Les peintures pariétales d époque bovidienne du Tassili. Éléments sur la magie et la religion - article ; n°1 ; vol.36, pg 7-28
26 pages
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Les peintures pariétales d'époque bovidienne du Tassili. Éléments sur la magie et la religion - article ; n°1 ; vol.36, pg 7-28

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Description

Journal de la Société des Africanistes - Année 1966 - Volume 36 - Numéro 1 - Pages 7-28
22 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1966
Nombre de lectures 20
Langue Français
Poids de l'ouvrage 4 Mo

Extrait

H. Lhote
Les peintures pariétales d'époque bovidienne du Tassili.
Éléments sur la magie et la religion
In: Journal de la Société des Africanistes. 1966, tome 36 fascicule 1. pp. 7-28.
Citer ce document / Cite this document :
Lhote H. Les peintures pariétales d'époque bovidienne du Tassili. Éléments sur la magie et la religion. In: Journal de la Société
des Africanistes. 1966, tome 36 fascicule 1. pp. 7-28.
doi : 10.3406/jafr.1966.1402
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/jafr_0037-9166_1966_num_36_1_1402PEINTURES PARIÉTALES LES
D'ÉPOQUE BOVIDIENNE DU TASSILI
ÉLÉMENTS SUR LA MAGIE ET LA RELIGION
PAR
H. LHOTE.
M. A. Hampaté Ba et Mme Germaine Dieterlen ont fait connaître,
il y a quelque temps déjà, un aspect inconnu des croyances des
pasteurs peuls de l'Afrique occidentale 1.
Mme Dieterlen n'a pas hésité, dans la « conclusion », à considérer
que ce texte initiatique permettait de faire des rapprochements
troublants avec certaines scènes de fresques d'époque bovidienne
du Tassili, lesquelles, il y a lieu de le préciser, avaient fortement
impressionné M. Hampaté Ba lorsqu'il les vit lors de leur exposition
au Pavillon de Marsan. D'après lui, beaucoup de ces fresques pour
raient être déchiffrées par un initié peul, comme il a l'honneur de
l'être lui-même.
Son avis, il n'est pas nécessaire d'insister sur ce point, est d'une
haute importance, car s'il était confirmé dans l'avenir, il témoigner
ait, pour la première fois, de la possibilité d'interpréter des peintures
pariétales d'époque préhistorique en fonction de croyances actuelles,
ayant survécu depuis plusieurs millénaires, et de les rattacher à des
populations encore existantes. A première vue, il n'y aurait rien
d'impossible, si l'on retient l'hypothèse selon laquelle les peintures
bovidiennes du Sahara central seraient le témoignage d'une ou de
plusieurs grandes migrations de pasteurs de bœufs venues de l'Est,
dont les Peuls, considérés généralement comme les introducteurs du
bœuf en Afrique occidentale, seraient les descendants.
L'origine des Peuls, nous le savons, a été très controversée, mais
il y a toutefois unanimité sur un point, à savoir que ce groupe humain,
à peau cuivrée et à cheveux longs et lisses, est venu de l'Est et,
qu'après un long cheminement, il a abordé sur les rives du Sénégal
1. Koumen. Texte initiatique des Pasteurs peul. Publ. de l'École Pratique des Hautes Études.
Cahiers de l'Homme, N.S. I. Paris, La Haye, Mouton, 1961. 8 SOCIÉTÉ DES AFRICANISTES
vers le vine siècle de l'ère chrétienne, disent les traditions, d'où ils
amorcèrent alors une nouvelle migration d'Ouest en Est, en suivant
la zone de la steppe à acacias et à graminées. Là où les divergences
commencent, c'est au sujet de la route qu'ils ont suivie dans leur
migration initiale et l'on trouvera dans Tauxier * toutes les hypo
thèses formulées à ce propos. Mais aucune, sinon celle de Barth,
émise avec beaucoup de prudence, n'a envisagé la route saharienne,
pour la raison que l'idée d'un Sahara désertique était alors ancrée
dans les esprits et que personne ne supposait qu'il eût pu y avoir
une abondante végétation à une époque relativement récente et, à
plus forte raison, qu'il ait pu permettre à des éleveurs de bœufs de
circuler et de prospérer avec leurs troupeaux. Dès 1944, j'avais sug
géré la route saharienne, précisément en m'inspirant des gravures
et des peintures bovidiennes connues à l'époque ainsi que d'un cer
tain nombre de faits ethnographiques que j'avais relevés au cours de
plusieurs séjours au milieu des Peuls des falaises de Bandiagara, de
ceux du Niger et de l'Adamaoua. Les peintures du Tassili sont venues
singulièrement renforcer cette opinion car, non seulement elles ont
confirmé l'existence ancienne de pasteurs de bœufs au Sahara et
l'ampleur de leur peuplement, mais elles nous offrent aussi beau
coup de détails ethnographiques concernant le mode de campement
et la vie pastorale, les types humains et leurs vêtements ainsi que
leurs coiffures, qui pourraient imager, sans aucun changement, la
vie des Peuls actuels. Cette hypothèse rallie aujourd'hui les Africa
nistes les plus autorisés en la matière et il serait donc souhaitable,
comme Га souligné Mme Dieterlen, que des initiés peuls viennent un
jour étudier les fresques bovidiennes du Tassili, dont les copies sont
déposées actuellement au Musée de l'Homme.
En narrant ce que furent les deux premières campagnes de
recherches au Tassili 2, j'ai insisté sur le fait que les peintures bovi
diennes présentaient surtout un caractère anecdotique et que celles
qui relevaient de la magie étaient rares. Depuis, de nouvelles parois
peintes ont été découvertes et un examen général plus serré a mis en
évidence un certain nombre d'éléments permettant de saisir l'existence
de rites magiques ou religieux. Mon but, ici, sera de les faire con
naître et de fournir des éléments d'étude aux chercheurs, car on ne
saurait les séparer du reste et encore moins les ignorer, si des déchif
frements doivent être faits à la lueur des croyances peules actuelles.
Certaines révéleront des contacts avec l'Egypte dont la nature sera
à définir, mais je pense que leur existence n'est pas en contradiction
1. Les Peul, Paris, Payot, 1937.
2. « A la découverte des fresques du Tassili. » Paris, Arthaud, 1958. PEINTURES PARIÉTALES D'ÉPOQUE BOVIDIENNE DU TASSILI 9
avec l'origine des Peuls, puisque nous savons que le vocabulaire de
ces derniers comprend un certain nombre de noms qui sont identiques
ou très proches de ceux de l'égyptien, ce qui constitue un témoi
gnage de contacts anciens.
Rite de Vanimal serpentiforme. — Parmi les différentes fresques
attribuables aux pasteurs et qui reflètent un caractère magique,
nous en voyons plusieurs dans lesquelles un animal mythique, au
corps serpentiforme, joue un rôle essentiel en rapport avec le bœuf.
La première est celle qui fut baptisée « Le bœuf à l'hydre » (Doc.
dim." 240 x 110) et qui fut découverte à M. H.-A. P. S., 1957-183 \
Jabbaren dans un petit abri suspendu (photo 1). Mme G. Dieterlen
l'a publiée dans « Koumen » d'après notre relevé. Elle est traitée à
l'ocre rouge et révèle une maîtrise remarquable de l'art animalier
et humain, tant par l'équilibre des formes que par le sens de la comp
osition. L'intérêt principal réside dans le bœuf de la partie centrale
qui est pratiquement encerclé par un animal serpentiforme. La tête
de ce dernier est allongée et ressemble à celle d'un canard, mais elle
porte trois appendices qui peuvent figurer des cornes et une oreille.
Le corps passe entre les pattes du bœuf, puis sous son ventre et la
queue ressort du côté opposé pour terminer sous la partie dorsale
et postérieure. De son corps sortent sept petites têtes, dont cer
taines portent des oreilles tombantes qui ressemblent à celles de
moutons. Il s'agit donc d'un animal à têtes multiples, sorte d'hydre,
qui évoque certaines croyances de la mythologie ancienne de la
Méditerranée. On a l'impression que cet animal fantastique entoure
le bœuf, non pas à la manière dont les pythons étouffent les anti
lopes et les gazelles, mais qu'il l'enferme dans un cercle magique,
comme pour le mettre sous son charme ou son influence. Sous cet
ensemble, on voit l'amorce d'un bœuf dessiné au trait et une jambe
humaine, tracées antérieurement et certainement sans aucun rapport
avec la scène qui les recouvre en partie.
A gauche, un autre bœuf présente un corps à deux têtes. A pre
mière vue, on pourrait penser à une superposition, mais l'examen
sur place n'a pas permis de la détecter. Comme un autre bœuf bicé
phale existe aussi à Ti-n-Tazarift, dans une scène qui n'est pas sans
analogie avec celle-ci, il faut admettre qu'il s'agit d'une composition
intentionnelle. Le centre du panneau est occupé par un autre animal
serpentiforme, à la tête munie de deux cornes de bélier. Il semble
porté sur des pattes, qui sont matérial

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