Les combats de Carnaval et de Carême. Trajets d une métaphore - article ; n°1 ; vol.38, pg 65-98
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Les combats de Carnaval et de Carême. Trajets d'une métaphore - article ; n°1 ; vol.38, pg 65-98

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Annales. Économies, Sociétés, Civilisations - Année 1983 - Volume 38 - Numéro 1 - Pages 65-98
The Combats of Carnival and Lent : Routes of a Metaphor
Medieval examples of the allegorical genre, the combat of Carnival and Lent, rationalize diversely structured ritual practices (Christian, feudal, peasant) by personifying two moments of the annual calendar. As the calendar moves from late winter to spring, so the fortunes of Carnival and Lent change from triumph to exile, imprisonment or glorious return. In the fifteenth and sixteenth centuries, the genre moves away from concern with the raison d'être of the calendar toward analysis of the social behavior involved in the opposition between festive and penitent behavior. A new totality, Nature, begins to order the texts explicitly or by inference. The theatrical pieces, stories and descriptions which use the Carnival/Lent opposition after 1450 analyse the behavior associated with the two rites psycho-moralistically. Neither Carnival nor Lent is exempt from criticism. Neither time of the calendar wins, for both are subjected to new secularly hierarchized pressures: city ways subordinate country habits, social control triumphs over inherited custom, social conscience dissolves institutional presumptions.
34 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1983
Nombre de lectures 87
Langue Français
Poids de l'ouvrage 3 Mo

Extrait

Martine Grinberg
Sam Kinser
Les combats de Carnaval et de Carême. Trajets d'une
métaphore
In: Annales. Économies, Sociétés, Civilisations. 38e année, N. 1, 1983. pp. 65-98.
Abstract
The Combats of Carnival and Lent : Routes of a Metaphor
Medieval examples of the allegorical genre, the combat of Carnival and Lent, rationalize diversely structured ritual practices
(Christian, feudal, peasant) by personifying two moments of the annual calendar. As the calendar moves from late winter to
spring, so the fortunes of Carnival and Lent change from triumph to exile, imprisonment or glorious return. In the fifteenth and
sixteenth centuries, the genre moves away from concern with the raison d'être of the calendar toward analysis of the social
behavior involved in the opposition between festive and penitent behavior. A new totality, Nature, begins to order the texts
explicitly or by inference. The theatrical pieces, stories and descriptions which use the Carnival/Lent opposition after 1450
analyse the behavior associated with the two rites psycho-moralistically. Neither Carnival nor Lent is exempt from criticism.
Neither time of the calendar "wins", for both are subjected to new secularly hierarchized pressures: city ways subordinate country
habits, social control triumphs over inherited custom, social conscience dissolves institutional presumptions.
Citer ce document / Cite this document :
Grinberg Martine, Kinser Sam. Les combats de Carnaval et de Carême. Trajets d'une métaphore. In: Annales. Économies,
Sociétés, Civilisations. 38e année, N. 1, 1983. pp. 65-98.
doi : 10.3406/ahess.1983.411039
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/ahess_0395-2649_1983_num_38_1_411039UNE HISTOIRE DES FORMES POUR
LES COMBATS DE CARNAVAL ET DE CAR ME
Trajets une métaphore
Le 23 février 1506 Bologne humaniste Giovanni Sabbadino écrivait sa
protectrice Isabella Gonzaga que le prince de la ville Bentivoglio avait fait ériger sur
la grande place devant la cathédrale une bannière vers laquelle avan aient de part
et ïautre deux hommes déguisés un en Carnaval autre en Carême Chacun était
suivi une bande de soldats qui combattaient ceux de camp La lutte écrivait
Sabbadino durait environ une heure au milieu des rires des spectateurs chaque
bande cherchant emparer de la bannière du camp adverse au moment où
Carnaval uomo grasso tondo colorito sopra cavallo grasso et Carême
cavallo macro in forma de richissima vechia en venaient aux mains Finalement
Carnaval réussissait après avoir beaucoup lutté emparer de étendard de
Carême Vaincue et dépitée la mischina mercor di futura cum le sue macre
vivande se retirait1
La confrontation entre Carnaval et Carême est un élément essentiel de certains
carnavals urbains partir du xve siècle et surtout au xvie siècle Sans pouvoir
affirmer elle fut générale cette représentation se retrouve aussi bien en France
en Allemagne en Angleterre en Italie sous des formes spécifiques Ces
affrontements se perpétuent également dans des carnavals urbains et ruraux
au xxe siècle Nous ne voulons pas faire ici historique des rituels de la
représentation mais nous constatons parallèlement ces pratiques existence du
thème littéraire du combat physique ou non dont les premières traces semble-t-il
datent du xme siècle et dont apogée se situe entre 1450 et la fin du xvie siècle
Comment comprendre la popularité du thème dans le contexte de la Renais
sance et de la Réforme est-à-dire quels sont les liens entre les conditions sociales
de cette production littéraire et la structure interne du thème de affrontement entre
Carnaval et Carême autre part peut-on déceler des influences réciproques
la multiplication des représentations et des mises en scène du combat de Carnaval et
Carême et la diffusion massive du thème en littérature On repéré 42 textes
appartenant au genre qui échelonnent entre le xme et le xvine siècle dont
médiévaux 1227-1380) 26 pour la période Renaissance-Réforme 1450-1600)
et 10 pour la période baroque-néo-classique 1600-1793)
65 UNE HISTOIRE DES FORMES POUR
Ces textes apparentent au genre des débats de hiver et de été de âme et
du corps de eau et du vin etc opposant ici le maigre et le gras La
représentation du carnaval monde du gras est associée aussi au pays de Cocagne et
au monde envers thèmes une utopie ritualisée dans le carnaval Mais nous
nous sommes limités la seule étude des textes en retra ant histoire du conflit dans
la littérature du xme au xvie siècle Une fois dégagée la structure du thème il est
devenu possible en étudier évolution liée aux transformations du contexte
social
Le récit
Tous ces textes narratifs ou dramatiques en prose ou en rime se décomposent
en parties qui constituent armature du thème
La présentation assez courte en général où sont plus ou moins précisés les
contextes énonciation et énoncé chacun de ces contextes comprenant des
facteurs spatio-géographiques temporels et socioculturels Chaque auteur se situe
vis-à-vis de son récit par une série indications sur le rapport il cherche établir
avec ses lecteurs ou son auditoire Quand un narrateur fait un le récit une
histoire fictive ou présentée comme vraie il établit rapport plus ou moins
explicite entre contexte énonciation temps espace situation socioculturelle dans
lesquels se fait la communication et contexte énoncé temps espace situation
socioculturelle par le moyen desquels est construite histoire dont on parle)
Le rapport entre ces deux contextes est nécessairement problématique dans ce
cas parce que le thème littéraire du conflit entre Carnaval et Carême entretient des
liens difficiles démêler avec un rituel antérieur simultané ou postérieur
Tout comme Bologne en 1506 le mouvement calendaire du temps de
Carnaval au temps de Carême est annuellement marqué par des changements de
règles de comportement personnelles et collectives auteur qui donne une forme
narrative ce mouvement doit donc lier un temps répétitif et cérémonie un temps
linéaire quotidien soi-disant normal où un conflit peut se nouer pour plus
tard se dissoudre La solution adoptée par la plupart de nos auteurs est de rendre
floue et même flottante la relation entre contexte énonciation et contexte
énoncé
Ainsi le narrateur de la Bataille de Caresme et de Charriage adressant un
public seigneurial xme siècle)3 se dit transmetteur une fable ce qui au
Moyen Age pouvait vouloir dire ou bien une fiction ou bien une nouvelle dont on
parle beaucoup Cette fable lone tens. esté perdus continue-t-on bien que
tout le monde comtes et rois en connaisse histoire auteur fait osciller le
récit de la bataille entre le présent et imparfait parce il met en scène un moi-
narrateur qui se pose comme intermédiaire entre deux temps qui dans le cas de
cette narration ne peuvent pas être fixés le temps énoncé et le temps de lecture
Le moi-narrateur qui est jamais identifié se pose comme transmetteur fidèle
une matière collectivement connue mais collectivement oubliée Où et quand se
situe le narrateur par rapport ce dont il parle et par rapport ce que on lit agit-
il du point de vue de la lecture une histoire définitivement passée ou une
histoire toujours recommencée de faits vrais ou fictifs auteur laisse ces
questions sans réponse peut-être parce que décider serait démentir le statut des
deux héros qui sont archétypiquement toujours présents et toujours déjà en train
66 GRINBERG ET KINSER CARNAVAL ET CAR ME
de disparaître au moment où le calendrier les fait renaître Ce serait aussi
laisser perdre une partie de attrait de cette histoire qui en même temps insère les
lecteurs dedans les faisant participer action par rapport une croyance
collectivement partagée et les laisse dehors pour être émerveillés par la série
exotismes comiques suscitée par les personnifications de Carnaval et de Carême
Or le but de cette partie que nous appelons présentation est évidemment de décrire
le conflit une manière aussi attirante que possible et il est donc non seulement
amusant mais efficace de faire disparaître la possibilité de situer le rapport entre les
contextes tout en fabriquant une figure de narrateur qui serait le transmetteur fidèle
de faits vrais
Le deuxième texte De Carnisprivium et die Veneris circa 1300 dont nous
parlerons emploie le même moyen Le moi-narrateur fabriqué par auteur
anonyme un texte moralisant italien affirme raconter une histoire vraie il tient
de

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