La plus ancienne ville du Continent américain, Cumaná de Vénézuéla - article ; n°1 ; vol.3, pg 45-51
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Description

Journal de la Société des Américanistes - Année 1906 - Volume 3 - Numéro 1 - Pages 45-51
7 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1906
Nombre de lectures 32
Langue Français

Extrait

Jules Humbert
La plus ancienne ville du Continent américain, Cumaná de
Vénézuéla
In: Journal de la Société des Américanistes. Nouvelle Série. Tome 3 n°1, 1906. pp. 45-51.
Citer ce document / Cite this document :
Humbert Jules. La plus ancienne ville du Continent américain, Cumaná de Vénézuéla. In: Journal de la Société des
Américanistes. Nouvelle Série. Tome 3 n°1, 1906. pp. 45-51.
doi : 10.3406/jsa.1906.3454
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/jsa_0037-9174_1906_num_3_1_3454LA
PLUS ANCIENNE VILLE DU CONTINENT AMÉRICAIN
CUMANA DE VENEZUELA
SES ORIGINES — SON HISTOIRE— SON ÉTAT ACTUEL »
Par M. Jules HUMBERT
Docteur es lettres,
Professeur agrégé au Lycée de Bordeaux,
Membre de la Société des Américanistes.
Parmi les éléments qui exercèrent le plus d'influence sur la fon
dation et l'administration des colonies espagnoles en Amérique, il
faut placer, en première ligne, le sentiment religieux. Aussitôt que
les conquistadores eurent foulé le sol du nouveau monde, l'ambition
et la cupidité ne tardèrent pas, il est vrai, à germer dans leur
cœur ; mais l'idée première qui présida à la conquête, le désir
d'Isabelle la Catholique, celui de Colomb lui-même, c'était avant
tout de gagner des âmes pour le ciel, de répandre la foi chrétienne
parmi des nations inconnues et sauvages. C'est ce qui explique le
rôle important que ne tarda pas à jouer le clergé dans l'Amérique
à peine découverte. Son action fut à l'origine éminemment bienfai
sante et civilisatrice. Malheureusement l'œuvre des religieux fut
entravée, dès le début, par celle des conquistadores, et la cruauté de
ces derniers rendit trop souvent stérile le zèle apostolique des
missionnaires. De là des conflits qui retardèrent pendant longtemps
les progrès de la colonisation.
En l'année 1513, des dominicains conduits parles Pères Francisco
de Cordoba et Juan Garces abordèrent à l'ouest de la côte de
Cumaná, en un lieu appelé Manjar, voisin de Piritû. к Les Indiens,
1 . Source principale : Archivo general de Indias^ Seville. 46 SOCIÉTÉ DES AMÉRICANISTES DE PARIS
dit Herrera1, les reçurent avec de grandes démonstrations ďamiiié,
et grâce à la mansuétude des religieux, des relations cordiales
s'établirent entre eux et les indigènes. » Les naturels consentirent
à recevoir des moines les premières leçons de l'alphabet, et tout
faisait augurer pour l'avenir une paix durable, lorsqu'un incident
malheureux vint tout bouleverser.
Quelques mois s'étaient à peine écoulés que l'on vit arriver sur
la côte une embarcation chargée d'Espagnols qui venaient à la
pêche des perles. Les Indiens, qui, dans ces circonstances, prenaient
toujours la fuite, restèrent dans leurs habitations, comptant sur la
protection des religieux. Le capitaine du navire invita à dîner à
son bord le cacique du pays, et, quand celui-ci avec sa femme et
dix-sept autres membres de sa famille eurent mis le pied sur le
vaisseau, le capitaine prit le large et gagna l'île Saint-Domingue,
emmenant les Indiens comme esclaves. Alors les indigènes, ne
doutant pas que les dominicains n'eussent été les complices des
pirates, assaillirent le couvent et mirent à mort tous les religieux,
martyrisant plus particulièrement Juan Garces. Ils l'attachèrent à
un arbre, lui portèrent toutes sortes d'outrages et prolongèrent
longtemps son martyre avant de lui ôter complètement la vie.
Malgré le peu de succès de cette première tentative, de nouveaux
religieux, franciscains et dominicains, vinrent à la terre-ferme en
15J8. Les s'établirent dans le bâtiment même
qu'avaient élevé les Pères Garces et Cordoba et que n'avaient pas
détruit les Indiens ; les dominicains fondèrent leur couvent à cinq
lieues plus à l'ouest, dans le pays de Chichiribichi, et l'appelèrent
Santa Fé, parce qu'il se trouvait , bâti au bord du golfe du même
nom 2.
Dès leur arrivée aux côtes orientales du Venezuela, nous disent
les chroniqueurs, «les nouveaux missionnaires eurent la preuve de
la bonté naturelle des indigènes qui, oubliant leur rancune passée,
reçurent avec la plus franche hospitalité ces apôtres de l'évangile 3 ».
De véritables petites colonies agricoles s'étaient fondées autour des
1. Antonio de Herrera : Historia general de las Indias, Decades II, lib. II.
"2. Rapport officiel des auditeurs de Saint-Domingue au roi d'Espagne, cité
plus bas.
3. Herrera, Dec. II, IX, 8 et 9 — Oviedo : Historia de las Indias, lib. XIX.
— A. Rojas: Estudios histôricos (Caracas, 1891), p. 54, 55. CUMANÁ DE VENEZUELA 47
monastères; les Indiens avaient appris à défricher le sol, à faire
croître les légumes et les plantes d'Europe, et cette vie patriarcale
durait depuis deux ans, quand, un beau jour de 1520, un aventurier
espagnol, Hojeda1, vint demander l'hospitalité aux dominicains.
Ceux-ci payèrent cher leur générosité. Le lendemain, Hojeda s'en
fonce dans le pays des Tageres, sous prétexte de se procurer du
maïs; il loue trente Indiens pour apporter à sa caravelle des charges
de cette denrée ; les indigènes montent sur le navire, et Hojeda
lève l'ancre à l'instant.
Gomme en 1513, de terribles représailles furent exercées contre
les religieux. « Le dimanche 3 septembre, comme les dominicains
célébraient la messe, les Indiens Tageres, conduits par leur cacique,
entrèrent dans le monastère, sous prétexte qu'ils allaient à l'office,
et tuèrent deux religieux qui se trouvaient là, ainsi que neuf
personnes qui étaient dans le monastère... Ils saccagèrent et
brûlèrent le couvent, tuèrent jusqu'à un cheval, un chien et un*
mouton qui sry trouvaient. Il ne s'échappa qu'un Indien de Gubagua,
employé au service des Pères, qui se hâta de porter la nouvelle à
Antonio Flores, alcalde major de cette île 2. » Et les auditeurs de
Saint-Domingue, en rapportant ces faits au roi, le 14 décembre
suivant, demandaient le châtiment des Indiens.
C'est alors que fut décidée la première expédition armée contre
les côtes de Cumaná (1521). Le commandement en fut confié à
Gonzalo de Ocampo. On lui recommandait 3 de n'agir qu'avec pru
dence, ne punissant que les Indiens qui avaient réellement pris part
au meurtre des dominicains. Mais Ocampo, tenant peu de compte
de ces instructions, se livra sur les indigènes aux plus horribles
cruautés, passant les uns au fil de l'épée, pendant ou empalant les
autres, et expédiant à la Espafiola ses caravelles remplies d'esclaves4.
1. On ne sait s'il était fils ou neveu du célèbre Alonzo de Hojeda qui, le
premier, débarqua sur le territoire du Venezuela en 1499. V. notre livre sur
Les Origines vénézuéliennes (Paris, Fontemoing, 1905), pp. 29 sqq.
2. Л susMajestades los oidores é oficiales reaies de Santo Domingo, a 14 de
noviembre de 1520. Arch. gen. de /ne/., Seville, Est. 154, Gaj. 4, leg. 15.
3. Provision real e'manada del Almirante, de la Audiencia é oficiales de
Santo Domingo de la Isla Espaňola, á 20 de énero de 1521, dando instrucciones
al capitan Gonzalo de Ocampo para laguerra de los Indios. Arch. gen. de Ind.,
Seville, Est. 2, caj. 2, leg. 1/14.
4. Herrera, Dec. II, lib. IX, 9 et 10. SOCIÉTÉ DES AMÉRICANISTES DE PARIS 48
En même temps, pour réparer les ruines qu'il avait causées, il jetait
les fondements de la ville de Nueva Toledo, à une demi-lieue durio
de Cumaná. Mais cet établissement ne devait pas durer, car à peine
Ocampo était-il parti que les Indiens détruisirent les fondements
de la nouvelle ville. Les fransciscains de Piritù, qui jusque-là
avaient été épargnés, payèrent à leur tour pour les abus commis
par Ocampo. Les indigènes fondirent sur leur maison qu'ils incen
dièrent ; le Père Denis fut blessé mortellement ; les autres par
vinrent à gagner la côte et purent s'enfuir dans une embarcation
qu'heureusement ils trouvèrent ancrée dans la baie de Santa Fé.
Une seconde expédition armée fut décidée, et le commandement
en fut donné à Jacom

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