La psychasthénie - article ; n°1 ; vol.10, pg 284-295
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Description

L'année psychologique - Année 1903 - Volume 10 - Numéro 1 - Pages 284-295
12 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1903
Nombre de lectures 32
Langue Français

Extrait

A. Pitres
La psychasthénie
In: L'année psychologique. 1903 vol. 10. pp. 284-295.
Citer ce document / Cite this document :
Pitres A. La psychasthénie. In: L'année psychologique. 1903 vol. 10. pp. 284-295.
doi : 10.3406/psy.1903.3553
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/psy_0003-5033_1903_num_10_1_3553LA PSYCH ASTHENIE
I. — Hésitation des doctrines médicales relativement à la classification
des syndromes morbides intermédiaires entre les psychoses vraies et
les névroses pures. — Définition de la Psychasthénie. — Caractères
généraux de ses manifestations.
II. — Résumé des idées de M. Janet sur la Symptomatologie et la patho
génie de la psychasthénie. — Les symptômes apparents ; idées obsédantes
et agitations forcées; les symptômes cachés ou stigmates : sentiments
d'incomplétude et d'insuffisance psychologique; les perturbations él
émentaires : perte de la fonction du réel et abaissement de la tension
psychologique.
III. — Critique de la théorie d'après laquelle M. Janet subordonne les
symptômes aux stigmates et les stigmates aux perturbations élément
aires du fonctionnement mental. — Nécessité de faire une place, â côté
des phénomènes intellectuels, aux phénomènes d'origine émotive et
volontaire. — Conclusion.
I
Entre les vésanies franches, telles que la lypémanie ou le délire
systématisé chronique, et les névroses bien définies, comme l'hys
térie ou l'épilepsie, il existe un groupe très important de syndromes
morbides dont l'étude est restée jusqu'à ce jour fort incomplète. Ce
groupe comprend : les idées fixes non délirantes (imperatives ideas
de Hack Tücke); les obsessions et les phobies avec leurs innombrab
les variétés (agoraphobie, claustrophobie, nosophobie, ereuto-
phobie, etc.); les états anxieux de doute, d'interrogation, de scru
pule, de contact, etc. ; les petites manies mentales (arithmomanie,
onomatomanie etc.); les folies dites lucides ou raisonnantes; les
monomanies sans délire ou abortives; le délire émotif de Morel; la
névropathie cérébro-cardiaque de Krishaber; la névrose d'angoisse
de Freud; les agitations incoercibles; les impulsions conscientes;
les tics d'origine psychique, etc., etc.
Les phénomènes pathologiques compris sous ces différentes dési
gnations sont extrêmement fréquents. Ils ont fait l'objet de recher
ches nombreuses et de descriptions isolées, fragmentaires, dont
quelques-unes sont des modèles de très fine observation médico-
psychologique. Mais les cliniciens ne sont pas encore parvenus à
se mettre d'accord sur les rapports qui les unissent et sur la place PITRES. — LA PSYCH ASTHENIE 285 A.
qu'il convient de leur assigner dans une systématisation nosologique
rationnelle des troubles de l'esprit. Quelques-uns en ont fait des
syndromes épisodiques de la dégénérescence mentale (Magnan et
ses élèves) ou, ce qui revient à peu près au même, des formes rudi-
mentaires de la paranoia (Arndt, Morselli); d'autres les ont rattachés
à la neurasthénie et les ont donnés comme les symptômes d'une
variété particulière de cette maladie, la variété cérébrasthénique ou
psychasthénique. Mais tout en reconnaissant les analogies qu'ils
présentent avec l'aliénation mentale, d'une part, et la maladie de
Beard, d'autre part, les médecins se sont en général refusés à les
confondre avec les psychopathies vésaniques vraies ouavecles états
neurasthéniques simples; et plutôt que de se laisser eutraîner à des
généralisations insuffisamment justifiées ils ont persisté jusqu'à
présent à les envisager séparément comme des phénomènes mor
bides aberrants, mal déterminés, dont la véritable signification et la
position nosographique restaient encore à fixer.
Un savant très érudit, qui est à la fois un philosophe profond et
un clinicien des plus distingués, M. Pierre Janet, a repris récem
ment leur étude, et, les réunissant tous dans une description com
mune, il en a formé les éléments d'une grande psychonévrose
« établie sur le modèle de l'hystérie ou de l'épilepsie », à laquelle
il a donné le nom de Psychasthénie.
Quelque hardie que paraisse à première vue cette conception
d'une maladie nouvelle, autonome, englobant dans sa Symptomatol
ogie toute une série de phénomènes placés sur les frontières de la
folie et de la neurasthénie, mais n'appartenant en propre ni à l'une
ni à l'autre, elle est appelée, croyons-nous, à rallier les adhésions de
la grande majorité des médecins. L'éminent successeur de Charcot à
la chaire de la Salpêtrière l'a déjà prise sous son haut patronage et
l'a introduite dans son enseignement si justement apprécié. Elle ne
tardera probablement pas à devenir classique : dans un avenir très
prochain on parlera couramment de la psychasthénie comme on
parle aujourd'hui de l'hystérie ou de l'épilepsie.
Qu'est-ce donc que la psychasthénie? On pourrait, ce nous semble,
en donner la définition suivante : La psychasthénie est une psychonév
rose cliniqucment caractérisée par l'apparition incoercible, clans la
conscience restée intacte, de pensées, d'émotions ou d'impulsions parasites
qui tendent à s'imposer au moi, évoluent à côté de lui et malgré lui
sans altérer gravement le fonctionnement général du raisonnement, de
la mémoire et du jugement, et finissent par déterminer une sorte de dis
sociation psychique dont le dernier terme est le dédoublement conscient
de la personnalité ou le sentiment de la dépersonnalisation.
Cette définition n'est certainement pas parfaite. L'avenir en
modifiera sans doute quelques termes. Telle qu'elle est elle suffit
cependant à séparer la maladie qu'elle vise des autres maladies
mentales ou nerveuses avec lesquelles on aurait tendance à la con
fondre. Elle la distingue notamment : de l'aliénation mentale, dans
laquelle les hallucinations et les conceptions délirantes sont
acceptées par la conscience comme des réalités opprimant la volonté 286 REVUES GÉNÉRALES
et aboutissant habituellement à l'action; de l'hystérie dans laquelle
la plupart des phénomènes sont sub-conscients; de l'épilepsie dans
laquelle tout est inconscient; de la neurasthénie simple l'état mental, uniformément déprimé, ne comporte qu'un
certain nombre d'idées fixes et de sentiments stéréotypés beaucoup
plus uniformes que ceux qui entrent dans la constitution de l'état
psychasthénique.
Les éléments qui composent la psychasthénie sont toutes les
variétés d'idées fixes, de délires incomplets, de manies partielles,
d'états anxieux permanents ou paroxystiques, d'impulsions motrices
avortées qui figurent actuellement dans la pathologie sous les noms
variés que nous avons précédemment énumérés, ou, pour être plus
exact, tous ceux de ces phénomènes morbides qui ont pour carac
tères communs :
1° De se présenter involontairement et de s'imposer impérative
ment à la conscience ;
2° D'évoluer à côté du Moi qui les répudie et s'efforce vainement
de les repousser;
3° D'aboutir à la dissociation du sentiment de l'unité sur lequel
est basée la notion intime de notre personnalité morale.
Ce sont tous ces éléments, dont les analogies n'avaient jamais été
suffisamment mises en relief, que M. Janet a eu le très grand mérite
de réunir pour en former la Psychasthénie. Ce nom est heureuse
ment choisi et il sera bientôt adopté par tout le monde pour deux
raisons principales. La première c'est que la conception qu'il syn
thétise repose non pas sur une systématisation artificielle, ing
énieusement édifiée en dehors de l'observation directe des faits, mais
bien sur la comparaison judicieuse d'un très grand nombre de
documents cliniques précis, recueillis sans parti pris et sans idées
préconçues. La seconde, d'ordre plus terre à terre, c'est qu&

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