La précarité alimentaire en Afrique - article ; n°95 ; vol.24, pg 589-596
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Description

Tiers-Monde - Année 1983 - Volume 24 - Numéro 95 - Pages 589-596
8 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié le 01 janvier 1983
Nombre de lectures 19
Langue Français

Extrait

Michel Labonne
La précarité alimentaire en Afrique
In: Tiers-Monde. 1983, tome 24 n°95. pp. 589-596.
Citer ce document / Cite this document :
Labonne Michel. La précarité alimentaire en Afrique. In: Tiers-Monde. 1983, tome 24 n°95. pp. 589-596.
doi : 10.3406/tiers.1983.4313
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/tiers_0040-7356_1983_num_24_95_4313LA PRÉCARITÉ ALIMENTAIRE
EN AFRIQUE
par Michel Labonne*
I. — La situation alimentaire africaine
Depuis une dizaine d'années, les famines s'abattent assez régulièrement
sur diverses zones de l'Afrique. Mais à côté d'accidents conjoncturels dramat
iques, se profile de plus en plus distinctement un accroissement structurel et
généralisé de la précarité alimentaire; la plupart des pays ne peuvent arriver
à fournir une ration à peine suffisante en moyenne à leur population que grâce
à des importations accrues de produits alimentaires.
L'évaluation de la ration alimentaire africaine au début des années 80
montre une moyenne équivalente aux besoins énergétiques calculés, de l'ordre
de 2 300 calories. Au cours des vingt dernières années, une progression très
lente, inférieure à 5 %, s'est manifestée, avec une inflexion en 1972 et 1973
où la sécheresse a sévi, parfois de façon dramatique, en divers points du
continent.
La ration protéique, avec sa composante de protéines d'origine animale,
stagne depuis deux décennies autour d'un niveau jugé comme à peine suffisant
avec 59 g par jour et par personne.
Le gain positif enregistré par la ration lipidique, de l'ordre de 10 %,
est dû essentiellement à un apport plus important d'huiles végétales. Pour les
autres éléments nutritifs, la stagnation du niveau de la ration moyenne par
tête constitue la caractéristique essentielle.
Deux remarques s'imposent; tout d'abord, les disponibilités alimentaires
par personne, si elles arrivent à couvrir en principe les besoins nutritionnels
calculés moyens, sont insuffisantes pour remédier aux inégalités de distribu
tion. Ainsi, des groupes sociaux importants ou des zones géographiques
exposées aux aléas climatiques ou aux troubles créés par l'homme, se trouvent
en situation nutritionnelle défavorable et la précarité alimentaire devient une
donnée fondamentale de l'état de l'Afrique. Ensuite, on doit remarquer
que le niveau des disponibilités alimentaires n'a pu se maintenir que grâce
aux apports assurés par des importations croissantes portant sur des produits
* Maître de Recherches à I'inra.
Revue Tiers Monde, t. XXIV, n° 95, Juillet-Septembre 1983 ,
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III
«Чз-б te й и LA PRECARITE ALIMENTAIRE 5Ç)I
de première consommation et parfois dans une proportion telle que l'on a
parlé de « produits stratégiques » pour certaines régions du continent.
Ainsi, pour les céréales, ce phénomène est particulièrement sensible
puisque non seulement les tonnages importés ont crû considérablement,
dépassant les 11 millions de tonnes au début de la décennie, mais encore,
malgré les augmentations de la production locale, le taux de dépendance de
l'extérieur a doublé en dix ans.
La situation diffère d'une région de l'Afrique à l'autre et il s'avère indi
spensable de distinguer entre les groupes de pays correspondant aux grandes
zones écologiques : Afrique septentrionale, Sahel, Afrique occidentale, Afrique
centrale, Afrique australe et orientale. D'un point de vue alimentaire, nous
rencontrons des modèles à dominante céréalière dans les zones méditerra
néennes ou tropicales sèches, tandis que les tubercules forment la base de la
ration dans les zones tropicales humides; des modèles intermédiaires se ren
contrent dans les zones de transition et dans les villes. Les contraintes natur
elles, techniques et humaines font que l'on observe des inégalités entre
régions.
Tableau 2. — Apport énergétique par région en
Apport
énergétique Taux
Régions alimentaire Besoins de couverture
Afrique septentrionale 2 260 2415 107
Sahel 1 810 2 200 85
Afrique occidentale 2 170 98 2 135 centrale 1 920 2 080 92
Afrique orientale et australe 2 120 2 150 99
La précarité alimentaire règne absolument sur l'Afrique, et toute la partie
subsaharienne semble entrer dans une période de déficit alimentaire structurel,
parfois très marqué, comme le Sahel.
Le rôle indispensable des importations alimentaires entraîne la dépendance
des pays du continent vis-à-vis de l'extérieur pour de nombreuses denrées
de base. Là encore, les situations varient d'une région à l'autre ainsi que dans
le temps.
La lecture du tableau 3 doit être entreprise avec prudence. En effet,
il semblerait que globalement, à l'exception des céréales et du lait, la dépen
dance de l'Afrique a diminué; en fait, on doit considérer que la couverture
des besoins calculés est insuffisante sur plus de la moitié du continent, montrant
l'insuffisance des échanges et de la production pour satisfaire les niveaux
alimentaires normalement requis. Ensuite, on doit constater, au niveau de
chaque région, l'aggravation de la situation dans la plupart des cas : Afrique
septentrionale, Sahel, Afrique centrale notamment. Il est incontestable que
les programmes de production sucrière mis en œuvre au cours des vingt
dernières années ont largement contribué à faire régresser la dépendance
africaine en ce domaine, mais le taux d'autosuffisance en autres aliments
de base, exprimé en valeur énergétique, montre un recul général de toutes MICHEL LABONNE
Tableau 3. — Dépendance (*) à Г égard des importations
pour les principaux produits (1961-1965 et 1974-1976)
berc.
les
végéta tu
et Légumes S Céréales Poisson Racines Viande Huiles s Fruits Sucre Lait 1»
1
1961-1965
Afrique septentrionale 11 15 24 5 7 69
Sahel 100 2 6 7 5 9
Afrique occidentale 41 90 1 1 5 35 19 centrale 10 2 1 14 27 35
Afrique orientale Illustration non autorisée à la diffusion
et australe II 3 4
Afrique 8 2 10 8 21
1 974-1976
Afrique septentrionale 28 2 28 6 17 53
Sahel 14 84 9 17 3
Afrique occidentale 10 71 1 14 14 57 centrale 36 1 5 14 25 49 3
Afrique orientale
et australe 6 8 2
Afrique 2 18 17 19
Importations nettes • (*) Taux de dépendance Disponibilités intérieures totales
Source : Plan alimentaire régional pour ГА/rique, fao, 1980.
les régions : les échanges commerciaux fournissent plus de 10 % des calories
consommées sur le continent, sans pour autant le délivrer de la précarité.
Les régions péri-sahariennes (Afrique septentrionale et Sahel) ont vu
leur autosuffisance se dégrader plus rapidement que les autres régions. Ce
recul, quoique se déroulant dans des zones où l'incertitude climatique rend
possibles de fortes fluctuations de la production, semble devoir être considéré
comme une donnée irréversible pour les années à venir, les productions
nationales manifestant les plus grandes difficultés pour s'accroître à un rythme
compatible avec l'augmentation de la population. Au cours des cinq dernières
années, aucun fait nouveau n'est venu démentir cette analyse et les importat
ions alimentaires des pays africains continuent à croître. La situation aliment
aire reste si tendue que, quand un pays bénéficie de rentrées de devises subs
tantielles (rente minéralière ou pétrolière, aide extérieure notamment), ses
importations de produits agricoles et alimentaires augmentent de façon parfois
spectaculaire. LA PRECARITE ALIMENTAIRE 593
II. — Principaux déterminants du problème alimentaire
EN AFRIQUE
Du point de vue de la demande, deux facteurs essentiels

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