La réinsertion de l Afrique du Sud dans l économie internationale - article ; n°159 ; vol.40, pg 667-691
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Description

Tiers-Monde - Année 1999 - Volume 40 - Numéro 159 - Pages 667-691
25 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1999
Nombre de lectures 30
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Jean Coussy
La réinsertion de l'Afrique du Sud dans l'économie internationale
In: Tiers-Monde. 1999, tome 40 n°159. pp. 667-691.
Citer ce document / Cite this document :
Coussy Jean. La réinsertion de l'Afrique du Sud dans l'économie internationale. In: Tiers-Monde. 1999, tome 40 n°159. pp. 667-
691.
doi : 10.3406/tiers.1999.5331
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/tiers_1293-8882_1999_num_40_159_5331LA RÉINSERTION DE L'AFRIQUE DU SUD
DANS L'ÉCONOMIE INTERNATIONALE
par Jean Coussy*
Trois projets s'opposaient en 1994 pour réinsérer l'Afrique du Sud dans
l'économie mondiale : libéralisme qui attirerait les investisseurs, rattrapage social qui
enfreindrait le libéralisme et conservation des avantages comparés construits par le
protectionnisme antérieur. L'originalité de la politique des cinq dernières années a
été de combiner et parfois même de juxtaposer, dans un esprit consensuel, ces trois
logiques. Cela n'a pas été sans contradictions et blocages, mais le défi de la
réinsertion commerciale a été relevé et la réinsertion financière a connu un succès
unique en Afrique sub saharienne. Aujourd'hui ces succès s'avèrent vulnérables à la
conjoncture et la crainte apparaît d'une crise entre les aspirations internes et une
désaffection des investisseurs, même nationaux. Mais ce serait céder à la mode que
d'oublier que les incohérences de politique économique, aujourd'hui critiquées, étaient
hier louées pour avoir permis un consensus national et une réinsertion
internationale...
i/la crise d'un mode d'insertion hétérodoxe,
efficace mais historiquement condamné
1. L 'insertion traditionnelle : une économie complexe
créée sur la base d'une économie minière
L'insertion commerciale, financière de l'Afrique du Sud dans
l'économie internationale a toujours été très spécifique.
— L 'insertion commerciale reposait sur la compétitivité et la rentab
ilité d'un secteur : les exportations minières. Ces exportations à un
prix élevé et stable permettaient un taux élevé d'accumulation par la
* CERl et DIAL
Revue Tiers Monde, t. XL, n° 1 59, juillet-septembre 1999 668 Jean Coussy
formation d'une épargne interne, par l'attraction d'investissements
étrangers et par l'apport des devises nécessaires à l'importation
d'équipements.
Contrairement aux modèles simplifiés de syndrome hollandais, ces
exportations peu diversifiées ont permis la construction d'une éco
nomie complexe. D'une part les entreprises minières réinvestissaient
une partie de leurs profits dans les industries manufacturières (notam
ment dans les industries en aval de leurs filières) et géraient progress
ivement des conglomérats. D'autre part, les recettes d'exportations per
mettaient à un pouvoir politique très interventionniste de mener une
stratégie de diversification et de créer des emplois publics et privés
réservés à la minorité blanche. Ce qui, ajouté à la production agricole,
permettait la croissance d'un marché interne générateur d'un secteur
de services qui était abrité de la concurrence extérieure. L'industrie
manufacturière, elle, n'aurait pas été viable sans un système protecteur
(qui faisait de toute la sacu1 un marché réservé), sans un système de
subventions aux exportations2 et sans le marché des pays africains voi
sins suffisamment proches pour créer une demande captive (par les
coûts de transport) et qui, sauf le Zimbabwe, n'étaient pas eux-mêmes
des concurrents industriels. C'est ainsi que, malgré le nombre réduit
d'exportations compétitives, a pu être évité le syndrome hollandais3 et
a pu être construite consciemment une « économie complexe ».
Ce résultat était obtenu sans intégrer l'ensemble de la majorité noire
dans le mode de consommation moderne et en ne cédant que tardiv
ement sur le niveau de rémunération du travail, ce qui maintenait la ren
tabilité des exportations minières et ce qui distinguait radicalement le
mode de développement du modèle fordiste4 - peut-être pourrait-on
parler d'un marché du travail tayloriste couplé à la création d'un mar
ché interne protégé ? Cette régulation n'était possible que parce que le
1. Southern Africa Customs Union.
2. Le GEIS, General Export Incentive Scheme.
3. Même si elle emploie plus de main-d'œuvre que les économies pétrolières, l'économie minière est
constamment menacée d'un syndrome hollandais. Mais celui-ci peut être évité quand il y a volonté de
maintenir d'autres productions soit pour des raison économiques soit pour des raisons sociales. Ici il y
avait une volonté de ne pas exclure un groupe social (la minorité blanche), ce qui exigeait de créer des
emplois non conformes aux avantages comparatifs statiques. L'économie sud-africaine a toujours pratiqué
ce mode de régulation. C'est pourquoi elle a été considérée par certaines analyses néoclassiques comme un
lieu de gaspillage des ressources (Graham Davies, 1994). Ce diagnostic de gaspillage apparaît discutable
si, d'une part on introduit les coûts des conflits politiques qui étaient ainsi atténués au sein de la minorité
blanche et si l'on fait entrer dans le calcul économique l'affaiblissement du syndrome hollandais. Celui-ci
n'a pas pour autant complètement disparu, il a toujours contribué à la faible compétitivité de l'industrie
manufacturière et menacé, à certaines périodes, d'une surévaluation du taux de change réel.
4. Stephen Gelb (1991), p. 15, utilise l'expression de fordisme racial et y voit une forme de « sous-
fordisme », au sens défini par Alain Lipietz pour désigner les cas de modernisation par l'emploi de la tech
nologie fordiste et le modèle de consommation sans évolution fordiste du marché du travail et des normes
de la consommation de masse. réinsertion de l'Afrique du Sud 669 La
surplus à distribuer était suffisamment abondant pour créer un marché
interne sans y intégrer l'ensemble de la population. Tant que le salaire
des mineurs a été maintenu à un bas niveau (notamment par l'utilisation
du travail migrant), il n'y avait pas de menace ni sur la compétitivité, ni
sur la rentabilité, ni sur le taux d'accumulation des entreprises minières.
Ce qui permettait la reproduction élargie du système.
— L'insertion financière se caractérisait par l'existence d'un sys
tème financier national, unique en Afrique, et par des entrées de capi
taux étrangers, en provenance notamment du Royaume-Uni, mais
aussi par un protectionnisme financier sélectif à l'égard des capitaux et
des entreprises étrangères. Ce protectionnisme était géré à la fois par
l'État et les intérêts privés en place, nationaux ou étrangers. Il permett
ait de filtrer les entrées de capitaux selon leurs origines et selon les ri
sques de concurrence qu'ils présentaient pour les oligopoles en place.
Ce protectionnisme à l'égard des investissements étrangers s'étendait à
la sacu, et les blsn1 se sont plaints, à maintes reprises, des stratégies
privées ou publiques utilisées pour décourager les implantations
d'entreprises non sud africaines. Même l'accès à la bourse des valeurs
et la pénétration du secteur bancaire, qui constituaient des canaux non
négligeables d'entrées de capitaux, étaient contrôlées.
Ce mode très particulier d'insertion commerciale et financière a
souvent été décrit comme principalement politique puisqu'il reposait
sur la violence politique à l'égard de la majorité noire et sur un com
promis politique au sein de la minorité blanche (la création d'emplois
et la répartition de revenus étant décidée consciemment par le pouvoir
politique en fonction des besoins des moins favorisés de la minorité
blanche). Mais c'était simultanément une régulation macro-éco
nomique viable qui parvenait à faire coexister des caractéristiques qui
sont généralement opposées : intégrat

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