La situation linguistique en Casamance et Guinée-Bissau. - article ; n°79 ; vol.20, pg 369-386
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Description

Cahiers d'études africaines - Année 1980 - Volume 20 - Numéro 79 - Pages 369-386
A. Kihm—Linguistic Situation in Casamance and Guine-Bissau.
A sketch of the different social positions of Portuguese Creole in Senegal—where it is not a lingua franca but rather the language of one specifie group—and Guine-Bissau where its situation is far closer to that of 'classical' creoles and pidgins. The second part deals with the theoretical and practical problems encountered in the author's attempt to write a modem linguistic description of Kriyol.
18 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1980
Nombre de lectures 45
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Monsieur Alain Kihm
La situation linguistique en Casamance et Guinée-Bissau.
In: Cahiers d'études africaines. Vol. 20 N°79. 1980. pp. 369-386.
Abstract
A. Kihm—Linguistic Situation in Casamance and Guine-Bissau.
A sketch of the different social positions of Portuguese Creole in Senegal—where it is not a lingua franca but rather the language
of one specifie group—and Guine-Bissau where its situation is far closer to that of 'classical' creoles and pidgins. The second part
deals with the theoretical and practical problems encountered in the author's attempt to write a modem linguistic description of
Kriyol.
Citer ce document / Cite this document :
Kihm Alain. La situation linguistique en Casamance et Guinée-Bissau. In: Cahiers d'études africaines. Vol. 20 N°79. 1980. pp.
369-386.
doi : 10.3406/cea.1980.2342
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/cea_0008-0055_1980_num_20_79_2342ET DOCUMENTS NOTES
ALAIN KIHM
La situation linguistique en Casamance et Guinée-Bissau
ESQUISSE UN TABLEAU LINGUISTIQUE
Description du terrain
Casamance et Guinée-Bissau forment un ensemble linguistique et ethnique qui
été divisé que par les hasards de la politique coloniale lorsque en 1886 la auparavant portugaise est vue rattachée au Sénégal Mais là comme
ailleurs en Afrique la carte jamais été le territoire aucun moment même
pendant la guerre indépendance de la Guinée-Bissau la frontière été totale
ment fermée les réfugiés ont continué passer au Sénégal et le ravitaillement
transiter vers les maquis clandestinement bien sûr
Langues autochtones
Du point de vue linguistique la Casamance et la Guinée-Bissau se caractérisent
par une extrême diversité Considérons tout abord les langues que faute un
adjectif vraiment meilleur je qualifierai autochtones voulant dire simplement
par là elles étaient probablement utilisées dans la région avant arrivée des
Européens Pour une population environ 800 ooo habitants la Guinée-Bissau
compte avec une imprécision révélatrice entre dix-huit et vingt-deux langues
Deux entre elles appartiennent au groupe mande de la famille Niger-Congo le
manding ou malinké et le usu parlé par de petits groupes près de la frontière de
la Guinée-Conakry où résident la majorité des locuteurs Toutes les autres relèvent
du groupe ouest-atlantique de la même famille Si on les répartit par sous-groupes
on obtient le tableau suivant
Nord fulfulde peul dont les dialectes sont ici ceux du Firdu et du Fuuta-Jalon
Bak balanta manjaku divisé en manja ku proprement dit mankany avec les
dialectes woo et hula et pepel jamaat jola dont les deux dialectes parlés en
Guinée-Bissau sont le bayot et ararne
Tenda-nyuuny avec les langues suivantes buy haal nyuuny jääd tanda
njoola nalu
Mansoanka avec les dialectes sua et kunante et auquel se rattache le bijogo
La Casamance apparaît un peu moins exubérante mais le territoire est plus
petit On compte sept langues autochtones malinké jola baynuk manjaku
mankany pepel et balanta Toutes ces langues on le voit se retrouvent quoi il
en soit de la diversification dialectale de autre côté de la frontière Le baynuk ne
fait pas exception puisque ethnique Baynuk est un autre nom pour les
Nyuuny
Langues importées
II faut maintenant parler des langues importées dont la présence est due
arrivée des Européens soit directement soit indirectement du fait des remanie-
Cahiers tudes africaines 79 XX-y pp ALAIN KIHM 370
ments territoriaux auxquels ils se sont livrés est-à-dire en occurrence le ratta
chement de la Casamance au Sénégal Il abord en Casamance uniquement
semble-t-il le wolof dont le rôle de langue véhiculaire devient de plus en plus
important sur tout le territoire sénégalais On consultera ce sujet les études du
Centre de linguistique appliquée de Dakar voir en particulier CRELANS 1977 et
1978 Wioland 1965 Viennent ensuite les langues que on peut appeler officielles
parce que moyens de communication uniques de tat et de ses dépendances dont
le système éducatif) avec pour conséquence elles sont peu près les seules
écrire et elles dominent largement la radio et la télévision celle-ci au Séné
gal seulement Je veux parler bien sûr du fran ais en Casamance et du portugais
en Guinée-Bissau Dire une langue est officielle dans un pays où elle est pas en
même temps vernaculaire conduit naturellement en estimer le degré de connais
sance dans la population aux deux plans de la compétence et de la performance
ou si on aime mieux de la compréhension et de la production qui ne sont pas
toujours symétriques Mais il va de soi pour des raisons que on comprendra aisé
ment que la situation du portugais en Guinée-Bissau nous intéresse beaucoup plus
que celle du fran ais en Casamance Je dois dire que je ne dispose pas sur ce point de
données quantitatives et je ne suis pas convaincu il en existe Toutefois obser
vation sur place amène penser une connaissance autre que très élémentaire
du portugais est une chose fort rare en Guinée-Bissau apparemment limitée aux
citadins scolarisés qui ne représentent une petite partie de la population totale
Il ailleurs pas étonner de la faiblesse du taux de scolarisation on ne
saurait attendre du gouvernement actuel il ait fait en quatre ans ce que les
Portugais ont pas fait en quatre siècles avait près de 99 analphabètes
au moment de indépendance et une seule école secondaire créée depuis peu Il
ensuit que hors un cercle très restreint le portugais est pas en Guinée-Bissau
une langue de communication au sens où le fran ais est malgré tout au Sénégal
fait qui nous le verrons est pas sans importance où un conseil pratique au
voyageur si vous allez en Guinée-Bissau en ne connaissant que le fran ais et le
portugais essayez abord le premier vous aurez plus de chances de vous faire
comprendre car beaucoup de Guinéens travaillent ou ont travaillé au Sénégal
en arrive maintenant la dernière langue importation le créole portugais
portugais voulant dire que 90 du lexique se laisse ainsi identifier et créole.
il ne agit quand même pas de portugais ne serait-ce que parce que inter-
compréhension avec ce dernier est quasi nulle1 Le créole donc peut-être devrais-je
dire les créoles celui de Casamance et celui de Guinée-Bissau Le fait est ils ne
sont pas identiques Mais encore faudrait-il préciser en quoi et comment ils ne le pas Je voudrais avant tout faire justice de la thèse pour le moins surprenante
avancée par lan Hancock 1977 381 qui affirme sans chercher ailleurs le
démontrer que si le créole de Guinée-Bissau se rapproche de celui des îles du
Cap-Vert ce dont nul ne doute le créole de Casamance lui est mettre en relation
avec ceux des îles du golfe de Guinée Tomé et Pr ncipe avoue ne pas
comprendre où peut venir une telle idée il ne agit pas tout simplement une
méprise Car la comparaison la plus élémentaire suffit en faire ressortir la fausseté
Prenons la négation verbale en créole de Principe Günther 1973 cf Valkhoff
1966 pour le créole de Tomé proche de celui de Principe) elle exprime au
Il est bien certain que le défaut intercompréhension est pas en soi un
critère de différence totale et il suffit écarts finalement mineurs au niveau
phonologique voire phonétique pour le provoquer au moins temporairement
ce que les interlocuteurs se soient adaptés un autre est là une
situation banale laquelle la dialectologie nous habitués Mais agissant un
créole et de la langue standard de même lexique le cas est différent les écarts
touchent tous les niveaux de la grammaire et le passage un système autre est
bien plus un processus apprentissage une langue étrangère une simple conver
sion sur des bases connues et susceptible de se faire dans le temps conversation SITUATION LINGUISTIQUE EN GUINEE-BISSAU 371
moyen une particule fa étymologie inconnue postposée au syntagme verbal
vé fa il ne pas vu Günther 1973 77 en créole de Casamance et de
Guinée-Bissau en revanche on trouve pour la même fonction une particule ka du
portugais nunca jamais préposée au syntagme verbal ka oja-l ikao a:l] il ne
pas vu Soit encore aspect verbal que Günther nomme habituel Principe
on dit ka fala luge iye je parle la langue de île le créole avec un marqueur ka
peut-être du portugais ici en Casamance et en Guinée-Bissau énoncé équi
valent serait ta papya kriyol papja jol] avec un marqueur ta du portugais
estar être dans tel endroit ou état Et faut-il ajouter ce que

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