Les causes de la dépopulation de la France - article ; n°1 ; vol.2, pg 520-540
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Description

Bulletins de la Société d'anthropologie de Paris - Année 1901 - Volume 2 - Numéro 1 - Pages 520-540
21 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1901
Nombre de lectures 22
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

G. Cauderlier
Les causes de la dépopulation de la France
In: Bulletins de la Société d'anthropologie de Paris, V° Série, tome 2, 1901. pp. 520-540.
Citer ce document / Cite this document :
Cauderlier G. Les causes de la dépopulation de la France. In: Bulletins de la Société d'anthropologie de Paris, V° Série, tome 2,
1901. pp. 520-540.
doi : 10.3406/bmsap.1901.6001
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/bmsap_0301-8644_1901_num_2_1_600117 octobre 1901 520
COMMUNICATIONS
LES CAUSES DE LA DÉPOPULATION DE LA FRANCE
Par M. G. Caudeblier.
La recherche des causes de la dépopulation de la France est un problème
qui intéresse non seulementle savant désireux de s'instruire, non seulement
tout Français aimant sa patrie, mais encore tout homme qui comprend
combien il est nécessaire pour le progrès de l'humanité que la France conserve
parmi les nations le rang auquel elle a droit, en raison des services éminents
qu'elle a rendus à la science et à la civilisation.
C'est un des problèmes sociaux que le siècle passé a légués au siècle
nouveau, avec cette particularité spéciale que la solution presse, qu'il est
urgent d'étudier le mal et de trouver le remède, si l'on ne veut pas qu'il
soit trop tard pour l'appliquer efficacement .
Or, pour trouver les causes delà dépopulation de la France, il me semble
qu'il faut d'abord connaître les lois scientifiques qui règlent le développement
normal despopulations, toutcomme avant d'étudierlesmaladiesdel'homme,
il faut d'abord connaître le fonctionnement régulier de ses organes.
J'ai pensé que ces lois scientifiques pourraient être découvertes par l'étude
attentive des phénomènes démographiques, et c'est pourquoi j'ai consacré
à cette étude un volume intitulé « les lois de la population », dans lequel
j'ai uniquement tiré parti des statistiques publiées pendant cinquante ans
dans cinq pays différents, savoir : la B>ance, la Belgique, l'Angleterre, la
Hollande et la Prusse. C'est donc une œuvre essentiellement expérimentale,
et toutes mes conclusions ont été immédiatement vérifiées dans ces pays.
Je les résumerai en quelques mots, car elles constituent la base de mon
argumentation.
Ce travail m'a conduit à la connaissance de huit lois relatives aux mar
iages, aux naissances, aux décès, à la population totale, qui relèvent
toutes d'une loi générale que j'ai énoncée comme suit:
LOI GÉNÉRALE DE LA POPULATION
La nécessité et les facilités de satisfaire aux besoins de la vie, règlent
les mouvements de la population dans leur totalité et dans leurs éléments
essentiels.
Tous les mouvements de la population, des mariages, des naissances,
des décès et de l'émigration sont donc ramenés à une loi unique qui agit
en tous temps et en tous lieux.
Elle agit aussi bien dans les grandes villes que dans les petits villages,
et c'est de l'ensemble de son action sur les différentes agglomérations que
résulte son action sur le pays tout entier. CAUDERLIER. — LES CAUSES DE LA DÉPOPULATION DE LA FRANCE 521 G.
D'après cette loi, deux facteurs principaux entrent en jeu pour régler
les mouvements de la population.
D'une part, les resources que la population tire de son travail ou du travail
des générations antérieures : d'autre part, la valeur moyenne des besoins
de la vie auxquels ces ressources doivent donner satisfaction.
La population croît chaque fois que le rapport entre les ressources et
les besoins augmente, elle décroît au contraire chaque fois que ce rapport
diminue. La relation entre ces trois éléments : population, ressources,
besoins est tellement étroite qu'on pourrait même la mettre sous une forme
algébrique (1).
R
p
B
Quoique je sois arrivé à cette loi par une voie nouvelle, je n'ai fait que
confirmer et compléter une conclusion qui était déjà connue et adoptée par
un grand nombre de savants, entre autres par Mirabeau, Malthus, Gail
lard et M. Levassëur. Voici la forme très concise que ce dernier lui a
donnée :
« L'accroissement d'une population est subordonné à la somme de ses
« moyens d'existence et à la somme de ses besoins. »
Ce simple énoncé fait voir que nos deux formules ont un fonds commun
et qu'en réalité celle de M. Levassëur est confirmée par la mienne.
Il me paraît aussi qu'elle est complétée, car j'ajoute d'abord que le rapport
entre les ressources et les besoins règle aussi les principaux éléments de
la population, c'est-à-dire les mariages, les naissances, les décès, les migrat
ions. En outre ma formule ne se limite pas seulement aux moyens d'exis
tence et par conséquent aux besoins matériels de l'existence, mais elle
englobe tous les besoins de la vie quels qu'ils soient, dans leur plus large
acception, besoins matériels, spirituels, besoins de science, d'art, de luxe,
deviefacile.
Tous ces besoins doivent nécessairement être satisfaits, dès qu'ils sont
ressentis, et la population se groupe dans les différentes villes ou provinces
d'un pays,, suivant les facilités que chaque ville ou chaque province pré
sente pour satisfaire à ces besoins multiples; et c'est pourquoi je dis :
La nécessité et les facilités de satisfaire aux besoins de la vie règlent les
mouvements de la population dans leur totalité et dans leurs éléments
essentiels.
Il est nécessaire de dégager quelques-unes des conséquences de cette loi.
Or, si nous étudions les variations de la population dans un même peuple
pendant une longue série d'années, nous remarquons d'abord que les
1 Cette équation ne doit pas être comprise au sens rigoureusement algébrique, mais
au sens sociologique, c'est-à-dire qu'elle indique la tendance prédominante qui règle
les phénomènes auxquels elle s'applique, sans que ces phénomènes la réalisent jamais
exactement.
soc. d'anthrop. 1901. 35 17 ocTOBnB 1901 522
besoins de la vie varient fort peu et fort lentement, de sorte que ces besoins
devenant constants ou à peu près, la population varie suivant les res
sources disponibles, c'est-à-dire suivant les conditions économiques. Et il
suit de là que ces conditions écononiques sont alors l'élément le plus
important à considérer, et suffisent pour expliquer les variations de la po
pulation d'un même peuple pendant une série d'années consécutives.
Cette première conséquence de notre loi est confirmée par le beau travail
que M.Turquan a fait sur la richesse de la France par départements en
1878 et en 4898.
M. Turquàn montre quela richesse totale a diminué dans 31 départements,
qu'elle est restée stationnaire dans 20 départements et que dans 33 autres
elle a augmenté.
Or, la population est restée stationnaire ou a diminué dans les 31 dépar
tements qui se sont appauvris, sauf dans 4 d'entre eux, tandis qu'elle est
restée stationnaire ou a augmenté dans les 33 départements où la richesse
a augmenté, sauf aussi dans 4 d'entre eux.
La dépopulation des campagnes et des vallées montagneuses est une
deuxième conséquence de notre loi fondamentale. En effet les populations
essentiellement agricoles ou pastorales n'ayant que des ressources limitées
par la grandeur de leur territoire, doivent fatalement arriver^ à un moment
donné, à une limite de population qu'elles ne peuvent plus dépasser — à
moins que les progrès de la science ne permettent d'augmenter considé
rablement le rendement des terres. Mais en attendant ces découvertes nouv
elles, les progrès de la civilisation qui pénètrent grâce aux chemins de
fer dans les campagnes agricoles et dans les vallées montagneuses, aug
mentent petit à petit les besoins de tous genres de ces populations, en même
temps qu'ils diminuent leurs ressources par la concurrence croissante des
pays agricoles nouveaux. Cette double influence explique tout naturell
ement la dépopulation des campagnes.
Une troisième conséquence de cette loi, c'est que les populations côtières
qui vivent de la pêche maritime auront une tendance à augmenter cont
inuellement en nombre, parce qu'ellestrouvent dans la mer des ressources
i

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