Le dialogue russo-européen sert-il un projet ? Une analyse des référentiels discursifs - article ; n°3 ; vol.36, pg 71-107
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Revue d’études comparatives Est-Ouest - Année 2005 - Volume 36 - Numéro 3 - Pages 71-107
Is the dialogue between Russia and the EU
in the service of a project? An analysis of reference-marks in discourses
The bigger European Union shifted the focus of the dialogue between Russia and the EU as the deadline approached for eight former Communist bloc countries to join on 1 May 2004. More than a year later, we can review the border issues between Russia and the EU, a new border that, though not the first nor the longest, carries a strong symbolic force. Creating this border has crystalized exchanges between the two parties because it raises fundamental, recurrent questions that seem ever farther from being answered. Where do Europe's and the EU's borders end? Is Russia European? What degree of integration in the EU can Russia imagine and would be worthwhile? Through a discourse analysis, in particular of reference-marks in the aforementioned dialogue, an attempt is made to understand what is being said through words, silence and omissions. Though probably not definitive, this laying of a common border, which has been worked out through a laborious dialogue between Russia and the EU, reveals the lack of a definition of a project around which the two parties could assemble.
L'élargissement de l'Union européenne, le 1er mai 2004, à huit pays relevant de l'ancienne zone d'influence soviétique a, pour une large part, focalisé le dialogue russo-européen à mesure que l'échéance se rapprochait. Plus d'un an après cet événement, on peut revenir sur l'enjeu de cette nouvelle frontière directe entre Russie et UE qui, pour n'être ni la première ni la plus longue, n'en est pas moins dotée d'une forte puissance symbolique. Si la création de la frontière a cristallisé les échanges russo-européens, c'est qu'elle pose aux protagonistes des questions fondamentales, récurrentes et qui semblent de plus en plus insolubles : où s'arrêtent les frontières de l'Europe ? Et celles de l'UE ? La Russie est-elle européenne ? Quel degré d'intégration au sein de l'UE peut-elle envisager et souhaite-t-elle ? À travers une analyse discursive, plus particulièrement des référentiels auxquels font appel les acteurs du dialogue russo-européen, nous tentons de saisir ce qu'ils nous disent par leurs paroles, mais aussi leurs référentiels, leurs silences et leurs omissions. Ce traçage, sans doute pas définitif, d'une frontière commune, objet du laborieux dialogue russo-européen, a révélé l'absence de définition d'un projet autour duquel pourraient se rassembler les deux protagonistes.
37 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 2005
Nombre de lectures 19
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Extrait

Céline Bayou
Le dialogue russo-européen sert-il un projet ? Une analyse des
référentiels discursifs
In: Revue d’études comparatives Est-Ouest. Volume 36, 2005, N°3. Les nouvelles frontières européennes à l'Est.
pp. 71-107.
Citer ce document / Cite this document :
Bayou Céline. Le dialogue russo-européen sert-il un projet ? Une analyse des référentiels discursifs. In: Revue d’études
comparatives Est-Ouest. Volume 36, 2005, N°3. Les nouvelles frontières européennes à l'Est. pp. 71-107.
doi : 10.3406/receo.2005.1723
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/receo_0338-0599_2005_num_36_3_1723Abstract
Is the dialogue between Russia and the EU
in the service of a project? An analysis of reference-marks in discourses
The bigger European Union shifted the focus of the dialogue between Russia and the EU as the
deadline approached for eight former Communist bloc countries to join on 1 May 2004. More than a
year later, we can review the border issues between Russia and the EU, a new border that, though not
the first nor the longest, carries a strong symbolic force. Creating this border has crystalized exchanges
between the two parties because it raises fundamental, recurrent questions that seem ever farther from
being answered. Where do Europe's and the EU's borders end? Is Russia European? What degree of
integration in the EU can Russia imagine and would be worthwhile? Through a discourse analysis, in
particular of reference-marks in the aforementioned dialogue, an attempt is made to understand what is
being said through words, silence and omissions. Though probably not definitive, this laying of a
common border, which has been worked out through a laborious dialogue between Russia and the EU,
reveals the lack of a definition of a project around which the two parties could assemble.
Résumé
L'élargissement de l'Union européenne, le 1er mai 2004, à huit pays relevant de l'ancienne zone
d'influence soviétique a, pour une large part, focalisé le dialogue russo-européen à mesure que
l'échéance se rapprochait. Plus d'un an après cet événement, on peut revenir sur l'enjeu de cette
nouvelle frontière directe entre Russie et UE qui, pour n'être ni la première ni la plus longue, n'en est
pas moins dotée d'une forte puissance symbolique. Si la création de la frontière a cristallisé les
échanges russo-européens, c'est qu'elle pose aux protagonistes des questions fondamentales,
récurrentes et qui semblent de plus en plus insolubles : où s'arrêtent les frontières de l'Europe ? Et
celles de l'UE ? La Russie est-elle européenne ? Quel degré d'intégration au sein de l'UE peut-elle
envisager et souhaite-t-elle ? À travers une analyse discursive, plus particulièrement des référentiels
auxquels font appel les acteurs du dialogue russo-européen, nous tentons de saisir ce qu'ils nous disent
par leurs paroles, mais aussi leurs référentiels, leurs silences et leurs omissions. Ce traçage, sans
doute pas définitif, d'une frontière commune, objet du laborieux dialogue russo-européen, a révélé
l'absence de définition d'un projet autour duquel pourraient se rassembler les deux protagonistes.m
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Le dialogue russo-européen
sert-il un projet ?
Une analyse des référentiels discursifs
Céline BAYOU
Analyste-rédacteur à la Documentation française (celine.bayou@df.gouv.fr).
Résumé : L'élargissement de l'Union européenne, le 1er mai 2004, à huit pays rele
vant de l'ancienne zone d'influence soviétique a, pour une large part, focalisé le
dialogue russo-européen à mesure que l'échéance se rapprochait. Plus d'un an après
cet événement, on peut revenir sur l'enjeu de cette nouvelle frontière directe entre
Russie et UE qui, pour n'être ni la première ni la plus longue, n'en est pas moins
dotée d'une forte puissance symbolique. Si la création de la frontière a cristallisé
les échanges russo-européens, c'est qu'elle pose aux protagonistes des questions
fondamentales, récurrentes et qui semblent de plus en plus insolubles : où s'arrê
tent les frontières de l'Europe ? Et celles de l'UE ? La Russie est-elle européenne ?
Quel degré d'intégration au sein de l'UE peut-elle envisager et souhaite-t-elle ? À
travers une analyse discursive, plus particulièrement des référentiels auxquels font
appel les acteurs du dialogue russo-européen, nous tentons de saisir ce qu'ils nous
disent par leurs paroles, mais aussi leurs référentiels, leurs silences et leurs omiss
ions. Ce traçage, sans doute pas définitif, d'une frontière commune, objet du
laborieux dialogue russo-européen, a révélé l'absence de définition d'un projet
autour duquel pourraient se rassembler les deux protagonistes. 72 Céline Bayou
« Les géographes ont appris, à la suite des
philosophes, le rôle des perceptions et des
représentations pour corriger l'orgueil de
l'objectivité. »
Michel FOUCHER, La République européenne,
1998, p. 9.
Plus d'un an après l'élargissement, le 1er mai 2004, de l'Union
européenne (UE) à dix nouveaux pays, dont huit situés dans l'ancienne
zone d'influence soviétique, le champ temporel, spatial et événementiel
est assez large pour tenter d'évaluer les progrès accomplis par le dialogue
russo-européen au cours des quinze dernières années. Cette échéance du
1er mai 2004, importante parce qu'inédite par son ampleur, mais aussi
parce qu'elle a fait basculer le centre de gravité1 de l'Union vers l'est et le
nord-est, a été prise en compte dans leurs discours par les instances tant
européennes que russes. Elles ont largement évoqué, en effet, ce point de
contact direct et nouveau engendré par l'adhésion à l'UE de l'Estonie, de
la Lettonie, de la Lituanie et de la Pologne, quatre pays qui ont une fron
tière commune avec la Russie. Pourtant, le véritable événement en la
matière fut bien plutôt celui de 1995, avec l'adhésion de la Finlande, qui
a offert à l'Union sa première frontière directe avec la Russie (de surcroît
la plus longue frontière extérieure de l'UE) sur 1313 km. L'élargissement
de 2004 n'a fait, au total, qu'ajouter 844 km de frontière russo-
européenne2 mais cette frontière est hautement symbolique : elle con
cerne pour une part les pays baltes, hier encore républiques constitutives
de l'Union soviétique qui ont signifié par là à Moscou leur détachement
résolu de la sphère d'influence russe3 ; elle achève en outre d'encercler
Kaliningrad, « exclave » russe désormais entièrement bordée de pays
membres de l'UE et d'une Baltique transformée en mer intérieure
européenne.
1. Il s'agit là de l'extension d'une aire géographique qui a des implications en termes
sociologiques, politiques, économiques et sociaux. Or, selon une tradition millénaire, la
frontière se définit par rapport au centre de l'espace qu'elle délimite. Ce centre apparaît
comme un moyen d'impulsion d'une superficie protégée par la frontière, à tel point qu'il
existe un véritable feedback entre la marge et le cœur du territoire (Wackermann, 2003,
p. 32).
2. 294 km par l'Estonie, 217 par la Lettonie, 227 par la Lituanie (avec l'enclave russe de
Kaliningrad) et 206 par la Pologne (également avec l'enclave).
3. Confirmant ce fait, les pays baltes avaient adhéré un mois auparavant, le 2 avril 2004,
à l'Otan (le même jour, la Slovaquie et la Slovénie, mais aussi la Roumanie et la Bulgarie,
avaient également adhéré à l'Alliance atlantique). La Pologne, la Hongrie et la République
tchèque en sont membres depuis le 12 mars 1999.
Volume 36, septembre 2005 Le dialogue russo-européen sert-il un projet ? 73
Plus encore, c'est la frontière indirecte entre TUE et la Russie qui a
constitué un point de focalisation : la frontière directe est celle partagée
par deux entités, par exemple la frontière de 844 km créée par le dernier
élargissement en date de TUE ; la indirecte est celle qui sépare
deux entités, sans point de contact direct. Le projet europ

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