La théorie soviétique du droit international au cours des années soixante-dix - article ; n°4 ; vol.14, pg 83-96
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Revue d’études comparatives Est-Ouest - Année 1983 - Volume 14 - Numéro 4 - Pages 83-96
Soviet theory of international law for the seventies
Towards the end of the sixties, Soviet leaders became convinced that in order to move forward with the development of Soviet economy, it is necessary to establish closer economic and cultural relations with the industrialized West. One of the facets of this policy was the reorientation of Soviet science of international law, and a less critical view of what was being done scientifically in Western cultures. A turning point took place during the annual meeting of the Soviet Association of International Law, in 1972 at which Professor Tunkin, the leading Soviet publicist criticized the uncritical attitude of his colleagues towards Western science of international law. Since the time, Soviet publicists have adopted the methods of research, techniques of scientific inquiry, and the organization of treaties of international law in the West. Professor Tunkin himself in his studies reaffirmed that there is only one science of international law (Soviet and Western included), that the development of international law is also the achievement of Western scholars, and that only since the October revolution SovieL science armed with the theories of Marx and Lenin are able to perceive more correctly the real development of international law. Soviet scholars began to write with approval about their colleagues in the West, although basic criticism has remained in place. What is even more important, the accepted view now is that there is one general international law binding the capitalist and socialist world, with this reservation however that socialist countries are more respectful of the rights of other countries guaranteed by international law.
Vers la fin des années soixante, les dirigeants soviétiques avaient compris que pour assurer le développement de l'économie soviétique, il fallait établir des relations économiques et culturelles plus étroites avec l'Occident industrialisé. L'un des aspects , de cette politique a été de réorienter la science soviétique du droit international et d'adopter un point de vue moins critique des recherches effectuées dans les pays occidentaux. Un tournant s'est produit lors de la réunion annuelle de l'Association soviétique de droit public, y a villipendé l'attitude de ses collègues vis-à-vis des recherches occidentales en droit international. Depuis cette date, les publicistes soviétiques ont adopté les méthodes de recherche, les techniques scientifiques et la conception des traités de droit international en vigueur en Occident. Le professeur Tunkin lui- même, a réaffirmé dans ses textes l'unicité du droit international (soviétique et occidental), le fait que la progression du droit international est également due aux spécialistes occidentaux même si, depuis la Révolution d'octobre, la science soviétique, armée des théories de Marx et de Lénine, est plus apte à percevoir l'évolution réelle du droit international. Les spécialistes soviétiques se sont mis à considérer avec bienveillance leurs collègues occidentaux tout en leur adressant les mêmes critiques de fond. Plus important encore : on admet dorénavant l'idée qu'il n'existe qu'un droit international général, liant les mondes capitaliste et socialiste, encore que ce dernier soit plus respectueux des droits des autres pays tels qu'ils sont garantis par le droit international.
14 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1983
Nombre de lectures 13
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Kazimierz Grzybowski
La théorie soviétique du droit international au cours des années
soixante-dix
In: Revue d’études comparatives Est-Ouest. Volume 14, 1983, N°4. pp. 83-96.
Citer ce document / Cite this document :
Grzybowski Kazimierz. La théorie soviétique du droit international au cours des années soixante-dix. In: Revue d’études
comparatives Est-Ouest. Volume 14, 1983, N°4. pp. 83-96.
doi : 10.3406/receo.1983.2461
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/receo_0338-0599_1983_num_14_4_2461Abstract
Soviet theory of international law for the seventies
Towards the end of the sixties, Soviet leaders became convinced that in order to move forward with the
development of Soviet economy, it is necessary to establish closer economic and cultural relations with
the industrialized West. One of the facets of this policy was the reorientation of Soviet science of
international law, and a less critical view of what was being done scientifically in Western cultures. A
turning point took place during the annual meeting of the Soviet Association of International Law, in
1972 at which Professor Tunkin, the leading Soviet publicist criticized the uncritical attitude of his
colleagues towards Western science of international law. Since the time, Soviet publicists have adopted
the methods of research, techniques of scientific inquiry, and the organization of treaties of international
law in the West. Professor Tunkin himself in his studies reaffirmed that there is only one science of
international law (Soviet and Western included), that the development of international law is also the
achievement of Western scholars, and that only since the October revolution SovieL science armed with
the theories of Marx and Lenin are able to perceive more correctly the real development of international
law. Soviet scholars began to write with approval about their colleagues in the West, although basic
criticism has remained in place. What is even more important, the accepted view now is that there is
one general international law binding the capitalist and socialist world, with this reservation however that
socialist countries are more respectful of the rights of other countries guaranteed by international law.
Résumé
Vers la fin des années soixante, les dirigeants soviétiques avaient compris que pour assurer le
développement de l'économie soviétique, il fallait établir des relations économiques et culturelles plus
étroites avec l'Occident industrialisé. L'un des aspects , de cette politique a été de réorienter la science
soviétique du droit international et d'adopter un point de vue moins critique des recherches effectuées
dans les pays occidentaux. Un tournant s'est produit lors de la réunion annuelle de l'Association
soviétique de droit public, y a villipendé l'attitude de ses collègues vis-à-vis des recherches occidentales
en droit international. Depuis cette date, les publicistes soviétiques ont adopté les méthodes de
recherche, les techniques scientifiques et la conception des traités de droit international en vigueur en
Occident. Le professeur Tunkin lui- même, a réaffirmé dans ses textes l'unicité du droit international
(soviétique et occidental), le fait que la progression du droit international est également due aux
spécialistes occidentaux même si, depuis la Révolution d'octobre, la science soviétique, armée des
théories de Marx et de Lénine, est plus apte à percevoir l'évolution réelle du droit international. Les
spécialistes soviétiques se sont mis à considérer avec bienveillance leurs collègues occidentaux tout en
leur adressant les mêmes critiques de fond. Plus important encore : on admet dorénavant l'idée qu'il
n'existe qu'un droit international général, liant les mondes capitaliste et socialiste, encore que ce dernier
soit plus respectueux des droits des autres pays tels qu'ils sont garantis par le droit international.La théorie soviétique du droit international
au cours des années soixante-dix
Kazimierz GRZYBOWSKI*
1. LA NOUVELLE APPROCHE
Depuis les purges qui ont frappé les spécialistes soviétiques de droit
public durant les années trente, leur fonction est de servir la politique
étrangère de leur pays1. C'est ce domaine qu'il faut considérer pour saisir
la raison d'être des modifications de leurs conceptions quant au rôle du
droit international. Alors que la doctrine centrale de la coexistence pacifi
que constitue toujours le principe fondamental du droit international
contemporain, les années soixante-dix sont marquées par une nouvelle
approche des publicistes soviétiques quand ils étudient les textes occiden
taux consacrés au droit international. Ce qui n'est pas allé sans conséquenc
es importantes sur la formulation de la doctrine et de la théorie2.
Le ton nouveau, qu'il est facile de détecter dans les écrits soviétiques,
reflète la conviction que pour se développer et croître, l'Union Soviétique
doit renoncer à son isolement économique. L'économie mondiale n'appa-
rait plus comme la juxtaposition de deux ordres économiques séparés,
capitaliste et socialiste. « L'Occident a atteint un niveau élevé de dévelop
pement technique dans des secteurs industriels clés. Il est donc essentiel
que les pays socialistes établissent pour progresser une étroite coopération
avec l'Ouest. Le progrès de chaque pays ne peut se concevoir sans une
(♦) Professeur, School of Law, Duke University, Durham, N.C. (États-Unis).
(1) Voir K. Grzybowski, Soviet Public International Law, 1970, pp. 4-9 ; E. McWhin-
ney, The International Law of Detente, 1978, pp. 12-13.
(2) Frenzke, « Zur Entwicklung des Sowjetischen Volkerrechtslehre », Osteuropa
Recht, n° 25, 1979, p. 272. Voir cependant, Butler, « Some Reflections on the Periodi-
zation of Soviet Approaches to International Law », in Contemporary International Law,
Essays in Honor of John Hazard, 1974, pp. 213-214.
83 Kazimierz Grzybowski
participation aux échanges mondiaux dans les domaines matériel et spiri
tuel. La spécialisation est inévitable »3.
Les intérêts économiques soviétiques exigeant une approche nouvelle, la
politique de détente a été poursuivie avec énergie et a débouché sur l'Acte
final de la Conférence d'Helsinki en 1975 et sur une véritable avalanche de
pactes et de traités destinés à normaliser les relations avec l'Occident.
Sur le front scientifique, la nouvelle politique a été définie par le
professeur Tunkin qui est désormais responsable d'un secteur autrefois
administré par Visinskij. Ce processus a eu lieu en deux étapes. L'ouvrage
du Tunkin, La théorie du droit international, qui affirme sans
ambiguïté qu'il n'existe qu'une science mondiale du droit international, a
été publié en 19704. Puis en 1972, lors d'une réunion de l'Association
soviétique de droit international, il a violemment critiqué ses collègues
soviétiques pour leur rejet systématique, sans discernement et exclusiv
ement politique, des thèses occidentales5. Son exposé insistait sur trois
points : l'unité de la communauté internationale (malgré la théorie des
deux camps), l'unité du droit international qui gouverne la communauté
internationale dans son ensemble et l'unité de la science juridique dans les
relations internationales6.
En quelques années, les publicistes soviétiques ont rédigé une série
d'études qui reprennent les conceptions fondamentales de Tunkin, expr
imant simultanément deux traits caractéristiques de la vision soviétique de
la réalité contemporaine. Premièrement, l'Union Soviétique et ses alliés
constituent la principale force des relations internationales. Deuxième
ment, les chercheurs soviétiques sont plus aptes (en raison de l'analyse
marxiste-léniniste de l'histoire) à comprendre les relations internationales
et le développement du droit international7.
(3) N.P. Smelev (éd.), Ekonomiceskie svjazi Vostok-Zapad (Les relations économiques
Est-Ouest), 1976, pp. 12-13, 35 et s. ; K. Grzybowski, « Comecon », in Starr, East-West
Business Transactions, 1974, p. 125 et s.
Même avant d'être ouvertement encouragés à coopérer économiquement avec
l'Ouest, plusieurs pays de l'Est sont devenus membres du GATT. Il paraît certain qu'ils
ont ainsi frayé un chemin commercial à 1'U.R.S.S. qui n'en est jamais devenue membre.
Voir l'article de Dobroczynski dans Polityka du 6 novembre 1982.
(4) G.I. Tunki

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