La politique française des grands travaux 1929-1939 fut-elle keynésienne ? - article ; n°4 ; vol.31, pg 706-742
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La politique française des grands travaux 1929-1939 fut-elle keynésienne ? - article ; n°4 ; vol.31, pg 706-742

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Description

Revue économique - Année 1980 - Volume 31 - Numéro 4 - Pages 706-742
The French policy of public works 1929-1939
How far was it Keynesian ?
Pierre Saly
The French policy of public works in the thirties claimed to provide the unemployed with labour. ~Was it keynesian before Keynes ? By no means. First because it was not based on additional budget spending on investment and was nothing but expenditures that would have been done anyway. Second because thé net amount of money spent on such plans was quite small and did not create increases in spending out of savings. Could it have been otherwise ? It is doubtful as far as the branch of public works was and still is a very small one in industry, poorly located in the network of the input-output structure. As to the multiplier, if it does exist, its effect cannot be estimated from the évidence of contemporary sources. (The analysis is concerned with expenditures only).
37 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1980
Nombre de lectures 32
Langue Français
Poids de l'ouvrage 3 Mo

Extrait

Monsieur Pierre Saly
La politique française des grands travaux 1929-1939 fut-elle
keynésienne ?
In: Revue économique. Volume 31, n°4, 1980. pp. 706-742.
Résumé
The French policy of public works 1929-1939
How far was it Keynesian ?
Pierre Saly
The French policy of public works in the thirties claimed to provide the unemployed with labour. ~Was it keynesian before Keynes
? By no means. First because it was not based on additional budget spending on investment and was nothing but expenditures
that would have been done anyway. Second because thé net amount of money spent on such plans was quite small and did not
create increases in spending out of savings. Could it have been otherwise ? It is doubtful as far as the branch of public works was
and still is a very small one in industry, poorly located in the network of the input-output structure. As to the multiplier, if it does
exist, its effect cannot be estimated from the évidence of contemporary sources. (The analysis is concerned with expenditures
only).
Citer ce document / Cite this document :
Saly Pierre. La politique française des grands travaux 1929-1939 fut-elle keynésienne ?. In: Revue économique. Volume 31,
n°4, 1980. pp. 706-742.
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/reco_0035-2764_1980_num_31_4_408549POLITIQUE FRANÇAISE LA
DES GRANDS TRAVAUX (1929-1939),
FUT-ELLE KEYNÉSIENNE ?
La « rumeur de la rumeur » (A. Sauvy) fait beaucoup de cas de la
politique des grands travaux menée en France pendant les
années trente. N'y avait-il pas là l'ébauche pratique d'une
politique de relance par la demande globale telle que la théorisera
Keynes ? Les appréciations louangeuses ne manquent pas en particul
ier pour André Tardieu initiateur en 1929 du premier « plan d'outil
lage national » parfois présenté comme un Roosevelt français. Seul
l'égoïsme des possédants et le traditionalisme économique l'auraient
empêché de mettre en échec la crise ou d'en réduire les effets.
Ces appréciations se superposent d'ailleurs à une autre imagerie,
née dès le début des années trente dans des milieux conservateurs,
selon laquelle André Tardieu et ses successeurs, rompant avec l'esprit
de sagesse et d'économie de Poincaré, auraient dilapidé les « écono
mies » que ce sage financier avait constituées. Reflet de l'usure poli
tique de Tardieu ou justification de la politique de déflation alors
parée de toutes les vertus, cette imagerie résiste mal à l'épreuve de
l'analyse x.
Si les programmes Laval de 1931 et Marquet de 1934 sont tombés
dans l'oubli, on crédite volontiers Léon Blum d'intentions keynésien-
nes, moins dans son mirifique projet de 20 milliards de dépenses de
grands travaux proposé en août 1936, que dans les considérants de
son programme de redressement d'avril 1938, dominé il est vrai par
1. Pour une analyse d'ensemble de cette politique, nous nous permettons une
fois pour toutes de renvoyer à notre thèse de 3e cycle : Pierre Saly, La politique
des grands travaux en France 1929-1939, Arno Press, New York, 601 p. (cité
ci-dessous sous la référence PGT).
706
Revue économique — N" 4, juillet 1980. Pierre Saly
les exigences du réarmement plus que par la croyance en l'effet st
imulant des dépenses de grands travaux.
Quelle fut en réalité l'importance de ces grands travaux ? Quel
rôle pouvaient-ils jouer dans la lutte contre les effets de la crise ?
I. DES DEPENSES D'INVESTISSEMENT DE VOLUME MODESTE
ET SANS CARACTERE ADDITIONNEL
A. Des dépenses modestes, parfois définitives,
plus souvent remboursables,
entraînant des flux annuels faibles
Les plans de grands travaux échelonnés de 1929 à 1939 n'ont
entraîné que des dépenses modestes. Le plan Tardieu de 1929 (5 000 M)
n'a pas été adopté mais les plans Steeg (670 M) et Laval (2 676 M)
qui l'ont remplacé en 1931 ont été exécutés. Tandis qu'un considérable
plan Daladier proposé en 1933 (9 518 M) était écarté, le plan Marquet
en 1934 (2 472 M, majoré en 1925 de 1 344 M) était réalisé. Le plan
Blum annonçait 20 000 M de crédits mais seule une très faible partie
de ce total fut effectivement dépensée. Ces chiffres représentent d'ail
leurs des crédits d'engagement et non de paiement, et ceci pour des
totaux pluri-annuels, incluant parfois les dépenses des collectivités
locales. Sur les 20 000 M annoncés par le plan Blum en avril 1936,
n'ont été ouverts que moins de 4 000 M de crédits d'engagement (qui
ne furent pas tous utilisés) sur lesquels furent imputés 1 000 M de
crédits de paiement au titre de l'exercice 1936. Le total des paiements
effectués au titre des plans de grands travaux de 1931 à 1935 s'est
élevé (dépenses militaires non comprises) à moins de 7 000 M sur un
total cumulé des dépenses budgétaires voisin de 260 000 M soit moins
de 3 % du total 2. A partir de l'exercice 1936 les plans des grands
2. Pour le détail des chiffres et des sources cf. PGT, chap, x à xrn et tableau
p. 556. Le pourcentage indiqué est un simple ordre de grandeur. Il ne semble
pas possible de le préciser par un calcul en francs constants ou par exercice, car
les crédits ouverts sont des crédits d'engagement dont l'utilisation effective, diff
icilement discernable, s'est échelonnée sur plusieurs exercices. Sauf indication
contraire, M signifie « million de francs courants ».
707 Revue économique
travaux ne sont plus discernables comme tels, car s'instaure la pratique
de baptiser dépenses de grands travaux toute la partie du budget
censée correspondre à des dépenses d'armement, d'outillage et de
travaux et réunie dans un budget extraordinaire. Mais, en mai 1938,
Daladier reviendra à une présentation séparée pour son « plan de
travaux ruraux et urbains », créé par décret, mais dont les crédits
furent pratiquement réduits à néant quelques mois plus tard.
Seule une partie des dépenses fut effectuée directement et défin
itivement par l'Etat au titre de ses investissements (par exemple les
dépenses pour les routes nationales). Une partie importante des som
mes comptabilisées dans les programmes de grands travaux devait
servir à soutenir l'effort d'équipement des collectivités publiques ou
semi-publiques (ou des entreprises privées comme les grands réseaux)
par le moyen de subventions. L'emprunt de la collectivité se voyait
gratifié, sous certaines conditions, d'une « bonification d'intérêt »,
c'est-à-dire une subvention (en particulier aux collectivités locales)
permettant de réduire le poids des remboursements. Le crédit couvrait
tout l'engagement budgétaire. Dans les documents, c'est le montant
total des crédits ouverts qui apparaît, alors qu'ils ne seront dépensés
que très progressivement : donnée pour sa valeur en capital, la dépens
e sera en réalité effectuée par annuités. Le crédit d'engagement qui
est mis en avant est massif et. semble à tort charger l'exercice d'une
dépense considérable. Mais ce qui compte, du point de vue économi
que, c'est le crédit de paiement ou plutôt le paiement effectif, dont la
charge annuelle est répétée, mais beaucoup plus modeste.
En outre, le chiffre total avancé doit d'autant moins faire illusion
que dans bien des cas ce qui est jeté en pâture à l'opinion n'est pas
le montant de ce que l'Etat devra débourser effectivement mais le total des emprunts que subventions et bonifications permett
ront de contracter, voire des dépenses que ces emprunts, ajoutés à
leurs ressources propres, permettront aux collectivités locales d'enga
ger 3.
3. C'est en particulier le cas des 20 000 M du plan Blum dont le détail ne
peut figurer dans aucun document comptable de l'Etat puisqu'il s'agit d'un total
de dépenses envisagées pour toutes les collectivités publiques, sans valeur législa
tive ou réglementaire.
708 Pierre Saly
B. Pas d'effet significatif sur la mobilisation de l'épargne
1. Ni par les prêts et subventions sur emprunts
Naturellement, dans une perspective de macroéconomique keyné-
sienne avant la lettre, on peut soutenir qu'une politique de prêts ou
de subventions sur intérêts aux investissements

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