Le Plan « Austral » : ajustement ou changement structurel - article ; n°109 ; vol.28, pg 157-172
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Tiers-Monde - Année 1987 - Volume 28 - Numéro 109 - Pages 157-172
16 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1987
Nombre de lectures 10
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Eduardo Amadeo
Le Plan « Austral » : ajustement ou changement structurel
In: Tiers-Monde. 1987, tome 28 n°109. pp. 157-172.
Citer ce document / Cite this document :
Amadeo Eduardo. Le Plan « Austral » : ajustement ou changement structurel. In: Tiers-Monde. 1987, tome 28 n°109. pp. 157-
172.
doi : 10.3406/tiers.1987.4490
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/tiers_0040-7356_1987_num_28_109_4490LE PLAN AUSTRAL
AJUSTEMENT OU CHANGEMENT STRUCTUREL?
par Eduardo P. Amadeo
Uinflation en Argentine
L'importance du phénomène inflationniste en Argentine a été telle
qu'il est impossible de comprendre l'histoire économique de ce pays
pendant les vingt-cinq dernières années sans le placer au centre de
l'analyse. Nous ne faisons pas ici seulement allusion à l'augmentation
permanente du niveau général des prix, ni à la variation des prix relatifs
qui en découle, mais surtout à un ensemble complexe de phénomènes
économiques, sociaux et politiques dont les relations de causalité sont
difficiles à établir. On peut toutefois affirmer qu'ils ont entraîné le
déclin de l'activité économique qui s'est manifesté par l'affaiblissement
des taux d'investissement et par l'apparition de conflits sociaux per
manents. La vie d'une génération d'Argentins s'est déroulée
dans un contexte d'inflation et de récession.
Les caractéristiques principales de l'inflation en Argentine ont été :
a) L'absence de périodes de stabilité pendant les quinze dernières
années.
b) La progressivité : l'augmentation des prix non seulement a été
soumise à un effet de cliquet, mais se fit à une vitesse croissante, de
telle sorte que l'on a abouti à une situation d'hyperinflation au début
de 1985.
c) La création de mécanismes sociaux de validation et d'accélération
de l'augmentation des prix. On a assisté à l'apparition d'une technique
d'adaptation à l'inflation, définie par la formation de systèmes visant à
obtenir une protection contre la variation des prix relatifs. Bien qu'à
l'origine cette technique ait été l'apanage des milieux les mieux informés,
elle s'est progressivement étendue à l'ensemble de la population.
Bévue Tien Monde, t. XXVIII, n<> 109, Janvier-Mars 1987 I58 EDUARDO P. AMADEO
Trois mécanismes pervers découlent d'une telle situation :
En premier lieu, l'indexation de l'économie. Tous les contrats (four
niture de services personnels ou de produits à terme, loyers, etc.) étaient
établis sur la base de clauses instituant leur modification automatique
en fonction des indices de prix globaux ou sectoriels. Ainsi, non seul
ement l'inflation s'est auto-alimentée mais elle a autorisé d'énormes
transferts de revenus entre ceux qui avaient un moindre pouvoir de
négociation (ou qui avaient des revenus fixes) et ceux qui étaient capables
de faire jouer à leur bénéfice les clauses d'indexation (ou qui avaient
des revenus variables).
En second lieu, l'arbitrage permanent entre la monnaie locale (peso)
et les devises étrangères. Le stock de devises détenues par les parti
culiers s'est accru de façon continue1, ce qui traduit un mécanisme de
protection contre l'inflation. Dans ces conditions, lors des décisions
conjoncturelles, les anticipations quant à l'évolution du taux de change
sont devenues essentielles. De même, ceux qui pouvaient en bénéficier
exerçaient des pressions permanentes pour obtenir des dévaluations qui
à leur tour ont nourri l'inflation.
Enfin, les mécanismes précédents ont induit dans la population
une « mémoire inflationniste » qui peut être considérée comme un él
ément central de propagation de l'inflation. Les comportements écono
miques se déterminent en fonction de l'inflation attendue, dont l'est
imation comporte un « plus » sur les perspectives « rationnelles ». Le
« plus » représente le supplément de revenu que chaque secteur pré
tend s'approprier au-dessus du taux d'inflation. Dans un travail très
intéressant, Roberto Frenkel a montré, d'une part, l'augmentation
constante de ce mark-up, d'autre part, qu'à la faveur de l'opacité créée
par l'inflation dans les marchés, ceux qui ont pratiqué les marges les
plus fortes au-dessus du taux d'inflation se sont appropriés une pro
portion plus importante du revenu total2. La perception de cette situation
par les agents économiques était de nature à encourager l'attitude consis
tant à devancer l'inflation et à accélérer ainsi l'augmentation des prix.
Par ailleurs, par une sorte de causalité circulaire, le processus infl
ationniste s'est nourri de certaines déficiences structurelles de l'économie,
tout en en créant de nouvelles.
1. Voir tableau n° 1.
2. Roberto Frenkel, Decisiones de precio en alta inflación, íistudios Cedes, vol. 2, Buenos
Aires, 1979. LE PLAN AUSTRAL I59
La plus importante des contraintes structurelles a été la très forte
dépendance de la balance des paiements par rapport aux exportations
de produits primaires (viande et céréales) qui constituent également
une composante primordiale de la consommation des salariés urbains.
Ainsi, les tentatives d'amélioration de la balance commerciale par des
dévaluations ont-elles conduit à une augmentation immédiate des prix
des produits de consommation populaire qui a suscité de fortes
demandes pour l'augmentation du salaire ouvrier. L'augmentation des
prix industriels qui en a résulté a ainsi provoqué de nouvelles dégra
dations dans la position internationale du pays. Ce processus — qui
se trouve à l'origine des crises permanentes dites de stop and go — a été
de toute évidence un facteur d'accélération de l'inflation, dans lequel
les déficiences du secteur exportateur et les revendications de la classe
ouvrière argentine se conjuguaient.
Par ailleurs, l'inflation, et surtout les programmes anti-inflationnistes
orthodoxes appliqués pendant vingt-cinq ans, ont aggravé les déséquil
ibres structurels en réduisant le niveau de vie et la capacité productive.
En effet, on observe pendant cette période une détérioration cons
tante des revenus des classes moyennes et populaires, ce qui eut deux
effets : les pertes accumulées produisirent une chute du bien-être telle
qu'iï devenait impossible de la compenser par des augmentations ponct
uelles de salaires, aussi importantes fussent-elles. Les souvenirs des
temps meilleurs furent si présents dans les revendications salariales
que celles-ci dépassèrent progressivement la capacité de création de
richesses de l'économie, d'autant plus que — et c'est le second effet —
les transferts de revenus du travail en capital n'ont pas donné lieu à des
investissements productifs. Ces ressources ont été affectées soit à des de faible capacité reproductive, soit thésaurisées à
l'étranger.
Dans ces conditions, à la chute du bien-être s'est ajoutée une chute
équivalente des capacités de création des richesses, avec un taux de
rendement de l'investissement très faible. Alors que, dans la période 1963-
1983, 100 dollars d'investissement entraînaient au Brésil une augmentat
ion du ив de 42 dollars au Brésil, de 36 dollars au Mexique et de 32 dol
lars au Venezuela, en Argentine on n'atteignait que le faible chiffre
de 9 dollars, ce qui représente une relation capital/produit absolument
ridicule3.
3. A la différence de l'Argentine, la dette externe du Brésil a permis d'élargir la capacité
productive du pays. Le service de la dette que doit supporter l'Argentine ne constitue que la
contrepartie d'une production réelle, car une faible proportion de la dette contractée entre 1976
et 1982 a été destinée à l'investissement productif. l6o EDUARDO P. AMADEO
Dans ces conditions, les rentes créées par l'économie argentine
pendant ces dix années de forte inflation ne sont pas le résultat d'inno
vations technologiques qui auraient pu résulter du processus de concent
ration4. Elles proviennent plutôt d'une gestion habile de la situation
conjoncturelle notamment en obtenant des transferts massifs de revenus

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