Les préverbes russes : division et discernement - article ; n°1 ; vol.70, pg 85-99
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Description

Revue des études slaves - Année 1998 - Volume 70 - Numéro 1 - Pages 85-99
15 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1998
Nombre de lectures 38
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Monsieur Denis Paillard
Les préverbes russes : division et discernement
In: Revue des études slaves, Tome 70, fascicule 1, 1998. Communications de la délégation française au XIIe
Congrès international des slavistes (Cracovie, 27 août - 2 septembre 1998). pp. 85-99.
Citer ce document / Cite this document :
Paillard Denis. Les préverbes russes : division et discernement. In: Revue des études slaves, Tome 70, fascicule 1, 1998.
Communications de la délégation française au XIIe Congrès international des slavistes (Cracovie, 27 août - 2 septembre 1998).
pp. 85-99.
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/slave_0080-2557_1998_num_70_1_6482LES PREVERBES RUSSES :
DIVISION ET DISCERNEMENT
PAR
DENIS PAILLARD
Les préverbes occupent une place importante dans le système verbal du
russe, en rapport étroit avec la catégorie de l'aspect : l'adjonction d'un préverbe
à une base simple (imperfective) est un procédé privilégié de dérivation d'un
verbe perfectif. La préverbation intervient également de façon centrale dans la
formation de nouvelles unités lexicales : les préverbes du russe se combinent
avec un nombre important de bases : ce nombre n'est jamais inférieur à cent, et
dépasse pour certains préverbes les mille cinq cents bases. L'articulation entre la
dimension « aspectuelle » et la dimension lexicale de la préverbation a suscité
d'important débats. De fait, la préverbation se trouve sur le plan interprétatif
morcelée en trois domaines :
• L'aspect : le perfectif préverbe forme-t-il ou non une paire aspectuelle
avec l'imperfectif simple ?
• Les phases de procès (cf. la notion de soveršaemosť chez A. Isačenko) : le
verbe préverbe désigne-t-il une phase particulière du procès correspondant à la
base verbale (cf. en particulier les valeurs inchoatives et terminatives associées à
certains préverbes).
• Le lexique : le verbe préverbe constitue-t-il une nouvelle unité lexicale ?
Ce morcellement interprétatif — et les débats permanents auxquels il donne
lieu, notamment à propos des paires aspectuelles associant un imperfectif simple
et un perfectif préverbe, et de la notion de préverbes « sémantiquement vides »
— tient, en grande partie, au fait que la plupart des chercheurs ont pris comme
objet d'étude non pas les préverbes en tant que tels mais les verbes préverbes.
Toutefois, au cours des dix dernières années, deux programmes de recher
che ont choisi de prendre comme objet d'étude les préverbes en tant que tels1. Le
premier programme a été développé aux U.S. A. par des linguistes comme
M. Flier, L. Janda, etc. : pour l'essentiel il s'agit de montrer pour une série de
1. Cela ne signifie pas qu'il n'y ait pas eu d'autres entreprises de ce type dans le
passé. Pour une présentation systématique des recherches sur la préverbation en russe, cf.
M. Krongauz dans le recueil Глагольная префиксация. .. (1997).
Rev. Étud. slaves, Paris, LXXVI, 1998, p. 85-99. 86 DENIS PAILLARD
préverbes comment l'ensemble des valeurs s'organise à partir d'une valeur dite
prototypique. Si ce programme n'est plus développé actuellement, d'autres
linguistes, comme G. Fowler, poursuivent aux U.S.A. une réflexion sur les pré
verbes (notamment du point de vue de l'ambivalence catégorielle préverbe / pré
position). Le second programme est un programme russe-français (dont les re
sponsables sont M. Krongauz et D. Paillard) qui se fixe pour objectif de fournir
une description systématique de l'ensemble des préverbes du russe. On trouvera
dans le recueil Glagoľnaja prefiksacija v russkom jazyke (1997) un premier
aperçu des problématiques développées dans le cadre de ce second programme2.
Ce recentrage sur les préverbes pris comme objet d'étude spécifique a pour
conséquence première que le morcellement interprétatif mentionné ci-dessus
n'est plus au cœur de la réflexion. En même temps, et ce n'est paradoxal qu'en
apparence, tout programme de recherche sur les préverbes se trouve confronté
directement aux problèmes des rapports existant entre le préverbe et la base à
laquelle il se combine.
Les rapports entre le préverbe et la base soulèvent des problèmes de deux
ordres :
• Le premier tient à ce que l'on peut appeler la polysémie du préverbe.
Chaque préverbe se voit attribuer un ensemble de valeurs (de cinq à dix ou
plus3). La question est de savoir si cette variation sémantique est le fait du pré
verbe lui même qui serait « intrinsèquement » polysémique ou si elle est le fait
des propriétés des bases verbales ? Une position médiane est également pos
sible : la polysémie serait à la fois le fait du préverbe et de la base. Chacune de
ces positions peut être étayée par des données empiriques. Un programme de
description des préverbes se doit d'apporter une réponse à cette question de la
« localisation » de la polysémie. Sur cette question de la polysémie viennent se
greffer deux autres questions : pourquoi un préverbe se combine-t-il avec les
bases avec lesquelles il se combine, d'une part, et pourquoi un préverbe, pour
telle base, prend-il telle ou telle valeur, d'autre part4.
• Le second problème concerne la nature du rapport entre le préverbe et la
base, ce qui suppose que l'on se donne une caractérisation précise de ce qu'est
un préverbe. Ce point est au cœur de nombreuses discussions. L'idée, qui est
encore dominante, est que le préverbe est un élément qui introduit une spécifica
tion sur une base, à laquelle il est entièrement subordonné. Mais plusieurs
auteurs (Ch. Corbet, J. Veyrenc, D. Paillard, une partie des chercheurs améric
ains, notamment) ont critiqué cette vision des choses et ont défendu l'idée que
le préverbe possède une dimension prédicative, variable d'un préverbe à l'autre,
mais aussi, pour un même préverbe, d'une base à l'autre. Cela a débouché sur
une définition des verbes préverbes comme des prédicats complexes, au sens où
la dimension prédicative serait partagée par le préverbe et par la base. Une telle
position revient à conférer une certaine autonomie au préverbe par rapport à la
base. Mais elle soulève aussitôt une série de questions : du point de vue de ce
2. Cf. également Paillard 1997.
3. Cela varie d'un auteur à l'autre et en fonction des critères retenus. Krongauz et
Paillard distinguent pour ot- dix-neuf valeurs de base (cf. recueil cité).
4. On insistera sur le fait que très souvent un même préverbe combiné à une base
donnée peut prendre des valeurs très différentes. Ci-dessous nous reviendrons sur le cas de
otbiť à qui les dictionnaires associent une dizaine de valeurs. LES PREVERBES RUSSES : DIVISION ET DISCERNEMENT 87
« partage » de la fonction prédicative, quel est le mode d'articulation entre pré
verbe et base ? Existe-t-il une hiérarchie entre le préverbe et la base ? Un auteur
comme J. Veyrenc s'est attaché à définir des critères permettant de déterminer la
part respective du préverbe et de la base : ainsi une différence de constructions
syntaxiques entre le verbe simple et le verbe préverbe serait un indice concer
nant la primauté du préverbe (cf. Veyrenc 1980).
Ces deux problèmes ont, l'un et l'autre, une grande importance, mais il me
paraît nécessaire, au moins dans un premier temps, de privilégier la seconde. Et
ceci pour au moins deux raisons. D'une part, la description des différents pré
verbes et des classes de bases avec lesquelles ils entrent en combinaison n'est
pas suffisamment avancée pour qu'une hypothèse, quelle qu'elle soit, puisse être
formulée dès à présent. D'autre part, une réflexion sur la polysémie préverbes /
bases suppose d'une certaine façon la mise en place d'une hypothèse sur le rap
port entre le préverbe et la base, et donc sur la nature des préverbes. La présente
contribution est une tentative de mise en place d'une telle concernant
la question de la nature des préverbes.
LE PRÉVERBE COMME RELATEUR
Je propose de caractériser un préverbe comme un relateur, c'est-à-dire
comme un opérateur R mettant en relation un terme X avec un terme Y, ce qui
peut se noter : X R

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