Les banques anglaises et la crise - article ; n°18 ; vol.4, pg 549-560
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Description

Annales d'histoire économique et sociale - Année 1932 - Volume 4 - Numéro 18 - Pages 549-560
12 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1932
Nombre de lectures 33
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

R. J. Truptil
Les banques anglaises et la crise
In: Annales d'histoire économique et sociale. 4e année, N. 18, 1932. pp. 549-560.
Citer ce document / Cite this document :
Truptil R. J. Les banques anglaises et la crise. In: Annales d'histoire économique et sociale. 4e année, N. 18, 1932. pp. 549-
560.
doi : 10.3406/ahess.1932.1353
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/ahess_0003-441X_1932_num_4_18_1353ENQUÊTES CONTEMPORAINES
LES BANQUES ANGLAISES ET LA CRISE
On s'est parfois étonné, en France, de la résistance dont le système ban
caire anglais a fait preuve au cours de la crise financière et économique qui
bouleverse le monde. Sans parler du véritable effondrement des banques en
Allemagne et dans les autres pays de l'Europe centrale 1, on a vu aux États-
Unis de multiples faillites atteindre parfois des établissements d'une réelle
importance et la France même, moins frappée que les autres pays, n'en a
pas moins connu de sérieuses défaillances. Or, on sait la gravité de la crise
économique anglaise, l'importance des engagements assumés par les finan
ciers de la Cité en Europe centrale et dans d'autres contrées affectées par
des moratoires : cependant aucune banque de la Cité n'a suspendu ses paie
ments, et l'abandon de Pétalon-or entraînant une dépréciation de la livre
qui atteignit jusqu'à 33 p. 100 n'ébranla nullement la situation des établiss
ements de crédit britanniques.
Nous nous proposons d'examiner dans cette brève étude comment ce
paradoxe peut s'expliquer et quelle se trouve être la situation des banques
anglaises après deux ans de crise. Nous rappellerons d'abord brièvement ce
qu'est l'organisation bancaire et ce qu'était la position de la balance des
comptes internationaux de la Grande-Bretagne à la veille de la crise. Nous
indiquerons ensuite les dangers courus au cours de l'année 1931 , les difficultés
que la Cité dut surmonter et comment elle évita les uns et triompha des
autres. Nous examinerons enfin au sortir de l'épreuve les divers types d'ins
titutions de crédit britanniques, et nous résumerons les enseignements qui,
pour l'avenir de la place de Londres, résultent de la crise.
I
Les pièces essentielles du système bancaire britannique sont : la Banque
d'Angleterre, institution centrale régulatrice du crédit ; les grandes banques
de dépôts, c'est-à-dire les « Big-Five » (Barclays, Lloyds, Midland, National
Provincial et Westminster), auxquelles il faut ajouter la Martin's Bank ; les
maisons d'acceptations, au nombre d'une vingtaine et dont les principales
sont Schroeder, Kleinwort, Lazard, Hambros, Rothschild, Baring, et les
maisons d'escompte ou de « bill-brokers », au nombre de vingt-quatre (les
trois principales : Union Discount, National Discount, Alexander Discount,
représentent à elles seules 40 à 45 p. 100 du total). Fixons en quelques traits
les caractéristiques essentielles de ces banques anglaises spécialisées.
Les banques anglaises de dépôts disposent de capitaux considérables. A
la fin de 1931, les « Big Five » et leurs filiales provinciales, écossaises et
irlandaises et la Martin's Bank groupaient £ 130 millions de ressources propres
1. Voir, dans Annales, t. IV (mars 1932), les deux études de Mr» A. Pose sur La
crise bancaire en Allemagne et J. Chappey sur La crise bancaire en Europe centrale. 550 ANNALES D'HISTOIRE ÉCONOMIQUE ET SOCIALE
(capital et réserves) et £ 1 800 millions de dépôts ; elles avaient d'autre part
£ 120 millions d'acceptations. On remarquera l'importance de ces chiffres-
Dût la livre sterling finalement subir une dépréciation de 25 p. 100, les dépôts
dans ces banques ne s'en élèveraient pas moins à environ 160 milliards de
francs, alors qu'en décembre 1931 les cinq principaux établissements de crédit
français ne réunissaient pas plus de 50 milliards de dépôts.
Les banques de dépôts doivent conserver une grande liquidité. Des remp
lois de fonds constituant des immobilisations ou des spéculations seraient
contraires à l'esprit même de ces institutions s'ils dépassaient des proportions
très modestes. La politique des grandes banques anglaises est analogue à
celle que suivent en France le Crédit Lyonnais ou le Comptoir d'Escompte. Les
établissements français jouissent, toutefois, d'une liquidité théorique sens
iblement plus grande du fait qu'ils font beaucoup plus de crédit par escompte
que par avances.
Les six grandes banques anglaises qui suivent des politiques à peu près
identiques remploient approximativement leurs fonds de la façon suivante :
11 p. 100 sont maintenus absolument liquides, soit en compte à la Banque
d'Angleterre, soit en espèces dans les caisses ; 3 p. 100 représentent les chèques
en cours de recouvrement et les soldes dans les autres banques anglaises ;
8 p. 100 sont placés à vue ou à court terme sur le marché monétaire (avances
au jour le jour sur effets commerciaux et bons du Trésor) et au Stock Ex
change (reports sur titres). Viennent ensuite les remplois qui constituent la
seconde ligne de défense des banques : 15 p. 100 en effets commerciaux, por
tant le plus souvent une acceptation bancaire, et en bons du Trésor à trois
mois («Treasury bills ») ; 13 p. 100 en «investments », bons du Trésor à
quelques années d'échéance, et rentes, jouissant les uns et les autres d'un très
large marché ; enfin le complément des remplois est assuré par les avances
dont le pourcentage atteint 54 p. 100 des dépôts1. Ces avances, extrêmement
diversifiées, sont faites avec ou sans garanties, tantôt sous forme de prêts
(principalement à Londres), tantôt sous forme ď « overdrafts », c'est-à-dire
de facultés de découvert (surtout en province). Il est bien certain que le
marasme industriel, qui sévit en Angleterre depuis de longues années et que
la crise mondiale ne fit qu'aggraver, donne à une certaine fraction de ces
avances le caractère de crédits gelés et a eu pour résultat de transformer
assez fréquemment les banques de dépôts en commanditaires de certaines
industries.
La maison d'acceptations, dont l'origine remonte souvent à l'une de ces
grandes maisons de marchands internationaux qui se multiplièrent à Londres
au début du xixe siècle, se rapproche un peu de la banque d'affaires. Elle
travaille dans une large mesure avec ses propres capitaux et assume des risques,
soit en accordant des crédits, notamment sous forme d'acceptation, soit en
faisant des émissions, en particulier pour les Gouvernements étrangers. Alors
que l'activité des banques de dépôts s'exerce essentiellement en Angleterre,
1. Le total des pourcentages dépasse 100, car une partie des avances est faite non avec
les dépôts, mais avec les réserves des banques. D'autre part, à la fin de. 1932, la paralysie
du commerce a modifié ces proportions classiques ; les grandes banques sont obligées de
remployer une plus grande partie de leurs fonds en Bons du Trésor et fonds d'État, faute
de pouvoir se procurer du papier commercial ou de se voir demander des avances par le
commerce et l'industrie. LES BANQUES ANGLAISES ET LA CRISE 551
les maisons d'acceptations travaillent presque uniquement avec l'étranger,
dont elles reçoivent également la quasi-totalité de leurs dépôts.
Les bilans de ces maisons varient beaucoup selon l'importance relative
de leur département d'acceptations et de leur département financier. Au cours
des années qui précédèrent la crise, on peut dire que leurs ressources propres
(capitaux et réserves) atteignaient d'ordinaire 25 à 30 p. 100 de leurs res
sources totales ; leurs risques pour acceptations étaient couramment égaux
à trois et quatre fois le total de leurs ressources propres. Pour l'ensemble du
groupe, les ressources propres atteignaient, en 1930, £ 50 à 60 millions, les
dépôts environ £ 120 millions et les acceptations s'élevaient par ailleurs à
quelque £ 160 millions.
Les maisons d'escompte servent de trait d'union, d'une part, entre les
banques de dépôts et les banques d'acceptations, ainsi que les banques colo*
niales et étrangères, et, d'autre part, entre la Banque d'Angleterre et toutes
les autres banques. C

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