La régionalisation en Tunisie - article ; n°55 ; vol.14, pg 597-614
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Tiers-Monde - Année 1973 - Volume 14 - Numéro 55 - Pages 597-614
18 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1973
Nombre de lectures 30
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Jean Poncet
La régionalisation en Tunisie
In: Tiers-Monde. 1973, tome 14 n°55. pp. 597-614.
Citer ce document / Cite this document :
Poncet Jean. La régionalisation en Tunisie. In: Tiers-Monde. 1973, tome 14 n°55. pp. 597-614.
doi : 10.3406/tiers.1973.1948
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/tiers_0040-7356_1973_num_14_55_1948LA RÉGIONALISATION EN TUNISIE
par Jean Poncet*
DIFFICULTÉS DE LA RÉGIONALISATION
L'échec des politiques de régionalisation est patent, jusqu'à ce jour, dans
les plus grands pays « développés » du système « occidental ». En France part
iculièrement, de grandes régions historiques ou géographiques comme la
Bretagne, le Centre ou le Midi entre autres, sont le thème de maintes études
et programmes, sans pour autant qu'ait été inversé aucun des processus majeurs
par lesquels se traduit l'inégalité du développement national en leur défaveur.
A un niveau moins général, l'analyse démographique ou économique
décèle aussi bien le poids excessif de certaines zones urbaines et industrielles
que l'ankylose et l'abandon relatif d'arrondissements administratifs, voire
de départements entiers... Le gouvernement et les grands partis politiques font
de la régionalisation un de leurs principaux chevaux de bataille parce qu'il n'est
plus possible de nier l'importance ni la gravité des pressions et des déséquil
ibres engendrés, dans tous les domaines, beaucoup moins par l'inégale répar
tition des ressources naturelles ou des chances historiques mal dominées que
par l'essor d'un mode de production qui concentre au maximum les moyens
et les forces productives accaparés par de puissants monopoles. Le système
s'avère incapable de redistribuer et de répartir produits et richesses créés
à l'intérieur d'un espace rationnellement aménagé, au profit de toutes les
populations qui y vivent.
On pourra évoquer aussi l'exemple de l'Italie, qui a poussé beaucoup plus
loin et jusqu'à un certain point rendu effective une politique de régionalisation,
jusque sur le plan de la gestion politique, administrative et financière. Malgré
un effort exceptionnel de l'Etat, le Mezzogiorno n'a pas cessé d'être un ensemble
régional peu industrialisé, relativement aux régions septentrionales du pays,
et les zones pauvres des montagnes et des collines méridionales surtout, un
foyer d'émigration, de sous-emploi et de basse productivité...
Sans aller plus loin dans cette évocation des problèmes posés par l'inégal
développement régional, dans tels pays dits « développés », où existent du
* Chargé de Recherche au C.N.R.S., docteur es lettres.
597 TIERS MONDE
moins de larges aires urbanisées et industrialisées capables d'absorber les
populations qui proviennent des régions en voie de déclin, nous ne pouvons
que constater le caractère bien plus aigu de la même crise dans les pays dits
« sous-développés ». Le propre de ces derniers n'est-il pas de constituer
globalement d'ailleurs une vaste zone incomplètement industriaHsée et urba
nisée, dans la dépendance des véritables maîtres du système où ils sont intégrés ?
Il ne faut pourtant pas s'y tromper : les pays « sous-développés », en réalité
pays ex-coloniaux ou dépendants, sont eux-mêmes, et au plus haut point, le
théâtre d'une désintégration régionale et interrégionale, qui est l'un des plus
sûrs indices de la crise générale du développement de ce type de société.
C'est une telle destruction de l'unité économique ou plus exactement des
rapports et des échanges plus ou moins équilibrés d'une part, de la cohérence
sociale d'autre part, qui est la principale caractéristique des pays « sous-
développés ». Bien que cette définition du pays « sous-développé » reste
confuse et sujette à grandes variations, comme toutes les définitions du sous-
développement qui ne se réfèrent qu'à des critères propres aux pays considérés
et omettent l'essentiel, c'est-à-dire la dépendance et l'exploitation dont ils
sont l'objet du fait des puissances monopolistes, elle permet de reconnaître la
situation de sous-développement. Elle souligne, en effet, cette dislocation
et cette ruine des activités productives traditionnelles, qui ne peuvent plus
alimenter ni soutenir un ordre social et politique satisfaisant tant bien que mal
les besoins ressentis.
LE PROBLÈME EN TUNISIE
La Tunisie est un de ces pays qui ont cessé de constituer des formations
sociales, économiques et politiques assez équilibrées et cohérentes pour occuper
leurs forces productives et répondre aux besoins éprouvés par leur population.
Celles-ci ne ressentent pas seulement des « manques » traditionnels — la
faim, le désarroi devant des calamités exceptionnelles, etc. — qui entraient,
si l'on peut dire, dans la « normale » de sociétés insuffisamment évoluées
techniquement pour dominer tout à fait leur milieu physique en particulier.
Le propre des peuples sous-développés n'est pas de se trouver aux prises avec
des difficultés connues, qui ont toujours été à la base du progrès, de la format
ion des liens sociaux, de la structuration collective des cités et des Etats —
et qui peuvent être mieux résolues dans une société ou un Etat plus évolué.
Il est de ne plus pouvoir y faire face avec leurs propres ressources, avec leur
force de travail, leur organisation sociale, de se trouver au contraire empêchés
de prendre part à cette tâche commune de la société et de la civilisation nouv
elles dans lesquelles ils ont été intégrés malgré eux ou sans eux. Ainsi le
peuple tunisien, qui était resté un peuple de petits paysans, jardiniers, arbori-
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culteurs, céréaliculteurs, éleveurs, de familles indivises, de communautés vill
ageoises ou semi-nomades, sécrétant ses petites villes artisanales et commerç
antes, son aristocratie et son Etat, depuis des siècles innombrables, au travers
de toutes les péripéties d'une longue histoire, s'est trouvé relié, puis subor
donné à une sphère économique, financière, industrielle et moderne, qui a
concurrencé et ruiné ses activités, annexé son Etat, exploité enfin ses ressources.
Ses forces productives ont cessé d'évoluer dans leur sphère propre et n'ont pu
tirer le profit des progrès techniques réalisés en dehors d'elles.
Le problème fondamental apparu et ressenti dès lors est celui de la réadap
tation de tout l'ensemble national à un nouveau stade historique, dont les
conditions d'apparition n'ont pas été réunies par un processus évolutif normal.
Il y a bien eu sans doute apparition d'un secteur moderne, importé et initial
ement commandé, si ce n'est entièrement constitué par un élément étranger,
colons, techniciens, cadres, fournisseurs de biens d'équipement et de consomm
ation, entrepreneurs et investisseurs. Ce mouvement, localisé essentiellement
dans les zones littorales, urbaines et portuaires, les plus favorables, lançant
seulement vers l'intérieur du pays quelques antennes destinées à en drainer
les matières premières et les productions agricoles les plus importantes, ne
suscitait qu'une modernisation restreinte et localisée de l'équipement productif;
il n'entraînait qu'une amélioration plus lente et limitée encore du niveau social
et culturel — quand il ne provoquait pas, au contraire, par sa seule présence,
la ruine ou la disparition des anciennes structures. L'aménagement du terri
toire était orienté en fonction d'intérêts et d'optiques étrangers à la population
« traditionnelle », considérée comme frappée d'incapacité permanente... De
ce fait, toute croissance, toute « modernisation » des infrastructures et des
moyens de production, tout « progrès » social et culturel, toute accumulation
de richesse se réalisaient non point à partir des niveaux antérieurement exis
tants dans le pays, mais aux dépens de ceux-ci. Non seulement cette croissance
excluait, en effet, par la force des cho

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