Les chemins escarpés de la hausse des prix en Amérique latine - article ; n°129 ; vol.33, pg 137-151
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Tiers-Monde - Année 1992 - Volume 33 - Numéro 129 - Pages 137-151
15 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1992
Nombre de lectures 13
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Pierre Salama
Jacques Valier
Les chemins escarpés de la hausse des prix en Amérique latine
In: Tiers-Monde. 1992, tome 33 n°129. La fin des hyperinflations en Amérique latine. pp. 137-151.
Citer ce document / Cite this document :
Salama Pierre, Valier Jacques. Les chemins escarpés de la hausse des prix en Amérique latine. In: Tiers-Monde. 1992, tome
33 n°129. La fin des hyperinflations en Amérique latine. pp. 137-151.
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/tiers_0040-7356_1992_num_33_129_4677LES CHEMINS ESCARPÉS
DE LA HAUSSE DES PRIX
EN AMÉRIQUE LATINE1
par Pierre Salama*
et Jacques Valier**
1990, Argentine et Brésil : hausse des prix de plus de 1 300 % et
baisse du pib de plus de 4 % ; Mexique : hausse des prix de 30 % et
hausse du pib de près de 4 %. 1991, Argentine : réduction substantielle
de l'inflation depuis avril ; Mexique : poursuite de la désinflation ; Brés
il : importantes hausses des prix.
Ces exemples illustrent bien la situation contrastée des pays latino-
américains ces dernières années. La plupart d'entre eux s'enlisent dans
une crise caractérisée par le mélange peu réjouissant d'hyperinflation et
d'hyperrécession. D'autres, moins nombreux, après un déchirement de
leur tissu économique et social, durant une décennie, semblent renouer
avec une croissance non inflationniste. Cet article se propose de présent
er une analyse des hyperinflations latino-américaines et des conditions
d'une désinflation durable avec un retour à une croissance équitable.
1 / Une distinction nécessaire :
hyperinflation rampante et hyperinflation ouverte
Les processus hyperinflationnistes peuvent, à un niveau très général,
être caractérisés d'une triple façon :
— la hausse des prix devient exponentielle, incontrôlable et
imprévisible ;
** * Paris X, XIII, GREITD.
1. Contribution au colloque organisé par le greitd et Fufba, Salvador, Brésil, novembre 1991.
Revue Tiers Monde, t. XXXIII, n° 129, janvier-mars 1992 Pierre Salama et Jacques Valier 138
— les prix relatifs tendent à devenir incohérents ; cette incohérence se
manifeste par des difficultés grandissantes pour produire un nombre
croissant de produits ;
— la monnaie nationale tend à perdre l'exercice des fonctions de la ; fonction de réserve de valeur et d'unité de compte
d'abord, puis de moyen de circulation. Une monnaie étran
gère, plus particulièrement une devise clé, ou des titres publics
indexés à celle-ci exercent alors tout ou partie de ces fonctions. La
démonétisation (en monnaie nationale) se développe. Elle constitue
un indicateur pertinent d'une situation hyperinflationniste : l'envol
ée explosive des prix est jumelle de la raréfaction de la monnaie
nationale et de l'essor de la « monnaie indexée » (à une devise clé)
ou/et du dollar dans les transactions courantes1.
Ces caractéristiques sont celles des hyperinflations allemandes, hong
roises, etc., qui se développèrent dans l'entre-deux-guerres et dans
l'immédiat après-guerre. Ce ne sont pas exactement celles des hyperinf
lations latino-américaines.
La hausse des prix est d'abord durable, à la différence de celles que
connurent certains pays européens : violentes et courtes. Elle a un profil
heurté, caractérisé par des paliers d'inflation très élevés et des sauts
brutaux d'un palier à l'autre. Cette particularité des processus hyperinfla-
tionnistes conduit à s'interroger sur les termes utilisés pour la caractériser.
D'une manière générale, cet article conteste l'utilisation abusive et ambi
guë des termes « haute inflation » et « inflation inertielle » et propose une
qualification supplémentaire : Г « hyperinflation rampante » pour caractéri
ser cette hausse des prix. Loin d'être une querelle sémantique, ces distinc
tions devraient permettre d'analyser plus finement les conditions de passage
d'une haute inflation à une hyperinflation rampante et/ou à une hyperinfla
tion ouverte, à l'inverse, et c'est peut-être plus important, les conditions de
passage d'un processus hyperinflationniste à une haute inflation.
— Le terme de haute inflation se rencontre parfois dans la littérature au
lieu et place de l'hyperinflation. On le trouve par exemple dans le modèle
de Bruno2 où l'on traite des conditions de stabilité des équilibres de faible
inflation et de haute inflation (quel que soit leur niveau respectif). Quant à
nous, nous préférons réserver le terme de haute inflation à des inflations qui
ne s'érigent pas en obstacle à la poursuite de la croissance à un taux élevé.
Sans vouloir verser dans le fétichisme des nombres, comme cela fut fait avec
1. Ce point a été développé dans P. Salama, La dollarisation, Ed. La Découverte, 1989.
2. M. Bruno, Econometric and the design of economics reform, Econometrica, 1989. chemins escarpés de la hausse des prix 139 Les
les travaux de Cagan attribuant le terme d'hyperinflation à des hausses de
prix de plus de 50 % par mois, plusieurs mois de suite, on peut considérer
qu'on est en présence de processus de haute inflation lorsque celle-ci s'éta
blit entre 30 et 150 % par an, approximativement, selon les pays et leur
culture inflationniste. A partir d'un certain niveau d'inflation, variable
selon les pays, des éléments profondément déstabilisateurs apparaissent :
le niveau de la production, mais aussi les formes du financier et leur impor
tance sont profondément affectés, ainsi que la répartition des revenus. La
haute inflation devient hyperinflation rampante et s'érige en obstacle à la
poursuite d'une industrialisation à un taux élevé et soutenu.
— A l'inflation inertielle, caractérisée par des niveaux relativement
élevés et stables d'inflation, nous préférerons le concept d'hyperinflation
rampante, réservant le terme (et l'analyse) de l'hyperinflation ouverte
aux moments où la situation semble devenir incontrôlable.
Les paliers ne se caractérisent donc pas par la reproduction simple
d'un niveau d'inflation élevé. Celle-ci se reproduit certes grâce aux
mécanismes d'indexation, formels et informels, et en ce sens elle revêt un
caractère inertiel, mais cette reproduction est également une déformat
ion et, à ce titre, elle n'est pas inertielle ; elle est les deux à la fois.
Elle est inertielle : l'indexation, par définition, rend automatique la
variation de certains prix lorsque d'autres prix varient au-delà d'un cer
tain pourcentage, et d'un temps « t ». L'indexation la plus connue est celle
des salaires par rapport aux prix. Elle est formelle et dépend donc de
conventions explicites, ou informelle et dépend alors de l'évolution d'un
rapport de forces et/ou de conventions implicites. Au travers des prix, les
salaires sont en fait indexés aux marges de profit — selon l'école structural
iste — dans la mesure où les prix sont déterminés pour l'essentiel ex ante
(avant qu'ils ne le soient par le marché), en ajoutant aux coûts de product
ion une marge, elle-même reflet de la stratégie de l'entreprise. La varia
tion des prix, et ce faisant des salaires, dépend donc fondamentalement de
causes liées à l'offre, à la différence de l'interprétation monétariste qui la
relie aux variations de la demande, c'est-à-dire aux variations de l'offre de
monnaie. (Ajoutons que cette thèse ne se limite pas seulement à la relation
salaire-profit. Elle s'étend aux relations entre secteur industriel, secteur
agricole et d'une manière plus générale à l'ensemble des prix.)
Avec l'hyperinflation, la structure des prix relatifs est affectée. Les
prix courent les uns par rapport aux autres1, à des rythmes et avec des
1 . Une boutade sert parfois à définir l'hyperinflation : l'hyperinflation cesse lorsque les vendeurs
ne savent plus s'ils doivent vendre ou ne pas vendre, quel que soit le prix. Les biens disparaissent du
marché, ce qui constitue un choc. 140 Pierre Salama et Jacques Valier
retards différents, selon qu'il s'agit de secteurs administrés (par l'Etat),
de secteurs exposés, ou non, à la concurrence étrangère, de biens de pre
mière nécessité, de produits financiers. La structure des prix relatifs est
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