Les effets de la globalisation sur les inégalités régionales : quelques apports fondamentaux de l économie géographique - article ; n°164 ; vol.41, pg 775-790
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Les effets de la globalisation sur les inégalités régionales : quelques apports fondamentaux de l'économie géographique - article ; n°164 ; vol.41, pg 775-790

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Tiers-Monde - Année 2000 - Volume 41 - Numéro 164 - Pages 775-790
16 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié le 01 janvier 2000
Nombre de lectures 13
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Mikael Petitjean
Les effets de la globalisation sur les inégalités régionales :
quelques apports fondamentaux de l'économie géographique
In: Tiers-Monde. 2000, tome 41 n°164. pp. 775-790.
Citer ce document / Cite this document :
Petitjean Mikael. Les effets de la globalisation sur les inégalités régionales : quelques apports fondamentaux de l'économie
géographique. In: Tiers-Monde. 2000, tome 41 n°164. pp. 775-790.
doi : 10.3406/tiers.2000.1437
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/tiers_1293-8882_2000_num_41_164_1437EFFETS DE LA GLOBALISATION LES
SUR LES INÉGALITÉS RÉGIONALES:
QUELQUES APPORTS FONDAMENTAUX
DE L'ÉCONOMIE GÉOGRAPHIQUE
par Mikael Petitjean* l
Bien que les caractéristiques fondamentales de la globalisation ne
soient plus guère contestées, les opinions divergent quant à ses effets sur
les inégalités entre régions pauvres et riches. L'objet de cet article est
d'identifier les contributions essentielles de l'économie géographique dans
ce domaine et de présenter un exposé critique de la question. En réfé
rence à deux modèles classiques, cette étude montre que l'optimum de
long terme en économie géographique reste le libre-échange. Cependant,
sur le chemin qui y mène, tous les pays ne bénéficient pas du même
régime favorable. La réalité des chiffres semble infirmer le processus de
convergence absolue prédit par les deux modèles théoriques. Alors que
les coûts de transport baissent, apparaît un mouvement de convergence
conditionnelle qui traduit un creusement des inégalités.
La globalisation, terme trop souvent utilisé de façon impropre ou
approximative, est fréquemment accusée de tous les maux par la
presse et les livres à grand tirage2. Bien que les caractéristiques fonda
mentales de la globalisation ne soient plus guère contestées, les opi
nions divergent quant à ses effets sur les inégalités entre régions pau
vres et riches. La crise économique que l'Asie du Sud-Est a traversée
rend le débat encore plus aigu.
* Service d'économie internationale et interrégionale (seii), Université de Liège, département
d'économie.
1 . Je tiens à remercier les P1* Jules Gazon, Bernard Delhausse, Georges Cassamata ainsi que les par
ticipants au séminaire organisé le 15 mai 1999 (soas, University of London).
2. Krugman, 1998, chap. 4 et 8.
Revue Tiers Monde, t. XLI, n" 164, octobre-décembre 2000 776 Mikael Petitjean
L'objet de cette étude est d'identifier quelques contributions essent
ielles de l'économie géographique dans ce domaine et de présenter un
exposé critique à partir de la question suivante : de quelle manière la
globalisation influence-t-elle les inégalités régionales ? L'étude, en
quatre parties, précise tout d'abord la relation qui existe entre
l'économie géographique, la globalisation et les coûts de transport ;
elle présente les apports de Findlay (1995) dans le contexte de la
théorie orthodoxe du commerce international. Elle examine ensuite,
dans le cadre des nouvelles théories du commerce international, les
conclusions auxquelles aboutissent Krugman et Venables (1995).
Enfin, les deux modèles seront confrontés à la réalité des chiffres.
I. ÉCONOMIE GÉOGRAPHIQUE, GLOBALISATION
ET COÛTS DE TRANSPORT
Les coûts de transport et la localisation des sites de production ont
attiré depuis longtemps l'attention de plusieurs économistes. Le
douzième chapitre du célèbre traité d'Ohlin (1933) était intitulé Inter
regional Trade Theory as Location Theory ; les rôles primordiaux joués
par la localisation des sites de production et les coûts de transport y
étaient déjà soulignés. Plusieurs chercheurs, dont Lôsch (1940), ont
tenté d'intégrer la théorie traditionnelle de la localisation des sites de
production à la pure du commerce international. Ohlin, Hes-
selborn et Wijkman (1977) pensaient y parvenir en rassemblant dans le
cadre d'un séminaire les spécialistes de ces deux courants théoriques.
Pour plusieurs raisons1, ces tentatives ont échoué.
Au cours des dernières années, un nombre croissant d'économistes
se sont intéressés aux problèmes de la localisation2. L'économie géo
graphique devient alors un domaine de recherche économique en soi.
Elle désigne la branche de l'économie qui a pour objectif de répondre
à trois questions : Où l'activité économique se localise-t-elle ? Pour
quoi ? Quelles en sont les conséquences ? C'est dans ce champ
d'investigation plus large que les théories de la localisation, du com
merce international et de la croissance pourront s'intégrer. Pour diver
ses raisons, cette intégration ne s'est toujours pas réalisée3.
1. Findlay, 1995, chap. 6.
2. Lucas, 1988 ; Krugman, 1991a, 1991* ; Becker et Murphy, 1992.
3. Krugman, 1991a, 1993. Les effets de la globalisation sur les inégalités régionales 111
Par son souci d'expliquer des réalités économiques et géographiques
très diverses, l'économie géographique éveille un intérêt particulier dans
la communauté scientifique et dans la classe politique. Elle tente
d'expliquer le regroupement de commerces vendant des produits simi
laires dans une ville, un même quartier, voire une même rue1, les dispar
ités régionales à l'intérieur d'un même pays, la formation de villes de
dimensions différentes, l'existence de districts industriels au sein des
quels les effets d'entraînement technologiques et/ou informationnels
sont forts, les effets de la globalisation sur les inégalités entre régions2,
les répercussions sur les inégalités entre économies nationales de leur
intégration dans des blocs commerciaux, et enfin le dualisme nord-sud.
Bien que la répartition très inégale des activités économiques sur le
territoire ne soit pas un phénomène nouveau, l'économie géographique
n'a jamais mobilisé autant l'attention que depuis quelques années. Les
économistes ont marqué un intérêt constant pour ce champ
d'investigation mais de nombreux obstacles techniques et méthodolog
iques subsistaient et rendaient ce domaine de recherche relativement
peu fertile. Les rendements d'échelle croissants qui se sont révélés
essentiels pour expliquer la distribution géographique des activités éco
nomiques3 ont longtemps posé problème aux économistes théoriciens.
Les rendements croissants conduisent au rejet du modèle concurrenti
el, sauf dans certains cas très particuliers où, en général, il n'existe de
toute manière pas d'équilibre4. Dès 1948, Perroux a réagi contre les
conceptions classiques d'une économie « pure » où les microdécisions
sont prises par des unités de force égale5. Il a souligné l'influence
déterminante des effets d'entraînement et des pôles de croissance sur le
développement harmonisé du territoire6.
Il est évidemment possible de ne pas tenir compte des rendements
croissants. Dans la théorie économique urbaine traditionnelle,
l'existence des villes ou des centres d'emplois (Central Business Dis-
rict) est une donnée exogène. L'analyse porte sur l'évolution à la fois
des fermages et de l'utilisation des terres7. Le modèle de von Thunen,
qui est compatible avec le paradigme concurrentiel, offre de nombreus
es possibilités d'application8 et a donné lieu à une vaste littérature.
1. Krugman, 1999.
2. Krugman et Venables, 1995.
3. Le folk theorem, selon Scotchmer et Thisse, 1993.
4. Koopmans et Beckmann, 1957 ; Starrett, 1978.
5. Perroux, 1948.
6.1955.
7. Von Thunen, 1826 ; Isard, 1956 ; Alonso, 1964.
8. Samuelson, 1983. 778 Mikael Petitjean
Cependant, il présente plusieurs faiblesses1 dont celle de ne pas
répondre à la question de savoir pourquoi l'État isolé décrit par von
Thtinen ne comprend qu'une seule ville, autrement dit, pourquoi il
n'existe qu'un centre unique d'emploi dans la plupart des modèles
d'économie urbaine ?
Les théoriciens des systèmes urbains2 ont ensuite représenté les ren
dements croissants sous la forme d'externalités de production locales
et pécuniai

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