Legs colonial, patrimoine national : Nasreddine Dinet, peintre de l indigène algérien - article ; n°119 ; vol.30, pg 329-363
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Legs colonial, patrimoine national : Nasreddine Dinet, peintre de l'indigène algérien - article ; n°119 ; vol.30, pg 329-363

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Description

Cahiers d'études africaines - Année 1990 - Volume 30 - Numéro 119 - Pages 329-363
35 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1990
Nombre de lectures 105
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Extrait

Monsieur François Pouillon
Legs colonial, patrimoine national : Nasreddine Dinet, peintre de
l'indigène algérien
In: Cahiers d'études africaines. Vol. 30 N°119. 1990. pp. 329-363.
Abstract
F. Pouillon — Colonial Legacy, National Heritage : Nasreddine Dinet, a Painter of Algerian Natives.
Independent Algeria's rehabilitation of a French « Orientalist » painter, who died in 1929, raises questions about how important
the colonial heritage is in the making of Algerian identity. After examining the difficulties encountered in a biography that cannot
be reduced to the interpretation of a spectacular conversion to Islam, facts are placed in their political and cultural contexts. Other
figures, who have also sucessfully passed on from colonial to independent Algeria, are used to shed light on the issues involved
in the portrayal of Algerian native life and in the ways this legacy has been passed down.
Citer ce document / Cite this document :
Pouillon François. Legs colonial, patrimoine national : Nasreddine Dinet, peintre de l'indigène algérien. In: Cahiers d'études
africaines. Vol. 30 N°119. 1990. pp. 329-363.
doi : 10.3406/cea.1990.1611
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/cea_0008-0055_1990_num_30_119_1611Fran ois Pouillon
Legs colonial patrimoine national
Nasreddine Dinet
peintre de indigène algérien*
de Algérie où trop il est un que Gautier pays les Fran superbe 18451 ais
La fin de la guerre coloniale en Algérie est pudiquement nommée
en France indépendance Les Algériens parlent plus justement
de révolution car au-delà une accession la majorité politique
et de ablation une importante communauté francophone est un
bouleversement social délibéré il est agi marqué par des choix
économiques et politiques difficiles Dans le domaine culturel où
la question des contours une identité algérienne se posait avec une
terrible acuité est un travail ensemble sur héritage colonial qui
été engagé Critiques et réévaluations touchèrent tous les domaines
la langue comme histoire archéologie ou anthropologie
Les énergies se mobilisèrent pour mener bien inventaire de la
production intellectuelle pour avoir trop confondu culture dominante
et culture de sa domination entreprise culturelle coloniale devait
déposer son bilan En apparence il ne resta pas grand-chose de la
science elle-même sans parler des fantasmagories artistiques en
apparence seulement car le dossier que nous allons analyser ren voit
un moment indécis de cette mise en ordre
Ce travail été mené dans le cadre du Programme de recherche interdisciplinaire
Histoire sociale de Islam méditerranéen et bénéficié de aide du Centre
études africaines de EHESS Je tiens remercier Dominique Colas Mustapha
Haddab Jean-Robert Henry et Jean-Claude Vatin pour aide ils ont four
nie dans la collecte de la documentation analysée ici
Lettre du 19 août sa famille in GAUTIER 1973 54)
Cahiers tudes africaines 119 XXX-3 1990 pp 329-363 FRAN OIS POUILLON 330
Le temps des célébrations
est en 1975 que la très officielle Société nationale édition et de diffu
sion SNED) principal éditeur du pays mit en circulation un luxueux livre
art2 consacré un peintre colonial largement tombé dans oubli Etienne
Dinet Le titre proclamait très haut que on tenait avec lui un maître de
la peinture algérienne et dans Algérie de ce temps conférer ainsi un
artiste fran ais une place eminente dans la culture nationale allait pas
de soi autant que le caractère officiel une telle publication était souli
gné de plusieurs manières ce qui est pas de règle dans les productions
culturelles placé en épitaphe un placard discret déclarait il agissait
un ouvrage publié sur les instructions du Docteur Ahmed Taleb-
Ibrahimi ministre de Information et de la Culture de la République algé
rienne autant dire un homme chargé de tous les titres de légitimité dont
on pouvait se prévaloir dans cette République algérienne3 il en signait éga
lement la préface Les textes présentés alternativement dans leur version
fran aise et arabe permettaient par une habile disposition typographique
la consultation par un non-fran isant ils étaient pas supposé pouvoir
choquer un musulman de stricte observance Ce livre tous publics était
décidément marqué du sceau de autorité culturelle
Une telle consécration avait de quoi surprendre Dinet peintre fran ais
mort la veille de la célébration du centenaire de la conquête ne pouvait
évidemment avoir pris part au mouvement national En outre on se sou
vient que dans immédiate indépendance est occasion un procès
fracassant instruit contre le regard colonial que ethnographie et en partie
histoire avaient été condamnées comme autant expressions un orien
talisme honni pour avoir cherché diviser et rabaisser le peuple algérien4
Tout regard qualitatif sur ce collectif abstrait promu réalité socio-politique
dominante devenait suspect et anthropologie était déchue de la place cen
trale qui avait été la sienne dans université sous le régime précédent5
Cf BAGHLI 1976 Ouvrage ailleurs tiré en Suisse chez Attinger un des meilleurs
imprimeurs de livres art de ce temps il en charge les légendaires éditions Skira
Fils du cheikh Beshir Ibrahimi 18 89-1965) une des figures maj eures du réformisme
algérien Taleb-Ibrahimi est un important militant nationaliste moudjahid arrêté
dès 1957 il passe le reste de la guerre en prison cf TALEB-IBRAHIMI 1966 1973 Tenu
écart par Ben Bella il ne devient ministre en 1965 mais reste alors en charge
de la culture de fa on quasi-continue pendant toute ère Boumediene Il soutient
une politique arabisation ouverte et tempérée de modernisme idem 1973 Il ne
saurait être suspecté de complaisances francophiles ou de progressisme laïcisant
Sans doute instruit de fa on un peu expéditive par exemple par HLI 1965 mais
essai plus circonstancié de LUCAS VATIN 1975 allait encore servir cause un
titre simplificateur alimenter le soup on un complot
anthropologie se maintenait dans les organigrammes mais symboliquement
comme une sorte de prolongement de la préhistoire au Centre de recherche sur et la préhistoire Crape de Université Alger grâce la pugna
cité une personnalité culturelle aussi inattaquable que Mouloud Mammeri
1917-1989 Ce statut marginal ou officieux était couvert par les notions de folk
lore ou mieux de culture populaire NASREDDINE DINET PEINTRE DE INDIG NE ALG RIEN 331
Algérie indépendante semblait donc bien loin de pouvoir accepter
une peinture comme celle de Dinet Représentant tardif mais hautement
significatif de la peinture orientaliste il ne pouvait avoir participé
entreprise de folklorisation de la société indigène image il en
donnait était indiscutablement marquée par ce passéisme et cet air de
sauvagerie qui offusquaient tant les intellectuels nationalistes Ceux-
ci étaient sans doute pas préparés admettre une appréciation si posi
tive de oeuvre6 Et on comprend mieux alors que cette réhabilitation
doublée une naturalisation prenne ce caractère un peu forcé volonta
riste et solennel la fois
agissait-il une intervention isolée personnelle ou sans lendemain
Certainement pas car on peut accumuler les signes institutionnels qui
préparent ou confirment ce travail officialisation Ainsi dès 1969 et
nouveau en 1976 et en 1986 un certain nombre de tableaux de Dinet
ont fourni des motifs de timbres-postes En 1969 également le Conseil
des ministres décidait de lui consacrer un musée Bou Saada 1969
Un chantier fut engagé pour édifier un édifice un peu somptueux par
rapport la modeste maison en terre que le peintre avait choisi pour
demeure7 Si la rue elle-même pas recouvré le nom de boulevard
Etienne Dinet qui était le sien avant 1962 la koubbas où le peintre
installé sa sépulture de autre côté de oasis est soigneusement entrete
nue et régulièrement visitée
Le livre devenait vite par lui-même un formidable instrument de diffu
sion iconographie on trouvait par la facilité de reproduction elle
autorisait désormais et par la légitimité qui lui était ainsi conférée jouis
sait une popularité sans précédent reprise en cartes postales en cartes
de ux9 en affiches publicitaires et sur toutes sortes de supports Les
planches vendues également en sous-verres firent encore objet innom
brables copiesr exposées Bou Saada ou Alger dans les hôtels et res
taurants typiques vendues aux touristes ou la bourgeoisie algéroise

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