«Les bas-fonds de la science française», Clémence Royer, l origine de l Homme et le Darwinisme social - article ; n°1 ; vol.3, pg 115-130
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«Les bas-fonds de la science française», Clémence Royer, l'origine de l'Homme et le Darwinisme social - article ; n°1 ; vol.3, pg 115-130

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Bulletins et Mémoires de la Société d'anthropologie de Paris - Année 1991 - Volume 3 - Numéro 1 - Pages 115-130
Summary. — «First French social darwinist», Clémence Royer (1830-1902) wanted to found the anthropological Sciences on the theory of Evolution. She translated On the Origin of Species in 1862 in order to document the biological bases of human affairs and ethics. Her «terrible» preface, denounced by Darwin and the French philanthropists, was very impressive. She attacked the «false» doctrine of egalitarianism and later she defended her natural philosophy in a new book, Origine de l'homme et des sociétés (1869-1870). This article analyses the reception of her theses in various French periodicals and especially in the scientific littérature of the 1860-1870's.
Résumé. — Précurseur du darwinisme social en France, premier membre féminin de la Société d'Anthropologie de Paris, Clémence Royer (1830-1902) voulait fonder les sciences de l'homme sur la théorie de l'évolution. Elle traduisit Y Origine des espèces de Darwin en 1862 afin de conférer des bases biologiques à sa philosophie politique et à ses positions féministes. Sa préface «terrible», dénoncée bientôt par Darwin et les philanthropes français, fut très remarquée. Elle y attaquait la «fausse» doctrine égalitariste et elle développera ses thèses dans un ouvrage publié en 1869-1870, Origine de l'homme et des sociétés. Cet article analyse la réception de ses idées dans les périodiques des années 1860-1870 et particulièrement dans la littérature scientifique.
16 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1991
Nombre de lectures 83
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Claude Blanckaert
«Les bas-fonds de la science française», Clémence Royer,
l'origine de l'Homme et le Darwinisme social
In: Bulletins et Mémoires de la Société d'anthropologie de Paris, Nouvelle Série, tome 3 fascicule 1-2, 1991. pp.
115-130.
Abstract
Summary. — «First French social darwinist», Clémence Royer (1830-1902) wanted to found the anthropological Sciences on the
theory of Evolution. She translated On the Origin of Species in 1862 in order to document the biological bases of human affairs
and ethics. Her «terrible» preface, denounced by Darwin and the French philanthropists, was very impressive. She attacked the
«false» doctrine of egalitarianism and later she defended her natural philosophy in a new book, Origine de l'homme et des
sociétés (1869-1870). This article analyses the reception of her theses in various French periodicals and especially in the
scientific littérature of the 1860-1870's.
Résumé
Résumé. — Précurseur du darwinisme social en France, premier membre féminin de la Société d'Anthropologie de Paris,
Clémence Royer (1830-1902) voulait fonder les sciences de l'homme sur la théorie de l'évolution. Elle traduisit Y Origine des
espèces de Darwin en 1862 afin de conférer des bases biologiques à sa philosophie politique et à ses positions féministes. Sa
préface «terrible», dénoncée bientôt par Darwin et les philanthropes français, fut très remarquée. Elle y attaquait la «fausse»
doctrine égalitariste et elle développera ses thèses dans un ouvrage publié en 1869-1870, Origine de l'homme et des sociétés.
Cet article analyse la réception de ses idées dans les périodiques des années 1860-1870 et particulièrement dans la littérature
scientifique.
Citer ce document / Cite this document :
Blanckaert Claude. «Les bas-fonds de la science française», Clémence Royer, l'origine de l'Homme et le Darwinisme social. In:
Bulletins et Mémoires de la Société d'anthropologie de Paris, Nouvelle Série, tome 3 fascicule 1-2, 1991. pp. 115-130.
doi : 10.3406/bmsap.1991.1774
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/bmsap_0037-8984_1991_num_3_1_1774et Mém. de la Soc. d'Anthrop. de Paris, n.s., t. 3, n° 1-2, 1991, pp. 115-130 Bull,
« LES BAS-FONDS DE LA SCIENCE FRANÇAISE »
CLÉMENCE ROYER, L'ORIGINE DE L'HOMME ET
LE DARWINISME SOCIAL
Claude Blanckaert *
Résumé. — Précurseur du darwinisme social en France, premier membre féminin de la
Société d'Anthropologie de Paris, Clémence Royer (1830-1902) voulait fonder les sciences
de l'homme sur la théorie de l'évolution. Elle traduisit Y Origine des espèces de Darwin en
1862 afin de conférer des bases biologiques à sa philosophie politique et à ses positions
féministes. Sa préface «terrible», dénoncée bientôt par Darwin et les philanthropes français,
fut très remarquée. Elle y attaquait la «fausse» doctrine égalitariste et elle développera ses
thèses dans un ouvrage publié en 1869-1870, Origine de l'homme et des sociétés. Cet article
analyse la réception de ses idées dans les périodiques des années 1860-1870 et particulièr
ement dans la littérature scientifique.
Summary. — «First French social darwinist», Clémence Royer (1830-1902) wanted to
found the anthropological Sciences on the theory of Evolution. She translated On the Origin
of Species in 1862 in order to document the biological bases of human affairs and ethics. Her
«terrible» preface, denounced by Darwin and the French philanthropists, was very impressive.
She attacked the «false» doctrine of egalitarianism and later she defended her natural
philosophy in a new book, Origine de l'homme et des sociétés (1869-1870). This article
analyses the reception of her theses in various French periodicals and especially in the
scientific littérature of the 1860-1870's.
Traductrice de l'Origine des espèces de Charles Darwin (1862), premier membre
féminin de la Société d'Anthropologie de Paris, Clémence Royer (1830-1902) voyait
dans la science de l'homme le «dernier et le plus bel anneau» de la chaîne des sciences,
celui qui les résume toutes en les justifiant (Royer, 1985 : 124). On ne saurait dire toutefois
qu'elle fut anthropologue ou biologiste au sens technique et académique de ces mots. A
une époque de professionnalisation croissante des sciences naturelles, sa «philosophie
synthétique « de la nature couvrait de ses postulats évolutionnistes généraux l'entière
intelligence de l'univers, de l'atome à l'économie politique. Elle refusait, avec une
énergie toute militante, la division du travail intellectuel, affirmant que le «spécialisme
scientifique nous perd» (Royer, 1891b: 21). Quoique autodidacte, amateur sans intégration
académique, С Royer n'était pas seule à dénoncer le repli frileux des «professeurs» dans
* Centre A. Koyré - G. D. R. 890 du С N. R. S. - 7, rue Dajot 77000 Melun. 1 16 SOCIÉTÉ D'ANTHROPOLOGIE DE PARIS
leurs frontières disciplinaires. Après Ernest Renan (Petit, 1991 : 27), Isidore Geoffroy
Saint-Hilaire critiqua également, au nom de l'unité de la nature, le «morcellement le plus
extrême» des études, par quoi chacun «se tient pour satisfait» d'être maître en sa partie.
Mais I. Geoffroy Saint-Hilaire reconnaissait plus qu'il ne désavouait la nécessité
historique, progressive, de cette nouvelle répartition des travaux scientifiques (1854 : 1,
401-403).
A l'instar des savants polygraphes, Julien-Joseph Virey au début du XIXe siècle,
Robert Chambers dans les années 1840, ou Herbert Spencer son contemporain, C. Royer
privilégiait l'effet de système des connaissances plus que leur accumulation minutieuse.
Elle affirmait que de la solution aux problèmes généraux de l'unité des forces dans le
monde dépendait la conception moderne de l'origine des êtres vivants. Elle en dérivait
une véritable philosophie de la nature humaine, dans ses états passés, présents et futurs,
et par conséquent toute une doctrine sociale. C. Royer gardera toujours, de 1860 jusqu'à
sa mort en 1902, une certaine distanciation déférente vis-à-vis des sciences, mais elle sera
mal acceptée, à la fois comme femme et comme savante, par la communauté scientifique
(Harvey, 1987). Les professionnels de la philosophie l'auront à leur tour ignorée, faute
de reconnaître dans ses divers ouvrages leurs propres enjeux disciplinaires. Elle-même se
percevait sans doute au carrefour des savoirs, à cette place centrale où s'élaborent les
«grandes affirmations synthétiques» qui sont comme la conscience ď une époque (Lenclud,
1990). De ces affirmations, elle précisait dès 1862 la caractéristique et l'enjeu :
«C'est de réunir dans un magnifique ensemble une doctrine pour la pensée sur la
nature des choses, leur origine et leur fin, une règle de conduite la vie et pour les
mœurs en rapport avec l'idéal de la conscience contemporaine et avec les nécessités du
lieu et du temps, et enfin des principes de politique pour régler les droits des nations entre
elles, comme la morale règle ceux de [sic] individus : c'est-à-dire qu'elles doivent
comprendre une théologie, une cosmogonie et une sociologie, comprenant la morale, le
droit économique et la politique» (Royer, 1862 : XII).
Cette déclaration abstraite dessinait pour elle un programme. C. Royer, nouveau
Lucrèce, a écrit une physique atomiste pour laquelle certains disciples peu inspirés l'ont
qualifiée de «Newton français» (Fraisse, 1985 : 88), une morale et une esthétique, enfin
une anthropologie générale et une économie politique (Cf. Moufflet, 1 9 1 0). С 'est cet effet
de système, peu sensible aux niveaux d'émergence, largement aprioristique, qu'ont
restitué récemment les historiens du «cas Royer», notamment Geneviève Fraisse (1985)
et Sara Joan Miles (1988). Quelques grands concepts fédérateurs organisent cette œuvre
prolixe et ratiocinatoire, l'idée de Progrès et la loi d'Evolution basée sur l'unité de la
matière et des forces de la nature, mais également la sélection naturelle et la loi
malthusienne, la division du travail organique et l'inégalité des conditions qui en résulte
pour l'individu, les sexes et les peuples.

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