Les hommes sont des réseaux pensants - article ; n°1 ; vol.5, pg 55-66
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Sociétés contemporaines - Année 1991 - Volume 5 - Numéro 1 - Pages 55-66
JEAN-PIERRE DARRE What does the relationships system analysis within groups of farmers, led in terms of network analysis, bring to the knowledge of technical change, or of production and marketing change, in agriculture ? Our observations involve the observation of the material change process. But we mostly seek to connect morphologic types of dialogue networks on the one hand and ways to know and evaluate reality, on the other, in short, the ways the thinking activity is collectively produced.
Résumé : Qu'est-ce que l'analyse de systèmes de relations au sein de groupes ď agriculteurs, conduite en termes d'analyse de réseau, apporte à la connaissance des phénomènes de changement technique, ou de production et de commercialisation, dans l' agriculture. Nos observations passent bien entendu par l' observation des processus de changements matériels des activités, outillages, etc. Mais ce que nous cherchons surtout, c' est à mettre en relation a une part des types morphologiques de réseaux de dialogue, et ď autre part, les façons de connaître et d'évaluer la réalité, les façons dont elles se reproduisent et se transforment, bref, les façons dont s' exerce, collectivement, l' activité de pensée.
12 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1991
Nombre de lectures 22
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Jean-Pierre Darré
Les hommes sont des réseaux pensants
In: Sociétés contemporaines N°5, Mars 1991. pp. 55-66.
Abstract
JEAN-PIERRE DARRE What does the relationships system analysis within groups of farmers, led in terms of network analysis,
bring to the knowledge of technical change, or of production and marketing change, in agriculture ? Our observations involve the
observation of the material change process. But we mostly seek to connect morphologic types of dialogue networks on the one
hand and ways to know and evaluate reality, on the other, in short, the ways the thinking activity is collectively produced.
Résumé : Qu'est-ce que l'analyse de systèmes de relations au sein de groupes ď agriculteurs, conduite en termes d'analyse de
réseau, apporte à la connaissance des phénomènes de changement technique, ou de production et de commercialisation, dans l'
agriculture. Nos observations passent bien entendu par l' observation des processus de changements matériels des activités,
outillages, etc. Mais ce que nous cherchons surtout, c' est à mettre en relation a" une part des types morphologiques de réseaux
de dialogue, et ď autre part, les façons de connaître et d'évaluer la réalité, les façons dont elles se reproduisent et se
transforment, bref, les façons dont s' exerce, collectivement, l' activité de pensée.
Citer ce document / Cite this document :
Darré Jean-Pierre. Les hommes sont des réseaux pensants. In: Sociétés contemporaines N°5, Mars 1991. pp. 55-66.
doi : 10.3406/socco.1991.986
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/socco_1150-1944_1991_num_5_1_986♦♦♦♦♦♦ JI AN- PI IR t DAlli ♦ ♦♦♦♦♦♦ ♦
LES HOMMES SONT DES RÉSEAUX PENSANTS '
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Cet article 2 vise à répondre à la question : qu'est-ce que l'analyse des systèmes de
relations au sein de petits groupes (ici d'agriculteurs), conduite en termes d'analyse de
réseau, apporte à la connaissance des processus de changement des pratiques.
L'étude des processus de reproduction et de changements techniques porte bien
entendu en premier lieu sur les aspects matériels des activités, outillages et produits.
La distribution des variantes techniques qu'on peut observer dans un milieu
d'inter-connaissance peut être mise en relation avec des positions dans le réseau des
relations et avec la forme générale de ce réseau.
Ce n'est là cependant, dans notre perspective de recherche, qu'une première étape
vers l'étude des formes de connaissance et d'évaluation de la réalité, de leurs façons
de se reproduire et de se transformer dans le flux dialogique local, et vers la mise en
évidence de relations entre des types morphologiques de réseaux de dialogue et les
façons dont s'exerce, collectivement, l'activité dépensée.
Je préciserai d'abord notre objet et nos hypothèses. Une deuxième partie sera
consacrée aux principes de méthode, issus de cet objet et des hypothèses, et la troisième
à nos résultats, confrontés aux thèses communément acceptées par les acteurs du
"développement agricole", souvent relayés par le discours savant.
1 . Biaise Pascal
1. Ecrit avec l'aide de R. Le Guen, GERDAL-ESA.
55 JEAN-PIERRE DARRÉ ♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦
1 . L'OBJET : DE LA DIFFUSION À LA CONVERGENCE
Notre point de départ réside dans la critique du "modèle linéaire" de la
communication, qui constitue la base du sens commun de la vulgarisation, que les
termes mêmes de "diffusion", "vulgarisation" ou son équivalent anglais "extension"
indiquent bien.
Ce modèle repose sur l'image de sens commun qui assimile une information à une
substance physique que certaines personnes envoient à d'autres, et à propos de quoi on
s'interroge sur l'effet que cette information produit sur un individu qui la reçoit. Cette
vision est cohérente avec la vision du travail socialement divisé, selon laquelle certains
hommes sont supposés concevoir le que les autres exécutent, vision dont on
trouve l'écho dans l'organisation institutionnelle, de la science à l'agriculture : les
chercheurs produisent des informations, par exemple sur les relations entre les rations
alimentaires des vaches et les quantités de lait qu'elles produisent, les ingénieurs
d'instituts techniques transforment ces informations en prescriptions, en définissant des
procédures de calcul des rations journalières, des techniciens-conseils de terrain les
expliquent et les diffusent aux éleveurs, qui sont censés transformer ce dernier état de
l'information en opérations matérielles (distribution de foin et d'aliments concentrés).
Cette conception du développement agricole relève d'un premier ensemble de
critiques, qui visent d'une façon générale les schémas de diffusion de l'information où
le "récepteur" est conçu soit comme individu, soit comme collection amorphe
d'individus. Les premiers éléments de cette critique ont été apportés par P.F. Lazarsfeld,
avec la two steps flow hypothesis (Lazarsfeld, 1948) 3, par les travaux de G.H. Mead
ou de Bateson sur Terreur théorique qui consiste à isoler l'esprit d'un individu de son
environnement (Bateson, 1981 ; Mead, 1934), par l'école de Palo Alto, avec la notion
de "communication nexus" (Watzlavick, 1967).
En second lieu, il est fréquent de constater que l'exécution par les éleveurs ne
reproduit jamais ni tout à fait exactement, ni seulement la prescription. C'est cet écart
que les ergonomes désignent par la distinction entre "norme prescrite" et "norme réelle" .
Il est évident que ce n'est pas la théorie scientifique à l'origine de la prescrition
(exemple : la physiologie de la digestion des ruminants et l'analyse des valeurs
alimentaires des fourrages) qui conduit les actes des éleveurs. Entre l'information
initiale, fut-elle ajustée par des intermédiaires, et les façons d'agir des agriculteurs,
associées à leurs propres façons de connaître les choses, de les décrire, il y a
nécessairement une activité de construction, que nous dirons normative, à la fois sur le
plan des opérations matérielles et sur celui de la connaissance. Cette activité, ainsi que
le suggèrent les critiques citées ci-dessus, est une activité collective donc pleinement
sociale, au même titre que le produit lui-même, à savoir une culture technique locale
ou encore la variante locale d'une culture technique.
Il reste à s'interroger sur la façon dont s'exerce cette part sociale de l'activité de
pensée et sur les relations entre les formes de systèmes de relations et la manière dont
s'exerce cette activité : la forme des "réseaux pensants", selon notre hypothèse, conduit
la forme des façons de penser.
Le moyen par lequel s'exerce cette activité sociale de pensée, c'est le dialogue. Le
dialogue est, à un premier niveau d'observation, moyen de communication
3. Premier pas : la réception parles individus ; second pas : la circulation -mise à l'épreuve de l'information
entre les membres d'un groupe.
56 ♦ ♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦ CHANGEMENTS ET AGRICULTURE
d'information et d'expériences, et moyen d'influences réciproques. Mais ce premier
niveau en implique un second. Ces fonctions, en s'accomplissant, entraînent de façon
nécessaire, indépendante de la volonté des interlocuteurs, un processus d'ajustement
constant pour se comprendre. D.L. Kincaid (Rogers et Kincaid, 1981) décrit ce
processus sous le terme de processus de "convergence" : les individus en interaction
verbale construisent leur compréhension mutuelle en éliminant, par ajustements
succe

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