégique. Au
fil des enquêtes, dont un bon nombre ont été commanditées par la Comm
ission du Plan, on note les désaccords constants sur le nombre de per
sonnes vivant en dessous du seuil de pauvreté, sur la définition de ce
seuil de pauvreté, et surtout sur les fluctuations dans le temps de l'inc
idence de la pauvreté (cf. Ninan, 1994, p. 1544). Les estimations conti
nuent de varier très fortement, au sein même des instances officielles les
plus qualifiées : ainsi, un groupe d'experts nommés par la Commission
du Plan a abouti à des taux de pauvreté (poverty ratio) variant très for
tement par rapport aux estimations effectuées par cette même Commiss
ion du Plan sur la base de la quantité de calories pondérée par les
caractéristiques personnelles (âge, sexe, profession).
Or ces statistiques deviennent un des éléments de décision pour les
orientations de la planification et des différentes commissions finan
cières chargées de la répartition des budgets du Centre aux Etats.
Avec les chiffres démographiques et le revenu par tête dans chaque
Etat, le « ratio de pauvreté » apparaît comme l'un des éléments qui
permettent à l'Etat central de décider quelle sera la répartition des
revenus des impôts entre les différents Etats, qui sont en compétition
pour avoir accès à ces ressources. Il est vrai que les écarts se creusent
entre Etats pauvres et Etats riches : en 1970-1971, le Bihar et l'Uttar
Pradesh avaient un revenu par habitant inférieur de moitié à celui du
Pendjab voisin. A la fin des années quatre-vingt, ce rapport était passé
de 1 à 4 pour le Bihar et de presque 1 à 3 pour l'Uttar Pradesh.
Certains Etats, comme le Kerala, se trouvent aujourd'hui dans la
situation paradoxale où le développement de leurs infrastructures
économiques n'a pas été véritablement épaulé par le Centre, pour
des raisons politiques, où le revenu par habitant reste très bas, mais
où le bon développement d'infrastructures sociales conduit à des
succès impressionnants en ce qui concerne la mortalité infantile, la
mortalité féminine, l'espérance de vie, la fréquentation des écoles et
l'alphabétisation.
Les chiffres de consommation de produits de base sont peu posit
ifs ; d'une façon globale, la production nette de céréales et de légumi
neuses par personne a augmenté, passant de 395 g par jour en 1951 à
469 g en 1971. Elle stagne autour de ce chiffre depuis. En fait, d'après
le National Sample Survey, la consommation de céréales a baissé
de 15,4 à 14,9 kg par personne et par mois dans la période 1970-1989
dans les zones rurales. Le nombre moyen de calories consommées en persistance de la pauvreté urbaine en Inde 327 La
zone rurale comme en zone urbaine a très légèrement décliné, ce qui
est confirmé par les analyses du National Nutrition Monitoring
Bureau. Mis à part les légumes verts et les produits sucrés, la consom
mation moyenne par habitant a décliné pour tous les types de nourri
ture dans la période 1975-1989. Il en est de même pour les vitamines
et minéraux, mis à part la vitamine 1-A (Radhakrishna and Ravi,
1992). Ce déclin est d'autant plus inquiétant qu'il part de bases très
ténues et de quantités nettement inférieures à ce qui était préconisé par
les experts nutritionnistes. L'analyse de ces chiffres donne lieu à des
interprétations contradictoires. D'après Kundu (1994), ils s'expliquent
par l'évolution de la demande pour des produits de consommation
autres que la nourriture (électricité, bicyclettes, coton...), en particulier
dans les zones rurales les plus reculées et « retardées », telles que
zones tribales, districts marginalisés économiquement, etc. Pour cet
auteur, ces faits démontreraient donc qu'il ne faut plus seulement lier
la pauvreté au déficit en calories, mais il reconnaît qu'il n'existe pas
encore d'autre méthode simple et fiable pour mesurer la pauvreté. Il
nous semble que ces chiffres traduisent aussi la stagnation et parfois la
dégradation des conditions de vie des plus démunis et l'accentuation
des écarts de revenus, ce qui peut se vérifier sur le terrain, surtout
dans les Etats du Nord de l'Inde, en contraste avec les avancées réali
sées dans d'autres pays de la région (Sri Lanka par exemple).
OBJECTIFS D'ÉQUITÉ SOCIALE : UNE CONSTANTE DES POLITIQUES
JUSQU'AU DÉBUT DES ANNÉES QUATRE-VINGT
L'élimination et la réduction de la pauvreté ont été des objectifs aff
ichés de la planification indienne depuis le début des années soixante.
Divers programmes ont été lancés et évalués en fonction de leur capacité
à faire diminuer le nombre de personnes situées en dessous du seuil de
pauvreté.
Il semble que le gouvernement indien ait cru, en toute bonne foi, à
l'impact d'un certain nombre de mesures de type structurel. Certaines
lois ont visé à protéger le statu quo, par exemple rendre les terres tribales
inaliénables ; une autre tentative, dès l'Indépendance, a été de réserver à
certaines franges de la société (weaker sections, backward classes...) des
sièges au sein des instances élues (Parlement, gouvernements locaux),
dans le système éducatif et la fonction publique. D'autre part, des
me

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