La planification stratégique à long terme de l eau en Tunisie - article ; n°166 ; vol.42, pg 455-474
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Tiers-Monde - Année 2001 - Volume 42 - Numéro 166 - Pages 455-474
20 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié le 01 janvier 2001
Nombre de lectures 26
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Sébastien Treyer
La planification stratégique à long terme de l'eau en Tunisie
In: Tiers-Monde. 2001, tome 42 n°166. pp. 455-474.
Citer ce document / Cite this document :
Treyer Sébastien. La planification stratégique à long terme de l'eau en Tunisie. In: Tiers-Monde. 2001, tome 42 n°166. pp. 455-
474.
doi : 10.3406/tiers.2001.1514
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/tiers_1293-8882_2001_num_42_166_1514LA PLANIFICATION STRATÉGIQUE
À LONG TERME
DE L'EAU EN TUNISIE
par Sébastien Treyer*
Pour orienter les politiques nationales de l'eau, le débat mondial sur
sa gestion cherche à anticiper des enjeux déterminants à long terme :
renforcer la capacité d'adaptation des pays face à la rareté de l'eau et à
la nécessité de la gestion de la demande. Cet article analyse la planifica
tion tunisienne. Il présente la stratégie actuelle, en examinant le rôle
qu'y jouent et pourraient y jouer bientôt les enjeux de long terme ; il
évalue la capacité d'adaptation de la politique de l'eau face aux enjeux
de la gestion de la demande et envisage de nouvelles modalités d'action
publique face à ce défi vital.
Le débat mondial sur l'eau, depuis les années 1970 et jusqu'au
Forum mondial de l'eau de La Haye en mars 2000 et ses suites actuell
es, cherche à influencer voire à orienter les politiques de l'eau des
pays, mais aussi celles des bailleurs de fonds et des organisations inter
nationales, pour leur permettre de sortir de la gestion à court ou
moyen terme et de prendre en compte des enjeux cruciaux de long
terme. L'un de ces enjeux à long terme le plus médiatisé est celui de la
pénurie d'eau annoncée, notamment dans les pays arides et semi-arides
à forte croissance démographique1. Comment les pays du Sud peuv
ent-ils réagir à une telle menace ?
LA CAPACITÉ D'ADAPTATION DES PAYS DU SUD
Le débat actuel est encore largement dominé par cette problémat
ique de l'alerte face aux pénuries prochaines : prédictions de nouvelles
* Ingénieur du GREF, doctorant, Groupe de recherche en gestion sur les territoires et
l'environnement, École nationale du génie rural, des eaux et des forêts.
1. On pourra consulter Falkenmark, 1974 ; Gleick, 1993 ; ou Raskin, 1997.
Revue Tiers Monde, t. XLII, n° 166, avril-juin 2001 456 Sébastien Treyer
guerres de l'eau1 alors que, souvent, les pays concernés ont déjà l'expé
rience des enjeux stratégiques de la ressource en eau2, appel à la mobil
isation des bailleurs de fonds pour obtenir les indispensables finance
ments3, et surtout mise en garde des décideurs nationaux pour qu'ils
anticipent un nécessaire bouleversement des modalités de la gestion de
l'eau. Face à cette appréhension, les pays concernés, méditerranéens
notamment, sont tentés de répondre que leurs sociétés sont très cons
cientes de l'enjeu et n'ont pas besoin des modèles de gestion élaborés
ailleurs, puisqu'elles ont déjà mis en place depuis très longtemps une
capacité de gestion des pénuries, une capacité d'adaptation aux situa
tions hydrologiques extrêmes : le concept à' adaptive capacity4 ( « capac
ité d'adaptation » ) représente l'ensemble des ressources sociales
comme le capital intellectuel, les compétences scientifiques et tech
nique, la capacité institutionnelle, la capacité financière ou la capacité
de mobilisation des individus, qu'une société peut solliciter pour faire
face à la rareté de l'eau.
Selon les termes de ce débat, lorsqu'on évalue les capacités d'un
pays à anticiper les enjeux de long terme pour les politiques de l'eau,
on s'inscrit dans une alternative entre deux positions opposées : d'un
côté, la validation de l'expérience des pays du Sud, en particulier leur
capacité d'adaptation, leurs institutions et leurs capacités de gestion,
comme un apport intéressant au débat mondial ; et de l'autre, la
démonstration que ces pays auraient tout intérêt à appliquer des
modèles de gestion proposés par le débat mondial.
Les termes du débat actuel précisent cependant un peu plus la
notion de capacité d'adaptation : le bouleversement, annoncé par les
Conférences de Paris (1998), de La Haye (2000) et la Commission
méditerranéenne du développement durable, concerne le passage d'une
adaptabilitě face à des pénuries « conjoncturelles », dues à des aléas
climatiques extrêmes et à un manque de mobilisation et de régularisa
tion de la ressource, c'est-à-dire le type de capacité d'adaptation dont
les pays concernés peuvent avoir l'expérience, pour aller vers une
adaptabilité à une situation de pénurie « structurelle » dans laquelle
toute mobilisation supplémentaire d'une ressource déjà presque enti
èrement exploitée devient extrêmement coûteuse ; c'est cette deuxième
adaptabilité qui est présentée comme un nouveau défi. Il s'agit de pas
ser de la gestion par l'offre à une gestion de la demande en eau5. Ce
1. Voir Chesnot, 1996, pour un bilan des problèmes géostratégiques annoncés au Proche-Orient.
2. Par exemple au Liban, Treyer, 1998.
3. Serageldin, 2000.
4. Concept notamment développé par Ohlsson,1999.
5. Voir Ennabli et al, 1998. La planification stratégique à long terme de l'eau en Tunisie 457
nouveau paradigme fait petit à petit son chemin dans les politiques de
l'eau des différents pays.
Sur ce cas précis de la gestion de la demande en eau, la question de
l'apport d'expérience des pays du Sud face à des modèles exogènes se
pose de manière plus pragmatique : comment prendre en compte, dans
les politiques nationales de l'eau, la pénurie « structurelle » annoncée ?
Comment peuvent se traduire, dans le contexte particulier de chaque
pays, les modalités de la gestion de la demande ?
ANALYSE CRITIQUE DE L'EXPÉRIENCE TUNISIENNE
En pointe dans ce débat, la Tunisie a engagé une réflexion très
importante sur les stratégies à long terme de gestion de l'eau, avec
l'appui des coopérations bilatérales et multilatérales, et elle est con
frontée dès aujourd'hui à la mise en œuvre de la gestion de la demande
en eau. La planification nationale tunisienne fait la synthèse de ces
réflexions pour proposer une stratégie d'action publique. Comment
évaluer la capacité d'adaptation et d'anticipation du long terme propre
à cette stratégie ? Les modalités d'action publique envisagées parais
sent-elles capables de faire face aux problèmes de long terme ?
Encadré 1. — Une démarche de recherche-intervention : améliorer la prise
en compte du long terme dans les processus de planification
L'analyse critique de la planification nationale tunisienne a été effectuée
pour le Plan bleu1, dans le cadre d'un projet de recherche plus large, centré
sur l'utilisation des méthodes de prospective pour la planification de la ges
tion de l'eau.
Comme la plupart des exercices de planification, de nombreux travaux
prospectifs2 proposent des courbes d'évolution future de la demande en eau et
de la ressource disponible, extrapolées à long terme, sous une forme où la dis
cussion des hypothèses de construction est difficile voire impossible. Dans le
cadre d'analyse critique utilisé ici, la prospective est employée pour mettre en
discussion les évolutions projetées dans les documents existants, réintroduire
la variabilité dans des discours tendanciels, et ouvrir un débat sur l'action
publique et son organisation.
1. Voir Treyer, 2001. Le Plan bleu est un centre d'activités régional du Plan d'action pour la
Méditerranée (Programme des Nations Unies pour l'environnement), et un centre support de la
Commission méditerranéenne du développement durable.
2. Y compris ceux de J. Margat pour le Plan bleu sur la Méditerranée (Margat, 1992 ; Benbli-
dia, 1997), ou ceux de I'unesco (Raskin, 1997). Sébastien Treyer 458
À l'opposé, d'autres études prospectives dans le domaine de l'eau se posi
tionnent d'emblée comme ouvertes à la prise en compte de ruptures majeures
et de changements structurels à long terme1. Elles évitent délibéréme

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