Les origines slaves - article ; n°1 ; vol.7, pg 351-367
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Description

Bulletins de la Société d'anthropologie de Paris - Année 1896 - Volume 7 - Numéro 1 - Pages 351-367
17 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1896
Nombre de lectures 23
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

André Lefèvre
Les origines slaves
In: Bulletins de la Société d'anthropologie de Paris, IV° Série, tome 7, 1896. pp. 351-367.
Citer ce document / Cite this document :
Lefèvre André. Les origines slaves. In: Bulletins de la Société d'anthropologie de Paris, IV° Série, tome 7, 1896. pp. 351-367.
doi : 10.3406/bmsap.1896.5649
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/bmsap_0301-8644_1896_num_7_1_5649LEFÈVRE. LES ORIGINES SLAVES 351 A.
Les origines slaves.
Par M. André Lefèvre.
S'il existe un sujet où éclate la différence, plus d'une fois signal
ée, entre l'Ethnologie et l'Ethnographie, c'est bien celui où nous
entrons aujourd'hui. L'une traite des races, l'autre des nations.
La race comporte une moyenne de caractères physiques communs
à tous les individus qui s'y rattachent. La nation implique seul
ement une certaine communauté de caractères moraux, d'habi
tudes sociales et de culture intellectuelle. On peut distinguer et
définir une race ombro-ligure répandue dans l'Italie et la Gaule
centrale; on peut, à, la rigueur, constituer une race celtique, une
race teutonique, une race achéenne, variétés d'un type grand,
blond, dolichocéphale; mais il n'y a point une race slave; il y a
des nations de types divers, plus ou moins purs, plus ou moins
croisés, qui se trouvent parler les dialectes d'une même langue, et
qui ont tardivement reçu le nom de Slaves, porté par une tribu
sarmatique. Slave, je le rappelle, pour n'y plus revenir, est le
sanscrit gravas, le grec clévos, dès, racine Mu et cru, « résonner,
entendre, « signifie renommé, illustre ». La plupart des peuples
se sont ainsi désignés parla qualité qu'ils prisaient le plus : les
braves, les éloquents, lés brillants, les nobles, etc. Par une étrange
destinée, une forme de ce nom glorieux, Sclavini, Esclavons, a
fourni à nos langues les mots « esclave, esclavage ».
C'est dans le voisinage immédiat des Iraniens que la linguis
tique et la mythologie nous amènent à chercher l'origine de ce
que nous appellerons, faute de mieux, le monde slave, dans ces
vastes régions d'où sont sortis les ancêtres des Celtes et des Ger
mains, entre la Caspienne et la Vistule, entre le Volga et le Pont-
Euxin. A ceux qui n'accueillent pas sans défiance les indications
fournies par l'étude des langues et des croyances, l'histoire apporte
ici les témoignages les moins discutables. Au temps d'Hérodote, au
ve siècle avant notre ère, la nation qui a longtemps donné son
nom à toute la masse des peuples slaves ou slavisés, les Sauro-
mates ou Sarmates, habitait encore, au nord du Caucase, au sud
des Budms, l'espace qui va de la Caspienne à la mer d'Azov et au
Don ou Tanaïs. Voici le texte même (iv, 21) : «En traversant le
Tanaïs, on n'est plus en Scythie; on commence à entrer chez les 382 21 mai 4896
Sauromates, qui, à partir de l'angle du Palus-Mœotis, habitent un
espace de quinze journées de marche, où il n'y a point d'arbres,
ni fruitiers ni sauvages. Au-dessus du lot qui leur est échu, les
Budins en occupent un autre; celui-ci couvert de toutes sortes
d'arbres. » C'est donc un point acquis. Le père de l'histoire nous
raconte ensuite une légende bizarre, mais d'où il résulte que les
Sauromates n'étaient qu'une tribu scythique. Les Amazones,
vaincues aux bords du Thermodon, s'étaient réfugiées en Scythie.
De leur union avec de jeunes guerriers scythes était né tout un
peuple, établi sur la rive gauche du Tanaïs (iv, 110-117) : «Les
femmes des Sauromates, ajoute-t-il, ont conservé les anciennes
coutumes; elles montent à cheval; elles vont à lâchasse; elles
s'habillent comme leurs maris. Nulle vierge ne se marie avant
d'avoir tué un homme. Quelques-unes vieillissent sans se marier,
faute d'avoir pu remplir cette condition de la loi. Les Sauromates
parlent la langue scythique; mais de tout temps ils y ont mêlé des
solécismes, car les Amazones ne l'ont jamais apprise comme il
faut. » Les Sauromates donc, et les Scythes, leurs voisins et leurs
parents, parlaient des dialectes d'une même langue. Nous savons
aussi par Hérodote que ces étaient nombreux; les diverses
tribus scythiques avaient besoin entre elles de sept interprètes.
Un certain nombre de mots, surtout des noms de rois, recueillis
par des marchands Hellènes, qui trafiquaient de temps immémor
ial avec les riverains de la Grimée et du Dnieper, ont une phy
sionomie tout iranienne. Si l'on ajoute que la Russie méridionale
a été tour à tour occupée et traversée par les ïhraces, les Gètes,
les Celtes et les Germains, on conclura, sans crainte d'erreur, que
les dialectes scythiques, tous plus ou moins apparentés entre eux,
formaient une sorte de transition entre les langues des Aryas
orientaux et les idiomes que les Aryas d'Europe ont importés et
développés, dans les régions de l'Occident où ils se fixèrent. Et
comment en eût-il été autrement, puisque les Scythes — c'est-à-
dire l'ensemble des trois groupes, encore indéterminés, Celto-
Germano-Slaves — avaient, mille ans seulement avant l'invasion
de Darius, quitté, sous la pression des Massagètes, le berceau
même de la culture indo-européenne, le bassin de l'Oxus? Ils se
proclamaient volontiers la plus jeune des nations, et se rendaient
parfaitement compte, selon Hérodote, de leur exode, de leur mar
che autour de la mer Caspienne, de leur descente vers la mer
Noire parles vallées des grands fleuves, à travers quelques débris A. LEFÈVRE. — LES ORIGINES SLAVES 353
de hordes finnoises ou hunniques déjà pourchassées par le vaste
flux thraco-ligure, qui avait ouvert les chemins de l'Ister.
Il est très probable que des tribus à la fois scythiques et thra-
ces, à la fois germaines et slaves, pénétrèrent en des temps recu
lés dans la vallée et sur les deux rives du Danube; celles-là éche
lonnées entre le Niémen et les bouches du grand fleuve^ Roxolans,
Bastarnes et Peucins,les autres plus avant dans l'Ouest et le Midi,
Lugiens, Vénèdes (de Tacite), et sans doute Vénètes de l'Adria
tique. Je ne considère pas du tout comme une témérité de signaler
à l'extrême Occident les Vénètes Celto-Ligures, et à l'Orient les
Enètes qu'Homère place, a bon escient, en Paphlagonie, comme
des membres, dispersés et différenciés avec le temps, d'une même
tribu Vénète ou Windique. Une remarque de même genre, mais
plus intéressante, est suggérée par le nom d'un peuple qu'Héro
dote établit sur la rive gauche de l'Ister, les Sigunnoi. «Au delà de
ce fleuve, dit-il, paraît s'étendre un désert immense. Tout ce que
j'ai pu en apprendre, c'est qu'il s'y trouve une peuplade qu'on
nomme les Sigynnes, faisant usage du costume médique. Leurs
chevaux sont couverts, sur tout le corps, de crins dont la lon
gueur est de cinq travers de doigts ; ces chevaux sont de petite
taille, camus et incapables de porter des hommes. Attelés à un
char, leur rapidité est extrême; aussi, les Sigynnes sont-ils tous
conducteurs de chars. Ils étendent leurs limites jusqu'au voisinage
des Enètes, de ceux qui demeurent devant l'Adriatique. On les dit
émigrés Mèdes ; je ne puis m'imaginer comment des Mèdes auraient
formé une telle colonie; mais longueur de temps amène toutes
choses. Les Ligures, qui vivent au-dessus de Marseille, appellent
les marchands Sigynnes ; les Cypriotes appellent ainsi les javelots. »
C'est là un bien précieux passage. Les Sigynnes, marchands,
importateurs d'armes en métal, en fer sans doute, étaient, comme
les Scythes, vêtus à la Mède, à la Perse, de ces pantalons ou braies
que leur ont empruntés les Celtes. Ils pouvaient très bien venir de
la Médie où les Scythes ont longtemps séjourné; les Chalybes,
entre l'Arménie et l'Atropatène, travaillaient le fer, qu'Eschyle
appelle «hôte Chalybe»; or, ils étaient Scythes. Le nom Sigunnes
est resté à l'ancienne Belgrade Sigin ou Singi-dunum, s'associant
ainsi à une terminaison celtique, ce qui implique un long voisi
nage ou une fusion de certains éléments scythes avec ces peuples
ce

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