La solidarité internationale, une profession ? Ambivalence et ambiguïtés de la professionnalisation  - article ; n°180 ; vol.45, pg 735-772
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La solidarité internationale, une profession ? Ambivalence et ambiguïtés de la professionnalisation - article ; n°180 ; vol.45, pg 735-772

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Tiers-Monde - Année 2004 - Volume 45 - Numéro 180 - Pages 735-772
Jean Freyss — International Solidarity, a profession ?
Is the issue of professionalizing ngo's not, in some way, an expression of more profound transformations affecting such organisations ? This article deciphers the main links which condition the strategies of ngo's before presenting a historical and socio-political analysis of movements of international solidarity around two ideological poles : philanthropic charity and social solidarity. From these results the ambivalence of this professionalizing, the notion of which covers two distinct processes whose pertinence raises questions, in the light of the developments which have now led to the pre-eminence of humanitarian urgencies.
38 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 2004
Nombre de lectures 18
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Extrait

Jean Freyss
La solidarité internationale, une profession ? Ambivalence et
ambiguïtés de la professionnalisation
In: Tiers-Monde. 2004, tome 45 n°180. pp. 735-772.
Abstract
Jean Freyss — International Solidarity, a profession ?
Is the issue of professionalizing ngo's not, in some way, an expression of more profound transformations affecting such
organisations ? This article deciphers the main links which condition the strategies of ngo's before presenting a historical and
socio-political analysis of movements of international solidarity around two ideological poles : philanthropic charity and social
solidarity. From these results the ambivalence of this professionalizing, the notion of which covers two distinct processes whose
pertinence raises questions, in the light of the developments which have now led to the pre-eminence of humanitarian urgencies.
Citer ce document / Cite this document :
Freyss Jean. La solidarité internationale, une profession ? Ambivalence et ambiguïtés de la professionnalisation . In: Tiers-
Monde. 2004, tome 45 n°180. pp. 735-772.
doi : 10.3406/tiers.2004.5527
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/tiers_1293-8882_2004_num_45_180_5527LA SOLIDARITÉ INTERNATIONALE,
UNE PROFESSION1?
Ambivalence et ambiguïtés de la professionnalisation
par Jean Freyss*
La question de la professionnalisation des ONG ne cache-t-elle pas
celle des transformations plus profondes qui touchent à la nature même
de ces organisations ? Cet article, après avoir décrypté les trois liens
majeurs qui conditionnent les stratégies des ONG, présente une analyse
historique et sociopolitique des mouvements de solidarité internationale,
organisés autour de deux pôles idéologiques, la charité-philanthropie et
la solidarité sociale. De là découle l'ambivalence de cette professionnalis
ation, notion qui recouvre deux processus fort distincts et dont la perti
nence même est mise en question, face aux dérives qu'impose aujourd'hui
la prééminence de l'urgence humanitaire.
Les ONG de solidarité internationale traversent aujourd'hui une
crise, souvent reliée à la « professionnalisation », en termes de cause
(« la professionnalisation entre en contradiction avec l'engagement »)
mais aussi en termes de solution (« les ong doivent se professionnaliser
pour survivre »). Mais de quoi parle-t-on lorsqu'on invoque la profes
sionnalisation ?
Dans son sens commun, la professionnalisation est un processus
hautement souhaitable : qui contesterait l'intérêt de mobiliser, dans la
* Maître de conférences, iedes, Université de Paris I. Jean Freyss est décédé le 1 1 août 2004. Il
avait consacré ses derniers mois, parmi bien d'autres tâches, à diriger ce dossier « ong : les pièges de la
professionnalisation » avec Anne Le Naëlou. Il venait de terminer, jusque dans ses moindres détails, la
version définitive de cet article, publié ici dans son intégralité. Un hommage lui est rendu en fin de
volume (p. 951). (N.dl.R.).
1. Je remercie les lecteurs du manuscrit de cet article qui m'ont grandement aidé à l'améliorer. Je
remercie également les nombreuses associations dans lesquelles je me suis impliqué depuis longtemps,
notamment aujourd'hui la FPH et maděra, et qui m'ont permis d'acquérir une certaine expérience de la
solidarité et une réflexion sur ses pratiques.
Revue Tiers Monde, t. XLV, n° 180, octobre-décembre 2004 Jean Freyss 736
solidarité internationale comme dans les autres domaines, de bons
professionnels pour travailler mieux, pour être plus efficace ?
Pourtant cette évolution, en cours depuis une quinzaine d'années,
n'est que la face visible de transformations plus profondes qui tou
chent à la nature même des ONG.
L'objet de cet article est de montrer que la professionnalisation des
ONG n'a aucune signification intrinsèque, qu'elle ne prend sens et
contenu qu'à partir d'une analyse des différentes finalités que, dans
leur diversité, les ong se donnent comme horizon de leur action. En
d'autres termes, l'intelligibilité de ce que peut être la professionnalisa
tion pour une ONG passe par la compréhension de sa stratégie qui peut
être décryptée par le triple rapport à la sphère économique, aux pou
voirs publics et à la société civile (lre partie).
Or l'analyse historique des mouvements de solidarité (2e partie)
met en lumière les fondements sociopolitiques et idéologiques de leur
hétérogénéité stratégique qui s'organise autour de deux pôles que l'on
peut nommer la charité-philanthropie et la solidarité sociale. Cette
analyse suppose de sortir du cadre étroit des ONG, forme historiqu
ement datée (dans les trente dernières années) de la solidarité interna
tionale. Celle-ci a en effet revêtu bien d'autres formes dans le passé et
s'exprime aujourd'hui aussi selon modalités (mouvements
sociaux, altermondialisme).
Rapportée à ces deux horizons de la solidarité, la professionnalisa
tion apparaît ambivalente dans son contenu comme dans ses effets,
ambivalence que nous désignons par la distinction entre la profession
nalisation dans les ONG et des ong (3e partie), la première consistant à
incorporer dans I'ong les diverses compétences sectorielles nécessaires
à l'action, la seconde conduisant à développer les capacités de I'ong à
s'inscrire dans les processus de changement social.
La conclusion interroge la pertinence même de la notion de profes
sionnalisation dans le domaine de la solidarité internationale qui,
quelle que soit sa stratégie, ne constitue pas une profession.
Le champ d'analyse sera triplement réduit. Il ne concerne pas les
mouvements de solidarité du Sud pour lesquelles les problématiques
sont significativement différentes. Par ailleurs, la réflexion sera princ
ipalement adossée à l'expérience française. Enfin, en dehors de la partie
historique, les ong considérées seront surtout celles que l'on rattache
habituellement à l'urgence et au développement, laissant de côté par
exemple les ong environnementales ou de défense des droits de
l'homme. La solidarité internationale, une profession ? 131
1 - LES «DÉTERMINANTS STRATÉGIQUES» DES ONG
Le monde des ONG est marqué par une très grande hétérogénéité.
C'est une évidence, toujours rappelée, qui suscite de nombreux efforts
de définition (Meyer, 2001) adoptant un point de vue juridique, socio-
politique.
D'autres tentatives de clarification sont plutôt taxonomiques : par
domaine d'action (santé, agriculture, environnement, espaces urbains,
commerce équitable, droits de l'homme...), par mode d'action (inte
rventions d'urgence, aide au développement, actions de plaidoyer, pro
duction de témoignages, mobilisations citoyennes...) ou par « positio
nnement » des ONG vis-à-vis des autres types d'acteurs ( « coopératif »,
« de veille », « hostile » )'.
Ces diverses approches sont utiles pour cerner l'identité d'une ONG
en la situant dans ce faisceau de caractéristiques. Encore faut-il distin
guer les points de vue normatif (ce que doit être une ONG), déclaratif
(ce qu'une ONG prétend être) et pragmatique (ce qu'est une ONG).
La plupart des auteurs s'entendent au moins sur un point : les ONG
font partie de la famille des associations, à tel point que le vocable
d'Association de solidarité internationale (asi) est préféré, par exemple
par le CRID2, pour désigner les ONG « de solidarité internationale et de
développement ». De même, il existe un large consensus sur la défini
tion de l'entité « association », conçue comme une organisation com
posée d'individus qui se regroupent volontairement pour poursuivre des
objectifs communs (Smouts, Batistella, Vennesson, 2003, 374).
De même qu'une évaluation ne peut être conduite sans être direct
ement référée aux objectifs visés, la question de la pertinence et de
l'efficience de l'action (donc celle de la « professionnalisation »)
renvoie fondamentalement à celle de la substance de ces objectifs com
muns. Nous tenterons ici de définir une approche permettant d'anal
yser les déterminants de ces objectifs que nous qualifierons de déter
minants stratégiques.
Ces objectifs communs connaissent une pre

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