La subduction mentale morbide et les théories psychophysiologiques - article ; n°1 ; vol.25, pg 85-105
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Description

L'année psychologique - Année 1924 - Volume 25 - Numéro 1 - Pages 85-105
21 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1924
Nombre de lectures 26
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

M. Mignard
IV. La subduction mentale morbide et les théories
psychophysiologiques
In: L'année psychologique. 1924 vol. 25. pp. 85-105.
Citer ce document / Cite this document :
Mignard M. IV. La subduction mentale morbide et les théories psychophysiologiques. In: L'année psychologique. 1924 vol. 25.
pp. 85-105.
doi : 10.3406/psy.1924.6139
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/psy_0003-5033_1924_num_25_1_6139IV
LA. SUBDUCTION MENTALE MORBIDE
ET LES THÉORIES PSYGHOPHYSIOLOGIQUES
Par le Dr Maurice Mignard.
Médecin en chef de l'Asile de Vaucluse.
Depuis quelques années déjà, je tente de dégager une notion
qui me parait répondre au problème central de la psychologie
pathologique. Elle me semble en donner une solution accep
table à la fois pour le psychiatre et pour le neurologiste, pour
le psychologue du comportement et celui de l'instrospec-
tion. Certaines critiques, dont quelques-unes se sont produites
ici même, de mes premières esquisses, me portent à penser que
cette idée fut sans doute mal exprimée, peut-être mal comp
rise. D'autre part un ancien travail, paru dans Y Année Psy
chologique, bien que contenant implicitement le principe des
futures recherches, adoptait sans discussion certains points de
vue, alors presque classiques, qu'un examen approfondi n'a
pas laissé subsister. C'est pourquoi je crois devoir exposer
dans ces quelques pages le principe général de la Subduction
Mentale morbide et examiner brièvement quelques-unes des
théories que l'on a pu lui opposer.
Le problème central de la psychologie pathologique, auquel
nous faisions allusion au début de ces lignes, est posé de la
façon la plus caractéristique par ces états, très répandus chez
les psychopathes, que le professeur Claude a récemment réunis
sous le terme de Syndrome d'action extérieure, extérieure étant
pris ici dans le sens d'exogène, et l'action dont on parle parais-
sant subie par le sujet qui en accuse le sentiment. Il s'agit, en
effet, de la curieuse illusion des malades qui considèrent les
états de conscience liés aux troubles dont ils sont atteints comme 86 MÉMOIRES ORIGINAUX
les manifestations d'une intervention étrangère et mystérieuse
dont l'influence vient bouleverser leur corps ou leur esprit,
capter leur pensée, dirige» leurs mouvements ou leur imposer
certaines sensations ou sentiments particuliers. L'on aura
quelque idée de l'étendue très considérable de ce syndrome
mental, si l'on considère qu'il traduit ce qu'il y a de commun
dans les idées délirantes, bien ou mal systématisées, de persé
cution, d'influence,, de possession, d'inspiration,, les sentiments
d'emprise sur la pensée, les hallucinations psychiques ou pseudo^
hallucinations, les hallucinations proprement dites, à quelque
sens qu'elles appartiennent, et notamment les hallucinations
verbales, les troubles' psycho-moteurs connus sous le nom
d'hallucinations psychomotrices« Les obsessions d'une part»
d'autre part les impulsions, lui sont nettement apparentées,
car si, dans ces états, le sujet ne croit généralement pas qu'il
éprouve réellement l'effet d'une intervention étrangère, il n'en
dit pas moins volontiers que tout se passe comme si quelque
forée extérieure le contraignait à ces idées, à. ces actions, et
toutes: les formes à& passage entre ces accidents, et ceux auxq
uels,, précédemment, nous faisions: allusion.
Enfin, cet ensemble de phénomènes, que l'on peut désigner
sous le nom de syndrome cn'action extérieure, ou de sentiment
morbide d'intervention étrangère, se manifeste dans les psy
chopathies les plus diverses au point de vue nosographique.
On peut les rencontrer dans le cours des délires systématisés et
polymorphes, dans les démences paranoides, dans les psychoses
hallucinatoires, dans les délires oniriques et postoniriques, au
cours des bouffées délirantes, chez les hébéphréniques et les
catatoniqMes, dans la paralysie générale,, les délires seniles et
les démences organiques, dans les états méLaneoliqueSy; dans
les états maniaque», et même chez les psychasthéniques.
Dmitre part, un très grand nombre- des autres symptômes men
taux de ces affections peuvent en être rapprochés psycholog
iquement ;et c'est la cause; essentielle de l'opinion de Baillarger,
qui considérait l' aliénation comme caractérisée par l'exereieô
involontaire des fonctions mentales. Enfin, chez le normal lui-
même, elle éclaire d'un jour particulier certains état j psyehx>
physiologiques tels que l'habitude tyrannique^ l'émotion,, la
passion.
Il n'est pas posaMe de nier l'importance et la valeur d'ïaaaje
telle: donnée:. Son interprétation est plus délicate-
Avant de lia discuter, nous exposerons sinaplßnneiafc un«: brève MIGNAKD. LA. S.UEDUCTI.OS. MEKTALE MORBIDE, ETC. 87 M.
mais typique observation^, montrait quelques-uns des aspects
les plus caractérisés de la situation mentale considérée.
* * *
D ....... âgé de 49 ans, métreur,, en traitement à l'Asile de. Vau-
cluse depuis le 10 maBs 1923,. travaille régulièrement dans les
jardins potagers. Son travail, à vrai dire, est un peu mécan
ique. Il s'en acquitte distraitement^ et manifeste peu d'ini
tiative. Mais, sa besogne réglée par d'autres, il l'exécute ponc
tuellement. Il converse peu, n'aime pas qu'on le dérange, s'ar
rête et va volontiers se coucher si l'on veut changer ses habi
tudes. Tout en travaillant il parle, comme s'il s'adressait à des
êtres imaginaires, avec lesquels il semble entretenir des dia
logues, souvent monotones, parfois animés. Si l'on vient à
l'interroger,, il ne fait aucune difficulté pour exposer ce qu'il
ressent et ce qu'il pense : II y a bien des mois, dit-il, qu'on l'a
«tué à l'esprit ». C'est'par ces propres termes que les persécu
teurs imaginaires, 'qu'il croit entendre, désignent son état. Il
pense que ces persécuteurs agissent à grande distance sur son
cerveau, par le moyen de puissantes machines. C'est ainsi qu'il
paraît parler, tandis que ce sont ces personnes qui parlent par
lui, le contraigcnt à prononcer ce qu'elles veulent. Elles le font
aussi marcher, travailler comme une mécanique. agissent
sur ses membres. C'est une domination complète. Il ne fait
rien par lui-même. Il est partout guidé, poussé, contraint.
Même en ce moment, où il paraît nous expliquer son état, il ne
nous dit pourtant que ce que l'on veut qu'il dise, a Ma pensée,
dit-il, n'est plus ma pensée ; c'est une conversation qu'il
tiennent en moi ». Cette conversation a bien tous les caractères
de la parole intérieure, mais accompagnée d'un sentiment de
lassitude et de contrainte,, d'un certain caractère de dégra
d' « abrutissement »„ selon son expression, d'où le dation,
malade conclut qu'elle n'a plus sa liberté naturelle, qu'elle est
imposée du dehors. C'est une conversation « non sonora » ;
mais elle s'accompagne aussi parfois d© sonorités dans le cer
veau. D.... entend des voix sonores dans le cerveau, et aussi,
par moments, en dehors de son corp.3, le mur, par exemple,
lorsqu'il est couchér et dans sa taie d'oreiller. Enfin,, comme il
nous l'a déjà dit, « ils » le font causer comme ils veuleni, en
dedans de lui-même,, ou au deho*s,, à voix basse, ou à. haute
voix. Il ne rêve plusÄ réellement, mais,, à la place-,, « ils » lui 88 MÉMOIRES ORIGINAUX
font voir, surtout lorsqu'il se réveille, des étranges choses,
comme, un fois, un très beau serpent. « Ils » lui font éprouver,
parfois, des odeurs de violette, mais aussi, dans ses aliments
surtout, des goûts d'excréments. Son corps, froid, gelé, (surtout
le cerveau et les pieds), il ne le sent plus apte aux fonctions
normales, mais tout mécanisé dans une existence artificielle,
parcouru de spasmes, de secousses, de douleurs, de piqûres et
de brûlures, qu'il attribue à l'électricité. « En marchant, dit-il,
ils me désarticulent la jambe ». 11 considère aussi que son cœur,
ses poumons sont dirig

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