Les inégalités entre nations tendent-elles à croître ? - article ; n°5 ; vol.13, pg 736-759
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Description

Revue économique - Année 1962 - Volume 13 - Numéro 5 - Pages 736-759
24 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1962
Nombre de lectures 13
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Claude Zarka
Les inégalités entre nations tendent-elles à croître ?
In: Revue économique. Volume 13, n°5, 1962. pp. 736-759.
Citer ce document / Cite this document :
Zarka Claude. Les inégalités entre nations tendent-elles à croître ?. In: Revue économique. Volume 13, n°5, 1962. pp. 736-759.
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/reco_0035-2764_1962_num_13_5_407526LES
INEGALITES ECONOMIQUES ENTRE NATIONS
TENDENT- ELLES A CROITRE ? *
Depuis la fin de la seconde guerre mondiale, les économistes se
préoccupent activement du problème de la croissance économique des
nations. Ce nouveau thème dominant de la réflexion scientifique est proba
blement le reflet de trois ordres de faits. D'abord, la reconstruction et le
développement des pays européens ont incité les spécialistes de notre
science à une « reconversion » brutale : avec quelque vingt ans de retard,
ils se sont aperçu que Schumpeter avait bien eu raison de considérer le
cycle comme un simple sous-produit de la croissance; ce qui a eu pour
conséquence de mettre à l'arrière-plan les préoccupations scientifiques de
I'entre-deux-guerres. En second lieu, la survie des valeurs que l'on avait
défendues au cours de la guerre ne pouvait se maintenir face à un monde
communiste en rapide croissance que par le moyen d'un rythme soutenu
de développement et de progrès social. Enfin, l'indépendance politique
acquise par le Tiers Monde devait rapidement poser le problème du sous-
développement.
La multiplication des organismes internationaux a apporté aux écono
mistes un appareil statistique pratiquement inexistant avant 1945. Les
travaux de comptabilité nationale, les recensements démographiques, l'él
aboration d'indices synthétiques acceptables de production nous permettent
maintenant de mesurer avec une approximation suffisante un grand nombre
de quantités et de taux caractéristiques. Aussi les économistes ont-ils été
en mesure, au cours de ces dernières années, de porter des jugements inté
ressants sur les rythmes de croissance démographique et économique de la
plupart des pays du monde. Aujourd'hui les comparaisons internationales
abondent soit au sein d'une communauté d'Etats liés d'une manière ou
d'une autre, soit même à l'échelle de la planète.
* Les graphiques sont groupes- en fin d'article, pages 755 et suivantes. INÉGALITÉS ENTRE NATIONS 737
On sait que l'opinion dominante se résume de la manière suivante :
depuis la fin de la deuxième guerre, les nations les plus riches croîtraient
à un rythme rapide, pendant que les nations les plus pauvres (nous dirons
brevitatis causa « sous-développées ») croîtraient à un rythme beaucoup
plus lent, ou stagneraient, ou même régresseraient, compte tenu de leur
accroissement démographique.
En d'autres termes, les taux de croissance du produit par tête (par
exemple) seraient élevés dans une portion réduite du monde; ils seraient
faibles, nuls ou négatifs dans le reste du monde. Et l'on ajoute — ce qui
nous paraît aussi important — qu'il serait logique d'extrapoler ces ten
dances pour l'avenir, ce qui veut dire que depuis vingt ans et pour les
quatre ou cinq décennies futures, les inégalités économiques internationales
ont été et demeureront croissantes.
Citons quelques auteurs pour qui le fait n'est pas douteux.
« ... D'où vient que le problème du sous-développement soit une ques
tion éminemment contemporaine ? » se demandait récemment M. Pierre
Moussa (l). C'est notamment parce que, selon l'auteur, l'inégalité s'est
brusquement accentuée depuis quelques décennies : «... L'écart qui sépare
le monde sous-développé du monde développé s'est brutalement accru.
D'une part, une véritable explosion démographique a affecté les pays
sous- développés ... En même temps, les pays les plus évolués ont considé
rablement accéléré leur progrès. Le développement économique est un
phénomène que les mathématiciens appelleraient exponentiel, c'est-à-dire
qui croît proportionnellement à lui-même; qui a de l'avance, aura plus
d'avance». Et l'auteur parle, un peu plus loin, de la paupérisation du tiers
monde et d'une loi d'airain qui résulte de la spoliation progressive des
nations pauvres, conséquence de la détérioration des termes de l'échange (2).
M. Gunnar Myrdal a brillamment exposé la même thèse dans son
ouvrage bien connu, Une économie internationale, récemment traduit en
français (3). «Ce sont, écrit-il, les pays riches qui avancent, alors que les
pays pauvres, aux vastes populations, stagnent ou ne progressent que len
tement. (4) » Et l'auteur cite, pour l'approuver presque sans réserve,
l'économiste H.W. Singer : « L'analyse marxiste, selon laquelle l'augmen-
1. P. Moussa, Les nations prolétaires, Paris, 19o9, p. 4.
2. Ibid., pp. 15-16.
3. Paris, P.U.F., 1958, publications de l'I.S.E.A.
4. Ibid., p. 2. REVUE [ÉCONOMIQUE 738
ration des standards de vie pour des groupes et des secteurs donnés est
considérée grosso modo comme compatible avec une détérioration et un
appauvrissement généraux, est beaucoup plus valable sur le plan inter
national que sur le plan intérieur» (5).
« Ce que nous avons cependant constaté dans les chapitres précédents,
écrit Myrdal à la fin de son ouvrage (p. 457), est que, en même
temps que se développait l'intégration nationale, le monde, internati
onalement, s'est désintégré, et la solidarité entre nations est tombée
au plus bas. Les disparités de niveaux de revenu et de vie entre nations
se sont aggravées et continuent de s' aggraver. J'ai noté dans le premier
chapitre qu'il était intéressant et extrêmement important de savoir
si la prophétie de Marx, qui s'est révélée fausse à l'intérieur de chaque
nation, ne peut redevenir une prévision vraie en ce qui concerne les
relations entre nations. (6) »
II est vrai que l'auteur ajoute prudemment un peu plus loin (pp. 459-
460) : « Je ne m'engagerais cependant point, pour ma part, à croire que
la prédiction marxiste du cataclysme, qui s'est révélée fausse pour les
Etats nationaux, puisse s'avérer exacte dans le domaine international.
L'inattendu peut de nouveau se produire ».
On sait que les citations en ce sens peuvent être multipliées : la thèse
de Marx est maintenant accepcée comme une base de départ, à l'échelle
mondiale, dans toutes les études concernant les inégalités de développe
ment économique.
Nous allons nous demander ici si l'opinion dominante se trouve effe
ctivement vérifiée. Certes, l'analyse superficielle nous interdit de penser que
ces auteurs auraient toujours tort de conclure à une inégalité croissante
entre certains pays pauvres et d'autres beaucoup plus riches et dynamiques ;
mais on pourrait se demander si ces faits sont généralisables, si, en parti
culier, il n'existerait pas un très grand nombre de pays sous-développés
mais en voie de développement qui seraient, tout au contraire, en train de
rattraper les pays riches ou aisés.
Dans quelle mesure ce phénomène se rencontre-t-il ? C'est la question
à laquelle nous allons tenter de répondre, d'abord en réunissant les
données statistiques indispensables, puis en essayant d'en tirer quelques
enseignements.
5. Ibid., p. 2.
6. C'est nous qui soulignons. Cf. également des passages caractéristiques
aux pages 448, 451 et 455. INÉGALITÉS ENTRE NATIONS 739
I. LES REPERES STATISTIQUES
1. Comparons d'abord les croissances d'un petit nombre de nations
occidentales pour lesquelles ne se pose pas avec acuité le problème de la
comparaison des données statistiques.
Tableau I
Taux de croissance annuels moyens du produit national brut réel
et 4e la population (1950-1961)
P.N.B. P.N.B. réel Population Pays par habitant
Royaume-Uni 0,5 ~% 2,4*% 1,9'%
0,5 2,8 2,3 Belgique
3,3 1,7 1,6 Etats-Unis
0,7 4,5 3,8 France
6,0 0,9 5,1 Italie
7,4 1,0 6,4 Allemagne occ.
SOURCES :
P.N.B. réel d'après Le Monde, 4-5 avril 1962, p. 7.
Population : taux de croissance calcul&

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