Les Indiens Arhouaques-Kaggabas - article ; n°1 ; vol.4, pg 318-357
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Description

Bulletins et Mémoires de la Société d'anthropologie de Paris - Année 1903 - Volume 4 - Numéro 1 - Pages 318-357
40 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1903
Nombre de lectures 14
Langue Français
Poids de l'ouvrage 3 Mo

Extrait

Joseph Brettes (de)
Les Indiens Arhouaques-Kaggabas
In: Bulletins et Mémoires de la Société d'anthropologie de Paris, V° Série, tome 4, 1903. pp. 318-357.
Citer ce document / Cite this document :
Brettes (de) Joseph. Les Indiens Arhouaques-Kaggabas. In: Bulletins et Mémoires de la Société d'anthropologie de Paris, V°
Série, tome 4, 1903. pp. 318-357.
doi : 10.3406/bmsap.1903.6506
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/bmsap_0037-8984_1903_num_4_1_6506318 16 avril 1903
LES INDIENS ARHOUAQUES-KAGGABAS.
Répouses au questionnaire de Sociologie et d'Ethnographie de la Société
d'Anthropologie.
Par le Cte Joseph de Brettes.
Explorateur, chargé de Missions scientifiques et économiques par le Gouverrement
français.
Notes recueillies au cours des sept voyages suivants :
III. — Exploration des territoires Arhouaques ; Boussinkas, Gouamakas et Kaggabas.
— Ascension du plus haut sommet (5.887 m.) de 1m Sierra Nevada de Santa
Martha-Magdeléna — République de Colombie (1891);
IV. — Mission d'exploration géographique dans les régions civilisées du Nord de la
Colombie et du Venezuela et les territoires indiens : Motilones, Goagiros
et ArhoaSiques-Kaggabas (1892j;
V. — Séjour à Taminakka — territoire Arhouaque-ifa^aôa — Nevada centrale
(1893-1894);
VI. — Reconnaissance topographique à Maloumala — territoire Arhouaque-ifagfSfaôa
Nevada centrale (1894) ;
VII. — dans la région Taïrona — partie nord du ter
ritoire Aihoimque-Kaggaoa — Nevada centrale (1894);
XI. — Voyage à la « Terre des remèdes » — partie Nord-Est de la Nevada — pays
Arhouaque-iTaf/j/aôa (1895):
XII. — Séjour à Nabaïji — Nord-Est de laSierra-Ne\ada — pays Arhouaque-Â\</gia6a
(1895).
Fig. 1 — Carte des Territoires Arhouaques. DE BRETTBS. - LES INDIENS ARHOUAQUES-KAGGABAS 319
I. — Vie nutritive.
Alimentation- — 1.2. Les aliments sont principalement végétaux dans
le territoire Arhouaque Kaggaba. Les espèces de bananes : « platanos »
(manta) et « guineos » (maïlou) ; la yuca ou manioc (Inji) ; les haricots
(hita) ; le maïs (Kiuané) ; les « malangas » (Souzou Râla); les « ouyamas »
(iama). Très rarement animaux: les vampires (nuiji) ayant détruit tout le
bétail et s'étant même attaqué aux porcs et aux poules.
Voici maintenant les noms arhouaques de quelques aliments : ceux
précédés d'un astérisque sont d'origine espagnole et désignent par consé
quent des aliments inconnus avant la conquête. Viande de bœuf (* bakka);
viande de bœuf fraîche (* bakka attaélinouaka) ; viande de bœuf rôtie
(* bakka iaouka) ; viande de bœuf bouillie (* bakka kaouna); viande de
bœuf sèche (* bakka kaouna) ; porc (mitou) ; pommes de terre (toulouma) ;
patates (maïji); « aracachas » (alloukachi) ; cœurs de palme (nouilli); canne
à sucre (chioula) ; oignons (* cibouya) ; goyaves (mongiïi) ; ananas (bighiji);
piment (moughoua) ; sel (nak'ko) et fruits amers ronds de la grosseur d'une
noisette et à coquille très dure (Kandji), (J'en ignore le nom espagnol.
Les Kaggabas mangent ces fruits en voyage, lorsque tous les autres vivres
sont épuisés.) Plantes parasites (madbéti ou betzi) conservant l'eau des pluies
(le cœur seul est comestible). Elles poussent à une grande altitude (2,000
à 2,500 m.) environ ; ces plantes ressemblent beaucoup aux « Karaguatas
duGrand-Chaco. — Ananas sylvestre [misse) ; petite palme : (H'nah); miel
de canne à sucre (attia); pain de miel de canne à sucre — ou sucre noir
(* panela); manioc moulu {naoussou) ; manioc sec pour le voyage (ljboula).
3 4. De préférence les aliments sont mangés bouillis, cuits dans des
vases de terre (Fig. 2) (oulou) fabriqués dans la Sierra-Nevada.
5. 6. Les repas se font à des heures très irrégulières. Les Kaggabas
mangent a n'importe quelle heure, peu ou beaucoup, selon l'abondance de
leurs vivres.
7. 8. Les femmes préparent les aliments. Les enfants mangent parfois
avec les hommes; les femmes, jamais.
9. Il n'y a pas d'aliments privilégiés réservés aux hommes, ou aux
chefs.
On fait des provisions pour l'avenir : maïs conservé en épis (Kiuané) ;
haricots (hita) et tranches de bananes séchées au soleil (mantelta) ; lorsqu'ils
possédaient encore du bétail, ils conservaient la viande coupée en lanières
très fines et séchées également au soleil, car le sel est très rare dans la
Sierra. Les anciens Indiens ne se servaient pas de sel.
10. 11. Les Kaggabas n'emploient aucune substance stupéfiante ni exci
tante. Ils s'enivrent avec du rhum lorsqu'ils peuvent s'en procurer
auprès des civilisés. Ordinairement paisibles, ils deviennent méconnaiss
ables, car ils ont l'ivresse tapageuse et batailleuse. 320 16 avril 1903
IL — Vie sensitive.
Sensibilité générale et spéciale.
!.. 2. 3. Les Arhouaques-Kaggabas ne.sont ni plus ni moins sensibles
que nous à la douleur, aux blessures ; ils supportent généralement les mal
adies sans se plaindre; ils craignent la mort.
A. — Tact. — 1. Je n'avais pas d'esthesiomètre.
Ayant à explorer le tact dans diverses régions du corps, surtout a la
pulpe des doigts, autour des lèvres, sur le dos," etc., une moyenne d'ob
servations m'a démontré que la partie la plus sensible chez l'Indien
arhouaque Kaggaba est le coin des lèvres.
2. La peau de la face sent un poids de 2 milligrammes et la pulpe
des doigts un poids de 10 milligrammes. Je nJai constaté aucune diff
érence appréciable entre la sensibilité tactile de ces indigènes et la nôtre.
B — • Sens du goût. — 1 . Il s'agit d'explorer le goût avec quatre saveurs :
l'acide, le doux, le salé et l'amer en partantdes données suivantes recueill
ies chez l'Européen :
Une solution d'une partie de sucre dans cent parties d'eau distillée est
tout à fait insipide.
Une solution d'une demie partie de chlorure de sodium dans cent parties
d'eau distillée est tout à fait insipide.
La saveur salée paraît préférée. Pas de différences sexuelles en fait de
goût.
2. La saveur salée est, je l'ai dit, la saveur préférée. Quant aux expé
riences indiquées, voici les résultats obtenus :
Sucre. — Moyenne de 10 observations :
2, 2, 3, 3 1/2, 2, 1 1/2, 2, 1/2, 1/2, 2. Moyenne = 2. 1.
Sel. — Moyenne de 10 :
1 1/2, 1, 1, 1, 1 1/2, 1 1/2, 1, 2, 2, 1. Moyenne = 1. 35.
Les Kaggabas aiment beaucoup le piment qu'ils mangent cru et en
grande quantité.
C — Odorat. — - 1 . On doit essayer la sensibilité olfactive à l'aide de d
iverses essences ou eaux odoriférantes. Je n'ai pas de parfums sousla main,
à l'exception de fleurs ne pouvant servir en France de terme de compar
aison. Le Kaggaba aime les odeurs pénétrantes et sa sensibilité olfactive
est aussi développée que la nôtre.
2. L'odeur de la fumée du bois de « Souân », qui m'est tout à fait désa
gréable, n'incommode en rien les Indiens; mais des odeurs désagréables
peuvent devenir à la longue, sinon agréables, du moins supportables.
Ainsi l'odeur des cases Kaggabas ne me répugnait plus au bout de quel
ques mois. BRETTES. — LES INDIENS ARHOUAQUES-KASGABAS 321 DR
3. Je me suis pris comme terme de comparaison dans ces diverses
expériences.
4. Je n'ai trouvé dans l'olfaction aucune différence sexuelle.
5. Les individus examinés distinguent très bien à l'odeur les transpira
tions cutanées des personnes de race diverse. Les Kaggabas trouvent aux
blancs une odeur particulière que nous ne sentons pas, de môme que
nous leur trouvons une odeur qu'ils ne sentent pas non plus.
Quant à la distinction du sexe à l'odeur, je n'ai pu me rendre compte
si la sensibilité olfactive de ces Indiens allait jusque-là.
D — Sens de l'ouïe. — 1. Sensibilité auditive extraordinairement déve
loppée.
2. Les bruits stridents: limer une scie; bruits déchirants : racler une
lame d'acier avec une pointe de métal, etc., ne leur sont pas désagréables.
3. Ci-dessous un tableau des résultats obtenus après deux expériences
faites sur dix Kaggabas dont les plus jeunes avaient 25 ans et le plus
vieux 60. L'âge ne paraît pas diminuer la sensibilité auditive : et c'est
justement l'Indien de 60 ans (un certain Lémako) qui entendait de
plus loin les battements de ma montre.

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